December 7, 2005

Une forme d'insurrection non organisée

PARIS (Reuters), 7 décembre 2005, extrait - Les violences urbaines dans les quartiers sensibles en France le mois dernier n'étaient ni organisées, ni manipulées, écrivent les renseignements généraux dans un rapport.

"La France a connu une forme d'insurrection non organisée avec l'émergence dans le temps et l'espace d'une révolte populaire des cités, sans leader et sans proposition de programme", lit-on dans ce document, dont Le Parisien publie des extraits.

Les violences qui ont duré trois semaines ont touché 274 communes, du jamais vu en France. Les RG estiment à 250 millions d'euros le coût de ces troubles, qui se sont soldés par la destruction de près de 9.000 véhicules. Une centaine de bâtiments publics ont été détruits et autant d'entreprises privées dégradées ou détruites.


PARIS (AFP), 7 décembre 2005, extraits - Les trois semaines de violences qui ont enflammé les banlieues font l'objet d'analyses divergentes des renseignements généraux et de certains magistrats d'une part, du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy d'autre part.

Alors que M. Sarkozy a mis en cause "la loi des bandes", assurant que les violences étaient "parfaitement organisées", un rapport confidentiel de la direction centrale des Renseignements généraux (DCRG), révélé mercredi par Le Parisien/Aujourd'hui, relève que ces trois semaines d'émeutes ont correspondu à une "forme d'insurrection non organisée".

Selon le rapport de la DCRG, en fait "les jeunes des cités étaient habités d'un fort sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d'exclus de la société française".



Qui rejoint et conforte de précédents avis.

Brouillon que je remettrais en forme à l'occas :


>> uniquement causées par le raz le bol des jeunes face à leurs conditions sociales déplorables.

Certains, y compris des jeunes, ont soutenu qu'il y avait là une grande part de jeu et de rivalités attisé par les médias (faire comme d'autres, faire avec les autres, en faire cramer plus que les autres et faire aussi l'objet de la une et des reportages télé). C'est en tous cas ce qu'ont un moment mis en avant les média.

Mais ces jeunes savent qu'ils vont au trou pour moins que brûler des voitures ou des batiments (écoles, entreports, ...). Il devait bien y avoir autre chose pour qu'ils aient pris autant de risques.


Le raz le bol peut s'exprimer de diverses manieres entre consciente, avec retenue et des mots, et jusqu'à inconsciente, à travers des actes, expression d'une nausée sur laquelle on ne peut pas mettre des mots.


Au sujet des mots, selon A. Bentolila certains jeunes n'ont qu'un vocabulaire et une culture très limitée faute d'avoir pu bénéficier d'une qualité de vie et d'éducation suffisante. Lorsqu'on s'intéresse à certains détails il devient difficile de porter un jugement qui condamnerait ces jeunes et uniquement ces jeunes.

http://www.defenseurdesenfants.fr/actus/texte3ab.htm


Condamner les socialistes n'est pas non plus admissible si on ne s'en prend pas aussi à Sarko qui a chauffé les jeunes avec ses mots à lui (ou ses maux, à votre guise).

Les problèmes sont d'ailleurs connus depuis longtemps et rien n'a été fait ni par les uns, ni par les autres.


La LDH a également fait part de son opinion au sujet de la crise des banlieues:

http://www.ldh-france.org/actu_derniereheure.cfm?idactu=1143



Les caïds, les dealers et les barbus auraient été stupides de s'en meler. Ce genre de milieu est à surveiller et s'infiltre, c'est un tout autre genre de travail si on peut considérer que Sarko en a fait un avec son coup de karsher à (200 millions d'euro il me semble avec tout ce qui a brûlé).

Par ailleurs, les RG surveillent et infiltrent, c'est leur métier. Pouvaient ils rendre une autre conclusion?




>> >> J'ai toujours di:"la savane était sèche,tout s'est embraser parce qu'un petit énervé jouait avec des alumettes"


coup de karsher à 250 millions d'euro selon d'autres dépèches. on ne saura probablement jamais.



d'après ce que la presse a rapporté (voir dans les articles de Libé), quand Sarko a visité les cités il a affirmé qu'il allait nettoyer la racaille en désignant d'un geste les jeunes qui étaient sur place, tous.

les jeunes qui étaient sur place étaient pour bonne partie - pour ne pas dire tous - des gens qualifiables de normaux, des étudiants, quelque part eux même en attente d'une solution à leurs problèmes.



puis il y a eu l'histoire des trois jeunes cramés - deux morts - dans un transfo EDF qui n'étaient aps poursuivis par la police. je ne sais pas si l'instruction pour non assistance à personne en danger est encore ouverte car, selon les enquêtes, la police a bien signalé que des jeunes grimpaient le mur du site EDF (un parc à très haute tension et pas un simple petit transfo de quartier à ce que j'ai compris).

la goutte de trop je crois. c'est juste après ces trois cramés que les quartiers ont pris feu. celui qui a survécu, grièvement brûlé, s'est trainé chez lui plutot qu'à l'hopital tellement il était térrorisé à l'idée d'un controle de police (pour de la petite délinquance et du fait de son statut d'immigré, peut être même clandestin).



alors que par ailleurs, il y a des faits tels qu'à Montreuil qui ne déchainent pas des passions (linfo a d'abord été passée sous silence) mais qui doivent rester en travers chez de nombreux pauvres et défavorisés de ces quartiers:

http://www.liberation.fr/page.php?Article=334410

Les gens ont été expulsés de leur immeuble et auraient du accepter d'être relogés à l'hotel je crois, en essonne. Ils n'ont pas accepté et sont allés occuper le centre social. Les CRS les ont expulsés de là manu militari, bastonnant les vieux et la maitresse d'école.

des extraits de l'article:

[i]Beaucoup l'ont vu, ce soir-là, devant la maison de quartier Lounès-Matoub à Montreuil. Une lycéenne : «Un type, un vieux aux cheveux blancs, que les CRS ont poussé et fait tomber dans le caniveau. Il s'est relevé difficilement, ils l'ont poussé encore... Il était couvert de sang.»

Soutiens. Ce 11 octobre à Montreuil, tout un quartier est en émoi. Un immeuble vétuste de la rue du Gazomètre a été évacué par la police.

Bastid fait partie, avec sa femme, de ceux qui occupent le centre social aux côtés des familles.

Quand les CRS sont arrivés, «je voulais convaincre les familles de sortir dignement du centre, dit encore l'enseignante, je suis entrée par une petite porte. Un CRS est arrivé par-derrière et m'a enserré la tête. Ils étaient trois dans ce petit couloir, j'étais seule avec eux. J'ai reçu un poing dans l'oeil droit». La directrice, 60 ans, est sortie, «je ne voyais plus, je pleurais». Elle souffre d'un déchirement de la rétine, et voit avec difficulté.[/i]



on ne s'en prend pas ainsi à la dignité, à l'honneur des hommes sans s'exposer au risque d'un débordement (mème s'il ne s'agissait donc pas d'une révolution et d'actions dirigées par une bande organisée mais tout simplement de l'expression du ras le bol et de la nausée de ces quartiers).

des jeunes "comme tout le monde" ont été arrêtés. certains pour de simples feux de poubelles. la plupart n'ont eu que des peines avec sursit s'ils ont été condamnés. casiers vierges pour la plupart et un minimum cultivés (scolarisés). les juges ont dressé un bilan qui a fait l'objet dans un article dans le Monde.

La majorité des mineurs présentés aux juges étaient "inconnus" des tribunaux
http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-714228@51-714020,0.html
LE MONDE, 25.11.05, extraits :

Ils sont français, ils ont 16-17 ans, des pères ouvriers ou chômeurs, des mères plus ou moins débordées, des résultats moyens à l'école. Et ils sont, pour la grande majorité d'entre eux, inconnus de la justice. Les mineurs déférés dans le cadre des récentes violences urbaines en Ile-de-France ne correspondent pas au profil décrit par le ministère de l'intérieur, celui de "racailles" dont "80 %" seraient connus pour des faits de délinquance.


mais il y a connu pour la police (qui les cotoient, mais distinguent-ils ces jeunes?) et connu pour la justice (le casier).



L'incendie lde La Haye les Roses c'est à peu près la même chose. A ma connaissance, l'instruction va aussi viser à déterminer si les peintures et matérieux de la cage d'escalier étaient aux normes (fumées toxiques et propagation rapide d'une boite aux lettre au hall et à la cage).

Pas d'bol pour les quatres filles "comme tout le monde" dont une n'avait rien à faire sur place car elle devait être dans un autre département, un foyer de l'aide sociale (on parle d'une fugue).

même b0rdel ou plutôt nausée et expression de leur ras le bol: les jeunes ont caillassé les pompiers la nuit de l'incendie (par coutume je suppose...) et lorsqu'il y a eu cortège pour rendre hommage aux victimes la police a arrêté d'autres jeunes avec des engins incendiaires parce que les pompiers n'étaient pas intervenus assez vite à leur gout.



tout cela n'excuse rien.

ca apporte simplement un autre éclairage de ce que sont ces troubles urbains qui ont leurs sources dans les années 60 (projets et construction des permieres cités) à 70 (prise de conscience du problème que posent ces gethos sociaux).

noter que ce sont des gethos acculturés (un mélange qui en soi peut être source de conflits, notamment entre ceux qui s'en sortent et ceux qui ne s'en sortent pas) et non, comme en angleterre, des gethos noirs ou des gethos asiatiques, etc, où une culture domine tout de même. Voir à ce sujet l'interview d'A. Bentolila que je citais plus haut.

ce sont les voitures de ceux qui s'en sortent qui ont brûlé. et ce sont les écoles et certains lieux de travail de ceux qui s'en sortent ou souhaitent s'en sortir qui ont brûlés. car ce sont bien les cités et la proximité immédiate qui ont pris feu.



Reste à voir ce que les politiques vont faire de toutes ces informations et points de vues divergants dont ils disposent aussi.


Sarko revient à la charge et reparle de ménage:
http://fr.news.yahoo.com/07122005/202/sarkozy-on-ne-fera-pas-vivre-les-banlieues-tant-que.html

il confond encore exceptions avec réseaux mafieux (le rôle des RG et autres brigades spécialisées dans le grand banditisme).


A côté de quoi les femmes issues de l'immigration seraient plus exposées au chomage et à la précarité:
http://fr.news.yahoo.com/07122005/5/un-rapport-denonce-les-discriminations-subies-par-les-femmes-issues.html


Le premier candidat à l'expulsion reste finalement en france, un commité de magistrats n'a pas trouvé que la peine était justifiée:
http://fr.news.yahoo.com/07122005/202/emeutes-avis-defavorable-de-juges-sur-l-expulsion-d-un.html


Et je serais curieux de savoir quelles responsabilités incombent au secteur de l'Aide Sociale et de l'Aide Sociale à l'Enfance ainsi qu'aux municipalités et aux régions ou au monde associatif. Ces secteurs brassent des dizaines et des dizaines de milliards d'euro par an et sont aussi supposés aider et non simplement à endiguer les cités et certains quartiers sensibles.

j'en sais quelque chose car ma femme s'est fait caillasser sa voiture il y a quelques deux ans. et ma femme a engagé une procédure administrative car elle n'a pas été payée. dans ces conditions, comment voulez vous d'une part motiver, retenir et trouver des travailleurs sociaux motivés et d'une autre, faire percevoir à ces jeunes des cités que les politiques se soucient d'eux :pt1cable:

Posted 4 days, 12 hours ago on December 7, 2005
The trackback url for this post is http://justice.cloppy.net/b.blog/bblog/trackback.php/279/

Add Comment

( to reply to a comment, click the reply link next to the comment )

 
Comment Title
 
Your Name:
 
Email Address:
Make Public?
 
Website:
Make Public?
 
Comment:

Allowed XHTML tags : a, b, i, strong, code, acrynom, blockquote, abbr. Linebreaks will be converted automatically.

 
Captcha:
captcha image

Please type the content of the above image into the following form-field.