December 13, 2005

Le naufrage du pétrolier Erika

PARIS (Reuters), 13 décembre 2005 - Un rapport d'expertise impute à des malversations le naufrage du pétrolier Erika au large de la Bretagne en 1999, a déclaré Me Alexandre Varaut, avocat de communes victimes de la marée noire qui avait suivi.

Le Conseil général de Vendée et les communes de Vendée et du Morbihan viennent de recevoir, sur instruction du tribunal de commerce de Dunkerque, un rapport d'expertise qui avait été commandé et payé par le groupe Total.

Ce rapport dédouane le groupe pétrolier français, du moins sur le plan technique, mais accuse en revanche le propriétaire du navire, Giuseppe Savarese, la société Panship, chargée de sa gestion technique, et la société italienne de classification Rina (Resgistro italiano navale).

"Il est confirmé que le naufrage n'est pas dû à la malchance ou à des conditions de mer exceptionnelles mais bien à d'authentiques malversations", écrit Me Varaut dans un communiqué.

L'armateur de l'Erika avait "décidé, avec la complicité de la société de contrôle, de diviser par six le budget alloué aux réparations immédiatement nécessaires, ce qui est directement à l'origine du drame", ajoute l'avocat, sur la base du rapport.

Selon ce rapport, ce sont seulement 19 tonnes de tôles qui ont été remplacées au lieu de 220 tonnes, ce qui a réduit la facture de 500.000 dollars à 134.000.

Un document justifiant les travaux effectués triche en outre sur l'épaisseur des tôles, ce que ne pouvait ignorer le Rina, qui a pourtant laissé l'Erika prendre la mer.

"Cette situation ne peut être le résultat de simples erreurs matérielles", souligne le rapport cité par Me Varaut.

VERS UN RENVOI EN CORRECTIONNELLE ?

Pour lui, les "fautes lourdes" ainsi mises en avant "excluent que l'on oppose aux victimes un quelconque plafond de réparation". Les communes concernées seront donc fondées à demander réparation pour la totalité de leurs préjudices économiques et écologiques.

L'Erika, qui battait pavillon maltais, s'était brisé en deux le 12 décembre 1999 dans une tempête. Le pétrole s'échappant des cuves avait souillé 400 kilomètres de côtes.

Le groupe Total, sur les responsabilités duquel la juge d'instruction Dominique de Talancé a apparemment un autre avis que le rapport d'expertise, devrait être prochainement renvoyé en correctionnelle comme personne morale.

Pour le parquet de Paris, Total était propriétaire de la cargaison et s'est comportée en "maître du navire" pendant le dernier voyage du bateau, ce qui contredirait la défense de groupe selon laquelle le transport ne la concernait pas.

Total n'aurait pas procédé avant l'embarquement du bateau à un contrôle détaillé par ses propres soins. Or, cette procédure, le "vetting", est en principe obligatoire chez Total.

C'est à la juge Dominique de Talancé, qui a prononcé la mise en examen de la société en 2001, que revient la décision finale.

Le parquet demande le renvoi en correctionnelle de sept autres personnes morales et physiques mises en examen, dont la société Rina, Giuseppe Savarese et le capitaine indien du pétrolier, Karun Mathur.

Une condamnation de Total pourrait déboucher sur une lourde amende et de fortes indemnisations pour les collectivités et les victimes de la marée noire, parties civiles.

Les indemnisations déjà versées spontanément par Total et par le Fonds d'indemnisation de l'industrie pétrolière (Fipol) ont été jugées tardives et limitées. De nombreuses personnes, comme les pêcheurs à pied, en ont été exclues.


Posted 20 years, 2 months ago on December 13, 2005
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