December 15, 2005

Inquiets, les magistrats doutent et s'interrogent

Inquiets, les magistrats doutent et s'interrogent sur l'après-Outreau
LE MONDE, 15.12.05, extraits :

près la catastrophe judiciaire d'Outreau, les juges n'en finissent pas de s'interroger : comment cela a-t-il pu arriver, alors que chacun a observé la loi, respecté la procédure, avec le sentiment d'avoir sérieusement fait son travail ? "Les collègues sont traumatisés et tiennent des discours de grands dépressifs. Tout le monde se dit à présent : pourvu que cela ne me tombe pas dessus", résume un magistrat de la cour d'appel de Paris.

Certains ont fait part de leur envie de démissionner. Beaucoup suggèrent des réformes, sans illusion. La plupart aimeraient s'expliquer mais demeurent sur la réserve. La hiérarchie judiciaire conseille de faire le gros dos : toute parole publique apparaîtrait comme une tentative déplacée d'autojustification.

D'un autre côté, l'occasion de parler, enfin, se présente : "Nous n'avons rien à cacher : nous voulons nous expliquer devant l'opinion sur le fonctionnement du système judiciaire", indique une magistrate de la cour d'appel de Douai. Les auditions, cependant, se tiendront à huis clos, sauf exceptions. Les juges espèrent également ne pas être les seuls convoqués. Des policiers aux avocats, tous doivent selon eux prendre leur part. Le sentiment dominant est celui d'avoir été désignés comme des boucs émissaires.

Les magistrats expriment aussi un profond ras-le-bol. Ils entendent le reproche d'avoir "sacralisé" la parole des enfants dans les affaires de pédophilie : "Oui, nous sommes responsables de ne pas avoir résisté à ceux qui souhaitent ériger la détention provisoire en principe de précaution (et) à la pression des associations de défense de l'enfant qui se constituent partie civile", a écrit le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), Dominique Barella.

"Sous la pression gestionnaire, l'acte de juger se réduit comme une peau de chagrin, la justice devient une justice du copié/collé, les gens, l'humain, y ont de moins en moins leur place", dénonce Philippe Chaillou, président de la chambre des mineurs à la cour d'appel de Paris.

Les syndicats de magistrats réclament de longue date que les décisions relatives aux libertés soient collégiales, ce que la chancellerie a toujours refusé, faute de moyens. "L'affaire d'Outreau a fait la démonstration de l'importance du débat judiciaire, public et contradictoire, de la collégialité et des voies de recours. Au contraire, la politique actuellement menée développe les procédures expéditives", regrette le Syndicat de la magistrature (SM, gauche).

La rupture avec les avocats, qui s'exprime vivement dans la crise actuelle, accroît le pessimisme.

Si j'ai bien compris, les juges donnent le sens du juste et veillent à respecter le principe du contradictoire. Mais qui vérifie ce qui est versé au dossier et ce sur quoi se fonde l'affaire ?

Je constate que les services de l'aide sociale à l'enfance ne sont pas cités dans cet article or, selon une précédente dépèche, une stagiaire de l'ASE aurait reccueilli les premiers témoignages des enfants... Il s'agit très probablement un oubli de l'auteur de l'article.


Mémoire et histoire, examen critique ou repentance : le débat fait désormais rage
LE MONDE, 13.12.05, extrait :

Plusieurs semaines d'introspection ont fait resurgir à droite, sous la pression de l'extrême droite, une allergie à la "repentance" qui était déjà apparue lors du procès Papon, à l'automne 1997. "Finira-t-on, un jour prochain, par s'excuser d'être français ?", s'est interrogé Nicolas Sarkozy dans le Journal du dimanche du 11 décembre. Evoquant "une tendance irrépressible à la repentance systématique", le président de l'UMP estime "que notre société est menacée d'une funeste inclination au reniement de soi". Valéry Giscard d'Estaing a tenu le même langage, dimanche, lors du "Grand Rendez-vous" d'Europe 1/TV5. Jugeant "pitoyable" et "ridicule" la "non-commémoration" du bicentenaire de la bataille d'Austerlitz — "Je l'aurais célébré et, à mon avis, de Gaulle aussi" —, l'ancien chef de l'Etat a déploré "des attaques antifrançaises lassantes par leur répétition". Et "VGE" de citer en exemple le débat sur l'esclavage (rétabli par Napoléon en 1802) : "Nous faisons croire que les Français étaient des esclavagistes forcenés."


PARIS, 21 juil (AFP) - Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé dimanche, dans la lignée de Jacques Chirac en 1995 et de Lionel Jospin en 1997, la responsabilité de l'Etat français dans les rafles de juifs et promis que tout serait fait pour "que cessent les agressions" à leur encontre.

Face à un millier de personnes, il célébrait, au côté de la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie et du secrétaire d'Etat aux Anciens combattants Hamlaoui Mekachera, le 60e anniversaire de la rafle du Vél d'hiver des 16 et 17 juillet 1942.

Au cours de ces deux journées, 13.152 hommes, femmes et enfants furent arrêtés à leur domicile par des policiers et gendarmes français et rassemblés au Vélodrome d'hiver avant d'être déportés vers les camps de la mort.

En 1995, M. Chirac avait évoqué "la folie criminelle de l'occupant" qui avait été "secondée par des Français, par l'Etat français". En 1997, Lionel Jospin avait mis en évidence que cette rafle de juillet 1942 avait été "décidée, planifiée et réalisée par des Français".

Dimanche, Jean-Pierre Raffarin a enfoncé le clou: "le Vel d'Hiv, Drancy, Compiègne et tous les camps de transit, ces antichambres de la mort, ont été organisés, gérés, gardés par des Français. Oui le premier acte de la Shoah s'est joué ici, avec la complicité de l'Etat français". Pour lui, ce dernier, "en organisant ces rafles systématiques (...) trahissait les principes fondateurs de notre nation".

Posted 19 years, 10 months ago on December 15, 2005
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