December 19, 2005

Motivé par ses problèmes familiaux et son échec scolaire


Libération, le 19 décembre 2005
Violence scolaire
Un élève déprimé, pas menaçant
Extrait :

Un tableau sombre et une vie difficile. C'est, apparemment, le résumé de l'existence du jeune homme de 18 ans qui, vendredi, a blessé de trois coups de couteau sa professeure au lycée d'Etampes. Son père, il ne l'a jamais connu, mort au Zaïre, tandis que sa mère était enceinte. Il est né en France. La mère élève seule ses enfants. «Une femme bien qui n'a jamais démissionné, il en était très proche», assure Me Christophe Gouget, l'avocat du garçon. Il y a environ deux ans, la famille traverse un sale moment, car la mère aurait été, selon nos informations, incarcérée et les enfants placés. L'épisode a laissé des séquelles. Le garçon aurait très mal supporté la séparation avec sa mère et en reste très perturbé. Déjà guère en avance dans ses études, le gamin tombe dans l'échec scolaire. La mesure d'assistance éducative sur la fratrie, ordonnée par un juge des enfants, prend pourtant fin il y a quelques mois. «Sa mère, rapporte Me Christophe Gouget, le pressait de bien travailler, le tançait vertement quand il séchait, le menaçant même ­ pour le contraindre à étudier ­ de le mettre à la porte s'il ne réussissait pas ses études.»

EVRY (Essonne) (AFP), le 19 décembre 2005 - L'élève qui a porté vendredi trois coups de couteau à une enseignante d'Etampes (Essonne) s'est rendu à la police samedi soir, tandis que l'époux de la victime a évoqué un climat menaçant, également dénoncé par des collègues qui exerceront leur droit de retrait à la rentrée.

"Le jeune homme s'est rendu aux alentours de 23h00" samedi, a indiqué Alain Boissinot, le recteur de l'académie de Versailles. Le lycéen de 18 ans, placé en garde à vue au commissariat d'Etampes, devrait être présenté lundi matin à un juge d'instruction.

Comme l'a révélé le Journal du Dimanche (JDD), il est arrivé seul au commissariat. Il a reconnu l'agression de l'enseignante et s'en expliquait dimanche dans "le calme" auprès des policiers, selon une source policière.

Le jeune homme, vexé d'avoir déjà été exclu pour une semaine de l'établissement, n'a pas supporté des réflexions de sa mère après le conseil de classe, selon la même source qui le décrit comme "renfermé" et "taciturne".

"Il est manifestement dans un état dépressif profond, motivé par ses problèmes familiaux et son échec scolaire", a déclaré à l'AFP son avocat Me Christophe Gouget affirmant que "le jour des faits, il comptait se suicider avec le couteau". Il n'avait pas de "rancoeur particulière contre l'enseignante" et exprime "des regrets", a-t-il ajouté.


Vendredi matin pendant un cours, il avait poignardé à trois reprises sa professeure principale, Karen Montet-Toutain, 27 ans, enseignant les arts plastiques, avant de prendre la fuite.

Il aurait ensuite erré à Evry et à Grigny où il serait resté chez un ami, mais, faute d'argent et se sachant poursuivi, a décidé de se rendre, suivant les conseils donnés au téléphone par son avocat selon ce dernier.

Blessée au ventre, au coude et à l'épaule droite, Karen Montet-Toutain, était toujours hospitalisée à Etampes dimanche. Après avoir été opérée, cette mère de deux petites filles est sortie du service de réanimation.

Devant l'hôpital, son époux Frédéric Toutain, très ému, a décrit dimanche son "sentiment de révolte", expliquant qu'il arrivait à sa femme "de rentrer en pleurs" le soir, évoquant des menaces de "viol et de meurtre".

"C'est un problème qui durait depuis longtemps", a-t-il déclaré à des journalistes, sans préciser qui proférait ces menaces.

Il a déclaré que l'enseignante tenait à "remercier les élèves qui ont donné l'alerte très rapidement" après l'agression, notamment le délégué de classe Sofiane, intervenu pour tenter d'empêcher l'agresseur de fuir.

Selon son époux, Mme Montet-Toutain est stabilisée, mais reste "choquée, brisée".

Le délégué général de l'Unsen-CGT (Union nationale des syndicats de l'éducation nationale CGT) Denis Baudequin a annoncé que les enseignants du lycée professionnel Louis Blériot comptaient exercer à la rentrée leur "droit de retrait", qui permet aux professeurs de ne pas faire cours si leur intégrité physique est menacée, pour "faire le point".

Les enseignants de ce lycée de 400 élèves avaient demandé au chef d'établissement et à l'académie de Versailles, avant l'agression, que vendredi soit réservé aux professeurs pour évoquer les actes d'incivilité qui se multipliaient, demande qui avait été refusée, a indiqué M. Baudequin, ce qu'a confirmé le rectorat de Versailles.

L'avocat de Mme Montet-Toutain, Me Koffi Senah a déclaré qu'il étudiait la possibilité de mettre en cause la responsabilité de l'Etat, s'il s'avérait qu'elle avait alerté sa hiérarchie et que celle-ci avait "pêché par abstention".

TOKYO (Reuters), le 19 décembre 2005 - Un septuagénaire japonais, qui avait réussi à se faire remettre 250 000 yens (2 000 dollars) en menaçant de faire sauter un bureau de poste, s'est effondré sous le poids de son butin.

L'homme, qui s'était muni d'un sac en papier, a contraint vendredi un postier de Kawagoe, au nord de Tokyo, à le remplir de pièces de monnaie pesant quelque 10 kilos. Mais dans sa fuite, le sac s'est déchiré et le voleur a trébuché en tentant de ramasser l'argent.

Tsugio Chigira, commissaire de police adjoint à Kawagoe, a expliqué que l'homme avait besoin d'argent pour payer ses dettes.

"Il n'avait pas vraiment envie de voler, mais il avait le sentiment de n'avoir pas d'autre choix".


PARIS (AFP), 9 septembre 2005 - La Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête administrative sur le cas d'un mineur poursuivi pour agression sexuelle, qui a récidivé après avoir été renvoyé chez lui faute de place dans un foyer, selon son avocat.

Elevé par sa mère, le jeune mineur de 15 ans, au parcours chaotique, avait été arrêté en juin 2004 après une tentative de viol sous la menace d'un couteau commis sur une fillette de 8 ans, dans une gare désaffectée à Paris 13e.

Mis en examen par le juge parisien Sandrine Chabaneix, il a été écroué à Fleury-Mérogis (Essonne) avant d'être placé au foyer d'action éducative Salomon de Caus, à Paris, où il a bénéficié d'un bon encadrement.

Mais à la suite d'une bagarre avec une jeune fille du foyer, il a été transféré vers un autre foyer d'action éducative, à Epinay (Seine-Saint-Denis), où il n'est resté que huit jours, faute de place, selon son avocat Me Laurent Barone.

En janvier 2005, le juge Chabaneix -faute de solution alternative, selon Me Barone- a renvoyé le jeune garçon au domicile de sa mère avec obligation de ne pas s'absenter sans l'autorisation d'un adulte.

Huit mois plus tard, il était arrêté pour le viol d'une jeune femme de 18 ans dans une forêt proche de Roissy. Mis en examen par un juge de Pontoise, il a été écroué vendredi à Fleury-Mérogis.

L'avocat du jeune garçon, qui s'était opposé à la sortie de son client, a dénoncé à l'AFP la responsabilité de l'administration qui a remis en liberté sans encadrement un jeune garçon psychologiquement fragile.

Certains experts psychologues et psychiatres qui l'ont examiné ont souligné son état "dangereux au plan criminologique" et mis en avant "la question de la récidive". La plupart recommandaient une prise en charge psychologique ou psychiatrique, l'un d'entre eux diagnostiquant "une pathologie psychotique".

"Il est inexact de dire que l'hébergement des mineurs délinquants n'est pas suffisant dans la région Ile-de-France, il y a toujours de la place", a assuré à l'AFP le directeur de la PJJ Michel Duvette.

Fin 2004, le taux d'occupation des foyers d'action éducative était de 80 %, a-t-il affirmé, sans être en mesure de préciser immédiatement la situation du foyer d'Epinay. M. Duvette a annoncé avoir diligenté une inspection de la PJJ sur cette affaire.

"L'hergement des mineurs délinquants est insuffisant par rapport à la demande depuis 5/6 ans, en particulier dans les Foyers d'action éducative", estime pour sa part Carlos Lopez, responsable île-de-France du SNPES-PJJ/FSU, majoritaire chez les éducateurs de la PJJ.

"Même si des places sont disponibles en théorie dans les foyers, cela ne résout pas automatiquement la question du placement du jeune", précise Roland Ceccotti, secrétaire national du syndicat.

"Il faut tenir compte de sa situation particulière et de celle des adolescents du foyer. Il peut y avoir des incompatibilités, par exemple dans ce cas si le foyer accueillait des jeunes filles victimes de violences sexuelles", a-t-il ajouté.

EVRY (AFP), le 19 décembre 2005 - Le lycéen Kevani Wansale, 18 ans, qui a reconnu avoir poignardé en plein cours vendredi sa professeure d'art, devait vraisemblablement être mis en examen lundi soir, tandis que l'avocat de l'enseignante continuait d'évoquer une possibilité de plainte contre l'Etat.

Si l'enseignante dépose plainte "je le comprends", a déclaré lundi à la presse Gilles de Robien. Il a cependant affirmé que "l'Education nationale n'est pas en cause dans ce drame mais la société dans son ensemble".

Le jeune homme était entendu lundi soir par une juge d'instruction après qu'une information judiciaire a été ouverte. Le procureur d'Evry a par ailleurs requis un mandat de dépôt à l'encontre de Kevani. Celui-ci s'est rendu samedi soir à l'issue d'une journée et demie de cavale.

Victime de menaces de viols et de meurtre, selon son avocat, la professeure aurait alerté sa hiérarchie qui n'aurait pas réagi. Lundi, le ministre de l'Education nationale a expliqué que Mme Montet-Toutain avait "envoyé le 6 décembre un courriel à son inspectrice pédagogique faisant état de difficultés qu'elle avait avec une autre classe". Il a ajouté que l'inspectrice avait "rencontré" l'enseignante le 9 décembre et devait la revoir le 9 janvier.

"Mme Montet-Toutain n'a pas effectué d'autres démarches ni auprès du rectorat ni auprès de l'inspection d'académie, et la proviseure du lycée nous a indiqué ne pas avoir été avertie ni par oral ni par écrit par Mme Montet-Toutain", a-t-il précisé.

Si l'enseignante dépose plainte, "dans les circonstances actuelles, il s'agit d'une attitude humaine que je comprends", a-t-il cependant admis, tout en répétant que "l'Education nationale n'est pas en cause dans ce drame mais la société dans son ensemble".

Le ministre a par ailleurs proposé lundi sur France 2 de "réfléchir" à la mise en place dans les établissements scolaires d'une permanence "de la justice ou de la police pour pouvoir permettre aux profs, aux personnels, de se confier".

Scolarisé en BEP de vente-action marchande, Kevani s'était présenté en cours vendredi "très énervé", selon un de ses camarades. La jeune enseignante lui demandant de se tenir correctement, le ton est monté et le garçon a sorti un couteau de cuisine de sa ceinture la frappant à l'abdomen, au coude et à l'épaule.

Selon l'inspectrice d'académie de l'Essonne, Marie-Louise Testenoire, le jeune homme, en échec scolaire et qui a changé d'établissements plusieurs fois au cours de sa scolarité en raison de déménagements familiaux, était connu pour son absentéisme mais n'a jamais été exclu d'aucun établissement. Il avait cependant fait l'objet d'une mesure d'exclusion de trois jours le 9 décembre pour "comportement injurieux".

Selon Mme Testenoire, sa mère avait alors rencontré l'enseignante et, selon les premiers éléments de l'enquête, Kevani n'aurait pas supporté les remontrances de sa mère à l'issue de cette entrevue.

"C'est un garçon potentiellement à risques. En fait, il ne supporte pas les contraintes et conteste les consignes de l'école", a estimé une source proche de l'enquête, qui a décrit un jeune homme "taciturne et plutôt prostré".

Son avocat, Me Christophe Gouget, a indiqué à l'AFP que son client "était dépressif et très conscient de la gravité de son acte", et que "la seule chose qui le soulage est de savoir qu'elle est tirée d'affaire".

L'époux de la victime a évoqué un climat menaçant, également dénoncé par des collègues qui exerceront leur droit de retrait à la rentrée.


Le Figaro, le 19 décembre 2005, extrait :

«Garçon à problèmes»

Si Catherine Kapfer, proviseur du lycée, s'est dite surprise du geste de cet élève «qui ne posait pas de problèmes», en revanche, le procureur d'Évry l'a qualifié de «garçon à problèmes». «Il n'a pas de casier judiciaire mais a fait l'objet d'un suivi par un juge des enfants, en raison de son comportement turbulent», a indiqué Jean-François Pascal.

«Ce n'est pas un établissement facile, souligne Alain Boissinot, recteur de l'académie de Versailles. Mais cet acte n'était pas prévisible. Je souhaite que cette jeune collègue nous perçoive plutôt comme une aide.»

Ironie du sort, les enseignants de ce lycée de 361 élèves avaient souhaité que ce vendredi, jour du drame, soit consacré à évoquer la violence. Une demande rejetée par le proviseur, en concertation avec l'inspectrice d'académie, au motif que la date était «mal choisie».

PARIS (AFP), le 19 décembre 2005 - "Climat tendu", "corde raide", "valeurs tombées par terre": après qu'un élève d'un lycée professionnel d'Etampes (Essonne) a poignardé vendredi en plein cours une jeune professeure, des enseignants racontent leur quotidien.

"Vis-à-vis des profs avec lesquels les élèves sont en situation de conflit, les mots peuvent fuser mais il est rarissime qu'ils s'en prennent physiquement aux enseignants", explique à l'AFP Nicolas Risser, enseignant de français au collège Jean Vilard de la Courneuve (Seine-Saint-Denis), au pied de la cité des 4000.

"Etonné" du drame d'Etampes, il constate surtout au quotidien la violence de ses élèves entre eux. Ce jeune enseignant évoque "la relation que les gamins entretiennent avec la violence dans la cité, où les armes circulent" mais, "en général, ils ne transposent pas ce qu'ils font entre eux dans l'univers des adultes, ça reste étanche".

"Récemment, la principale est passée dans toutes les classes pour mettre le holà parce qu'on assistait à des rixes entre classes", raconte-t-il. "Deux fois 24 élèves qui se tapent dessus, ça avait provoqué un branle-bas de combat général!".

Ses élèves pratiquent aussi "un autre jeu", la "fioule": trente élèves se jettent sur un autre pour lui donner chacun une claque. "Ca dure 20 secondes, on n'a pas le temps de réagir et puis, ils le vivent comme une étape initiatique, celui qui a été choisi est mis en valeur", explique l'enseignant.

"Personnellement, je rencontre peu de problèmes, parce que je mesure 1m90 et que j'ai fait du rugby, mais beaucoup de jeunes collègues sont en grande difficulté", assure de son côté Pascal Odin, professeur d'histoire-géographie au collège Claude Debussy d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

En février, les enseignants de ce collège avaient tenté d'exercer leur droit de retrait pour dénoncer la violence, comme le feront à la rentrée les profs du lycée professionnel Louis Blériot d'Etampes, théâtre du drame.

Mais la rotation trop rapide des enseignants reste le coeur du problème, estime-t-il, comptabilisant "22 nouveaux sur 60 profs". "Ils sont à bout, hypertendus, dépressifs, attendent les vacances pour s'en aller. On brûle d'intervenir pour les aider, mais il faut faire attention à ne pas porter atteinte à leur autorité", confie-t-il.

Selon lui, les "problèmes viennent d'une minorité, moins de 5%, qui entraînent ceux qui sont sur la corde raide: ils ont des comportements ascolaires, asociétaux, ils ne respectent pas les horaires, n'enlèvent pas leur manteau en classe. Si on tente de s'y opposer, ça explose".

"C'est vrai qu'on s'use à passer 10 à 15 minutes à les faire asseoir et enlever leur manteau, chaque heure de cours", renchérit Nicolas Risser.

"Le sentiment d'insécurité pour les profs, c'est la fatigue et le stress", juge-t-il.

L'agression d'Etampes ne l'a "pas surprise": Dominique Le Nuz, professeure de lettres-histoire-géographie en lycée professionnel à Montigny-les-Bretonneux (Yvelines), insiste sur la nécessaire autorité des enseignants. "Si je ne m'impose pas physiquement en prenant des risques, c'est fini pour moi", explique-t-elle.

PARIS (Reuters), le 20 décembre 2005, extraits - Le ministre a notamment proposé la mise en place de permanences justice-police dans les établissements scolaires.

Il s'est également dit favorable à la vidéosurveillance et à l'installation de portiques de sécurité à l'entrée des établissements.

UN COMMISSARIAT DANS CHAQUE COLLEGE?

"Si ça se concrétise, c'est la dimension éducative qui disparaîtra complètement dans le règlement des conflits", s'inquiète par ailleurs dans les colonnes du Parisien Philippe Guittet, secrétaire général du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale.

Selon le ministère de l'Education nationale, 80.000 incidents allant des violences physiques aux insultes en passant par les vols, les tags et les jets de pierres ont été signalés l'an dernier en France.

Soit, en moyenne, 14 par établissement scolaire.
Posted 19 years, 10 months ago on December 19, 2005
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