April 11, 2006

« Arrêtez ! »

L'obsédante et fragile étiquette d' "Outreau bis"
LE MONDE | 08.04.06
SAINT-OMER (PAS-DE-CALAIS) ENVOYÉE SPÉCIALE

Extrait :

Alors que les avocats de la défense et ceux de la partie civile se lançaient une nouvelle fois à la figure le précédent d'Outreau, le jeune garçon, qui assistait silencieux à ces invectives, s'était soudain mis à hurler : "Arrêtez !" Après une courte suspension d'audience, il était revenu à la barre et, alors qu'il s'était toujours tu pendant l'instruction, il a raconté pour la première fois avoir été le témoin d'agressions sexuelles commises par son père et ses oncles sur sa cousine Jessica, sous le regard de sa mère et de ses tantes. "Compte tenu de ce que tu viens de dire, sais-tu que je peux envoyer ton père et ta mère en prison ?", lui a demandé l'avocat général. - "Oui." - Et tu me laisses faire ? " - "Allez-y", a t-il dit. D'Outreau bis, le procès était redevenu d'un coup celui des frères D. et des soeurs V. Celui de sept accusés qui ne tenaient pas tout à fait sous l'étiquette.

SAINT-OMER, Pas-de-Calais (Reuters), 10 avril 2006 - Les avocats des parties civiles dans l'affaire "Outreau bis" ont dénoncé l'amalgame entre les deux affaires d'Outreau et redit qu'à leurs yeux des charges existent à l'encontre des sept accusés.

"Les charges existent, et elles sont lourdes" a affirmé Me Marc Pantaloni, avocat de la partie civile, qui s'est adressé aux jurés de la cour d'assises du Pas-de-Calais en leur disant que ce dossier n'était pas "une réplique d'un autre dossier".

Les avocats des parties civiles ont aussi dénoncé une instruction "mal conduite" qui aurait dû entraîner des charges plus importantes sur les accusés.

"Il est de l'intérêt de la défense que le dossier n'ait pas été instruit comme il aurait dû l'être" a déclaré Me Pantaloni.

Le Conseil général du Pas-de-Calais, tuteur des enfants, et trois associations de défense de l'enfance se sont constitués partie civile.

Sept adultes, trois frères unis à trois soeurs et la mère de ces dernières, sont poursuivis pour viols sur 10 enfants. Les six premiers ont purgé de 32 à 34 mois de détention avant d'être libérés en 2004.

En début d'audience, l'avocat général, Jean-Marie Descamps, a déposé des réquisitions écrites afin que pour deux des accusées, Fernande V. et Renée L., les poursuites pour "agressions sexuelles" sur l'un des enfants, Boris, soient requalifiées en "violences sur mineurs".

Le verdict est attendu vendredi. Les accusés encourent jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle.



SAINT-OMER (AFP) - L'avocat général de la cour d'assises du Pas-de-Calais a requis mardi jusqu'à 8 ans de prison au procès des sept adultes jugés pour pédophilie, écartant les accusations de viols et ne retenant des agressions sexuelles que sur un des dix enfants parties civiles.

"Faute de pouvoir imputer, sans risque de me tromper, de viols aux accusés, je vous propose (...) de répondre non à toutes les questions relatives à ces accusations", a déclaré Jean-Marie Descamps au cours de son réquisitoire de près de trois heures.

Les accusations de viols font encourir une peine de 20 ans de réclusion criminelle aux accusés.

D'après l'avocat général, seule Jessica, 19 ans, a été agressée sexuellement. Elle l'aurait été par son beau-père Didier et ses deux oncles, Patrick et Sylvain D.

Les neuf autres enfants ont été victimes de corruption de mineurs de la part des sept accusés, selon M. Descamps. "Tous les enfants examinés, s'ils ne sont pas des victimes, sont témoins de conduites sexuelles déviantes", a-t-il expliqué.

L'un des enfants, de surcroît, a subi des violences volontaires de la part de sa mère, avec la complicité de sa grand-mère, selon le réquisitoire.

La peine la plus forte a été demandée à l'encontre de Didier D., 40 ans, beau-père de Jessica: 8 ans d'emprisonnement. "Didier, le Rmiste flambeur, a une lourde responsabilité (...) parce qu'il est non seulement l'agresseur, mais également le père de la victime, son protecteur naturel", a souligné l'avocat général.

Contre Patrick D., 37 ans, qualifié de "tambour érigé en chef de musique, malin celui-là", et contre Sylvain D., 35 ans, "le voyeur, le photographe, le suiveur", 7 ans d'emprisonnement ont été requis.

L'avocat général a requis 4 ans de prison contre la mère de Jessica, Fernande V., 37 ans, qu'il a appelée la "marâtre cruelle". Elle est également accusée d'avoir maltraité son fils Boris.

Contre les soeurs de Fernande, Madeleine, 33 ans, et Fabienne, 38 ans, "des femmes bien légères et peu maternelles, plus préoccupées par leur libido", l'avocat général a réclamé 3 ans de prison pour corruption de mineurs.

Enfin, contre la mère des trois soeurs, Renée L., 61 ans, une peine de prison avec sursis a été réclamée pour complicité de violences sur mineur.

"Ce dossier ne se distingue pas beaucoup des dossiers du même ordre: pas ou peu d'indices matériels, et la nécessité de se forger une conviction à travers la parole de l'enfant", a reconnu M. Descamps.

Mais il a fustigé "le prototype de la famille incestueuse tournée vers elle-même", issue du "quart-monde", aux "normes inhabituelles" et au "sens moral inhibé".

"Ce dossier est tout banalement un tout nouveau dossier d'inceste ordinaire", a expliqué l'avocat général. Il a affirmé, en référence à l'affaire d'Outreau où treize personnes avaient été acquittées, que "l'histoire ne se répète pas".

Les sept accusés, qui comparaissent libres, ont déjà passé plus de trois ans en détention provisoire, depuis la révélation de l'affaire en 2001 jusqu'en 2004.

Leur procès, pour des faits qui se seraient déroulés à Outreau et au Portel entre 1994 et 2001, s'est ouvert le 29 mars à Saint-Omer.

Les avocats de la défense ont indiqué qu'ils plaideraient l'acquittement mercredi et jeudi.

Le verdict est attendu vendredi.

Posted 19 years, 7 months ago on April 11, 2006
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