June 10, 2006

La cour d'assise s'interroge sur l'absence de signalements

PARIS (AFP) - La cour d'assises d'appel de Paris s'est interrogée vendredi sur l'absence de signalement des disparitions de sept jeunes filles dans l'Yonne à la fin des années 70, affaire dans laquelle Emile Louis a de nouveau clamé son innocence.

Emile Louis, 72 ans, est jugé depuis mardi en appel pour ces sept assassinats qui lui ont valu en première instance la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 18 ans, devant les assises de l'Yonne en novembre 2004.

Ces sept jeunes femmes, déficientes mentales légères âgées de 15 à 26 ans, ont disparu dans la région d'Auxerre entre 1975 et 1979. Quatre d'entre elles étaient élèves à l'Institut médico-éducatif (IME) Grattery d'Auxerre et prenaient l'autocar que conduisait Emile Louis.

Il a fallu attendre 1996 et une plainte de leurs familles, à l'initiative de l'Association de défense des handicapés de l'Yonne (ADHY), pour que la justice s'empare du dossier et aboutisse à l'arrestation d'Emile Louis en 2000. Il a d'abord reconnu les faits en garde à vue et, sur ses indications, deux corps ont été retrouvés. Il s'est ensuite rétracté.

"J'ai toujours dit que j'étais innocent, je le répète aujourd'hui et le répéterai jusqu'à ma mort", a-t-il réaffirmé vendredi.

Plusieurs témoins entendus vendredi ont mis en cause l'attitude des anciens dirigeants de l'IME.

Directeur de l'établissement à partir de 1993, Philippe Jeanne, s'est étonné qu'aucune déclaration n'ait été faite à la police concernant ces disparitions considérées à l'époque comme des fugues.

M. Jeanne a dénoncé des "négligences graves qui facilitent un crime, facilitent le parcours d'un criminel. Si on ne signale pas une disparition, on en rend possible une deuxième..."

Substitut du procureur d'Auxerre dans les années 90, Bertrand Daillie, a souligné que "du côté du foyer, il n'y a eu aucun signalement au parquet". La justice a elle aussi été critiquée pour son inertie, en raison notamment du classement sans suite d'un rapport de gendarmerie datant de 1984 et accablant pour Emile Louis.

Ancienne éducatrice à l'IME, Nicole Charrier, a assuré que "dans son esprit, les jeunes filles n'avaient pas disparu" mais "étaient rentrées chez elles". "Elles avaient une vie à l'extérieur" de l'IME où elles ne venaient que pour suivre une formation, a insisté ce témoin.

Son ex-mari et ancien directeur de l'institut, Pierre Charrier, a affirmé qu'il n'avait "pas fermé les yeux" sur ce qu'il a continué d'appeler des "fugues" qui "n'ont jamais eu lieu à partir de l'établissement".

Interrogé sur sa condamnation en 1992 dans une affaire d'attouchements sexuels sur personne vulnérable, sans lien avec les disparues de l'Yonne, cet homme de 78 ans a reconnu "avoir perdu pied" à un moment de son existence.

"Il y a des gens qui savent reconnaître leurs fautes", a commenté le président de la cour devant un Emile Louis imperturbable.
Posted 19 years, 6 months ago on June 10, 2006
The trackback url for this post is http://justice.cloppy.net/b.blog/bblog/trackback.php/588/

Add Comment

( to reply to a comment, click the reply link next to the comment )

 
Comment Title
 
Your Name:
 
Email Address:
Make Public?
 
Website:
Make Public?
 
Comment:

Allowed XHTML tags : a, b, i, strong, code, acrynom, blockquote, abbr. Linebreaks will be converted automatically.

 
Captcha:
captcha image

Please type the content of the above image into the following form-field.