July 25, 2006

« Les gens s'arrêtent. Ils nous parlent. Alors je me demande qui ça dérange. »

PARIS (AP) - Face à la polémique suscitée par les quelque 300 tentes distribuées depuis le début de l'année par Médecins du Monde (MDM) à des SDF pour qu'ils s'abritent dans Paris, l'organisation humanitaire a défendu sa décision mardi, affirmant qu'il s'agissait d'"abris transitoires" pour leur donner "un peu d'intimité".

"Le 21 décembre dernier, nous avons pris l'initiative de rendre visible cette population qui refuse l'hébergement d'urgence", a expliqué lors d'une conférence de presse Patrick David, vice-président de MDM, pour justifier cette mesure, tout en concédant qu'"il serait peut-être irresponsable de dépasser les 300 tentes".

"Nous nous basons sur trois grands principes", a-t-il précisé: "le souhait qu'il y ait une législation interdisant de renvoyer les gens à la rue", le souhait "de leur donner un hébergement durable et d'organiser une table ronde pour discuter d'une refonte du système d'hébergement".

Graciela Robert, responsable de la mission SDF à Paris, a affirmé pour sa part que "ces tentes sont des abris transitoires" permettant aux sans-abri de retrouver "un petit chez soi". "Avec ces tentes, ils ont récupéré leur dignité" et "un peu d'intimité", a-t-elle souligné, en assurant toutefois que son organisation proposait d'abord "un hébergement d'urgence avant de proposer une tente".

"Ces tentes leur permettent de ne pas avoir peur de dormir dans un dortoir, de se faire voler leurs affaires", a-t-elle ajouté. "C'est mieux que les trottoirs, mais ce n'est pas la solution. La solution, c'est l'hébergement, mais pas l'hébergement pour quelques jours, qu'ils refusent souvent".

"La tente, ça nous donne un peu plus d'intimité, un peu plus de considération. On peut s'en passer, mais ça donne un coup de main", explique Lahouari, un SDF de 46 ans, qui s'abrite depuis un mois sous une tente que lui a donnée MDM. "Mais ça ressemble à un placard, à une armoire. Ce qu'on demande, c'est un appartement, ou même une chambre de bonne. On est prêt à payer", assure-t-il.

"Les gens s'arrêtent. Ils nous parlent. Alors je me demande qui ça dérange", confie cet homme qui a planté sa tente près de la piscine Joséphine-Baker, installée sur la Seine, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Pour Lahouari, qui dit vivre dans la rue depuis 26 ans, l'hébergement d'urgence n'est pas une solution. "Il faut quitter les lieux à 8h le matin, et le soir, la lumière est éteinte à 22h. Et la journée, vous allez où quand il fait chaud?".

Le gouvernement n'a jamais caché son opposition à cette opération de MDM. La ministre déléguée à la Cohésion sociale Catherine Vautrin a nommé la semaine dernière Agnès de Fleurieu, présidente de l'Observatoire national de la pauvreté, comme médiatrice "pour trouver une solution au problème posé par les tentes" pour les sans-abri.

Du côté de la mairie de Paris, Bertrand Delanoë souhaite leur disparition mais uniquement si l'Etat s'engage à construire des centres d'hébergement. Il a adressé mardi une lettre à Mme Vautrin pour demander notamment que l'Etat mette en oeuvre un plan régional de construction de places d'hébergement "car le déficit est de près de 5.000 places, sachant que Paris concentre actuellement la moitié des places".

M. Delanoë souhaite que les financements de l'Etat puissent permettre à ces centres d'hébergement "de rester ouverts la journée et de fonctionner toute l'année, afin d'améliorer leur fonctionnement pour que les personnes sans domicile acceptent de s'y rendre".

L'installation des tentes dans Paris a déjà été marquée par plusieurs incidents. MDM note qu'une douzaine ont disparu et que quatre autres ont été incendiées samedi soir rue de Maubeuge dans le Xe arrondissement, sans faire de victimes. "On va peut-être porter plainte pour dégradation de propriétés privées", a indiqué Patrick David. AP
Posted 19 years, 3 months ago on July 25, 2006
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