September 12, 2005

A en vomir


L'histoire d'Alain telle que décrite par Libération est à en vomir, dans le prolongement du texte de l'Express, ces « jeunes perdus sans collier, » et de l'interview récent d'Alain Bentolila présenté sur le site du Défenseur des Enfants (voir aussi « l'école à la dérive »).

On comprend à la lecture de l'article de Libération que les sujets de la protection de l'enfance et plus généralement de l'aide aux familles et aux plus vulnérables soient tabous.

On comprend également pourquoi Sarkozy écarte le CNDS lorsque la police fait le ménage au pied des tours et dans nos villes.

La médiatisation récente des incendies criminels d'immeubles en région parisienne qui a fait suite à ceux d'épuration dans les cités a fait des émules...


L'incendie récent de l'immeuble HLM de L'Häy-les-Roses (Val-de-Marne) a rappellé que fumer et enfumer tue et, dans ce village, ils ont règlé leurs comptes à coup de barre de fer :

Enfant de l'assistance[1], Alain est sous tutelle, invalide à 80 %[2]. A 38 ans, il ne sait pas vraiment lire, ni compter. Cela fait maintenant quinze ans qu'il habite le village avec Marinette Belloeil, qu'il appelle «maman». Marinette n'est pas administrativement sa mère adoptive, elle l'a recueilli à 3 mois. Devant la haine exacerbée du village, elle a lancé la procédure d'adoption.

Au village, c'est devenu un jeu. Quand ils le voient, les gens se moquent de lui, l'excitent. «Il a pourtant juste besoin d'être un peu considéré, qu'on lui parle d'humain à humain[3]. Il ne connaît pas les codes sociaux[4], tempère Lionel Julien, seul conseiller municipal d'opposition. Ce n'est pas un demeuré[5], mais il n'a pas l'intelligence des situations. Il est naïf et ne comprend pas que la scierie puisse faire du feu et pas lui[6].»


Libération, le 12 septembre 2005
Par Nicolas DE LA CASINIERE


[1] L'assistance, précédemment la DDASS, aujourd'hui l'aide sociale à l'enfance - de ces professionnels qui interviennent (enquêtes, mesures, propositions de mesures aux institutions judiciaires, suivi des situations, ...) lorsque les familles rencontrent des difficultés. Audrey, 18 ans, la plus grande des quatres filles impliquée dans l'incendie de l'immeuble HLM de L'Häy-les-Roses réside dans un foyer de l'enfance - en d'autres termes, l'assistance - des Hauts-de-Seine, mais traîne dans le Val-de-Marne au pied de la tour aujourd'hui sinistrée ; les faits reprochés à ces quatres jeunes filles peuvent être réprimés par la réclusion criminelle à perpétuité pour la majeure, et 20 ans d'emprisonnement pour les mineures.

[2] Invalide à 80% pourrait être la solution pour certains momes de la rue. Il resterait aux autorités d'une autre ère à trouver dans quel genre de getho les rassembler puis, une fois contenus en ces lieux, d'imaginer quoi faire d'eux...

[3] Comme n'importe quel être humain, capable d'éprouver des sentiments et des émotions.

[4] Ce qui est aussi le cas d'environ 100 000 jeunes qui font « tâche dans les rues. »

[5] Ne pas avoir appris les codes sociaux ne fait pas d'une personne un demeuré. On ne peut pas conclure qu'une personne n'est pas intelligente parce qu'elle ne connait pas les codes que nous souhaiterions qu'elle ait acquise.

[6] L'incivisme, le manque de respect ou le manque de capacités de discernement tue. Fumer tue et enfumer également, le drame de l'immeuble HLM de L'Häy-les-Roses en est une preuve irréfutable. Selon les actes, les intentions et les conséquences, « faire du feu » ou simplement de la fumée est un acte criminel. En l'absence de normes les lambris d'un plafond d'un lieu commun, les peintures et accessoires d'une cage d'escalier n'ont pas à être pare-feu, retardateurs d'incendie ou exempts de composants toxiques.


Dans la nuit du 26 juillet, à Maillé (Vendée), un petit village en plein Marais poitevin, un habitant a copieusement assaisonné à coups de barre de fer puis frappé au sol Alain Billault, dit Linlin, jusqu'à ce que les gyrophares des gendarmes arrêtent sa fureur. Tout cela devant deux voisins qui regardaient, la fourche à la main. Après ce passage à tabac entre voisins, l'ambulance a emporté une victime, la rate éclatée, le bras en hématome, les dents cassées, une cheville tuméfiée.

Pétitions. Linlin, c'est un peu le «simplet du village». Mais un «simplet» que le village déteste. Car, aussitôt l'affaire connue, un comité de soutien à l'agresseur s'est créé. Mené par le maire, Laurent Joyeux, contrôleur laitier à la retraite. Sans états d'âme, celui-ci défend l'agresseur : «Débordé par l'exaspération, il a fini par disjoncter.» Puis ajoute : «Il faut le protéger, lui et sa famille, tant que Billault ne respecte pas les règles de vie. Il rôde tous les soirs, à observer les étoiles qu'il dit. S'il continue avec son petit côté provocateur, je ne réponds de rien. Pensez : il a même attaché son cheval aux portes de l'église et au monument aux morts.»



Sophie Mamousseau avait été poursuivie outre-atlantique pour "rétention illicite internationale", après avoir quitté les Etats-Unis en 2003 avec sa fille, Charlotte. La cour d'appel d'Aix puis la cour de cassation a confirmé que l'enfant devait rejoindre son père domicilié à New York en vertu de la convention de la Haye sur les enlèvements internationaux d'enfants. Sophie Mamousseau a également un comité de soutien aux Adrets-De-l'Esterel où le retour de Charlotte est attendu.

Femme Actuelle N°1093 du 5 au 11 septembre 2005 consacre un article à l'affaire après qu'un Juge aux Affaires Familiales de Draguignan ait ordonné le retour de Charlotte: « Sa maman nous confie son calvaire et ses espoirs. »


Libération, 16 septembre 2005
Un mois de prison avec sursis pour « Linlin »
Extraits : Il était poursuivi pour des nuisances sonores. L'interdiction de paraître dans la commune, requise par la procureure, n'a pas été prononcée. Alain Billault ignore toutefois encore s'il pourra remettre les pieds dans son village. En attendant, il est toujours à l'hôpital.
Posted 20 years, 3 months ago on September 12, 2005
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