August 8, 2006

Conte de noël. Le paradis des neuneus

Mots clefs sur google "maltraitance institutionnelle coup de pied au cul", on tombe sur un article de la lettre à Lulu.

Ça se passe à deux heures de solex de chez nous ! Un centre de rebut des handicapés mentaux passe à l'an 2000 en tentant de refaire une santé à sa réputation.


Plus de détails sur ce forum ou ce site web dédié. Taverny, le chateau de Vaucelles, c'est à 20 minutes de Paris par l'autoroute et les voies rapides. Extrait d'une emission radio qui a fait l'objet d'un procès pour diffamation, le conte pourrait être reécrit et être intitulé " Hanoukka à l'OSE " :

- bien 35'17
- Maltraitance, je pensais que le procureur était compétent. J'en ai parlé à la DASS a dit que ce n'était pas son problème, qu'elle avait d'autres chats à fouetter. J'en ai parlé au Conseil Général qui m'a dit aussi qu'il n'était pas compétent, que le directeur était maître après Dieu
- Texto ?
- oui
- alors c'est des gens, des élus, qui financent une institution et donc ils ne peuvent pas 35'42 regarder ce qui se passe à l'intérieur
- non, ben c'est ce qu'ils disent
- oui, oui. La DASS c'est un service de l'État
- ils l'ont écrit
- donc ils sont chargés de s'occuper de l'action sociale, et ils ne sont pas compétents
- la DASS a autre chose à faire. Elle n'a pas dit qu'elle n'était pas compétente, c'est le procureur qui a dit qu'il n'était pas compétent, qu'il n'avait rien à voir là-dedans
- OK à chaque César ses paroles
- La DASS avait autre chose à faire et le Conseil Général non compétent 36'14
- cela fait quand même trois institutions importantes
- j'ai vu aussi le médiateur de la république
- qu'est-ce qu'il dit lui ?
- ça pourrait être humoristique s'il n'y avait pas des gens qui étaient victimes là-dedans : " il faut savoir accepter, on sait bien qu'il se passe des choses comme ça, dans l'armée, dans les prisons, et des lieux comme les vôtres
- bon pour les gens qui veulent s'informer, c'est une position d'une description du 19ème siècle en France. C'est ce qu'a fait Michel Foucault autour de la folie et des lieux d'enfermements, on s'aperçoit que la tendance actuelle est plutôt du côté de la Roche sur Yon, c'est à dire, qu'on ouvre les lieux, on essaie que les gens prennent en main leur propre vie et toi c'est l'inverse total, c'est là ?
- oui 37'01
- alors pour les gens qui veulent s'informer de façon plus intellectuelle, ils peuvent lire les livres de Michel Foucault. " Surveiller et punir ", c'est ça à Mindin
- oui, surveiller et punir, c'est exactement ça
- oui, c'est le titre d'un de ses livres célèbres. Vous pouvez le lire, c'est très intéressant. Il y a un autre livre qui est un peu plus gros, qui est ancien - Erving Goffman " Asiles " - Il explique comment, entre autres, les gens pour sortir de l'asile justement, essaient de se conformer à ce 37'24 que leur demande l'institution, les soignants, et les médecins. C'est ce que tu nous dis toit, c'est la soumission. C'est la même chose.
- oui, oui, l'éducation, c'est la discipline. Ça change, il y a du personnel de plus en plus éducatif, et de moins en moins médical, le côté soins des malades n'est pas tellement reconnu. Souvent on dit que quelqu'un qui est malade psy, c'est quelqu'un qui est responsable de son 37'42 état et qui est méchant.
- ça c'est l'opinion commune des soignants ?
- oui " psy " c'est méchant, dangereux, oui, et de toute façon, il y a de moins en mois de soins et de plus en plus éducatif, mais éducatif, c'est sans doute les mêmes formations que les éducateurs que l'on met pour les enfants un peu délinquants.
- répression ?
- oui, il faut que ça file droit ! 38'09
- il n'y a pas d'écoute des personnes ? ça existe très peu ?
- il y a quand même des psychologues. Il y en a eu qui s'en fichait. Maintenant, j'en connais d'autres qui essaient de faire leur boulot, il faut le reconnaître. C'est 2 ou 3 psychologues pour je ne sais combien de patients, ils ne peuvent pas y arriver
- mais les psy ? il y a bien des psys ?
- les psychiatres sont juste vacataires, ils viennent là juste pour les ordonnances, c'est tout !
- c'est à dire pour prescrire les neuroleptiques ? 38'40 Il n'y pas de groupe de parole, par exemple ?
- non
- il n'y a pas de thérapies individuelles où la personne…
- il y a une ou deux personnes, dans le service où je suis, sur 40 admettons, deux personnes qui sont prises par le psychologue
- on peut se dire que ce n'est pas tout à fait un établissement de soins. Mais est-ce que c'est lié au fait que ces gens là vont rester toute leur vie à cet endroit là ? 39'07
- c'est lié au fait que ces gens vont rester toute leur vie à cet endroit là. C'est lié au fait qu'il n'y a pas de contrôle, il y a très peu de parents ou d'entourage
- parce que ce sont des situations lourdes ou des abandons ?
- voilà, ce sont des situations lourdes ou des abandons, en plus il n'y a pas de places pour les handicapés(es) alors le peu de famille qu'y a, eh bien, elles sont bien contentes de trouver ça.
- pour que la personne en difficulté soit prise en charge. tout se conjugue pour faire un dépotoir ?
- voilà, soit ce sont des gens qui n'ont pas la parole, donc ils ne peuvent pas de plaindre
- les personnes dont tu t'occupes actuellement ? 39'40
- soit ce sont des malades psychiatriques, donc est-ce qu'on doit les écouter ? est-ce que leur parole ont une valeur ?
- leur parole est suspecte ?
- voilà 39'55
- d'accord, d'autre part, est-ce que les employés(es) sont formé(es). Il y a une prise en main de l'institution pour former les gens ?
- oui, un peu plus, oui
- un peu plus maintenant
- oui, oui, ça a commencé un peu en même temps que mon embauche. Il y a quand même , c'est des petites formations. 40'12 comme moi AMP, aide soignante. IL y a très peu d'infirmières. Elles font des horaires de bureau, alors en dehors de horaires de bureau, ils sont malades quand même.
- s'ils ont la grippe par exemple ? la grippe aviaire ? Comment ça se passe ?
- d'abord, premièrement, si par exemple il y a quelqu'un de malade, éviter le plus possible. D'abord, on va la soupçonner de faire des comédies, c'est la première chose, ou c'est pas grand chose, on regarde sa température, on va soupçonner le résident
- on va dire, il est sensible un peu ?
- oui, oui
- il est douillet ?
- ou il fait des comédies, enfin bref
- il fait du cinéma, comme les joueurs de football ?
- après on va appeler l'infirmière et là il faut faire attention car on risque de se faire engueuler parce qu'elle a autre chose à faire. Si l'infirmière voit que c'est un peu grave, elle vas donner du Daffalgan en général pour faire baisser la fièvre
- on va soigner le symptôme, pour faite tomber la fièvre 41'17
- voilà, après si ça va pas du tout. On attend, c'est rare que ça soit en urgence. On va attendre la vacation du médecin.
- et la on va soulever le problème. Ça peut durer plusieurs jours ?
- oh oui très longtemps
- des gens dans ton service peuvent être malades longtemps
- oui ça va pas bien
- oui à la fois physiquement et aussi dans leur tête, ça s'agite beaucoup, il y a de l'angoisse
- il faut attendre le moment de la vacation ou alors s'il y avait vraiment un gros passage à l'acte, quelqu'un de …
- une violence ?
- oui, quelqu'un de violent
- quelqu'un arriverait en urgence ?
- il y a ce qu'on appelle des protocoles, il y a des médicaments à donner
- il faut calmer la personne
- oui, il faut la calmer
- d'accord 41'59 Donc, mais dans le personnel, il n 'y a pas un renouvellement, ou c'est toujours les mêmes ?
- si, la où je suis justement, il y a, c'est disons le côté positif de quelque chose de négatif, c'est à dire, comme c'est un service très très lourd, les gens veulent aller ailleurs dans des services plus faciles donc ce sont souvent des jeunes intérimaires ou en CDD qui viennent travailler là et qui apportent quand même une vision nouvelle. Moi je trouve de la fraîcheur, parce qu'elles arrivent avec des yeux neufs et elles considèrent les personnes en tant que personnes.. Bon il y a aussi dans les anciennes des gens qui ont cette mentalité. 42'43 c'est bien
- ça fait du bien ?
- oui ça fait du bien


Lien Social Numéro 493, 1ere juillet 1999
L’éducateur peut-il invoquer la légitime violence ?

Parce que toute institution est violente par nature, il faut se faire... violence pour ne jamais être violent. C’est à peu près ce que soutient Stanislas Tomkiewicz. Néanmoins, il faut admettre — nuance, en quelque sorte, le célèbre avocat de la cause des enfants — que dans certains cas ce n’est pas évident voire pas... recommandé. Alors, quoi faire ? Explications


Selon la convention internationale des droits de l’enfant, dont la France est signataire, il est interdit à un éducateur de donner une gifle à un jeune dont il a la charge. Il s’agit là d’un acte de violence aggravée et qui en France est, comme tel, passible de la correctionnelle. Dans la réalité, tous les éducateurs qui donnent une gifle ou un coup de pied au cul ne sont pas poursuivis devant les tribunaux. De fait, il existe un écart entre l’usage et le droit. D’abord parce que la loi française n’est pas aussi stricte que la convention internationale. Ensuite, parce que dans cet espace d’incertitude ouvert par la loi, l’opinion publique entretient l’idée qu’il existe certaines formes de « violences faites pour le bien de l’enfant ». Ces deux raisons peuvent suffire à provoquer des dérives dans l’attitude éducative et le fonctionnement institutionnel.

...
La France fait partie des trois ou quatre pays au monde où la violence institutionnelle est la plus rare, loin devant l’Angleterre et les Etats-Unis où le recours au châtiment corporel à des fins éducatives est encore inscrit dans les mœurs. Malgré cela, la France est plus « laxiste » que la Suède ou la Hollande en matière de violence. Dans ces pays, une gifle donnée à un gamin est un acte illicite, qui encourt la réprobation publique dès l’instant où l’enfant se plaint à un « médiateur ». Ainsi, les pays nordiques suivent à la lettre la convention internationale des droits de l’enfant de 1989 qu’ils ont ratifiée, tout comme la France d’ailleurs. L’article 19 de la dite convention stipule que « l’enfant doit être protégé contre toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalité physique ou mentale, négligence, mauvais traitements, exploitation ou violence sexuelle ». Cette position est reprise en France par les articles 312 et 331 du code pénal, qui interdisent toute violence physique en institution et aggravent les faits de maltraitance lorsqu’ils sont commis par une personne ayant autorité sur l’enfant. À ce stade, les choses sont tout à fait claires. Mais, et le « mais » est de taille, les ambiguïtés surgissent dès lors qu’il s’agit de définir de façon légale ce qui est considéré comme une violence physique faite à autrui, et surtout à partir de quel seuil elle doit être considérée comme préjudiciable à la personne.

...


Michel Foucault
Surveiller et punir
Naissance de la prison
Paris, Gallimard, 1975.

Peut-être avons-nous honte aujourd'hui de nos prisons. Le XIXe siècle, lui, était fier des forteresses qu'il construisait aux limites et parfois au coeur des villes. Ces murs, ces verrous, ces cellules figuraient toute une entreprise d'orthopédie sociale.

Ceux qui volent, on les emprisonne ; ceux qui violent, on les emprisonne ; ceux qui tuent, également. D'où vient cette étrange pratique et le curieux projet d'enfermer pour redresser, que portent avec eux les Codes pénaux de l'époque moderne ? Un vieil héritage des cachots du Moyen Age ? Plutôt une technologie nouvelle : la mise au point, du XVIe au XIXe siècle, de tout un ensemble de procédures pour quadriller, contrôler, mesurer, dresser les individus, les rendre à la fois « dociles et utiles ». Surveillance, exercices, manoeuvres, notations, rangs et places, classements, examens, enregistrements, toute une manière d'assujettir les corps, de maîtriser les multiplicités humaines et de manipuler leurs forces s'est développée au cours des siècles classiques, dans les hôpitaux, à l'armée, dans les écoles, les collèges ou les ateliers : la discipline.

La prison est à replacer dans la formation de cette société de surveillance.

La pénalité moderne n'ose plus dire qu'elle punit des crimes ; elle prétend réadapter des délinquants. Peut-on faire la généalogie de la morale moderne à partir d'une histoire politique des corps ?


Erving Goffman
Asiles
Minuit - 1996

Erving Goffman présente dans Asiles une interprétation en profondeur de la vie hospitalière qui situe les pratiques thérapeutiques quotidiennes dans le cadre le plus objectif, celui d'une "institution totalitaire", c'est-à-dire d'un établissement investi, comme la prison ou le camp de concentration par exemple, de la fonction ambiguë de neutraliser ou de réadapter à l'ordre social un type particulièrement inquiétant de déviants.

Présentation de l'ouvrage sur Radio France, France culture. Erving Goffman était sociologue, il a écrit "Asiles, Etudes sur la condition sociale des malades mentaux" en 1961. Plus d'informations sur Wikipedia.


Le totalitarisme
Sur Wikipedia, extraits au 8 août 2006 :

La philosophe Hannah Arendt a étudié et décrit ce système, en particulier dans son célèbre livre Les origines du totalitarisme (1951). Selon elle, deux pays seulement avaient alors connu un véritable totalitarisme : l'Allemagne sous le nazisme et l'URSS sous Staline. Elle distingue toutefois des tendances ou des épisodes totalitaires en dehors de ces deux cas. Elle cite notamment les camps de concentration français où furent placés les réfugiés de la guerre d'Espagne ou encore le maccarthisme au début des années 1950 aux États-Unis.

Les mouvements totalitaires sont des organisations massives d'individus atomisés et isolés. Hannah Arendt

Sans les masses, le chef n'existe pas. Hannah Arendt


Posted 19 years, 5 months ago on August 8, 2006
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