September 13, 2005

L'image du « voleur de poules » a 60 ans


Le Dalloz - Les détracteurs de l'ordonnance de 1945 font valoir que ce texte n'est plus adapté à la situation actuelle ?
J.-P.R. - On entend ce discours depuis 20 ou 30 ans !

La délinquance des mineurs, avril 2002


Il s'est tenu un colloque au cours du quel a été discuté l'opportunité de réforme ou d'adaptation de l'ordonnance de 1945 concernant la délinquance juvénile.

la justice des mineurs de l'époque s'occupe surtout de la masse des délits banals contre les biens. C'est l'image du « voleur de poules » qui vient à l'esprit, s'agissant d'une société encore largement rurale et fort préoccupée par les problèmes de ravitaillement à ce moment.

Entre 1936 et 1952 - Les changements les plus importants sont l'augmentation de la punitivité sous le régime de Vichy, marquée par une multiplication des peines et une diminution massive de la proportion des filles parmi les mineurs poursuivis dans l'après-guerre.

Revue d'histoire de l'enfance « irrégulière » N°3, 2000, L'enfant de justice pendant la guerre et l'immédiat après-guerre


Libération titre aujourd'hui « A 60 ans, la justice des mineurs cherche une nouvelle jeunesse »

Chazal de Mauriac - Premier Président de la Cour d'Appel de Paris - parie plutôt sur la mise en oeuvre concrète d'expériences de terrain. Et surtout pour l'élaboration d'outils d'évaluation. «Notre faiblesse véritable, c'est l'absence d'un système d'évaluation pour vérifier la pertinence de certaines options, et éviter des erreurs et des polémiques inutiles.» A son avis, «les politiques extrêmes, libérales ou répressives[1]» sont à bannir. Car elles reposent «sur des analyses sommaires ou erronées, sur des visions utopiques ou cyniques, sur la démagogie». Selon lui, le vrai défi de ce début de siècle, «c'est de ne pas se laisser fasciner par une politique qui répondrait au seul slogan : plus vite et plus fort».

En fait, les jeunes délinquants n'intéressent pas vraiment grand monde. «Entre les adeptes du réarmement moral qui ont peu de sympathie pour ceux qu'ils considèrent comme des déviants, les individualistes qui s'intéressent essentiellement à leur propre épanouissement et à celui de leurs proches[2], les partisans d'un repli défensif sur ceux qui leur ressemblent, leur communauté, leur groupe... pas facile de trouver des appuis pour une grande politique à l'égard des jeunes délinquants», regrette Chazal de Mauriac.



[1] Extrait de l'Humanité du 16 août 2005, La cité des 4000 entre fantasme et réalité, 14 000 habitants au total selon l'article :

Les mots du ministre de l’Intérieur : « Je viens nettoyer au Karcher... », « l’ordre... », « l’insécurité... » Des expressions fortes. Et un engagement étonnant de la part d’un membre du gouvernement : « Je reviendrai autant de fois qu’il le faudra. » La cité des 4000 est officiellement devenue le laboratoire expérimental de l’action politique selon Sarkozy.

« Pourquoi vient-il chez nous alors que ce n’est pas pire qu’ailleurs ? » La question revient souvent parmi les habitants, largement partagés entre ceux qui critiquent et ceux qui approuvent les propos du ministre d’État.

... S’il y a des expressions fortes dans les propos du ministre, le mot de « misère » y est superbement oublié. Pénétrer dans la cité des 4000, c’est découvrir une réalité ignorée, palper l’ampleur du désastre humain. 59% des ménages ont des revenus inférieurs au plafond d’attribution du plan locatif aidé (PLA), habituellement utilisé pour mesurer la pauvreté et la précarité. La part des familles monoparentales (en fait des femmes élevant seules leurs enfants) est deux fois plus importante que dans l’ensemble de la région parisienne. Les gamins souffrent de carences affectives autant que de carences alimentaires. Quasi toutes les écoles sont classées en zone d’éducation prioritaire. « Même la caisse d’allocations familiales (CAF) confirme que nous avons la population la plus pauvre du département, souligne Mimouna, militante associative (voir ci-dessous). Le quotient familial y est le plus bas de Seine-Saint-Denis. 60% des familles ne paient pas leur loyer, certaines depuis deux mois, d’autres depuis plus de dix ans. »


[2] A chaque affaire il se constitue un comité de soutien autours des victimes et un autre aux côtés des auteurs des faits :

GRENOBLE (AFP), 13 septembre 2005, extrait - La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, s'était rendue sur les lieux de l'incendie pour apporter son soutien aux gendarmes de Saint-Laurent-du-Pont.

GRENOBLE (AP), 13 septembre 2005, extraits - Dix adolescents et deux jeunes majeurs ont été placés en garde à vue mardi matin dans le cadre de l'enquête sur un incendie d'origine criminelle qui a détruit le 3 septembre une partie de la caserne de gendarmerie de Saint-Laurent-du-Pont (Isère), a-t-on appris auprès de la gendarmerie.

L'enquête s'est orientée vers les proches des deux jeunes qui se trouvaient en garde à vue pour "coups et blessures" dans les locaux de la gendarmerie au moment de l'incendie. Le feu s'était déclaré dans un bateau garé le long du bâtiment administratif et s'était propagé dans les bureaux.

Posted 20 years, 5 months ago on September 13, 2005
The trackback url for this post is http://justice.cloppy.net/b.blog/bblog/trackback.php/76/

Add Comment

( to reply to a comment, click the reply link next to the comment )

 
Comment Title
 
Your Name:
 
Email Address:
Make Public?
 
Website:
Make Public?
 
Comment:

Allowed XHTML tags : a, b, i, strong, code, acrynom, blockquote, abbr. Linebreaks will be converted automatically.

 
Captcha:
captcha image

Please type the content of the above image into the following form-field.