September 17, 2006

Coupable à tous prix ?

Le long calvaire de Corinne,
blanchie après vingt-deux mois de prison
Le Figaro, 17 septembre 2006

Accusée d’agressions sexuelles par ses enfants, elle a partagé la cellule de Myriam Badaoui.

NEUF HEURES de débats devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ont anéanti plus de deux années d’instruction. Jeudi, une mère de famille et son ancien compagnon, tous deux poursuivis pour des agressions sexuelles, ont été innocentés après vingt-deux mois de détention provisoire – dont un an que Corinne François a passé dans la même cellule que Myriam Badaoui, « l’accusatrice en chef » du dossier d’Outreau. Le couple avait été accusé de viols par les trois enfants de Corinne, en décembre 2002. Victimes de leur propre père, qui sera condamné pour ces incestes, les enfants s’étaient confiés à leurs nourrices. Le parquet de BoulognesurMer avait aussitôt été saisi. Après deux ans d’instruction, le magistrat renonçait à renvoyer le couple pour viols. Les faits étaient requalifiés en agressions sexuelles.

Expertise psychiatrique

Aujourd’hui séparés, Corinne et Franck entendent s’appuyer sur leur relaxe pour obtenir « une réparation financière à la hauteur des sommes proposées aux acquittés d’Outreau », selon Me Emmanuel Riglaire, avocat de la mère de famille, qui renvoie à l’affaire jugée à Saint-Omer : « Comme à la grande époque, on a cru tout ce que disaient les assistantes maternelles, sans tenir compte des preuves objectives. » Parmi elles, un certificat médical qui vient contredire la version des enfants dès le début de l’enquête. Ou encore une expertise psychiatrique qui les déclare influençables.

Libérée en octobre 2004, Corinne François suivra toutes les séances de la commission d’enquête parlementaire d’Outreau. « Je me sentais dans la même galère », raconte cette mère de 37 ans. À propos de Myriam Badaoui, elle lâche : « Elle m’a fait beaucoup de mal. » Elle exprime encore sa douleur d’avoir été séparée de ses trois enfants – aujourd’hui âgés de 9, 12 et 14 ans : « Ma famille est explosée, mon honneur sali. » Corinne, qui a revu son fils aîné et ses deux filles au procès pour la première fois depuis quatre ans, sait que la reconstruction va être difficile. Elle n’en veut pas à ses enfants mais « aux services sociaux, qui les ont manipulés ». Et à la justice, qui a voulu faire d’elle « une coupable à tout prix ».
Posted 19 years, 1 month ago on September 17, 2006
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