October 8, 2006

Du plaisir en bouteille, un sujet tabou


Médecins et psychiatres dénoncent le projet de loi de prévention de la délinquance
LE MONDE | 06.10.06

... Témoignant d'un "retour en arrière" dans la conception par les pouvoirs publics des questions de santé mentale. "Depuis deux siècles, quand un malade mental commet un crime ou un délit, il est avant tout considéré comme un patient, a expliqué le docteur Olivier Boitard, président du Comité d'action syndical de la psychiatrie. Et voilà que ce texte nous replonge dans la confusion."

Les protestations atteignent désormais toute la communauté médicale. L'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers et la Coordination des praticiens hospitaliers dénoncent une "régression dans la prise en charge des malades", tandis que le Conseil de l'ordre des médecins estime que le projet de loi entraînerait "une violation grave des droits à la vie privée et à l'intimité des patients".

Ce samedi débutent les premiers états généraux sur la maladie qui fait 45 000 morts par an en France. Objectif pendant deux mois : provoquer le débat.

L'alcoolisme sur la table, encore un secteur qui profite au détriment sinon au parfait mépris des victimes.

Voir sur Libé, extraits :

C'est du plaisir en bouteille, mais c'est aussi 5 millions de malades et 45 000 morts par an. L'alcool est toujours la deuxième cause de mortalité évitable en France, et un sujet tabou. Mais les langues vont se délier.

La loi sur la santé publique du 9 août 2004 avait proposé l'organisation d'états généraux sur le sujet.

Des forums en ligne, vingt-six débats publics partout en France, où chacun pourra s'exprimer et s'adresser à des experts, avec pour objectifs : «faire émerger les questions», «confronter les points de vue», «favoriser le dialogue» et «associer l'ensemble de la société aux futurs de choix de santé publique sur le thème de l'alcool».

Pour Philippe Batel, médecin alcoologue à l'hôpital Beaujon (Paris), «l'enjeu, ce n'est pas de pondre l'énième rapport sur le sujet, c'est de sortir de la guerre des tranchées entre ceux qui se préoccupent de santé publique et les bons vivants, ceux qui défendent une spécificité française. L'enjeu, c'est d'entendre ceux que l'on n'entend jamais». Les malades donc, mais aussi leur entourage, leurs amoureux, leurs enfants, leurs collègues (lire ci-contre). Philippe Batel «aimerai[t] bien que ces victimes collatérales participent aussi aux états généraux, qu'ils se saisissent des forums Internet pour lever le voile sur leur souffrance». Ils se sont parfois organisés en mouvements d'entraide, mais n'ont pas de conseil scientifique, pas d'association pour améliorer leur visibilité. «Ces gens-là n'organisent pas de manifs pour dire qu'ils en ont ras-le-bol d'attendre trois mois pour obtenir un rendez-vous avec un alcoologue», explique Philippe Batel.

www.etatsgenerauxalcool.fr

Crise d'hypocrisie générale
Proposé par impaire :

Il est donc possible de constater qu'en ce domaine, l'alcool, la société a également quelques années sinon des décennies de retard sur son temps. Par ailleurs, médecins et psychiatres dénoncent le projet de loi de prévention de la délinquance (le Monde du 6 septembre 2006), témoignant d’un retour en arrière de deux siècles, et concluent que la société retourne à la grande confusion. Les cours de Michel Foucault, les anormaux ou les monstres, les incorrigibles et les onanistes sont à nouveau d'actualité.

Dans le même temps, le dispositif de la protection de l'enfance voire plus globalement celui de l'aide sociale ne fait pas l'objet de contrôles ni d'aucun débat. On pourrait croire que l'institution socio judiciaire et les collectivités territoriales veillent au bon fonctionnement des outils associés, plus particulièrement ceux du dispositif de la protection de l'enfance. Or lorsqu'on s'intéresse au fonctionnement du dispositif de la protection de l’enfance, on peut percevoir que la justice y est souvent bassement médiévale et que les outils d'évaluation et de prise de décisions sont parfois ceux d'une autre ère aussi. Les conséquences sont parfois dramatiques pour les enfants et les familles concernées.

Il semble y avoir là tout un ensemble de marchés de la misère dont celui de l'alcool. L'alcool est en effet à classer parmi les psychotropes du pauvre et peut mener à la désocialisation puis à un placement durable voire même très bientôt à l'adoption des enfants des familles concernées. Certains secteurs fonderaient ainsi leurs activités et leur pérénité sur la misère alors que, par ailleurs, de plus en plus de couples sont en demande et attendent de pouvoir adopter un enfant…

De nombreux groupes d'intérêt ne souhaiteront probablement pas voir évoluer la société actuelle car ceux-ci semblent très clairement profiter de ces systèmes crées et entretenus artificiellement aujourd'hui en France, en 2006.


Voir La torture dans la République, en 2006
ou « Rôtisserie » et effet dominos
ainsi que la méprise d'Aras.


Des oeuvres de Michel Foucault présentée sur France Culture, et pourvu que ce ne soit pas le gang des taties de Saint Omer qui s'y colle au moment de lire les « faits » puis de juger :

Maladie mentale et psychologie
PUF - coll. Quadrige (septembre 2002)
La première oeuvre de Foucault. Une étude de la maladie mentale à travers ses composantes psychologiques, et une mise en évidence de la psychopathologie comme fait de civilisation.
- 3ème édition -

Les Anormaux
Seuil (1999)
Prononcé au Collège de France, de janvier à mars 1975, ce cours sur les "Anormaux" poursuit les analyses que Michel Foucault a consacrées depuis 1970, et surtout dans Il faut défendre la société, à la question du savoir et du pouvoir : pouvoir disciplinaire, pouvoir de normalisation, bio-pouvoir. C'est à partir de multiples sources, théologiques, juridiques et médicales, que Foucault aborde le problème de ces individus "dangereux" que l'on appelle, au XIXe siècle, les "anormaux". Il en définit les 3 figures principales : les "monstres", qui font référence aux lois de la nature, les "incorrigibles", pris en charge par les nouveaux dispositifs de dressage du corps, et les "onanistes", qui alimentent une campagne visant à la mise en discipline de la famille moderne.


La société française pourrait déjà avoir plongée depuis quelques temps de plusieurs siècles déjà. En effet, juger les « faits » puis rendre une justice dite « réparatrice » de « la victime » renvoit au bas moyen âge. « Les nouvelles sorcières de Salem, Leçons d'Outreau » en dit certainement long à ce sujet, voir la présentation sur le site de l'IHEJ, l'élaboration de « la vérité » dans l'imaginaire de ceux qui éclairont ultérieurement « les juges », lors du « procès ».

De l'affaire dite d'Outreau saison 2 : « C'est une décision non pas de justice, mais de morale. Ce qui est stigmatisé, c'est la vie de ces gens, les moeurs de ces gens », a dénoncé Me Hubert Delarue. « La morale bourgeoise a envahi le prétoire », a-t-il renchéri. « C'est un ovni judiciaire » a estimé l'avocat des enfants parties civiles, Me Marc Pantaloni.

C'est en 1868, en Grande-Bretagne, lors de l'affaire « Hicklin », qu'un critère légal explicite permettant de juger si tel ou tel matériel était « obscène », fut proposé pour la première fois. Pour être déclaré « obscène » (et sanctionné à ce titre), une publication devait présenter une « tendance à corrompre » les personnes dont l'esprit est « vulnérable aux influences immorales », et un risque de tomber entre leurs mains.
Ruwen Ogien
Les crimes imaginaires de la pornographie
Le sexe et ses juges


PSYCHOmedia n°10, septembre 2006
Enfant victime, enfant outragé, enfant résilient
Psychotromatologie et victimologie
Les echos de l'autre, regarder ce que le corps de l'autre nous montre
Le bilan psy, comment écouter les symptomes des enfants placés

Centre Pompidou
La scène judiciaire
Auteurs, acteurs et représentations de la justice
Lundi 18 Décembre 2006
19:00 La figure de la victime comme nouveau sens de la peine

La vérité qui déboule à l'audience est un produit de la superstition. Lachée du ciel ou déchiffré dans les cris du supplicié ou les larmes de la victime, elle n'a pas été formée par une enquête serieuse et impartiale mais par un décrêt paré d'autorité de l'Etat. Sous prétexte que le fait à juger a engendré du mal et de la souffrance, les fonctionnaires de la justice tournent le dos à la raison et au bon sens.
Eloge de la barbarie judiciaire
Thierry Levy, ed. Odile Jacob


De la page 13 du rapport de l'IGSJ, l’origine de la saisine et l’enquête préliminaire : Ce rapport - de l'UTASS d'Outreau - faisait état, d’une part, de l’attitude particulière des mineurs constatée par leurs assistantes maternelles, notamment du comportement sexualisé de W, et, d’autre part, de révélations faites à celles-ci et aux assistants sociaux par Y et W, laissant penser que ces enfants pouvaient être victimes d’agressions sexuelles commises par leurs parents


- Crise d'hypocrisie générale -


Posted 3 weeks, 1 day ago on October 8, 2006
The trackback url for this post is http://justice.cloppy.net/b.blog/bblog/trackback.php/808/

Re: Du plaisir en bouteille, un sujet tabou
Un rapport parlementaire propose que les élèves reçoivent une éducation au vin
LEMONDE.FR avec Reuters | 30.11.06

Afin de mieux défendre le vin français, les députés de la mission d'information de l'Assemblée nationale sur la viticulture recommandent d'informer, dès l'école, sur les "effets bénéfiques du vin dans le cadre d'une consommation appropriée". Des programmes d'éducation pour la santé devraient être mis en place, indique un rapport à paraître mercredi 6 décembre.


Les députés UMP et auteurs du rapport, Philippe-Armand Martin et Gérard Voisin, souhaitent "redonner son rang au vin français". Ils estiment que "l'apprentissage d'une bonne hygiène de vie commence dès l'enfance et l'école primaire", et affirment que "l'éducation du goût doit faire partie de l'éducation générale".

OBSERVATOIRE DU CONSOMMATEUR MONDIAL DU VIN

Alors que les Français boivent de moins en moins de vin, la consommation moyenne étant passée de 100 litres par personne et par an il y a 20 ans à 55 litres aujourd'hui, les députés jugent également utile de former les professionnels, et d'abord les viticulteurs. Il proposent la création d'un observatoire du consommateur mondial du vin et le lancement d'une campagne internationale "sur l'originalité et la supériorité des vins français".

La mission, qui rappelle qu'il existe 472 appellations d'origine contrôlée, les AOC, plaide en faveur d'une simplification. Elle propose de définir trois catégories : l'AOC, le vin de pays et le vin de table.


De plus, outre les innovations en matière de contenu, comme dans le domaine des vins biologiques, elle appelle également à imaginer de nouveaux contenants. Des bouteilles de volumes variés, et non plus seulement de 75 centilitres, pourraient ainsi être mises en circulation.

Enfin, pour faire face à la concurrence des vins du "Nouveau Monde", le rapport prévoit de renforcer les politiques d'exportation avec la création d'une Maison de l'exportation et d'une Maison des vins de France.

Posted 18 years, 10 months ago by Anonymous • • • Reply
Comment Trackback URL : http://justice.cloppy.net/b.blog/bblog/trackback.php/808/22635/
Des groupes donnent la parole aux enfants de dépendants
Des groupes donnent la parole aux enfants de dépendants. Témoignages.
«Son alcoolisme, ce n'est pas moi qui vais en crever»
Par Julie LASTERADE
QUOTIDIEN : mardi 5 décembre 2006
Ils sont en bonne santé, en général ils travaillent très bien à l'école, ils ont entre 7 et 17 ans et un secret. Tous le même. Leur père ou leur mère «a un problème avec l'alcool». Depuis quelques années, des groupes de parole pour enfants d'alcooliques se sont mis en place. Ils sont encore rares. Mais deux fois par mois, pendant deux heures, ils permettent à ces enfants de se retrouver, d'échanger, de réfléchir et de parler de leur souffrance. Laure, Diane, Olivier ou Natacha (1), tous bluffants de maturité, y viennent depuis des mois ou des années. A leur demande, jamais contraints, se sentant souvent «mieux en sortant qu'en arrivant».
«Tabou». Samedi 2 décembre, 14 heures, au premier étage de l'hôpital Beaujon, Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Cinq enfants autour de tables en U, des peluches et des figurines à un bout, deux animatrices. Parmi eux : Laure, 16 ans. Sa mère est abstinente depuis quatre mois, et Laure a du mal à y croire. Elle doute, dit qu'elle a cru entendre un bruit de bouchon dans la salle de bains. C'est là que sa mère cachait les bouteilles quand elle buvait. Alors Laure ne peut pas s'empêcher d'écouter. «On ne parle plus du tout de l'alcool depuis que Maman est revenue de l'hôpital, raconte-t-elle, ça m'étonne, c'est comme si c'était devenu tabou.» Laure avoue qu'elle n'est «pas sûre d'être contente» de l'abstinence de sa mère. Elle a plus d'activités extrascolaires qu'avant, car ce n'est plus elle qui prépare le repas du soir, qui s'occupe de ses frères et soeurs, qui conseille à sa mère d'aller se coucher. «J'ai du mal à vivre avec Maman qui revient sur le territoire», analyse-t-elle. Elle a pensé aller en internat, puis a renoncé. Elle explique que ce n'est «pas le moment de quitter la maison, même si Maman ne boit plus. On vient de vivre deux ans difficiles, il faut que la famille se regroupe, et puis je suis dans un bon lycée».
«Sérénité». Diane, 9 ans, est une petite fille à couettes qui parle comme si elle en avait dix de plus et se demande «quelle est la différence entre "donner à boire" et "pousser à boire"». Son père a commencé une cure, et Diane a «l'impression que ça lui plaît. Il fait du sport, des tas d'activités, il se repose, et le week-end il revient en pleine forme». Mais Diane est triste quand même. Lorsqu'une animatrice lui demande de représenter tout ça avec des figurines, elle s'incarne en petite poupée, choisit un marin en plastique pour désigner son père, et un gorille pour symboliser le centre de soins. La dernière fois, elle a dit qu'elle ne comprenait pas pourquoi ils arriveraient là-bas à empêcher son père de boire, là où elle croit avoir échoué. Sa mère lui a interdit d'en parler à sa grand-mère de peur qu'elle ne veuille plus les voir, mais sa meilleure amie est au courant. Elle lui a dit : «Tu devrais dire à ton père d'arrêter.»
Vendredi 17 novembre, 20 h 30, dans une salle municipale en préfabriqué de la commune de Versailles. Cinq enfants membres des Alateen (un groupe dérivé des Alcooliques anonymes) autour d'une table, une «guide» adulte et des rituels : la lecture d'une phrase «d'entrée dans la sérénité» en préambule, une autre à la fin. Et une boîte en fer pleine de bonbons au milieu.
Jérôme, 17 ans, vient depuis quatre ans. C'est lui qui a choisi le thème de la réunion de ce soir, «les enfants d'alcooliques et l'alcool». Cet été, il a bu «un peu, raconte-t-il. Le verre de rouge était compris dans le menu. Je l'ai pris, comme pour lancer un défi à mon père». Pour goûter, aussi. Il a détesté. Il ne veut plus y toucher. «Je ne veux pas devenir comme mon père», dit-il. Non, cette expérience ne l'a «pas rapproché de [son] père». «Tout ce que je lui demande, c'est que lorsqu'il me conduit en voiture je sois en vie à l'arrivée. Pour le reste, je souffre psychologiquement de son alcoolisme, mais ce n'est pas moi qui vais en crever physiquement.»
«Maladie». Il a «trouvé une tactique» pour passer des bons moments avec lui, et la conseille aux autres : «Tu as une discussion sérieuse avec lui, et ça marche. Par exemple, tu le branches sur un sujet de ta vie.»
Natacha, 11 ans. Elle a remarqué que son père, alcoolique, s'énervait plus les jours où elle devait venir à ces réunions. Tant pis, elle insiste pour que sa mère les y amène. Parce qu'elle n'en parle jamais ni avec sa petite soeur ni avec d'autres et que «ça fait du bien de sentir qu'on peut se confier et que ce que l'on dit restera là». Là, elle mange des bonbons, hausse les épaules parfois, écoute la guide qui lui dit que «c'est une maladie dont on peut sortir». Là, elle dit que son père lui a déjà fait goûter de l'alcool, qu'elle a aimé, et que lorsqu'il commence à boire, «à nous énerver, on sort, on va faire de la trottinette».


http://www.liberation.fr/actualite/societe/221212.FR.php

Posted 18 years, 10 months ago by Anonymous • • • Reply
Comment Trackback URL : http://justice.cloppy.net/b.blog/bblog/trackback.php/808/22644/

Add Comment

( to reply to a comment, click the reply link next to the comment )

 
Comment Title
 
Your Name:
 
Email Address:
Make Public?
 
Website:
Make Public?
 
Comment:

Allowed XHTML tags : a, b, i, strong, code, acrynom, blockquote, abbr. Linebreaks will be converted automatically.

 
Captcha:
captcha image

Please type the content of the above image into the following form-field.