November 27, 2006

Des juges mettent la justice en accusation

Un vent de fronde souffle sur la magistrature, pourtant peu portée, par nature, à la rébellion. Les bouts de ficelle, les dossiers accumulés, les audiences surchargées… ce n’est pas nouveau. Mais quand une commission d’enquête les met en position d’accusés, quand une réforme de la justice prévoit une nouvelle sanction disciplinaire, et quand un ministre les cloue régulièrement au pilori, certains juges commencent à ne plus vouloir jouer le jeu. « Pour faire marcher la boutique, on fait comme si, quitte à se mettre en marge des textes, déplore Bruno Thouzellier, président de l’USM, syndicat majoritaire chez les magistrats. Les collègues sont prêts à l’accepter, mais jusqu’à un certain point. »

(...) Le juge des enfants est le personnage central de la justice des mineurs. Il s’occupe à la fois des mineurs en danger et des mineurs délinquants. C’est lui qui instruit les dossiers et prononce dans son bureau les sanctions pénales les plus légères, comme les admonestations, ou les mesures de placement pour les enfants en danger dans leur famille.

(...) Cette présence obligatoire du greffier est prévue aussi pour les audiences devant le juge aux affaires familiales ou devant le juge des tutelles. Et là encore, les entorses à la loi sont fréquentes. « Il y a une sorte d’accord tacite entre les magistrats et les avocats, qui s’engagent à ne pas soulever la nullité des actes réalisés dans ces conditions, explique-t-on à l’USM. Jusqu’au jour où… »

(...) La liste ci-dessus n’est pas exhaustive. Pour l’USM – dont le but n’est pas, malgré tout, de « paralyser la machine judiciaire » –, elle a surtout pour objectif de mettre les responsables politiques devant leurs responsabilités : « Si nous voulons une justice de qualité, il faut s’en donner les moyens. »

Extraits de la-Croix.com, 26/11/06
Des juges mettent la justice en accusation
Les magistrats sont parfois obligés, faute de moyens, de se mettre en marge de la loi. Une hypocrisie qu’ils dénonceront lors d’une journée d’action vendredi 1er décembre



Plusieurs dizaines de magistrats s'étaient rassemblées, le 14 mars 2006 sur le parvis du palais de justice de Lyon, pour protester contre l'état de "misère" dans lequel se trouve le monde judiciaire, à l'occasion d'une journée portes ouvertes dans toute la France organisée par leurs syndicats (photo Ksiazek/AFP)


NDLR - Lorsqu'on est le suspect, le baudet, un monstrueux coupable, cet ignoble parent que dépeignent ceux qui réclament l'enfant, on doit pouvoir résumer l'ensemble des procédés à très peu de choses. De mon blog, du 27 septembre 2006 :

Tout n'est qu'erreurs, illusions et illusoire.

Extrait du livre de l’Exode, Ex 20, 1-18 :

« Et Dieu prononça toutes les paroles que voici : "Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage.

5- Tu ne commettras pas de meurtre." »

Puis il y a ce que j'ajoutais en pied de page de ma lettre ouverte du 12 novembre au juge pour enfant :

« Sont libérés de tout devoir de fidélité, de toute dépendance, ceux dont le seigneur est manifestement tombé dans l'hérésie. » Du manuel des inquisiteurs, questions afférentes, Albin Michel, octobre 2002, p. 294.

Que d'écrits du passé et de nouveaux publiés jour après jours qui donnent à réfléchir...

Henry de MONTHERLANT / Carnets 1930-1944 / Essais /
Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1963

« On ne réfléchit pas assez au fait que, pendant dix-huit siècles, le christianisme empêchant les Européens de se suicider, il leur a fallu beaucoup plus de courage pour supporter l'adversité qu'il n'en a fallu aux Anciens. Le Moyen Âge, la Renaissance, tant d'atrocités et pas un suicide ! Tout supporté jusqu'au bout, sans fuir ! C'est à peser quand on juge les civilisations.
Le jour où, en France, on commence de se suicider - après la Révolution, - on renoue avec le monde qui s'éteignait vers le IIIe siècle. »

Carnet XX p.1008

Les carnets de Henry de MONTHERLANT doivent être lus avec une certaine distance. En effet, selon Dominique Iognat-Prat, les pécheurs non repentis, les suicidés, les hérétiques et les infidèles sont exclus de « l'un des cercles placé dans la dépendance du centre, le cimetière », et ne nous ont pas laissé d'écrits (voir un article du 22 octobre 2006).

Pour donner une idée de ce que peut être une instruction à charge ou à décharge, une citation extraite de Libé du 17 septembre 2005, voir « La torture dans la République », ainsi qu'une citation extraite du livre « Les sorcières, fiancées de Satan », Gallimard :

« Moi, j'applique à la lettre le principe de l'historien Vidal-Naquet. On ne discute pas avec des gens qui veulent vous tuer. On parle d'eux, sans eux. Pas de débat », s'enflamme Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse.

« Une femme soupçonnée de sorcellerie est rarement acquittée : l'interrogatoire se déroule d'une manière telle que chaque réponse consolide l'accusation. »


- Une hypocrisie qu’ils dénonceront le 1er décembre -