June 28, 2006

Approches sociologiques et anthropologiques


Hier après midi j'ai porté des chewing gums parfum banane au Défenseur des Enfants et comme j'ai croisé le Monde, un bâtiment à deux pas, j'en ai déposé là aussi. Je ne suis resté que peu de temps devant l'immeuble du Défenseur des Enfants, cette institution ne reçoit pas de visiteurs. Quelques passants ont encore fait montre de beaucoup d'intérêt pour le contenu de mon tract.

Je vais aussi en porter à la HALDE mais cette institution fonctionne comme celle du Défenseur des Enfants. Je n'y resterais pas très longtemps pour me rendre au ministère de la famille qui ne m'a jamais répondu.


En ce moment, la justice rendue à Bobigny fait beaucoup de bruit dans les media. Pourtant, ces mêmes lieux avaient déjà fait l'objet d'études et même d'un compte-rendu à l'ENM :

 - Les magistrats et le traitement en temps réel au Tribunal de Bobigny
   par Dominique DRAY,
   anthropologue associée au laboratoire d'anthropologie urbaine, CNRS.

 - Les femmes kanakes et la justice en Nouvelle Calédonie
   par Christine SALOMON,
   anthropologue associée à l'EHESS.

 - La coutume et la justice en Nouvelle-Calédonie
   par Régis LAFARGUE,
   Vice-Président du TGI d'Évreux.

 - Police judiciaire et magistrats
   Par Christian MOUHANNA,
   chercheur associé au centre de sociologie des organisation.


Dans sa première partie, le compte rendu décrit sommairement comment s'établissent les relations, comment peuvent naître des alliances pour tenter de parvenir à un résultat déterminé. Selon ce compte rendu, c'est le traitement de masse des affaires, plus que leur objet, qui régule la décision.

Tant qu'à faire, je partage mon point de vue avec des personnes intéressées par le sujet de la justice à Bobigny, je verrais quelles seront les réactions.

En commentaire à
Dérouté je suis par le président (113)

Ana, je voulais illustrer ce que pouvait être la politique pénale. La violence conjugale me paraissait être un bon exemple pour illustrer les tentatives, en certaines régions, pour améliorer les situations. Cela illustre également le décallage qu'il semble y avoir entre les textes et ce à quoi nous croyons puis une certaine réalité à laquelle des familles peuvent être confrontées.

L'article "En garde à vue avec Karim" est très intéressant. Il ne fait qu'illustrer une fois encore ce que j'avais déjà souligné: admonester 22 fois ou enfermer 22 fois ne rime à rien et cet article le précise à nouveau.

Par ailleurs, je note que l'auteur est allé chercher le cas de Karim à Evry, dans l'Essonne, alors que Sarkozy s'en était pris à Bobigny.

J'ai encore pu constater que Bobigny avait déjà été étudié par le passé, on trouve même des comptes rendus sur le site de l'ENM. Ce n'est donc peut être pas un hasard si une étude cite à nouveau Bobigny, le secteur du 93 semble avoir ses spécificités et celles-ci ne siègeraient alors pas dans le TE.

> se désole Christophe Capelle, 32 ans, lieutenant de police.

> la nécessité, à leurs yeux, de réviser la justice
> des mineurs, notamment l'ordonnance de 1945, comme
> le préconise le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy.

Il faut à l'évidence recouper cela avec le compte rendu publié sur le site de l'ENM mais d'abord je ferais remarquer que Christophe Capelle devait caresser l'intérieur dans le sens du poil ou sa carière avait là un terme. Mais l'auteur a aussi pu chosir ce lieu parce que, justement, le sentiment des agents est bien conforme aux attentes de leur ministère de tutelle.

L'article de l'ENM est à cette adresse, il expose que les décisions du juge du siège peuvent être déterminées par ce que présente l'officier de police judiciaire:

enm.justice.fr/centre_de_ressources/...

Selon ce compte-rendu, il pourrait être possible de formuler des critiques bien en amont de l'acte de juger ce qui apparait d'ailleurs aussi lors de la lecture des chiffres clefs 2005 du ministère de la justice:

PV reçus au pénal, 5 400 554
Affaires traitées, 5 004 678
Affaires classées non poursuivables, 3 549 081 (dont 3 147 897 pour défaut d'élucidation, affaire mal caractérisée ou charges insuffisantes)

Rédigé par: bruno | le 28 juin 2006 à 03:32


Autre article intéressant du même auteur, il n'en est pas à son premier dans ce domaine:

Hugues Lagrange : « On peut lire les violences comme une demande d'Etat de la jeunesse »
Article paru dans l'édition du 07.06.06

« Il ne s'agit pas d'un problème de couleur de peau mais des conditions dans lesquelles s'opère l'éducation de ces jeunes : de nombreux travaux montrent que leur socialisation est plus délicate. »

On peut donc enfin lire un acte politique et nous pourrions même stygmatiser encore les familles nombreuses ainsi que les familles polygames...

Mais l'article pose à nouveau le problème connu depuis longtemps de l'éducation d'une certaine catégorie de la population.

L'article du 27 juin expose que mettre de tels gens en cage à 150€/jour ne résoud pas le problème. Les CEF à 800€/jour ne résoudaient pas le problème non plus, ils ne seraient pas si fermés que cela.

De là, il serait possible de poursuivre avec les études qui ont été faites au sein des groupes et classes d'intégrations des nouveaux arrivants sur le territoire mais j'ai d'autres chats à fouetter pour le moment.

Rédigé par: bruno | le 28 juin 2006 à 03:56


Le commissaire principal, Jean-François Papineau, évoque des "gamins dressés au vol dès 5 ans" qui connaissent parfaitement les rouages de la justice.
Le Monde, 27.06.06

Posted 19 years, 4 months ago on June 28, 2006
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Re: Approches sociologiques et anthropologiques
Carnets de justice
«Il est sous tutelle et, oh la la, invalide à 100% !»
Par Dominique SIMONNOT
Libé, Lundi 9 octobre 2006 - 06:00
Tribunal correctionnel de Paris

Au tour de Bianca, née à Sarajevo, une femme aux longs cheveux noirs. La veille, elle a demandé son chemin à un touriste et a glissé la main dans son pantalon pour le voler. «Il vous a saisi la main, raconte le juge, vous avez tenté de le mordre, mais passons ! Vous étiez ivre !» Bianca gémit dans un drôle de sabir : «Moi toxico ! Police jamais laisser moi tranquille ! Moi partir voler et moi donné faux nom mais après, moi dire vérité.» Le président fait la moue : «Vous avez dit la vérité, mais après que les recherches ont montré qui vous étiez !» Bianca pleure et il s'énerve : «Inutile de pleurnicher, ce n'est pas le lieu ! Où vivez-vous ?» «Avec copine !» sanglote Bianca. «On a un casier ?» demande le juge. «Vingt-deux condamnations !» annonce le procureur. «Voilà madame, gronde le juge, vous êtes interdite du territoire ! Depuis 1989, il y a une condamnation par an et quand il n'y en a pas c'est que vous êtes en prison !» Bianca clame : «Police toujours contre moi, ça peut pas durer...» «Taisez-vous un instant, madame !» ordonne le juge et il lit l'enquête sociale : «Sa fille a 15 ans et vit à Nice avec son père, madame y va le week-end, son ancien compagnon l'aide. A Paris, son quotidien est fait de vols et de prostitution, de crack et d'alcool.» «J'aime ma fille !» crie Bianca. «Ça suffit, madame !» tempête le juge. Le procureur est énervé aussi : «Moi aussi je vais m'apitoyer sur mon sort, obligé de soutenir l'accusation face à une personne 22 fois condamnée et qui se lamente sur son enfant ! Mais cette lamentable lamentation ne passe plus ! Ou alors à force d'en voir, j'ai le coeur sec !» L'avocat dit juste : «Elle ne veut pas être séparée de sa fille.» Bianca s'essuie le nez dans sa manche : «S'il vous plaît du sursis ! Mets-moi dans un avion avec ma fille !» Quatre mois. «Prison ?» s'inquiète Bianca. «Prison !» confirme le juge.
Posted 18 years, 10 months ago by Anonymous • • • Reply
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