January 25, 2008

« Le système bancaire est aussi vulnérable que de (son) temps », selon Nick Leeson

Fraude à la Société Générale : Elie Cohen n'y croit pas
Le Figaro, le 24/01/08

Professeur à l'école des Sciences politiques, Elie Cohen estime que l'explication donnée par la Société Générale, qui a annoncé 4,9 milliards de pertes à cause de la fraude d'un de ses traders, est «difficile à croire».

«La Société Générale nous dit aujourd'hui qu'un trader senior a spéculé sur des actions, notamment des indices d'actions, sans se couvrir. Il aurait dissimulé des pertes devenues rapidement colossales. Il semble qu'il ait agi pendant toute l'année 2007», a indiqué Elie Cohen à l'AFP. Le professeur d'économie à Science Po et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) estime que «cela semble un peu gros que pendant toute une année on puisse dissimuler une telle perte».

Un bouc émissaire ?

L'économiste estime que la Société Générale a préféré «charger un pauvre bougre» afin de faire passer des pertes qui «s'étaient accumulées» au cours de la crise des «subprimes» (prêts immobiliers à risques américains).

«Le sentiment des salles de marchés, c'est qu'il n'est pas possible qu'un individu seul ait pu faire cela. La Société Générale aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché» ajoute-t-il.


Cette thèse est appuyée par un analyste d'une société de gestion parisienne souhaitant garder l'anonymat, pour qui il reste «curieux que quelqu'un, qui semble-t-il n'avait pas de très grosses responsabilités», ait pu seul provoquer de telles pertes.

Pour le trader Nick Leeson, à l'origine la banqueroute de Barings en 1995, l'histoire de la Société Générale est «exactement la même» que la sienne, et «le système bancaire est aussi vulnérable que de (son) temps». L'ancien trader reconverti en dirigeant d'un club de foot irlandais, s'estime convaincu que les banques ne se préoccupent «que de faire de l'argent, pas de le protéger», et de ne pas «s'intéresser assez à ces zones de risques».

Même s'il a «du mal à croire qu'une chose d'une telle ampleur soit arrivée», il pense que «les opérations de courtage malhonnêtes arrivent probablement chaque jour», mais que «les banques n'aiment pas le révéler, parce que cela poserait un problème de confiance de la clientèle».

Sorti en 1999 de prison, après y avoir passé 6 ans pour fraude et faux en écriture, Leeson a écrit une autobiographie intitulée Rogue trader, portée par la suite au grand écran sous le titre de «Trader» («High Speed Money») avec Ewan McGregor dans le rôle principal.


- Cela poserait un problème de confiance de la clientèle -

January 24, 2008

Il n'est pas possible qu'un individu seul ait pu faire cela ?


PARIS (AFP), extrait - "Toutes les personnes de la ligne hiérarchique de supervision, jusqu'au patron mondial des actions" de la banque, soit "quatre ou cinq personnes", ont été renvoyées, a précisé M. Bouton.

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire après la plainte d'un actionnaire.

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a annoncé qu'elle avait demandé à la Commission bancaire, l'organe de surveillance des banques, des "contrôles additionnels" sur les banques. La Commission a diligenté une enquête.

"Comment se fait-il qu'en dépit des contrôles, aucune malversation n'ait été décelée?", s'est-elle interrogée.

Plusieurs experts ont par ailleurs émis des doutes sur l'explication donnée par la Société Générale. "Le sentiment des salles de marchés, c'est qu'il n'est pas possible qu'un individu seul ait pu faire cela", a déclaré à l'AFP Elie Cohen, professeur d'économie à Science Po. "La Société Générale aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché", a-t-il ajouté.

Au forum de Davos, le Premier ministre François Fillon a reconnu une "affaire sérieuse" mais qui, selon lui, n'a rien à voir "avec la situation des marchés financiers".

M. Bouton a insisté sur le fait qu'en dépit de cette fraude et de la crise financière, le résultat net de la banque restera positif en 2007, mais entre 600 et 800 millions d'euros. Une chute spectaculaire par rapport aux 5,2 milliards en 2006.

"La Société Générale est tellement solide dans l'ensemble de ses composantes qu'au contraire de la banque Barings, au jour où nous annonçons la fraude, la situation financière de la banque est non seulement restaurée, mais elle est plus forte", a-t-il dit.

Pour renforcer ses fonds propres, la banque va procéder à une augmentation de capital de 5,5 milliards d'euros dans les "jours qui viennent".


PARIS (Reuters), extrait - Une source de la SocGen a estimé que les pertes potentielles sur ses positions représentaient environ un milliard d'euros lorsqu'elles ont été découvertes samedi mais qu'elles avaient rapidement enflé lundi et mardi, la banque ayant décidé de les solder alors que les marchés boursiers du monde entier plongeaient.

"Par malchance, il y a eu des mouvements de marché qui font que les pertes sont énormes", a dit Daniel Bouton, le président de la SocGen, ajoutant que ces positions auraient pu dégager des plus-values si les Bourses avaient monté de lundi à mercredi.


Jérôme Kerviel, de par ses fonctions, était théoriquement soumis à des limites strictes en terme de positions qu'il était susceptible de prendre.

Mais, selon la banque, sa connaissance approfondie des procédures de contrôle, acquise pendant les cinq années passées dans les services de back et de middle-office du groupe au début de sa carrière, lui ont permis de contourner ces barrières, grâce "à un montage élaboré de transactions fictives".

Au 20h de France 2, la directrice du département ingénierie économique de Lyon II affirme que « ils sont formés pour éviter les dérapages, pour construire et organiser les contrôles, pour vérifier les systèmes informatiques, etc, pour éviter que ce genre de.. d'évènement ne survienne [...] et à toute personne à qui vous apprennez les contrôles, vous apprennez la façon de déjouer le contrôle ». Selon Paris AFP, "Toutes les personnes de la ligne hiérarchique de supervision, jusqu'au patron mondial des actions" de la banque, soit "quatre ou cinq personnes", ont donc été renvoyées.

N'est-ce pas aussi ce qu'apprennent les magistrats, les avocats et autres personnels de justice ou assimilés, exercer des contrôles ? Patrick Maisonneuve, ce 16 janvier, sur la chaine LCP : "Je vais vous répondre… Il a été, il était contrôlé, c’est la loi, par une chambre de l’instruction, composée de magistrats beaucoup plus confirmés que lui. Et cette chambre de l’instruction, elle a confirmé l’intégralité, je dis bien l’intégralité des ordonnances rendues par le juge Burgaud."




Extraits des JT de France 2 et de M6


2008, ou l'année noire annoncée de Nicolas Sarkozy
LE MONDE | 24.01.08 | Extrait

Et si 2008 était pour Nicolas Sarkozy l'annus horribilis, où le réel se rappelle au président sous la forme de résultats mitigés ou mauvais aux municipales et d'une économie qui patine ? En ce début d'année, où l'on ne voit pas la fin de la crise financière, où le risque de récession américaine se précise et où le dynamisme de la zone euro s'étiole, les chances de la France d'échapper au ralentissement économique sont quasi nulles.


Doutes, interrogations et incrédulité chez les professionnels et les actionnaires
LEMONDE.FR avec Reuters et AFP | 24.01.08 | Extrait

Immédiatement après l'annonce de la fraude qui a coûté 4,9 milliards d'euros à la Société générale, la direction de la banque a tenu à rassurer observateurs et investisseurs sur la santé de l'établissement. Le gouvernement français et la Banque de France ont promis d'éclaircir cette affaire, alors que des doutes sur la thèse d'une fraude isolée menée par un seul trader ont commencé à naître dans les milieux financiers et chez les actionnaires.


- la banque va procéder à une augmentation de capital -

L'abus de biens sociaux bientôt réformé


L'abus de biens sociaux bientôt réformé
23/01/2008 | Le Figaro

Le groupe de travail installé par Rachida Dati termine ses réflexions sur la dépénalisation du droit des sociétés. Principales pistes.


La ministre française de l'Economie Christine Lagarde a annoncé qu'elle avait demandé que des "contrôles additionnels" soient menés auprès des banques, après l'annonce par la Société Générale d'une fraude massive d'un montant de 4,9 milliards d'euros.

Source: AFP, le Figaro
Banque: Lagarde veut des "contrôles"




Sur metrofrance.com : « la gestion des
risques est totalement défaillante »


4,9 milliards d'euros ? Cinq plans pour la banlieue ou 500.000 Twingos... • Un jeune trader a fait perdre une fortune à la Société générale. Mais qu'est-ce que ça représente ? Libération vous aide à y voir plus clair.
LIBERATION.FR : jeudi 24 janvier 2008

«Il a failli faire sauter une banque française et il est à la pêche ?!» • Aujourd’hui libre, personne ne sait où se trouve le jeune trader qui a fait perdre 4,9 milliards d’euros à la Société générale. Les responsables de la banque, lors d'une conférence de presse surréaliste, ont laissé entendre qu'il ne s'était pas enrichi.
LIBERATION.FR : jeudi 24 janvier 2008

«Des traders fous, il y en aura toujours...»Pour l'économiste Olivier Pastré, il y aura toujours des failles dans les système de contrôle des banques, ouvrant la porte à des «traders fous» ou à des crises comme celle des subprimes.
LIBERATION.FR : jeudi 24 janvier 2008

Le trader « en cavale » ?
le Figaro, le 24/01/08, extrait

Jérôme Kerviel, qui aurait causé une perte de 4.9 milliards d'euros à la Société Générale, reste introuvable. Récit d'une escroquerie de haut vol.

«Il s'est enfui mais il n'est pas prêt d'être réembauché par des banques, croyez-moi » a déclaré le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer. Jérôme Kerviel a donc pris la fuite, devenant en quelques heures l'homme le plus recherché de France. Il faut dire que son acte reste incompréhensible. Ce matin encore, l'ensemble des dirigeants de la Société Générale demeuraient perplexes quant aux motivations qui ont poussé un de leurs employés à se livrer à une fraude de très grande ampleur, soldée par une perte de 4.9 milliards d'euros. Selon les premiers éléments d'information, le responsable présumé «ne semble pas avoir touché de gain, direct ou indirect par ces opérations».


- A la Société Générale, une escroquerie de haut vol -

La Société Générale victime d'une gigantesque fraude

La Société Générale victime d'une gigantesque fraude
24/01/2008 | Le Figaro

Le titre est suspendu pour le début de séance, après l'annonce d'une fraude pour 4.9 milliards. Un montant sans précédent.

Mauvaise surprise. La Société Générale a annoncé ce jeudi matin avoir découvert une position frauduleuse dans ses activités de courtage. L'annulation de cet investissement réalisé par un gérant parisien lui a coûté 4.9 milliards d'euros. Cette ardoise s'ajoute à de nouvelles dépréciations d'actifs, pour 2.05 milliards d'euros dans le cadre des subprime. Ce sont donc près de 7 milliards d'euros de dépréciations que la banque vient de révéler.

La Société Générale explique que la fraude a été découverte le 19 janvier. Elle a été commise par un seul courtier, qui n'a pas révélé à sa hiérarchie de la banque des positions qu'il avait prises sur les marchés. Il a profité de «sa connaissance approfondie des procédures de contrôle», pour «dissimuler ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives», précise la banque.

Malgré ces nouvelles pertes, la Société Générale assure qu'elle parviendra à dégager un bénéfice net pour l'année 2007, de justesse. Selon elle, il devrait s'établir entre 600 et 800 millions d'euros. La banque avait terminé l'année 2006 avec un bénéfice de 5,22 milliards d'euros.

La Banque de France ouvre une enquête sur une fraude massive à la Société générale
LE MONDE | 24.01.08 |Extraits

La Société générale a annoncé, jeudi, la mise au jour d'une fraude massive portant sur 40 à 50 milliards d'euros, commise par un seul homme. La Commission bancaire a annoncé l'ouverture d'une enquête. Avec la crise des "subprimes", la banque a perdu 7 milliards d'euros.

La Société générale, l'un des piliers du système bancaire français, l'une des références mondiales de la finance, a créé la stupeur, jeudi 24 janvier, en annonçant la mise au jour d'une fraude massive portant sur 40 à 50 milliards d'euros, commise à l'insu de ses dirigeants, dans la salle de marchés de l'établissement financier.

Sans équivalence dans l'histoire de la finance, cette malversation est le fait d'un homme, qui, seul, grâce à sa connaissance de l'informatique bancaire, est parvenu à déjouer tous les systèmes de contrôle des risques d'une entreprise censée compter parmi les plus contrôlées et les mieux gérées en Europe.


... La fraude a été découverte dimanche, après un contrôle des risques banal vendredi soir et deux jours d'enquête, mais a ensuite été tenue secrète. Un comité de crise a, en effet, été réuni dans l'instant par le PDG de la Société générale, M. Bouton, sous l'égide du gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, et en la présence du secrétaire général de l'Autorité des marchés financiers (AMF), Gérard Rameix.

... La Société générale devait dévoiler, dans la journée de jeudi, la mécanique qui a permis à un employé de prendre des positions financières de plusieurs dizaines de milliards d'euros, sans que jamais personne ne s'en aperçoive. Ou que les pare-feux du système de contrôle ne fonctionnent, comme c'est censé être le cas.

Au vu des premières informations, il apparaît que le responsable de la fraude est un homme assez jeune mais expérimenté, employé depuis au moins huit ans dans l'établissement. Ce trader, un ancien "technicien" de la banque, c'est-à-dire un fin connaisseur des centres de traitement des opérations bancaires, exerçait le métier d'arbitragiste.

Cela consiste à prendre des positions financières sur des marchés en fonction des opportunités, en l'occurrence sur le marché des futures (contrats à terme) en Europe. Ces positions ne cessaient d'être ouvertes, fermées, créant un brouillard total. La banque les a toutes soldées par sur les marchés ces derniers jours.

Jeudi, la place financière de Paris restait sous le choc de l'annonce. La Commission bancaire a annoncé l'ouverture d'une enquête, jeudi matin. M. Noyer, le gouverneur de la Banque de France, pour sa part, s'efforçait de rassurer : "C'est une fraude très grave, mais la Société générale a les reins solides. Elle a pu traiter cette opération dans des délais serrés." "Les meilleures lois n'empêchent pas les délits", poursuit M. Noyer qui appelle à la confiance. "Cet événement n'a rien à voir avec la crise des subprimes."


- Une fraude massive portant sur 40 à 50 milliards d'euros -