May 23, 2006

Pétris de préjugés, Amnesty dénonce

Amnesty dénonce "l'impunité" des forces de police en France
AFP 23.05.06 | 12h38

Amnesty International dénonce dans le chapitre consacré à la France de son rapport 2006 la poursuite de brutalités policières impunies, de nouvelles mesures de lutte contre le terrorisme qu'elle juge "liberticides" et des atteintes au droit d'asile. Dans ce rapport mondial, dont la partie française a été présentée mardi matin à Paris par la présidente d'Amnesty France Geneviève Sévrin, l'organisation de défense des droits de l'Homme assure notamment que "les mauvais traitements et les homicides racistes imputables à la police depuis dix ans ne sont pas des cas isolés". "Les auteurs présumés de tels actes ne sont toujours pas amenés à rendre des comptes de leurs actes devant la justice", déplore-t-elle. Amnesty précise que "le racisme des policiers et d'autres agents de l'Etat vise les personnes de confession musulmane ou issues d'une minorité ethnique". L'organisation s'inquiète également, dans ce rapport portant sur l'année 2005, de la loi sur le terrorisme votée en décembre. Certaines des dispositions sont "liberticides", estime Mme Sévrin. Le rapport souligne que cette loi "prévoit d'autoriser des périodes plus longues de détention au secret, supprimant ainsi des garanties contre le recours à la torture et les mauvais traitements et renforçant l'impunité de fait des agents de la force publique". Le texte note enfin que "de nouvelles dispositions législatives et réglementaires ont restreint le droit de demander l'asile et celui de voir sa requête examinée au fond". Amnesty dénonce la mise en place d'une liste de "pays sûrs" comprenant "certains pays dont les pratiques en matière de droits de l'Homme sont loin d'être exemplaires", explique Mme Sévrin, citant notamment l'Albanie ou la Géorgie.

Pétris de préjugés (y compris racistes)

Un père marocain accusé de violences crie au cauchemar
Malgré les revirements de son fils, il reste interdit de domicile familial.

par Pierre DAUM
Libération, lundi 27 mars 2006


Amnesty International estime ne plus prêcher dans le désert
Dans son rapport annuel publié mardi, l'association note quelques progrès • Certains gouvernements négligent moins les droits de l'Homme • Le G8 est toutefois épinglé pour «alimenter l'Afrique en armes»

par Thomas HOFNUNG
LIBERATION.FR : mardi 23 mai 2006 - 12:21


Hier, sur le Figaro : 12:47 - France: l'exportation d'armes se porte bien Le ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie déclare avoir «bon espoir» que la France dépasse en 2006 le montant de 4 milliards d'euros d'exportations d'armement. (Avec AFP)

April 27, 2006

Cette justice qui n'apprend rien


PARIS, 27 avril 2006, extrait - Nicolas Sarkozy déclare faire confiance à la justice pour élucider la manipulation le visant dans l'affaire Clearstream et ne fait, pour l'heure, aucun procès d'intention à Michèle Alliot-Marie.

"J'ai l'habitude de faire confiance aux gens jusqu'à ce qu'on me prouve le contraire", déclare le ministre de l'Intérieur en réponse à une question sur le fait que la ministre de la Défense détenait des informations dès 2003.

Dans Le Monde, daté du 28 avril, Nicolas Sarkozy explique avoir "beaucoup souffert à titre personnel de cette affaire", la justice ayant délivré deux commissions rogatoires "pour chercher des comptes dont j'étais soi-disant détenteur".

"Quand il a été avéré que c'était une manipulation, je me suis constitué partie civile parce que je fais confiance à la justice", ajoute-t-il. "Je ne ferai pas d'autre commentaire, ni aucun procès d'intention à quiconque".



Marianne, 22 au 28 avril 2006 :

April 19, 2006

Placements d'enfants : les contradictions de l'institution



Giraud (Michel),
« Le travail psychosocial des enfants placés »,
Déviance et Société, vol. 29, n° 4, 2005, p. 463-485.

Résumé :

Cet article expose les résultats d'une recherche dont l'objet a consisté à analyser les conditions de mise en œuvre et le déroulement du placement administratif et judiciaire de « mineurs en difficulté ». Il a pour objectif l'analyse sociologique des effets du placement sur la dynamique des liens familiaux. La démarche permet d'ouvrir une réflexion théorique sur les conséquences d'une transplantation qui peut aboutir, dans les cas où l'enfant demeure attaché à ses proches, à une « déterritorialisation » de soi. Il s'agit d'une forme singulière de socialisation repérable par un mal être psychique récurrent à autrui et à l'espace, qui se manifeste par une anxiété durable, des troubles réfractaires à tout effort de remédiation. L'enfant placé, dans cet état d'incertitude chronique, consacre l'essentiel de ses forces à la quête de liens et de lieux de vie improbables, et paraît dans l'incapacité de fournir toute autre forme de travail.

April 14, 2006

Un indicateur surnommé "Kafka"

Un indicateur surnommé "Kafka" pour mesurer la bureaucratie en France
LEMONDE.FR | 13.04.06

Extrait :

Le nouvel instrument, introduit parallèlement aux audits effectués depuis l'automne dans tous les ministères français,"est un indicateur pour mesurer de manière aussi objective que possible les procédures les plus complexes, de manière à les simplifier", a expliqué Jean-François Copé.

Jean-François Copé a admis que c'était encore un "gadget". "Mais mon idée, c'est qu'on soit capable de faire une espèce de norme de type ISO 9002 sur la complexité des procédures et qu'on ait une vraie classification – telle procédure en fonction du nombre de courriers à envoyer, des délais, ça représente tant sur l'indicateur Kafka", a expliqué le ministre.

Téléphoner au 119, écrire au juge, porter plainte, faire appel : ça ne marche pas.

December 26, 2005

Pas de victime mais un coupable

Libération, le 26 décembre 2005
Carnets de justice
«C'est dingue, Outreau ne leur a pas servi de leçon !»
Par Dominique SIMONNOT, extrait :

Le délit reproché à Hacène est étrange : «une agression sexuelle avec violence sur une victime non identifiée». Dans le métro, Hacène, un homme mûr, a été dénoncé aux policiers par une femme. Il aurait mis la main aux fesses d'une jeune fille et aurait sorti un couteau. La femme n'est pas là, la jeune fille n'a pas été retrouvée. Il n'y a aucune trace de plainte. «Vous contestez toujours ?» demande le président. Hacène roule des yeux : «C'était à Châtelet. Il y avait beaucoup de monde. En descendant de la rame, la dame me frappe involontairement. J'ai dit "enfin, madame !". Elle m'a insulté, elle s'arrêtait plus ! Alors, je l'ai poussée. C'est tout. Mais je n'ai pas été violent...» Le président fait la grimace : «Ce n'est pas ce qu'elle dit. Selon elle, dans la file d'attente au guichet, vous avez mis la main aux fesses d'une jeune fille et, comme elle vous disait "ça va pas !" vous avez sorti ce couteau ! La jeune fille a fait un bond et s'est enfuie avec son amie ! Alors ?» «Pas du tout !» proteste Hacène. Le juge s'agace : «Devant les policiers, vous avez reconnu ! Alors, monsieur, oui ou non, vous reconnaissez les faits ?» «J'ai mis les mains sur personne et je n'ai pas sorti de couteau !» jure Hacène.

Le juge lève les yeux au ciel : «Vous avez été vu par un psychiatre. Il dit que vous ne présentez aucune anomalie psychique, mais que vous êtes un psychopathe pervers...» Il lit : «Vous êtes commerçant, vous gagnez 4 800 euros par mois et... Ah ! Je vois que vous êtes sous anxiolytiques et que vous consultez un psychiatre... Il y a bien quelque chose !» «Une dépression», dit Hacène. Le juge s'arrête tout à coup : «C'est embêtant. On n'a pas le casier... Bon, je me demande s'il ne vaut mieux pas renvoyer et ordonner une expertise psychiatrique. A vous, monsieur le procureur.» Le procureur est un jeune à la voix nasillarde : «Les faits sont graves, commis sur une victime de 16 ans avec un couteau, parce que cette jeune fille se refusait à lui. C'est un comportement extrêmement dangereux !» Un avocat chuchote : «Je rêve ! Cette fille, on ne sait même pas si elle existe.» Le procureur : «Cet individu est dangereux. D'ailleurs, l'expert nous dit qu'il s'agit d'un psychopathe pervers. Il y a donc un risque de récidive.» Il réclame la détention provisoire. L'avocat se prend la tête entre les mains : «C'est dingue. Il y a quinze jours, ils étaient tous à genoux devant les mecs d'Outreau. Cela ne leur a pas servi de leçon !» Contrôle judiciaire en attendant le jugement, expertise ordonnée. «Je demande toutes mes excuses à la justice», dit Hacène.