April 18, 2007

Le nombre de détenus a augmenté de 19 % depuis 2002


LeMonde, Le nombre de détenus a augmenté de 19 % depuis 2002 sous l'effet des politiques pénales
Plus de 10 000 prisonniers supplémentaires en une législature : de 2002 à 2007, le nombre de personnes écrouées en France est passé de 53 200 à 63 300, selon une analyse publiée, mardi 17 avril, par Pierre Tournier, directeur de recherche au CNRS.


LeMonde, L'eugénisme au service du libéralisme, par Jacques Testart
Pour M. Sarkozy, la compétitivité impose une nouvelle forme de sélection, en matière d'immigration comme de dépistage.

Point de vue, Génétique, sexe et psychiatrie : arrêtons les procès en diabolisation, par Philippe Froguel

Des réactions à l'article de Philippe Froguel :

impaire
18.04.07 | 17h22
"Et personne heureusement ne prône l'eugénisme et l'avortement de masse. Donc pas de fantasmes!" Peut être faudrait il ici s'en tenir aux faits: près de 200.000 enfants hors de leur famille, placés, car les services sociaux et/ou l'institution judiciaire ont décreté que certains parents sont inaptes, ou que leurs enfants doivent jouir de certains services ou soins que des parents ne leurs prodigueraient pas - ou différemment. Nous ne sommes plus en 1935, nous sommes en 2007. Les moeurs ont changé.


La loi n° 2007-293 du 5 mars 2007 relative à la protection de l'enfance : Une avancée de la protection, un recul des droits.

A paraître dans le Journal du Droit des Jeunes.
Un article de Pierre Verdier,
ancien directeur de DDASS, avocat au barreau de Paris

2.1- L'alibi généralisé de la notion de l'intérêt de l'enfant

(...) Mais cet appel est dangereux car il permet tout. L'intérêt de l'enfant, on le sait, est un concept mou. C'est une notion très subjective, qui peut être toujours invoquée pour justifier toutes les pratiques.

Déjà en 1960, le doyen Carbonnier écrivait : C'est la notion magique. Rien de plus fuyant, de plus propre à favoriser l'arbitraire judiciaire. Il est des philosophes pour opiner que l'intérêt n'est pas objectivement saisissable et il faudrait que le juge décide de l'intérêt d'autrui! L'enfance est noble, plastique, et n'a du reste de signification que comme préparation à l'âge adulte : de ce qui est semé dans l'enfant à ce qui lèvera dans l'homme, quelle pseudo-science autoriserait le juge de prophétiser".

Or cette loi en fait un usage immodéré. Et presque chaque fois que le code invoque l'intérêt de l'enfant, c'est pour le priver d'un droit. "C'est pour ton bien" disaient les vieux pédagogues pour châtier et justifier leur violence...

(...) Claire Neirinck, relevant la confusion des nouvelles notions écrit "la nouvelle notion d'enfants en danger ou risquant de l'être est certes simplificatrice mais à l'excès. Non seulement elle conforte la désignation des parents comme principaux responsables de la situation de l'enfant, mais encore elle induit une confusion totale entre l'aide sociale qui est un droit reconnu aux familles en difficulté et leur contrôle".

(...) 2.4- les possibilités accrues de mise à l'écart des familles

Cette loi consacre une revanche des nostalgiques de l'Assistance Publique du XIX° siècle.

Actualité | France
Tout juste sorti de prison, il tue sa femme
Le Figaro, 18 avril 2007

L’avocat dénonce le manque de soins prodigués à son client avant sa sortie de prison.

Un homme de 33 ans, sorti de prison en liberté conditionnelle depuis cinq jours, a été mis en examen et écroué mardi à Toulouse pour le meurtre de sa compagne, tuée de 51 coups de couteau dans la nuit de dimanche à lundi. L'homme était sorti de prison le 11 avril après plus d'un an de détention à la suite d'une affaire de braquage en 2005, pour laquelle il avait été condamné en correctionnelle à quatre ans de prison dont deux avec sursis.

Selon son avocat, Me Alfort, l'expertise psychologique réalisée durant l'instruction avait "révélé une fragilité excessive et un trouble de la personnalité".

Expertises contradictoires


Sa compagne, âgée de 26 ans et qui vivait avec lui depuis sept ans, lui avait trouvé un travail de chauffeur-livreur et s'était battue pour sa liberté conditionnelle, selon son avocat. Avant sa libération, une seconde expertise avait estimé qu'il n'y avait pas de risque de récidive.

Le drame s’est déroulé à Tournefeuille, près de Toulouse, vraisemblablement dans le cadre d'un drame passionnel. C'est l’homme lui-même qui a ensuite alerté la police.

"Le problème, c'est qu'on l'a laissé sortir sans être suffisamment soigné, faute de moyens, et on ne l'a pas suivi pour les mêmes raisons", a déploré Me Pierre Alfort.


- Ne pas diaboliser ceux qui gouvernent -

April 16, 2007

Un « carnet de justice » très particulier


Extraits de « J'ai menti » de Virginie Madeira :

« Tout devenait vérité dans la bouche du juge : `'Vous avez indiqué que..." »

« Je réalise aujourd'hui que la juge, en cherchant à me protéger, m'a au contraire isolée en m'empèchant de voir les gens que j'aimais et qui auraient pu me faire revenir à la réalité. (...) On ne m'a laissé voir que mes deux petits cousins », Gaspar, trois ans et David, huit ans.

Page 119, après le procès et la sanction, douze ans, « Chez moi, j'aurais été dans la réalité. Là, ce n'était pas ma famille, je n'avais rien à y faire, ce n'était pas mon histoire. (...) Je me disais qu'un jour on s'en sortirait. »


Jean François D. : « Il a fallu que je sois confronté avec la réalité de ce dossier pour cesser d'occulter. »

Carnet de justice
«Je regrette d'avoir sali cette robe»
Cour de cassation, audience disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)
Libé, le 16 avril

Un jour qu'il siégeait en tant que juge assesseur dans une audience correctionnelle, Jean-François D. a vu son nom apparaître sur un listing parmi des clients de sites pédophiles. Au même titre que l'homme à qui il allait infliger un an de prison avec sursis. «Vous voyez votre nom figurer, avec votre adresse et vos coordonnées de carte bleue. Ce que je ne comprends pas, c'est votre absence totale de réaction», s'étonne le président de l'audience disciplinaire où le magistrat comparaît. «J'étais dans une sorte de dénégation. Pour moi, je n'avais jamais fait ça. Même si mon nom apparaissait, moi je n'avais pas regardé les mêmes choses», répond Jean-François D. «Ça tient du dédoublement de personnalité», remarque le président, perplexe. «On n'en est pas loin», admet le magistrat : «Cela ne m'est pas venu à l'idée de me déporter dans cette procédure.»

Mais quand les policiers débarquent à son domicile lyonnais, quelques mois plus tard, Jean-François D. se doute de l'objet de la visite et de ce qu'ils attendent de la perquisition. L'enquête a démarré aux Etats-Unis par le démantèlement de sites pédo-pornographiques. Plusieurs clients français, identifiés par des traces de paiement en ligne, ont été signalés à la justice. Les uns après les autres, ils sont poursuivis. Pour Jean-François D., les enquêteurs sont capables de situer au jour et à la seconde près ses connexions à «Virgin X Boys», et le nombre de ses téléchargements.

Chez lui, les policiers saisissent trois ordinateurs. Un portable, mis hors service par la foudre, contient environ 5 000 fichiers pédophiles téléchargés entre 2002 et 2004. Le second, utilisé pour son travail, ne contient aucun document répréhensible. Le troisième, un poste fixe, regorge de fichiers pornos dont une vingtaine, consultés en août 2006, mettent en scène «des mineurs dénudés dans des positions non équivoques», résume le rapporteur de l'enquête disciplinaire.

Lors de sa garde à vue, en septembre, Jean-François D. explique qu'il recherchait juste des photos de jeunes hommes nus. Mais que la pédophilie lui fait horreur. Il se connectait sur les sites incriminés, «par phases», à un moment où il allait mal. Mais, trouvant ces images «limites», il dit avoir cessé depuis 2003. Le docteur Pierre Lamothe, qui l'examine à l'époque, s'inquiète : «Il persiste à ne pas identifier sa pulsion.» L'expert ne lui détecte aucune pathologie mentale, mais «une fixation ambiguë sur la sexualité enfantine» et un comportement «masochiste autopunitif».

Ses pairs retracent sa carrière. A 50 ans, il n'a jamais été promu. Dès son premier poste, à Bastia, il est question de son «manque de maturité», de son «impulsivité», d'un «passage à vide à l'automne 2005». En 1997, à Carcassonne, il paraît se noyer dans les dossiers et dans l'alcool. Après un mi-temps thérapeutique, il redémarre à Strasbourg. En 2005, à Lyon, il débarque ivre aux audiences. Nouvelle cure. «Il semblait s'être ressaisi», explique le rapporteur. Jusqu'à cette affaire qui lui vaut une suspension, depuis octobre.

«Je ne peux pas nier, j'accepte l'idée que j'ai commis ces actes», dit-il. «Même les téléchargements qui datent d'août 2006 ?» insiste le président. «J'ai encore du mal à le croire», répond Jean-François D. Pourtant, il indique avoir entamé une thérapie : «Il a fallu que je sois confronté avec la réalité de ce dossier pour cesser d'occulter.» Il a recontacté le médecin qui l'avait expertisé. Le docteur Lamothe décrit chez son patient un «effondrement narcissique» et un comportement destructeur, suicidaire, qui se traduit notamment par des dépenses inconsidérées en restaurants et sorties. «Je sais que ces images sont la mise en scène d'une exploitation. Je regrette d'avoir sali cette robe», assure Jean-François D. «Comment voyez-vous votre avenir ?» demande le président. «Je n'en vois aucun», rétorque-t-il. Le représentant du ministère demande une mise à la retraite d'office. Le CSM tape un cran au-dessus dans l'échelle des sanctions : révocation.

Foire du Trône : le principal suspect serait revenu sur ses aveux
Selon ses avocats, l'adolescent nie avoir poussé le policier sous la nacelle du manège lundi dernier, alors que le procureur assure toujours qu'il a fait des «aveux» • Il a été mis en examen samedi avec trois autre jeunes
Libé, le 15 avril

(...) le principal suspect, suspecté d'avoir poussé le policier, serait revenu sur ses aveux.

Ce dernier, un adolescent de 15 ans, a été mis en examen par la juge Isabelle Minguet pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, sur personne dépositaire de l'autorité publique", un crime passible de 20 ans de réclusion, sous réserve de l'excuse de minorité (10 ans pour les mineurs)".

Une version contestée par les avocats du jeune homme (...) "Il nie avoir poussé le policier sous la nacelle et être à l'origine de son décès", a indiqué Me Antony Le Goff, en expliquant que le dossier était plus complexe que la présentation qui en a été faite.

"S'il a poussé le policier, c'était à une certaine distance de l'endroit où la nacelle passait", a ajouté Me Jean-Christophe Tymoczko, le second avocat du jeune homme, selon qui son client se serait débattu après avoir été ceinturé par un policier, dont il n'est pas sûr qu'il s'agissait de la victime.

(...) Selon le procureur, les aveux du jeune homme "ont été corroborés par de nombreux témoignages de personnes qui se trouvaient sur la nacelle" et par des membres de sa famille ayant indiqué qu'il s'était vanté d'avoir poussé le policier à son retour de la Foire du Trône. Le père, la tante et la belle-mère du jeune homme, présents samedi au palais de justice, ont nié que le jeune homme leur ait fait de telle confidence.


- Virginie : « Chez moi, j'aurais été dans la réalité » -

Une histoire de respect


Résumé - L'article examine la notion d'autorité à partir de deux mouvements apparemment contradictoires : l'évolution du concept d'autorité parentale allant vers un apparent affaiblissement de cette notion et une certaine immanence de l'autorité dans le cadre judiciaire de l'assistance éducative. Les conditions de la manifestation de cette autorité sont explorées à travers les notions de cadre, de rituels et d'offre de pensée.

Page 27 : « Au fond, le défi ne serait-il pas pour les professionnels que nous sommes : comment aider les enfants à respecter la loi, donc leurs parents, quand ces derniers sont fragilisés, voire défaillants ? Face à cette question, qu'en est il de la place du juge pour enfant ? »





Suspectant des mariages blancs, la préfecture multiplie les enquêtes à la limite de la légalité.
Hérault : haro sur les unions mixtes
Libé, 16 avril 2007

Français qui épousez un étranger, la police vous a à l'oeil. Affichez la plus belle photo de vos noces sur le mur du salon, sinon vous risquez de voir l'amour de votre vie invité à «quitter le territoire français» pour cause de mariage blanc.

(...) Sur le terrain, personne ne contrôle le travail des policiers, et les personnes concernées n'ont même pas accès au rapport d'enquête.

(...) Quelques jours plus tard, la gardienne de la paix envoie son rapport au préfet de l'Hérault. «Le mariage a été célébré le 13 septembre 2003, seulement un mois après leur rencontre», indique la policière. Persuadée d'être tombée sur un mariage blanc, celle-ci précise qu' «aucune photo de mariage n'est présente dans la pièce principale de la maison» et que «de cette union n'est pas né d'enfant». De quoi conclure qu'un «mariage de complaisance avait été établi entre le couple dans le seul but de régulariser la situation administrative de M. Hemadai Mourad».

Deux mois plus tard, Mourad reçoit de la préfecture un avis d'expulsion. Samira contacte la Cimade Languedoc-Roussillon, qui saisit le tribunal administratif de Montpellier. Celui-ci constate «un manquement des agents de la police nationale à leurs obligations déontologiques d'impartialité et de respect des personnes». Les magistrats évoquent «une dénaturation des éléments constatés au domicile commun des époux et des propos de ces derniers», ajoutant que «le préfet s'est fondé sur des éléments inexacts et recueillis dans des conditions irrégulières». Le refus du préfet de l'Hérault de renouveler le titre de séjour a été suspendu. En attendant que sa demande soit jugée sur le fond, Mourad vient d'obtenir une autorisation de séjour d'un an.

«Religion». Tous les conjoints de Français n'ont pas cette chance. (...) «<Un gendarme m'a posé des questions inadmissibles : "Combien de fois faites-vous l'amour par jour, par semaine ?"Je lui ai dit : "Et vous ?" Il m'a répondu : "Je suis désolé, c'est mon boulot."» Les questions fusent : «Comment votre mari pratique-t-il sa religion ?» ...


Tensions et contradictions
dans la répartition des places
et des rôles autour de l'enfant

Par Christine Castelain-Meunier
Dialogue n°165, p.33-44

« La dynamique familiale contemporaine est d'autant plus souvent vécue sur le mode paradoxal qu'elle est faite à la fois de changements et d'archaïsmes, ce qui engendre des contradictons, des tensions, des ambivalences, des négations, des vides, des non-dits, du latent, du refoulé, du déni, de la souffrance, dans un contexte en transition, voire en mutation. Pour schématiser, on pourrait dire que les femmes vivent des manques à gagner vers l'égalité et que les hommes vivent des pertes de pouvoir. »


Sur l'internaute, du journal des femmes :
Femmes > Psychologie > Machos > Interview
Christine Castelain-Meunier : "Les nouveaux machos avancent masqués"

Certains hommes seraient machos justement parce le monde bouge… Plutôt paradoxal, non ?

Dès qu'un individu a du mal à trouver sa place, à se faire respecter, il a envie de se réaffirmer en renvoyant aux autres des signes indiscutables de virilité : violence, appartenance à une bande, sexualité conquérante… Dans une société où tout devient si flou, croire à nouveau en des rôles différenciés permet à un homme fragile de retrouver des repères. Le macho sait ce qu'il a à faire. Il sait que s'il est "un homme, un vrai", il regarde le foot, il va au boulot, il drague des filles, il peut, - et même il doit !, boire de la bière avec des potes… Ces rituels sont bien identifiés, et le machisme a encore de beaux jours devant lui.

Les modèles anciens n'ont donc pas encore disparu… Ce qui est fascinant, c'est que tous les modèles se juxtaposent. Sous le modèle moderne, il reste le modèle de la société industrielle, où l'homme était celui qui assurait les revenus du ménage. La preuve : aujourd'hui, à qualification égale, il reste des différences de salaire entre hommes et femmes. Et sous ce modèle industriel, encore plus profondément, perdurent certaines conceptions du Moyen-Age. A l'époque, pour une société touchée par la famine et la maladie, l'important c'était de se reproduire. D'où l'importance accordée au phallus, symbole de la puissance masculine. Et aujourd'hui, on retrouve encore souvent cette idée que la filiation, l'inscription dans l'histoire, se fait par le biais de l'homme et non de la femme.


SAINT-ETIENNE (AP) - ­ Deux adolescents de 14 ans de La Ricamarie (Loire) ont été mis en examen et écroués pour le viol d'une jeune fille de 15 ans dans cette ville voisine de Saint-Etienne, a-t-on appris lundi de source judiciaire.

Mis en examen pour viol en réunion, ils ont été écroués en fin de semaine dernière dans les prisons de La Talaudière (Loire) et de Villefranche-sur-Saône (Rhône).

Les deux collégiens, connus des services de police, ont reconnu avoir entraîné de force dans une cave pour abuser d'elle l'adolescente de 15 ans, domiciliée elle aussi à La Ricamarie, lundi dernier. Violée par l'un deux, tandis que l'autre faisait le guet, elle avait réussi à s'enfuir lorsqu'ils s'apprêtaient à inverser les rôles.


- Et lorsque le juge est défaillant ? -

April 10, 2007

L’hygiène raciale nazie : le cas des sourds


Témoins sourds, témoins silencieux est le premier documentaire consacré à l’histoire des sourds sous le nazisme.

La réalisatrice Brigitte Lemaine, avec la précieuse collaboration de Stéphane Gatti, démonte avec minutie, dans une enquête qui aura duré près de sept ans, la mécanique implacable du programme d’hygiène raciale nazi. Un voyage au cœur des ténèbres, des instituts d’euthanasie aux rampes d’Auschwitz, des stérilisations et avortements forcés à la « solution finale ».

L’hygiène raciale nazie
Le cas des sourds

De source interdits.net

(...) Appliquer la « sélection » au troupeau humain

Avant même l’arrivée d’Hitler au pouvoir, dans nombre de pays occidentaux, les sourds de naissance constituaient déjà une des cibles privilégiées de l’eugénisme (eugenics en anglais), la « science » des « bonnes naissances » (du grec eugénès, bien né). Inventée en 1883 par Francis Galton, cousin et ami de Darwin, l’eugénisme se voulait l’application scientifique du darwinisme et de la génétique à la société humaine. Traditionnellement, on distingue deux formes d’eugénisme ; un eugénisme négatif visant à entraver la prolifération des « inaptes » (les déficients mentaux, physiologiques, etc.), et un eugénisme positif visant à favoriser la reproduction des plus « aptes » (les génétiquement conformes). Mais dans les deux cas, il s’agit en fait d’un seul et même projet de « biologie politique » : améliorer le troupeau humain en le soumettant à une sélection artificielle, basée sur des critères « scientifiques » (la qualité des gènes). L’eugénisme, c’est le projet absurde, mais rationnel, d’une « biologie » appliquée à la résolution des problèmes sociaux et politiques. Interprétés comme des symptômes d’une dégénérescence raciale, la pauvreté, le crime, les maladies, la déviance, doivent faire l’objet d’un traitement médical approprié…

Les premières législations eugénistes apparaissent aux Etats-Unis dès 1907 (Indiana) et en Europe à partir de 1928 (Suisse et Danemark), donc bien avant les premières lois nazies (1933).
Ces législations donnent lieu à un véritable activisme « médical » : internements, stérilisations, castrations, avortements forcés, et… premières « euthanasies ». André Pichot, philosophe et historien des sciences, le démontre avec une grande clarté dans son dernier livre : « Hitler n’a strictement rien inventé, il a mis en œuvre, jusqu’à leur aboutissement logique, des processus qui avaient été imaginés par d’autres que lui, bien avant lui. Et il les a étendu aux juifs pour qui ils n’avaient pas été initialement conçus » (La société pure « De Darwin à Hitler », éd. Champ Flammarion, 2000).

Explorer l’histoire des sourds sous le troisième Reich, c’est donc forcément s’interroger sur la place qu’ils occupent dans le programme d’hygiène raciale nazi. Témoins sourds, témoins silencieux constitue une véritable enquête historique. Un montage serré, très dense, combinant interventions de spécialistes, utilisation de documents d’archives et témoignages de sourds, permet de resituer la persécution des sourds par les nazis dans un cadre plus général : la mise en œuvre progressive, de 1933 à 1945, d’un plan d’extermination des « génétiquement inaptes » ; les malades mentaux, les handicapés, les homosexuels, les « dégénérés ».

(...) « Comment témoigner dans une langue qui ne s’écrit pas ? » Comment transmettre la mémoire dans une langue des signes jusque-là interdite ? Quand on est sourd, c’est la possibilité même du témoignage et donc de la mémoire qui est remise en question. Après avoir été rayés de la vie, les sourds ont été effacés de l’histoire par la quasi-impossibilité dans laquelle ils étaient de raconter aux entendants ce qu’ils avaient vécu. « Si les rescapés des camps du meurtre ont eu du mal à être crus, les sourds survivants, ne pouvant témoigner ont été oubliés » (extrait du film). Mais les sourds n’ont-ils pas depuis toujours été relégués dans les ombres et les silences de l’histoire ?…

Si bien des gens dans l’Allemagne hitlérienne avaient du mal à comprendre et à croire ce qui se passait juste sous leur yeux, imaginez alors ce que pouvaient ressentir des sourds ! Par définition, les sourds sont étrangers au monde des « entendants » (dans une certaine mesure bien sûr). Pourquoi, d’un seul coup, les entendants se mettaient-ils à brûler des livres, à pendre des rabbins, à pointer hystériquement le bras droit vers le ciel, à couvrir les façades de croix gammées… ?

Un sourd témoigne dans le film : « Puis il y a eu la nuit de cristal. Viens m’as-t-on dit, on va exterminer tous les Juifs, c’est tous des criminels, on va tous les dépecer. Alors, on a jeté des pierres sur les magasins (…) On ne comprenait pas pourquoi les entendants s’acharnaient sur les Juifs. On était sourd… ».

(...) La rationalité du « mal »

Le Kampf d’Hitler, c’est d’abord un combat pour la « santé » de la race aryenne, une lutte qui se situe, et c’est là sa nouveauté radicale, sur le plan biologique
(« Mein Kampf », Mon combat, manifeste d’Hitler). Le pouvoir nazi s’exprime dans une langue médicale. L’existence de « tribunaux de santé héréditaire » (1700) où siégeaient des médecins, de « certificats de stérilisation », d’une « police de l’hygiène », d’« instituts d’euthanasie », tout cela témoigne de l’emprise exercée par la médecine sur l’appareil d’Etat nazi. Si le Troisième Reich n’était pas un Etat de droit, cela ne veut pas dire pour autant qu’il fonctionnait en dehors de toute légalité. Bien au contraire, c’était une sorte d’Etat médico-légal où tout, y compris les pires atrocités, était soumis à des procédures minutieuses, à des formulaires détaillés, à un méticuleux contrôle juridique, administratif et médical. Il n’y a pas d’Etat totalitaire sans le soutien d’une bureaucratie moderne et efficace, d’une police bien organisée, d’un système d’identification des citoyens fiable, de bases de données médicales, sociales, politiques (indispensables pour le recensement des Juifs, des communistes, des « anormaux ») régulièrement alimentées, de techniques de répression bien rôdées (camps d’internement, placement d’office en hôpital psychiatrique, bagne).

« Le fascisme et le stalinisme ont utilisé et étendu les mécanismes déjà présents dans la plupart des autres sociétés. Malgré leur folie interne, ils ont, dans une large mesure, utilisé les idées et les procédés de notre rationalité politique », explique Foucault dans un de ses entretiens (« Le sujet et le pouvoir », in Dits et écrits IV). La « banalité du mal » dont parle Hannah Arendt (cf. Eichmann à Jérusalem : rapport sur la banalité du mal, éd. Folio) s’inscrit donc dans une rationalité politique que le nazisme pousse à son paroxysme.

(...) Pour une « dé-eugénisation » de nos démocraties

Si on parle souvent de la nécessité d’une « dénazification » de l’Allemagne et de l’Autriche, on n’envisage jamais par contre la nécessité d’une « dé-eugénisation » de nos démocraties. Un tabou pèse encore sur l’histoire de l’eugénisme
dont l’importance est systématiquement occultée par la plupart des historiens. Trop de personnalités (des scientifiques et intellectuels de premier plan), trop d’institutions (des hôpitaux, des firmes bio-chimiques, des fondations), trop de pays sont impliqués dans ce qui fut, à un moment donné, considéré comme la solution pratique idéale pour régler définitivement les problèmes sociaux. Trop d’intérêts sont en jeu, ceux de la génétique moléculaire et de ses puissants alliés (le lobby médical et les firmes biotechnologiques)…

Pourtant, il est urgent de mettre au jour cette part refoulée de notre passé. ...

Témoins sourds, témoins silencieux
Brigitte Lemaine, Stephane Gatti
55 min, DVD sorti le 15 mars 2007
Les films du paradoxe


LA LISTE DE CHICAGO
Liste des « personnes socialement inaptes » stérilisables


« Est socialement inapte toute personne qui, par son propre effort, est incapable de façon chronique, par comparaison avec les personnes normales, de demeurer un membre utile de la société. (…) Les classes sociales d’inaptes sont les suivantes : 1) les débiles mentaux ; 2) les fous ; 3) les criminels (y compris les délinquants et dévoyés) ; 4) les épileptiques ; 5) les ivrognes ; 6) les malades (tuberculeux, syphilitiques, lépreux, et autres atteints de maladies chroniques…) ; 7) les aveugles ; 8) les sourds ; 9) les difformes ; 10) les individus à charge (y compris les orphelins, les bons à rien, les gens sans domicile et les indigents). » (Rapport du laboratoire psychopathique du Tribunal municipal de Chicago, 1922, cité par A. Pichot in La société pure, p. 215)


- Un tabou -

Le meurtrier était un docteur en biologie sans histoire


PARIS (AP) - Dans la "dernière ligne droite" avant le premier tour, Nicolas Sarkozy "a décidé d'approfondir" les thèmes du travail, du pouvoir d'achat, de la protection et de l'autorité "qui lui paraissent essentiels pour les Français", a expliqué mardi Valérie Pecresse, porte-parole de l'UMP.

PARIS (AP) - Nicolas Sarkozy a déclaré mardi qu'il n'était "pas choqué" par les attaques de Jean-Marie Le Pen, Ségolène Royal et François Bayrou, normales, selon lui, dans une campagne présidentielle "rude".


Nicolas Sarkozy, invité des 4 vérités, France 2, extrait à propos de la part de l'inné et de l'acquis :






AIX-EN-PROVENCE (AFP) - Deux jeunes hommes de 20 ans et 19 ans sont jugés à partir de mardi devant la cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône pour le meurtre de Ghofrane Haddaoui, 23 ans, sauvagement tuée à coups de pierres en octobre 2004 à Marseille.

Un troisième garçon de 19 ans, également sur le banc des accusés, est poursuivi pour non-dénonciation de crime et comparaît libre.

Les débats se dérouleront à huis clos, les accusés étant mineurs au moment des faits. Deux avaient 17 ans et l'autre 16.


lundi 5 mars 2007, 17h38
Des scientifiques affirment pouvoir prédire des intentions grâce à un scanner cérébral

BERLIN (AP) - Lire dans les pensées ne sera peut-être bientôt plus de la science-fiction: un appareil d'imagerie cérébrale a permis à une équipe de chercheurs allemands de déterminer les intentions d'un individu, tout du moins lorsqu'il s'apprête à réaliser une tâche simple.

Les volontaires qui ne se doutaient pas une seconde que dans la pièce à côté, des scientifiques tentaient de lire dans leurs pensées, s'apprêtaient soit à compter (addition ou soustraction), soit à presser un des deux boutons à proximité.

Ces travaux, conduits par le Dr John-Dylan Haynes, du centre Bernstein de Berlin, ont débuté en juillet 2005. Bien que d'étendue limitée (seules 21 personnes ont été testées jusque-là), la recherche menée à l'Institut de la cognition et des neurosciences Max Planck à Leipzig (150 km environ au sud-ouest de Berlin), a suscité l'intérêt de la communauté scientifique.

Les chercheurs ont demandé aux participants de choisir entre additionner ou soustraire deux nombres quelques secondes avant que ces nombres ne soient visibles sur un écran. Dans cet intervalle, un ordinateur a retranscrit en images les mouvements cérébraux, de manière à prédire la décision, un modèle suggérant une addition, l'autre une soustraction.

L'équipe de Haynes a d'abord essayé d'identifier la partie du cerveau commandant les intentions. En scannant le cerveau, à la recherche d'une zone d'hyperactivité cérébrale observée lorsqu'un patient a à choisir, ils ont découvert que le centre de commande des intentions se situe dans le cortex pré-frontal. Ensuite, ils ont étudié quel modèle était associé aux différentes intentions.

"Si vous saviez quelles signatures de pensée chercher, vous pourriez en théorie prédire avec plus de précision ce que les gens vont faire", a estimé Haynes.

Pour l'heure, lire les pensées est un processus laborieux et les scientifiques n'ont aucune chance de pouvoir espionner subrepticement un processus de décision: l'étude de Haynes ne concerne que des gens face à deux alternatives, et non confrontés aux innombrables choix de chaque jour.

Mais les scientifiques font suffisamment de progrès pour inquiéter les défenseurs de l'éthique, la recherche étant déjà passée de l'identification des régions du cerveau dans lesquelles apparaissent certaines pensées à l'identification de leur contenu.

"Pour la première fois, ces technologies nous donnent la possibilité réelle d'aller chercher à la source ce que quelqu'un pense ou ressent, sans qu'il puisse nous en empêcher", a déclaré le Dr Hank Greely, directeur du centre Loi et Sciences biologiques de l'Université de Stanford. "Le concept même de garder ses pensées privées pourrait être profondément modifié dans le futur", a-t-il jugé.

Certains s'inquiètent déjà de la portée de ces découvertes qui, à l'image du film de science-fiction "Minority report", pourraient inciter les autorités à agir contre des individus avant même qu'un crime ait été commis. Les Britanniques ont déjà mis en place un fichier ADN qui pourrait aider les autorités à suivre les personnes jugées violentes. De plus, le gouvernement a lancé l'idée de détenir les gens présentant un trouble de la personnalité susceptible pourrait conduire à un comportement criminel.

Malgré toutes ces craintes, Haynes voit pour l'instant des applications pratiques bien plus innocentes. Comme de participer au perfectionnement de machines déjà existantes, capables de répondre aux signaux cérébraux et qui permettent ainsi aux paralysés de changer de chaîne de télévision ou de surfer sur Internet.

Dialogue
Nicolas Sarkozy et Michel Onfray
Dans Philosophie Mag n°8

Nicolas Sarkozy : Je me suis rendu récemment à la prison pour femmes de Rennes. J'ai demandé à rencontrer une détenue qui purgeait une lourde peine. Cette femme-là m'a parue tout à fait normale. Si on lui avait dit dans sa jeunesse qu'un jour, elle tuerait son mari, elle aurait protesté : « Mais ça va pas, non ! » Et pourtant, elle l'a fait.

Michel Onfray : Qu'en concluez-vous ?

N. S. : Que l'être humain peut être dangereux.


(...) N. S. : Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?

M. O. : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

N. S. : Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie.

Présidentielle 2007 | L'actu
Pédophilie : tollé contre Nicolas Sarkozy
Le Figaro, 10 avril

Le candidat UMP persiste et signe.

La polémique fait rage
après les propos de Nicolas Sarkozy dans le numéro d’avril de Philosophie Magazine sur la pédophilie. (...) Le souverainiste et catholique revendiqué Philippe de Villiers y voit ainsi « quelque chose qui conduit tout droit à une société que je ne veux pas, celle de l'eugénisme ». A l’opposé de l’échiquier politique, c’est Marie-George Buffet qui condamne « quelque chose d'extrêmement grave qui rappelle des choses qu'on a entendu à d'autres époques ». Plus tôt, Najat Belkacem, porte-parole de Ségolène Royal, y avait vu le signe d'un « programme profondément réactionnaire et antihumaniste » de l'ancien ministre de l'Intérieur, en le sommant de venir s’expliquer.

(...) Nicolas Sarkozy, qui avait dans un premier temps refusé de « polémiquer » sur ses déclarations, s’est justifié mardi matin sur France2 (son intervention en vidéo). « Qui peut me dire que c'est normal d'avoir envie de violer un petit garçon de trois ans ? Quelle est la part de l'inné et quelle est la part de l'acquis ? », s’est-il interrogé.


Femmes et pouvoir
Simple évidence

Libé, 10 avril 2007

Pour la première fois en France, une femme est en position d'être élue présidente de la République. En pleine campagne, dans le flux ininterrompu des petites phrases, on finirait presque par oublier à quel point cette donnée constitue ­ malheureusement une absolue nouveauté pour la France. ­


Femmes et pouvoir
Les femmes ne savent ni penser ni conceptualiser...
Libé, 10 avril 2007

L'histoire intellectuelle compte de nombreuses femmes, actives dans toutes les disciplines ; mais les historiens-hommes se sont appliqués à les supprimer des encyclopédies. Tenez, une des grosses têtes de la fin de l'Antiquité était une femme. Elle s'appelait Hypatie. Professeur vedette à Alexandrie, elle enseignait les mathématiques et la philosophie néoplatonicienne. ...


Pour en finir avec quelques préjugés
L'anthropologue Françoise Héritier, la neurobiologiste Catherine Vidal et la philosophe Michèle le Doeuff démontent les clichés sur le «sexe faible».
Libé, 10 avril 2007

A Cournon, un père tue sa fille de 26 ans
Le meurtrier était un docteur en biologie sans histoire.
Libé, 10 avril 2007

Ses voisins ne lui connaissaient pas d'histoire, disent pour l'instant les enquêteurs. Il n'avait pas non plus d'alcool dans le sang quand il s'est rendu à la police. Dimanche après-midi, à Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme), un père de famille de 52 ans a tué sa fille de 26 ans avec une carabine sans que rien, selon les premiers témoignages, ne laisse prévoir un tel acte.

Ce docteur en biologie était sans emploi depuis qu'il avait cessé d'enseigner à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand, il y a quatre ans. «Un type de très bon niveau, affirme une source proche de l'enquête. Il broyait un peu du noir ces derniers temps, mais ses proches mettaient ça sur le compte de son inactivité et de son inquiétude au sujet des événements qui se déroulaient dans son pays d'origine, l'Afghanistan.» La famille était arrivée en France il y a trente ans. «Des gens parfaitement intégrés», dit la même source.

Dimanche, la journée s'était déroulée en famille autour du barbecue et de la promenade dominicale. Sans anicroche, ni dispute, ...

Le Figaro, 10 avril
Actualité | France
Agressions à l'acide : un suspect arrêté dans le métro parisien

Un jeune ingénieur aurait reconnu avoir versé de l’acide sur plusieurs femmes dans des métros et des trains de banlieue franciliens.

La police a arrêté mardi matin dans le métro à Paris l’auteur présumé de six agressions commises avec un liquide de type acide contre des usagères du métro et des trains de banlieue. Le jeune homme de 28 ans, ingénieur vivant à Paris, inconnu des services de police, a été repéré après que son signalement eût été établi grâce aux caméras de surveillance du métro.

Il portait sur lui un flacon rempli d'un mélange de lessive de soude et de décapant, caché dans un paquet de cigarettes. Selon une source policière citée par l’AFP, il aurait reconnu les faits. Au cours des trois dernières semaines, il avait répandu ce liquide sur les vêtements des passagères, provoquant de graves brûlures.

"Je suis celui que vous cherchez"

(...) Certaines des six victimes avaient été brûlées au second degré, aux jambes ou aux mains, par cette mixture très corrosive.


- Un type de très bon niveau -


April 9, 2007

Etat des lieux dans le 9-3 : l'association « En Temps »

A la suite, quelques extraits, commentaires et notes de « Justice, la bombe à retardement », Robert Laffont, mars 2007, un brûlot assez sévère.

Il n'est que trop question de pénal, il est assez question du juge pour enfant, il n'est pas du tout question des JAF.

J'en retiens qu'en certaines circonstances, des policiers - et même des avocats - peuvent être poursuivis, mais que les travailleurs sociaux, eux, seraient intouchables. Voir le cas de l'assoc `'En Temps".

C'est scandaleux mais ce serait donc ainsi, un dispositif avec de nombreux tabous et un couvercle sur la marmite.





Quelques pages plus loin, on nous confirme que le 93 est à peu près à la même enseigne que le 92 ou le 95, à Taverny :






Pages 90-91, « les `'ouf" du TGI », ce qui pose « un vrai soucis », « des gens qui relèvent de la médecine » mais qui sont jugés :

La juge : « Donc, monsieur, vous avez été interné, j'avais envie de dire `'enfermé" mais ça ne se dit plus parait-il. » (...) La présidente ironise sur les conclusions de l'expert psychiatrique qui explique que « Le sujet est relativement accessible à une sanction pénale » : « Tout est dans le `'relativement" ! nous voilà bien avancés » (...) « Je ne vais pas vous mentir, je vais vous dire la vérité : j'ai travaillé sur un chantier pendant un mois et j'ai donné un coup de pelle à mon patron. Et maintenant je suis reconnu travailleur handicapé, j'ai deux piqûres de neuroleptiques. »


Page 98, « le problème des mineurs clandestins » :

« Les enfants qui n'ont pas la chance, comme Naza, d'avoir de la famille en Franceattérissent dans des foyers de l'aide sociale à l'enfance comme l'association En Temps à Montreuil-sous-Bois. (...) Ce n'est pas un hasard si certains mineurs isolés que nous plaçons fuguent. Le sort de ces enfants, tout le monde s'en fiche. »


D'un autre ouvrage, de l'histoire de « la protection de l'enfance et [de] la cohésion sociale » :

« La société en recevant l'enfant se met à la place de la famille; elle en accepte les devoirs (...) elle doit faire pour l'enfant ce que ferait la famille elle-même, supposé qu'elle(*) connût ses devoirs et qu'elle eût la volonté et le pouvoir de les remplir (...) elle doit veiller au développement des facultés morales de l'enfant trouvé » Paris, 1838

*) la société ou la famille, dans une logique évidente de distinction des classes et origines ?


Page 117 et suivantes, la bavure policière, ce brûlot complète très bien d'autres références dont je dispose, « une avocate glisse à un confrère : `'Les juges tiennent leur revanche" » :





On pourrait croire que l'administation recherchait la prescription, l'oubli peut être, comme pour, manifestement, d'autres affaires dans ce TGI. Puis, soudainement, comme en écho aux critiques du ministre de l'Intérieur, l'opportunité d'un procès pour lui répondre ? En effet, « il aura fallu cinq ans pour que se tienne enfin le procès » et celui-ci a lieu peu après les accusations de laxisme portées par Nicolas Sarkozy.


Page 106 : « Une policière demande fermement à une femme du public de ne pas utiliser de portable ; celle-ci réplique : `'C'est à moi que vous parlez ? Je ne trouve pas que vous me parlez correctement. Et j'ai sorti mon téléphone pour regarder l'heure. Pas pour téléphoner. Vous me parlez autrement. »

Ce qui me renvoit à mon RDV de juin dernier, avec un OPJ, et ma lecture d'alors, « Journal d'une justice en miettes" » de Dominique Barella : « la crise, c'est aussi celle de la police qui parfois se rêve dans la toute puissance... »


Page 119 :

Dans les couloirs, une avocate, voyant la forêt de micros, demande à une autre : « C'est quoi, ça ?
- Un dossier police.
- encore !
 »
Effectivement, au même moment, on rend le jugement d'une autre affaire de bavure (...) « Geste technique », comme l'appelle la police (...) Reconnu coupable d'homicide involontaire (...) Six mois avec sursit dans l'indifférence générale.
Les journalistes sont tous venus pour l'affaire de Saint-Denis qui vient de reprendre. C'est maintenant au tour de l'avocate des victimes de plaider. Elle met en cause la police du 9-3. Et de citer un audit de l'Inspection générale des services (IGS) (...) Des dérapages imputés à un manque d'encadrement...


Page 120... Dans l'affaire de Saint-Denis, la même avocate en profite pour tirer à boulets rouges sur l'Inspection générale des services, la police des polices : « L'IGS a mis deux mois à obtenir la liste des policiers présents le jour de l'intervention, et certains témoins dont les noms avaient été donnés par les victimes n'ont pas été entendus. »


Page 127, la bavure.

« Un dysfonctionnement grave du TGI de Bobigny qui, selon maître Solitude, a pris pour argent comptant les dires de la police de l'air et des frontières, sans prendre le temps de vérifier quoi que ce soit. A commencer par cette fiche de police extravagante qui indique noir sur blanc que Fatoumata `'parle et comprend le français". »


Page 127 et suivantes, « les victimes ont peur »

« Le jeune s'en tire pourtant avec une relaxe au bénéfice du doute. En totale contradiction avec le jugement qu'elle vient de rendre, la magistrate lui lance, alors qu'il quitte l'audience la tête haute : `'Et qu'on ne vosu y reprenne plus, hein !" »


Page 142, intriguant...

« ... `'En d'autres lieux et en d'autres temps, cela aurait été les assises !"
Allusion au fait qu'au tribunal de Bobigny, aujourd'hui, le curseur pour les attaques à mains armées est placé très haut. Noyés sous le flot d'une délinquance (...) `'Ici, on braque son épicier du coin, sur un coup de tête, quand on a besoin d'argent", constate, désabusée, la procureure.

(...) Les `'nouveaux braqueurs" agissent en électron libres, ils sont imprévisibles parce que inconscients (...) explique un juge d'instruction de Bobigny. »


Page 143, politique pénale et politique tout court, explication dans l'ouvrage :

« `'A Bobigny, un braquage c'est un an, contre trois à Paris et carrément les assises à Mende." Depuis dix ans, en France, on assiste à un effrittement des peines. C'est vrai pour les braquages et plus encore pour les traffics de stups. Rien à voir avec le prétendu laxisme des juges. ... »


145, l'épilogue, on pourrait croire qu'il est question d'un secteur de Nanterre :

« Au tribunal de Bobigny, l'ubuesque le dispute au tragique, le cynisme au dévouement, le dramatique au cocasse... (...) Alors que ce devrait être un véritable laboratoire où sont testés des solutions innovantes, on accepte à Bobigny, en travaillant à flux tendu, une justice d'abattage. On laisse le bateau dériver... C'est un bateau en perdition qui ne coule pas, uniquement grâce à la bonne volonté de l'équipage. (...) Le naufrage guette »

Pendant plus d'un mois, tandis que les avocats étaient en grève, « le tribunal pour enfant a, lui, été carrément mis en sommeil. Aucune mise en examen, mandat de dépôt ou mesure éducative (...) »


- Qu'on ne s'étonne plus de rien -

December 9, 2006

BONA FIDE - Lat. In good faith ; without fraud or deceit


AFP, traduction par Olivier Karrer – CEED Paris
Vendredi 8 décembre 2006, 14:50 heures
Texte original sur de.news.yahoo.com
« Präsident des Menschenrechtsgerichts mahnt Deutschland »

Le Président de la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH), Luzius Wildhaber, a exhorté l'Allemagne d'appliquer les jugements rendus à Strasbourg : L'Allemagne devrait « se préoccuper de plus près des mécanismes régissant la Convention des Droits de l'Homme » a confié Wildhaber dans un entretien à l'Agence France Presse (AFP). Il y aurait « quelques lacunes » semble-t-il et chez les juges aussi, comme l'a souligné le Suisse de 69 ans, qui en raison de son âge quittera la Cour Européenne au mois de janvier.

Wildhaber renvoie à l'article 46 de la Convention Européenne des Droits de l'Homme.

Il y est stipulé sans ambiguïté que les Etats signataires ont obligation « de donner suite » aux décisions finales de la Cour. Il se dit « plutôt surpris » de constater que le jugement rendu par Strasbourg dans la procédure portant sur le droit de garde du père turc, Kazim Görgülü, n'ait pas été appliqué à ce jour.

Ce citoyen turc avait saisi la Cour Européenne contre l'Allemagne, parce la justice allemande l'empêchait d'exercer son droit de garde sur un fils, que la mère célibataire avait confié contre sa volonté à l'adoption. La Cour Européenne avait condamné l'Allemagne en février 2004, en violation du Droit fondamental de protection de la vie de famille. Toutefois l'enfant, qui a maintenant 7 ans, vit toujours dans une famille d'accueil, la décision de la Cour d'Appel de Naumburg compétente à statuer du droit de garde a été une nouvelle repoussée, il y a peu.

A quelques jours de la journée internationale des Droits de l'Homme, dimanche prochain, M. Wildhaber en a appelé aux 46 Etats contractants de venir en soutien aux juges, dépassés par la charge de travail des 90.000 affaires pendantes actuellement. Ce sont les Etats eux-mêmes qui devraient s'atteler à combattre les violations des droits fondamentaux de manière plus efficace, puis les écarter définitivement dès lors qu'elles ont été condamnées par la Cour Européenne. « Ce serait la meilleure voie. »

BONA FIDE - Lat. In good faith; without fraud or deceit.
The Lectric Law Library

The law requires all persons in their transactions to act with good faith and a contract where the parties have not acted bonafide is void at the pleasure of the innocent party. If a contract be made with good faith, subsequent fraudulent acts will not vitiate it; although such acts may raise a presumption of antecedent fraud, and thus become a means of proving the want of good faith in making the contract. In the civil law these actions are called (actiones) bonae fidei, in which the judge has a. more unrestrained power (liberior potestas) of estimating how much one person ought to give to or do, for another; whereas, those actions are said to be stricti juris, in which the power of the judge is confined to the agreement of the parties. Examples of the former are the actions empti-venditi, locati-conducti, negitiorum gestorum, etc.; of the latter, the actions ex mutus, ex chirographo, ex stipilatu, ex indebito, actions proescriptis verbis, etc.

JDJ n°212, 2002
L’utilité des critères indicateurs de placement ?

Nous considérons que les liens familiaux ne sont pas bons pour un enfant par «essence». (...) Nous employons le terme de «religieux» au sens où il s’agit d’un point de vue qui ne se discute pas, peut-être par référence implicite au respect «sacré» que l’on devrait à «l’instinct maternel». Ce dogme doit être appliqué, comme le soulignent les déclarations ministérielles diverses quel que soit le gouvernement dont elles émanent, il n’a pas besoin d’être prouvé, il se situe dans un autre registre que celui de la science, et par conséquence ses résultats n’ont pas besoin d’être évalués.


2001, l’Odyssée
du Placement Familial
ou l’illusion du retour

Une publication du GRAPE, érès, 1997


- Déraison d'Etat -

December 7, 2006

« c'est un vrai fourre-tout »


Selon la juge, qui estime que c'est l'une des affaires « les plus tragiques à laquelle [elle a] été confrontée », Nathalie Gettliffe a fait de ses enfants, aujourd'hui âgés de 11 et 12 ans, et de leur père des « victimes », leur causant des « dégâts incalculables et peut-être irrattrapables ». Ils en seront sans doute « marqués pour le reste de leur vie », a-t-elle insisté.

Alors que cette dimension psychologique a aggravé la peine de la Française devant une cour canadienne, elle aurait moins pesé devant une juridiction française. « Le Canada est très attaché à la notion d'intérêt supérieur de l'enfant, contrairement à la France où les gamins passent par pertes et profits », déplore Pascale Limarola, présidente de SOS Enlèvements internationaux d'enfants. Pour elle, les magistrats d'outre-Atlantique « sont beaucoup plus conscients des dégâts occasionnés sur le comportement et la vie affective de l'enfant ». Des propos qui exaspèrent Me Muriel Laroque, présidente de l'Association des avocats de la famille. « L'intérêt supérieur de l'enfant est une notion très subjective, c'est un vrai fourre-tout, assure-t-elle. Parfois, l'intérêt de l'enfant contredit même la loi. »

Actualité | France
Affaire Gettliffe : l'avenir des enfants a pesé lourd
Le Figaro, le 6 décembre 2006


L'intérêt supposé de l'enfant est un vrai fourre-tout, exactement, on met absolument de tout dans les dossiers d'assistance éducative. On y retrouverait même des posts du forum du Monde, on pourrait encore y trouver de quoi sauver la réputation des travailleurs sociaux de l'OSE France, peut être de quoi sauver aussi la réputation de la Caisse d'Epargne région Lorraine, etc.

S'agissant ici d'un blog fourre-tout, j'en profite pour ajouter quelques références qui pourraient être utiles...

Le mercredi 25 mars 1998 (OTTAWA)
La sénatrice Landon Pearson et
M. Roger Gallaway (coprésidents) président la séance

M. Shaposnick : « Le Barreau a une relation haine-amour avec la médiation. Si un comité du Sénat se penchait sur cette question, les résultats seraient fascinants. (...) Je n'ai jamais vu autant d'avocats furieux dans une même salle, et je me suis demandé pourquoi ils étaient si furieux. Quelles pouvaient bien être leurs raisons cachées, puisque tous disaient qu'ils voulaient protéger les droits de leurs clients ? »


Le courrier de l'Unesco, mai 1999
À qui profite la science ?

De l'édito : « (...) La science chancelle. Pour la première fois depuis le siècle des Lumières, l’utilisation qui peut en être faite est remise en question : le lien entre progrès scientifique et progrès social se distend, au point que montent ici et là des relents d’obscurantisme. Hiroshima avait sonné comme un premier coup de tonnerre. Puis la crise environnementale, fruit du mode de développement dominant, conférait à cette remise en question sa dimension planétaire. Or ce mode est indissociable d’un recours effréné et indistinct à ce qu’on appelle l’innovation technologique. Enfin, les avancées biotechnologiques, qui sont aussi lourdes d’immenses dangers pour la dignité de l’être humain, font très fréquemment la part trop belle aux seuls appétits de leurs promoteurs.

(...) Les priorités des chercheurs, les orientations de leurs travaux, leurs types d’organisation, les niveaux de financement qu’ils reçoivent, la circulation des connaissances qu’ils révèlent, vont-ils dans le sens du bien et de l’intérêt publics ? »


Le courrier de l'Unesco, septembre 1999
Bioéthique : la tentation de l’enfant parfait

Le courrier de l'Unesco, janvier 2004
Dialogue entre les civilisations

Le Monde diplo, archives, juillet 2006
La psychiatrie emportée par la tourmente sécuritaire



- Et le juge Zamour serait au placard, pourquoi donc ? -


November 19, 2006

C'est ça, la maltraitance

Les uns militent et la société française du moins son institution judiciaire, l'action de justice, replonge au bas moyen-âge. Que l'on ne s'étonne plus si les piles semblent vides. Il est étrange qu'une société, ses politiques et ses juges soient tant tolérants et ignorent de nombreuses dérives, le dispositif de la protection de l'enfance est un bateau ivre, tout en accusant systématiquement l'homme et les enfants. La victime semble être la femme d'abord, arrive ensuite l'enfant avec, demain 20 novembre, une journée internationale de promotion du savon et du stick à lèvres... Protégez vous, protégez les enfants :




Une femme autoritaire, religieuse, qui humilie ses enfants ou même un homme n'est elle pas maltraitante ? Manifestement non si on s'en fie au procès de Gabrielle Dufeil à l'issue duquel il est apparu que seul l'un de ses demi-frères pourrait être passible d'une condamnation en correctionnelle.

PARIS (AFP) - Un homme violent qui frappe sa femme maltraite aussi ses enfants, rappelle la Fédération nationale solidarité femmes (FNSA) qui lance lundi une campagne de sensibilisation, à l'occasion des journées internationales de l'enfant (20 novembre) et des femmes (25).

Regroupant une soixantaine d'associations gestionnaires d'établissements accueillant des femmes victimes, la FNSA s'appuie sur ces deux journées vouées à la lutte contre les violences exercées contre les femmes et l'enfant pour alerter l'opinion sur la situation de l'enfant témoin d'actes répétés de brutalités envers sa mère.

"Un homme violent qui humilie, injurie ou frappe sa femme, maltraite aussi ses enfants", explique Gilles Lazimi, médecin et coordinateur de la campagne télévisée, au cours de laquelle sera diffusée sur plusieurs chaînes un petit film choc, montrant un enfant témoin de violences imiter son père et donner un coup de pied à sa mère allongée à terre.

"L'enfant souffre, mais il peut considérer aussi que la violence est la façon normale de résoudre les conflits, que frapper, c'est aussi aimer", ajoute M. Lazimi. "Les garçons témoins de violences dans leur enfance ont davantage tendance à adopter la même attitude plus tard et les filles à subir la violence, comme leurs mères l'ont fait", dit-il.

Trop souvent, on estime que les violences conjugales ne concernent pas les enfants et qu'un mari violent peut par ailleurs être un "bon père". "Il faut casser cette image", estime Germaine Watine, porte-parole de la FNSA, car l'enfant est "au coeur des violences conjugales".

"La dispute a souvent pour alibi l'enfant", que le mari "utilise" pour culpabiliser la mère, explique-t-elle.

"Pour 40% des femmes, les violences débutent d'ailleurs lors de la grossesse", selon Emmanuelle Piet, présidente du collectif féministe contre le viol.

Non seulement témoin des actes de violence, l'enfant est aussi acteur. Dans un premier temps, souligne Germaine Watine, "il s'interpose, il a tendance à prendre le parti du plus faible, la mère, il pense qu'il a une responsabilité, se sent protecteur, il n'a plus une attitude d'enfant".

Ensuite, "beaucoup d'entre eux prennent conscience de l'incapacité de leur mère à se défendre" et, comme dans le clip, peuvent aller jusqu'à imiter le père et frapper leur mère, ou du moins, lui en vouloir d'être faible.

"Si le père est jugé et condamné, l'enfant souvent culpabilise", dit-elle. "Ceux qui vont bien sont ceux qui arrivent à prendre des distances".

Les enfants exposés à la violence envers les femmes manifestent souvent des symptômes de stress post-traumatique, peur, anxiété, irritabilité, difficulté à se concentrer, hyperactivité.

Hakim, 4 ans, s'est lacéré le visage avec un couteau à l'âge de deux ans et menace de tuer sa mère, comme il a entendu son père le faire.

Sarah, 6 ans, frappe sa maman et lui crache au visage. "T'es bonne à rien", lui dit-elle.

Bintou, 7 ans, ne veut pas manger par peur, dit-elle, "de grossir et de grandir".

Ces témoignages recueillis par l'association SOS Femmes 93 montrent à quel point les souffrances des enfants sont le reflet des violences conjugales.

"La violence conjugale devrait être un des principaux facteurs à examiner lorsque la garde d'un enfant est en cause", estime le Dr Lazimi.

La FNSA milite pour que la violence conjugale soit une contre-indication à la médiation en cas de séparation et divorce, et demande que soit interdite l'autorité parentale en cas de délit commis en présence du mineur au domicile commun.





L'Humanité, Société, le 21 février 2006
Le retour du « criminel né », « Une perspective qui n’effraie pas tout le monde, notamment au gouvernement. »


Des enfants devenus criminels
Le Figaro, le 3 novembre 2006, extraits :

Soudain, ils se muent en incendiaires de bus, sans véritables raisons. D'autres regardent, complices de cette violence effrayante.

«Un petit minot en jean avec un tee-shirt noir auquel j'aurais donné 12 ans, poursuit l'enquêtrice de la «crim»... On s'attendait franchement à autre chose.»

Autre chose, sans doute, qu'une poignée de gamins. Autre chose que l'interpellation de cinq premiers suspects, aussi jeunes, soupçonnés d'avoir, de près ou de loin, participé à l'attaque et à l'incendie, samedi 28 octobre à Marseille, du bus n° 32 reliant les quartiers nord de la ville à la Cannebière où une jeune étudiante franco-sénégalaise de 26 ans, Mama Galledou, a été très grièvement brûlée et se trouvait toujours, en fin de semaine, entre la vie et la mort.

Cédric et Ayoub, 15 ans. Eddy, Romuald et Amdjad, 17 ans. Cinq gamins des cités environnantes, tous connus, à des degrés divers, des services de police.

« Il y a bien des siècles déjà que le peuple a signalé l’incorrigibilité des coupables, surtout des voleurs, et l’inutilité des prisons.

Celles de nos théories qui paraissent les plus hardies ont même été mises en pratique dans des temps qui sont bien loin de nous : MM. Valerio et Loyseau citent un édit du moyen-âge prescrivant, dans le cas où deux individus seraient soupçonnés, d’appliquer la torture au plus laid des deux. - La Bible distingue déjà le criminel-né et ordonne de le mettre à mort dès sa jeunesse. - Solon a trouvé dans le Dictérion un préventif social contre le viol et la pédérastie. »

C. LOMBROSO.
Turin, 31 décembre 1894

L’homme criminel.
Étude anthropologique et psychiatrique
De la préface au tome I (édition de 1895)

De cette même préface, qui fait étrangement écho à août 1883, l'épuration de la magistrature :

« Le nombre des prévenus d’adultère est devenu 20 fois plus grand depuis 1830. À cette époque, il était de 92; il s’est élevé à 824 de 1876 à 1880. La loi sur le divorce en a doublé le nombre. En effet, il a été de 1274 en 1884, de 1601 en 1885 et de 1720 en 1887. »


Des recherches et conclusions de Lombroso, certaines sont moins connues :

« Dans un texte de 1899 sur «Le délit, ses causes et ses remèdes», il avait décrit les comportements délictueux des Arabes bédouins, de certains Indiens et des Tsiganes, en des termes qui, aujourd'hui, relèveraient d'un jugement racialiste. Et il avait ajouté que la criminalité «spécifique des juifs était l'usure, la calomnie et la fausseté, alliées à une absence notoire d'assassinats et de délits passionnels». »

Voir sur le site de Denis Touret pour plus d'infos.


Un regard plus français, un article de Laurent Mucchielli :

Criminologie, hygiénisme et eugénisme en France (1870-1914)
Débats médicaux sur l'élimination des criminels
réputés « incorrigibles »

Résumé : Nous nous intéressons ici autant aux théories du comportement criminel qu'aux solutions concrètes préconisées par les médecins-criminologues afin d'« éradiquer » ce « fléau social », selon les termes de l'époque. Nous tentons de montrer comment, à travers ces solutions, au delà d'un simple mouvement corporatiste, se dévoilent l'ensemble de la « vision du monde » de ces médecins, en particulier leur prétention à éclairer de leurs savoirs le traitement des problèmes sociaux et à relayer un pouvoir judiciaire accusé plus ou moins explicitement de laxisme et d'irréalisme. Au nom de l'assainissement et de la moralisation de la société, les partisans d'un programme fort d'hygiène publique réclameront que la « prophylaxie sociale » s'élargisse à la lutte contre la criminalité (comme par ailleurs au vagabondage et la prostitution). La plupart d'entre eux n'hésiteront pas à réclamer la mise en œuvre de moyens radicaux d'élimination des criminels réputés incorrigibles : déportation à vie dans les colonies, application plus systématique de la peine de mort, puis, sous l'influence du mouvement eugéniste, stérilisation voire élimination par des moyens jugés plus propres et plus indolores encore tels que le recours à des gaz. L'objet de ce travail de synthèse est l'analyse des logiques intellectuelles sous-tendues dans ces débats, replacées dans le contexte politico-social et dans les schémas culturels de l'époque.

Est-il possible de dépister dès l'enfance les futurs criminels ?
Le Figaro, le 24 mars 2006, simple citation de Martine Perez :

« Chaque chapelle défend sa théorie et constitue un monde hermétiquement clos où l'autre est au mieux un rival, au pire un ennemi. »

Les trente piteuses
de Baverez Nicolas
Flammarion, 1998

Dans une France où la victoire sur l'inflation a dérivé vers la déflation, où la vieille lutte des classes s'est transformée en guerre des âges, où la dénaturation des institutions conduit à un "despotisme impotent", sur quoi peut-on fonder un nouveau contrat social ? L'auteur invite le pays à un triple pari : celui du droit contre la tyrannie molle de l'Etat, celui de la croissance contre l'obsession de la "monnaie forte", celui de l'Europe politique face au risque de dissolution dans un espace économique indifférencié.


France, 34 auteurs
dénoncent la bien-pensance :

« Après avoir mis à jour les rouages de la pensée unique telle qu'elle s'exerce en France (voir La tyrannie du médiatiquement correct, le QL, no 78), notre confrère Jean-Marc Chardon, journaliste à France Culture, ausculte les ravages du politiquement correct dans les médias. Dans son dernier ouvrage, La tyrannie des Bien-Pensants, chez Economica, il fait le tour des débats interdits, biaisés voire escamotés dans une France qui prétend toujours donner au monde des leçons de morale.

Pour ce faire, il donne la parole à 34 auteurs de sensibilités diverses, de Chantal Delsol à Françoise Rudetzki en passant par Pierre Chaunu, Lucien Israël ou Ivan Rioufol d'où il apparaît clairement que le « politiquement correct » se situe bien au-delà du traditionnel clivage droite/gauche. C'est d'ailleurs ce qui le rend d'autant plus pernicieux et donc redoutable. Dans cette analyse, beaucoup y trouveront des similitudes parfois cocasses avec la pensée dominante au Québec. En voici quelques extraits... »


- L'homme criminel, ses enfants, l'avenir du continent associatif -

November 3, 2006

Le language de Thomas Szasz aurait permi une prise de conscience


Thomas Szasz a été reconnu comme « l’homme qui a contraint la psychiatrie à admettre l’existence et l’importance des conflits moraux et éthiques ». Thomas Szasz a cependant soutenu que la maladie mentale pourrait n'être qu'un mythe et ses travaux ont par ailleurs été récupérés par la scientologie.

Aujourd'hui en France, une approche plus acceptable de tels « conflits » serait celle proposée par l'ethnopsychiatrie, l'ethnopsychanalyse et la psychiatrie transculturelle, voir sur le site Internet du centre George Devereux. Cette approche aurait un sens dans un pays qui se voudrait pluriculturel et au régime non totalitaire car s'agissant de la force de la loi et de l'appareil de l'Etat, du tout pouvoir lorsque l'institution judiciaire est saisie.

« Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n'assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C'est une richesse et c'est une force », a assuré Jacques Chirac à l'occasion d'un discours aux français, le 14 novembre 2005.

La Constitution du 4 octobre 1958, article 1. - La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée.

Rappel de ce qui pourrait être en vigueur en France si on s'en fie à « Problèmes politiques et sociaux » n°899, avril 2004, probablement des circulaires restées, comme d'autres, dans le fond d'un tiroir :

« Le droit du malade au libre choix de son praticien et de son établissement de soin » est un des principes fondammentaux de la législation sanitaire, comme le rappelle la circulaire du 14 mars 1990. De même, l'article premier du 24 avril 1996 réaffirme ce droit des patients : c'est une condition au fonctionnement même de l'hôpital avec le droit à « l'information », « la mesure de la satisfaction du patient », etc.


Dans les tiroirs car, en effet, si je synthéthise ce qui se pratique dans le secteur de Nanterre, dans les Hauts de Seine, plutôt médiéval, seul un pasteur protestant alsacien serait apte à évaluer ce qui est psychologiquement bon pour un enfant.

Cependant, selon un colloque à l'ENM, dépot légal d'un livre en 1997, plus récent donc que ces circulaires mais bien antérieur à 2004, antérieur aussi à certains textes et décrêts de 2002, il y aurait un flou juridique dans le domaine du consentement. Mais résumer ainsi, en terme de colloques, circulaires et écrits français, ce serait raisonner sans aucune considération pour certains arrêts de la CEDH tels que Kutzner contre Allemagne, d'autres encore dans le domaine de l'hôspitalisation sous contrainte ou dans le domaine des dénis de Justice en général.

LES PROBLÈMES ÉTHIQUES, SOCIAUX
ET LÉGAUX DE LA PSYCHIATRIE
Alice Parizeau

Un commentaire de « Psychiatrie clinique : approche contemporaine »
Pierre Lalonde et Frédéric Grunberg (en collaboration),
Gaétan Morin, éditeur, Chicoutimi. 1980, Québec.

Erudit, criminologie,
1982, volume 15, n°2

Extrait :

II est très malaisé de faire la recension d'un volume à la rédaction duquel ont collaboré trente-huit spécialistes.
Les problèmes organisationnels du traitement

Le premier chapitre porte sur une double approche, soit sur l'état actuel de la psychiatrie et sur les problèmes organisationnels, plus sociaux que médicaux à plusieurs égards. On y trouvera un relevé des troubles mentaux et des comportements qui les accompagnent qui, sans être exhaustif, permet de comprendre certains phénomènes généralement cachés à la faveur d'une épistémologie à ce point complexe que seuls les spécialistes peuvent la décoder.

En deuxième lieu, le docteur Grunberg essaie de répondre à la question : que fait-on pour aider et traiter les malades mentaux ? Certes, il ne s'agit pas là d'une critique du système de « désinstitutionnalisation », mais plutôt d'une explication simple permettant de comprendre en quoi cela consiste.

Tout un réseau de services partiels tels que centres de jour, centres de nuit, foyers de transition, pavillons, ateliers protégés, etc., ont été développés pour remplir cette fonction qui avait été assurée auparavant par l'hôpital psychiatrique totalitaire, écrit le docteur Grunberg.

On peut reprocher à l'auteur de ne pas préciser que ce réseau est constamment remis en question, autant au Québec qu'ailleurs, comme insuffisant, ou encore comme ne tenant pas compte des dangers réels de victimisation que peuvent présenter pour la collectivité, les malades mentaux. On peut également prétendre que la section concernant l'insertion sociale du malade psychiatrique comporte une conclusion trop pessimiste quand l'auteur écrit que :

Dans un bon nombre d'instances, le processus de désinstitutionnalisation du malade psychiatrique ne s'est soldé que par le transfert du malade de l'hôpital à un « ghetto psychiatrique », implanté dans la communauté sans plus de liens réels avec la société ambiante pue les « salles de l'arrière » de l'asile.

Il n'en reste pas moins que ces conclusions, l'expérience pratique aidant, s'avèrent on ne peut plus vraies dans beaucoup de cas et qu'il est plus positif de le préciser, que d'éviter de regarder certaines réalités en face. La même approche, très claire, prévaut en ce qui a trait à l'examen des problèmes éthiques de la psychiatrie. Là encore, le docteur Grunberg ne discute pas, mais constate et tranche du même coup plusieurs débats qui sont à la mode dans notre milieu.

Selon lui, « le psychiatre, plus que tout autre médecin, doit faire face au dilemme moral d'avoir aussi bien à préserver l'intérêt de son malade que celui de la société ». De là, prétendre, comme le fait entre autres Thomas Szasz que « la psychiatrie dans la société moderne est devenue un instrument d'agression et de contrôle social pour imposer le conformisme tout comme l'Inquisition imposait le conformisme à partir du XIIe siècle », il n'y a qu'un pas. Mais, face à cette approche, le docteur Grunberg prend position en constatant qu'il « est heureux que la pensée de Szasz, définitivement démagogique, a eu très peu d'effet sur le plan pratique au Québec et au Canada ».

Parallèlement, toutefois, l'auteur de ce chapitre écrit : « II ne fait aucun doute que l'antipsychiatrie, malgré ces écarts de langage et sa démagogie, a permis une prise de conscience salutaire de la psychiatrie, des limites de son pouvoir et de ses applications. »

Tout comme Paumel ou Tomkiewicz, Frédéric Grundberg semble avoir marqué son temps. Mais certains mots clefs renvoient aujourd'hui de drôles de pages sur google...


Société Française de Santé Publique
Des informations générales, 22 février 2006 :

LE GOUVERNEMENT prépare un plan de prévention de la délinquance qui prône « notamment une détection très précoce, avant 3 ans, des prémices de comportements asociaux ».

Une enquête Inserm détournée de son usage ? Pour justifier une telle démarche, les ministères de l’Intérieur et de la Santé s’appuient sur l’expertise collective de l’Inserm intitulée « Troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent », sollicitée par la Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs indépendants (« le Quotidien » du 26 septembre 2005). Selon ses auteurs, 12 experts, dont 2 pédopsychiatres parisiens, les Drs Antoine Guedeney (hôpital Bichat, Paris) et Marie-France Le Heuzet (Robert-Debré, Paris), les sujets qui connaissent des perturbations « avant 10 ans » présentent « généralement un niveau élevé d’agressions physiques qui se maintient durant l’enfance ».




Le pique-nique de Babar, édition de 1949,
une famille modèle avec son ami Zéphyr.


De la LDH-toulon, le « parti » colonial
Extraits :

Le parti colonial, si riche fût-il en personnalités, apparaissait plutôt aux contemporains comme une nébuleuse d’associations. A l’origine de celles-ci, on trouve le plus souvent des sociétés savantes et de géographie.

Le public s’intéressait depuis les années 1860 à ce qu’on appelait alors le « mouvement géographique », qui enregistrait les progrès de la découverte de la Terre. Et les sociétés de géographie se multiplièrent pour satisfaire la curiosité du public, sur le modèle de la célèbre Société de géographie de Paris. Elles répandirent tout à la fois le goût de l’exploration, la volonté de découverte des régions inconnues et l’ambition des conquêtes coloniales. Au point que l’on peut dire que le parti colonial apparut le jour où certains géographes, quelques coloniaux en chambre et quelques authentiques explorateurs décidèrent que l’Afrique occidentale, « à l’ouest d’une perpendiculaire Tunisie-Tchad-Congo », devait être française.


Plus tard, une affiche, à l'attention des bavards.

Du dictionnaire de l'Académie française,
CHAROGNARD n. m. XIXe siècle. Dérivé de charogne.
Animal qui se repaît de charogne. Le vautour est un charognard. Fig. et péj. Individu qui tire profit des malheurs privés ou publics.


A ce jour, l'appel du collectif « Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans » a reçu 190599 signatures. Pendant ce temps, l'adoption de David par Madonna alimente la polémique :




Il y aurait des contrôles à l'international tout comme il y en aurait au niveau national, en France. Mais il existe donc bien aujourd'hui des passe droits pour certaines catégories « d'adoptants ».


Mission civilisatrice, ingérence humanitaire
Du Monde diplomatique, septembre 2005 :

« Le pays qui a proclamé les droits de l’homme, qui a contribué brillamment à l’avancement des sciences, qui a fait l’enseignement laïque, le pays qui, devant les nations, est le grand champion de la liberté (...) a la mission de répandre partout où il le peut les idées qui ont fait sa propre grandeur (...). Il faut nous considérer comme investis du mandat d’instruire, d’élever, d’émanciper, d’enrichir et de secourir les peuples qui ont besoin de notre collaboration. »

Ecrits de 1931 par le radical Albert Bayet, congrès de la Ligue des droits de l’homme consacré à la colonisation.

Pour ce courant humaniste de la colonisation, celle-ci, telle une « charge d’aînesse », était source de bienfaisance et d’élévation des moeurs, une obligation de conscience qui se déduisait de l’évidente supériorité de la société colonisatrice sur les peuplades concernées. Quatre siècles auparavant, à l’époque de la conquête de l’Amérique, ce n’est pas au nom de la modernisation, mais de la christianisation, que le pouvoir conquérant s’exprimait, mais il ne manquait pas d’« insister sur les bienfaits apportés par les Espagnols aux contrées sauvages, et on trouve fréquemment ces énumérations : les Espagnols ont supprimé des pratiques barbares telles que les sacrifices humains, le cannibalisme, la polygamie, l’homosexualité, et ils ont apporté le christianisme, le costume européen, des animaux domestiques, des outils. »


- Punir et pardonner, la justice réparatrice -

November 2, 2006

Le danger domestique : guide à l'usage des mal voyants


MARSEILLE (Reuters) - Nicolas Sarkozy a rencontré à Marseille la famille de la jeune femme grièvement brûlée dans l'incendie volontaire d'un autobus, un acte "lâche" qu'il a dénoncé comme "folie à l'état pur".

NouvelObs, 2 septembre 2004 - La rencontre intervenue lundi 30 août entre Nicolas Sarkozy et Tom Cruise suscite une polémique au sein de la classe politique. Les réactions recueillies se focalisent sur les convictions religieuses de l'acteur américain, considérées en France comme sectaires. Petit rappel des faits. Lundi 30 août, les deux hommes se sont rencontrés à Bercy pour s'entretenir des relations franco-américaines ainsi que d'autres sujets "variés". (...) Nicolas Sarkozy a lui-même fini par répliquer jeudi qu'il s'agissait d'un "événement qui n'a pas lieu d'être". Tom Cruise avait souhaité me voir, c'était un entretien extrêmement agréable et ceux qui se poseraient des questions, je les renvoie à mon bilan au ministère de l'Intérieur. Ils auraient mieux fait à l'époque de me soutenir plutôt que de me critiquer aujourd'hui", a déclaré Nicolas Sarkozy à Nice à l'issue d'une rencontre à huis clos avec des militants de l'UMP.




Nicolas Sarkozy dans une librairie d'Arcachon
le 3 août 2006, AFP, Jean-Pierre Muller


Par les temps qui courent, sachez reconnaître le violent, le déviant, le criminel violeur-né, ce pédophile capable d'un « acte lâche », ce monstre susceptible de verser à tout moment dans la « folie à l'état pur », il s'en terre peut être un près de chez vous :



Le déviant et le fou vu par Leonard,
ses proportions, au 15ième siècle.


Les scientifiques confirment, les opeps sont parmi nous. Maurice Berger, pédopsychiatre engagé, nous met en garde : « cette violence n'a pas d'âge « chronologique », au sens où nous l'avons vue se constituer chez des enfants très petits et évoluer ensuite de manière continue. Les dossiers d'un certain nombre d'adultes violents et/ou violeurs montrent cette continuité. Guy Georges présentait les signes décrits ci-dessous - voir les auditions de la HAS - dès sa petite enfance. »

Le condamné par contumace bénéficie d'une protection franco-allemande. Bamberski traque toujours le meurtrier de sa fille
Libé, jeudi 2 novembre 2006

Jamais André Bamberski n'acceptera que le meurtrier de sa fille Kalinka soit dispensé de prison sous prétexte qu'il s'agit d'un Allemand ultraprotégé ­ pour des raisons mystérieuses ­ par les autorités de son pays.

... Sa plainte pour «corruption et non exécution d'une décision par les autorités judiciaires», déposée en 2003, vise un X qui cache hauts magistrats et fonctionnaires français. Elle lui a permis de plonger dans certains échanges entre le ministère de la Justice et le parquet général de Paris. De ceux qui ne font jamais surface et qui jettent une lumière crue sur ce que signifie l'expression «dossier surveillé».


D'un communiqué de « Encore feministe »,
Action n°36 - 31 oct. 06 - La violence nuit toujours.

Monsieur,

Vous avez choisi de mettre en couverture du numéro d'octobre de Psychologies ces mots : « cahier sexe : un peu de violence ne nuit pas ».
Ce titre accrocheur et votre campagne massive de diffusion sur les parois des kiosques ont répandu cette idée dans le grand public.
...


Psychologies, novembre 2006
Enquêtes, Pères malgré eux

Elles voulaient un enfant et ne leur ont pas demandé leur avis. Pour un statut de géniteur sous X
, par Marcela Iacub.


Scan de la page 83,
Psychologies, novembre 2006

On concevra là assez facilement que certaines mères seront farouchement opposées à la garde alternée ainsi qu'à toutes relations père-enfant. On pourrait ici admettre aussi que “ l'absence ” du père ne peut pas toujours lui être imputée, que certains hommes acceptent très mal le simple rang de géniteur auquel ils sont ainsi rabaissés, que certains procès et actions en justice peuvent être très conflictuels.


Edwige Antier est le premier spécialiste cité dans la bibliographie du livre noir de la garde alternée. Choisie par Edwige Antier dans “ L'éloge des mères ”, une citation de Donald W. Winnicott :

Il est d'une importance vitale que nous essayons de comprendre le rôle joué par les mères qui s'occupent de leur nourrisson afin de pouvoir protéger la jeune mère de tout ce qui peut s'immiscer entre elle et son enfant. [...] En fait, les mères ne devraient pas avoir honte de découvrir qu'elles sont spécialistes, au point exact où le médecin et l'infirmière ne sont que dans une position d'assistants.



Découverte, les noirs seraient des humains comme les autres, de quoi ébranler peut être certains convaincus :

CHICAGO (AP) - Les tentatives de suicide sont beaucoup plus courantes chez les noirs américains qu'on ne le pensait auparavant, affirme une étude publiée mercredi. Cette découverte tord le cou à l'idée reçue selon laquelle ils seraient moins souvent tentés de mettre fin à leurs jours en raison de leur passé d'esclaves.


En France, se tiennent les états généraux de l'alcool (45 000 morts par an et 5 millions de malades) mais aux états unis, on apprend qu'il faut boire énormément pour allonger la vie, surtout si on est obèse :

WASHINGTON (AFP) - Un composant du vin rouge a des effets miraculeux à très hautes doses sur la santé des souris obèses et accroît considérablement leur longévité, selon une étude de chercheurs américains publiée mercredi.

La police est "le service le plus mis en cause" devant la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS), qui tire un bilan de ses six années d'activité dans un document rendu public jeudi 2 novembre. Le Monde, le 2 novembre 2006.


France 2, dossiers,
LAICITE, 1905-2005 : un siècle de séparation

Réformer la loi de 1905 ? Ce débat initié par Nicolas Sarkozy a provoqué la réaction de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin qui se sont déclarés très nettement partisans de maintenir la loi de 1905 en l'état.


- Accuse, stigmatise et sers toi, c'est si facile -

October 31, 2006

Condamnés car présumés coupables


« Ce temps-ci n'est point encore l'invasion des barbares, il n'est que l'invasion des saltimbanques. » - Journal des Goncourt, 10 janvier 1862

A Roissy, un agent bien noté mais jugé suspect
Libé, mardi 31 octobre 2006, extraits :

Un salarié bien sous tous rapports, selon deux lettres de «félicitations» de son employeur, et qui tout à coup «présente un danger significatif pour la sûreté portuaire» au point de lui retirer de toute urgence son autorisation d'aller en «zone réservée» de Roissy.

Converti. Dans un courrier du 28 septembre, le sous-préfet chargé des aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle (CDG) et Paris-Le Bourget, Jacques Lebrot, signifie l'abrogation de son habilitation à cet agent, Français converti à l'islam depuis 1995, marié à une Marocaine en 2004. Invoquant les «éléments de comportement et de moralité» recueillis sur ce salarié...

Une quarantaine de personnes sont actuellement visées par ce type de mesures. Elles sont toutes musulmanes. A chaque fois, la préfecture inverse la charge de la preuve en leur demandant de prouver leur innocence. ...

La France condamnée pour une peine sans fin
Libé, 19 août 2006, extraits :

Jean-Luc Rivière, un Réunionnais de 50 ans, dont plus de vingt-huit en continu derrière les barreaux, vient de faire condamner la France par la Cour européenne des droits de l'homme pour «traitement inhumains et dégradants». Publié le 11 juillet, l'arrêt rendu «à l'unanimité» par les sept juges estime que «son maintien en détention, sans encadrement médical approprié, constitue une épreuve particulièrement pénible, et l'a soumis à une détresse d'une intensité qui excède le niveau inévitable de souffrance inhérent à la détention».

... En 1990, Rivière s'était marié en prison : «Ils ont fini par divorcer, explique Me Edgar Kiganga-Siroko, son avocat. «Il est libérable depuis 1991, mais pour lui refuser ses libérations conditionnelles, il était invoqué, entre autres, qu'il ne connaissait pas assez bien sa femme alors que, justement, lui voulait sortir pour la connaître mieux.»

«Parcours sans incident». En juillet 1991, déjà à Riom, le juge d'application des peines (JAP) écrit à Rivière que, «peine de sûreté purgée et dommages et intérêts dus aux victimes intégralement versés», il devient libérable : «Le projet est en cours à La Réunion, l'encourage le JAP. Et dès qu'il sera réalisable, la proposition de libération conditionnelle interviendra.» Rivière « ayant eu un parcours pénitentiaire sans incident».

L'été 2002, la conditionnelle est refusée, «en l'absence d'un projet de sortie clair et structuré, assurant un encadrement socio-éducatif et médico-psychologique sérieux».

Jean-Luc Rivière est «psychotique», «suicidaire», constate alors le psychiatre de la prison. Après un mois d'hôpital, et une conditionnelle refusée de plus, trois experts confirment le diagnostic en 2003. D'après eux, il faut désormais soigner le détenu avant de le sortir des murs où il est devenu fou : «Une pathologie psychiatrique est apparue en prison (...) Il est maintenant un malade mental chronique.» Jean-Luc Rivière souffre «notamment» de compulsions d'auto-strangulation.

La Cour a octroyé à Rivière 5 000 euros de préjudice moral : «Pour une vie foutue en l'air, ça me pose problème», s'agace son avocat.


WASHINGTON (AFP) - La Maison Blanche s'est débattue vendredi avec de récents propos du vice-président, essayant de convaincre que Dick Cheney ne défendait pas la torture quand il a dit qu'on pouvait plonger la tête des terroristes dans l'eau pendant les interrogatoires.

"Cela va de soi pour moi", a déclaré M. Cheney mardi à l'animateur conservateur d'une radio de Fargo (Dakota du Nord, nord) qui lui demandait si "plonger quelqu'un dans l'eau (allait) de soi si cela (pouvait) sauver des vies".


Pour d'éminentes organisations de défense des droits de l'Homme, il s'agit de la première reconnaissance claire que l'administration Bush est prête à recourir ou a déjà recouru à une des pratiques qu'elles assimilent à la torture: l'immersion des prisonniers jusqu'à leur donner la sensation de la noyade pour leur extirper des informations.

...
En outre, la question était formulée en termes vagues, a assuré M. Snow.

"Alors, c'est quoi +plonger dans l'eau+ selon le président", a objecté la presse.
- C'est plonger dans l'eau. C'est plonger dans l'eau, comme je l'ai déjà dit, a répondu M. Snow.
- Donc les prisonniers sortent nager ?
- Je ne sais pas. On va essayer de savoir
, a dit M. Snow.

"Cette administration entend rompre radicalement avec la tradition de défense des droits de l'Homme qui fait la fierté de ce pays", s'est ému Larry Cox, dirigeant d'Amnesty International pour les Etats-Unis.

Yahoo.fr, lundi 30 octobre 2006, 19h20
Vampires et fantômes effraient les scientifiques américains

Horreur chez les scientifiques: de nombreux Américains croient vraiment aux fantômes, aux maisons hantées et autres vampires. A tel point que certains se sont fait chasseurs de zombies pour répéter ce que la science considère de longue date comme des évidences.

Effrayé par la crédulité des Américains pour les phénomènes paranormaux, le physicien Costas Efthimiou, de l'université de Floride centrale (UCF), a décidé d'utiliser les armes de la physique et des mathématiques pour démonter certaines croyances tenaces.

Ainsi, il prouve que les fantômes n'existent pas. Comment, en effet, pourraient-ils à la fois marcher et traverser les murs?, demande le scientifique dans un article à paraître. C'est impossible, car cela viole la deuxième loi de Newton, celle d'action-réaction: s'ils marchent, c'est qu'ils exercent une force sur le sol, tandis que s'ils traversent les murs, c'est qu'ils n'en exercent aucune, et les deux ne sont pas compatibles.

Quant aux vampires, ils sont définitivement détruits par un simple exercice de maths. Si un vampire doit sucer le sang d'un humain chaque mois, faisant de celui-ci un vampire qui doit à son tour trouver une nouvelle victime par mois, combien de temps aurait-il fallu à un seul vampire pour "contaminer" les 537 millions d'hommes qui vivaient sur terre en 1600? Moins de trois ans, répond Efthimiou, alors, soit nous sommes tous des vampires, soit ils n'existent tout simplement pas.

Ce sont des évidences, mais les gens ne les considèrent pas toujours comme telles, se justifie Costas Efthimiou. Ainsi, selon un sondage Gallup réalisé en 2005, plus d'un Américain sur trois pensent qu'une maison peut être hantée et plus de 20% d'entre eux croient aux sorcières ou à la communication avec les morts.

"Il s'agit d'une grande part du public qui croit à des choses que les scientifiques considèrent comme totalement hors de propos", commente le physicien. "Il y a des choses dont nous devons souligner que ce sont des idioties", renchérit le professeur Bob Park, auteur du livre "La Science vaudoue". Professeur de physique à l'université du Maryland, il est lui aussi persuadé que les scientifiques doivent rappeler certaines évidences.

Dans leur guerre contre les fantômes, les deux chercheurs respecteront pourtant une trêve mardi soir. Le jour d'Halloween, l'un comme l'autre ouvriront en effet leur porte à des petits vampires, zombies et autres sorcières, bien réels ceux-là. "Je leur donne des bonbons et je fais semblant d'avoir peur", dit Bob Park. "Ils aiment ça. Le problème, c'est ceux qui s'accrochent à ce truc." AP

lp/v0/st


- A quand la loi de Lynch ? -

October 22, 2006

La prison ou le Canada ? Il choisit le Canada


Le livre noir de la garde alternée qui vient de paraître se réfère à de nombreux travaux, études, expérimentations, extraits, points de vues choisis et conclusions élaborées aux quatre coins du monde. De nombreuses références des USA et du Canada sont citées et certains éléments semblent être en contradiction avec des travaux scientifiques, notament ceux relatifs à la manipulation de l'enfant ou de sa parole.
Dès sa préface, le livre noir de la garde alternée critique les lois et les idéologies françaises en se référant à des textes qui ont été vigueur par le passé, en 1959. Le chapitre juridique semble par ailleurs ignorer la jurisprudence récente française et européenne.
Dans ce livre noir il est question de « la première et principale personne pourvoyeuse de soins » et il est à nouveau question de « la mère nourricière ». La France resterait en effet « une lanterne rouge » en matière d'allaitement maternel.

Des scientifiques précisent quelles sont leurs sources ce qui permet à d'autres de réemployer leur travail. Dans l'extrait du livre que propose Dunod, il est question de « Sagi and coll. » ; qui est-ce, de quoi s'agit-il ?
En notes en bas de page d'un ouvrage scientifique on retrouve des références explicites à d'autres travaux de référence. En bas de la page 155 du livre noir de la garde alternée on peut lire un « extrait d'un courrier d'une mère belge ».
En page 176 figure un extrait d'un arrêt de CA du 22/11/2002, décicion antérieure du siège du 12/12/2002 ; une erreur de plume. La majorité des décisions du siège citées dans le chapitre juridique (pages 175 à 180) sont antérieures au texte de loi du 4 mars 2002, il n'y figure pas de décisions du siège qui ont été rendues au delà de décembre 2002.

Ce livre noir de la garde alternée va devoir faire l'objet d'une étude approfondie et d'une réponse appropriée qui pourrait être assez courte. En effet, à premier abord, ce livre noir susceptible d'induire plus d'un lecteur en erreur constituerait une critique vive de la loi du 4 mars 2002. Or, dans son ensemble, ce livre noir constitue avant tout un recueil d'éléments qui accable plus globalement les institutions socio judiciaires françaises et certains acteurs de ce secteur, qu'il soit ou non question de garde alternée.
En épilogue, l'auteure interroge le lecteur : catastrophe sanitaire en préparation ? Des scientifiques et de nombreux acteurs du secteur socio judiciaire français ont admis et même montré que la catastrophe sanitaire a déjà eu lieu, elle serait donc difficilement imputable aux lobbies égalitaristes ?

dimanche 22 octobre 2006, 16h50
La prison ou le Canada? Il choisit le Canada

BUFFALO, Etat de New York (AP) - Un citoyen américain a été condamné à choisir entre un an de prison et un exil de trois ans au Canada pour avoir eu un rapport sexuel avec une adolescente.

Malcolm Watson a évidemment choisi de se rendre au Canada, mais les avocats spécialisés dans les questions d'immigration s'interrogent sur la légalité d'une telle condamnation.

L'exil débute lundi pour l'ancien enseignant de 35 ans, arrêté en avril dernier après que le vigile d'un centre commercial ait remarqué qu'il avait passé deux heures dans une voiture en stationnement avec une élève âgée de 15 ans. Le procureur, Frank Clark, a reconnu que la peine était "un peu risquée", mais a souligné que la famille de l'adolescente en était satisfaite.


Dans le cadre de sa condamnation, Malcolm Watson est autorisé à entrer sur le territoire américain uniquement pour se présenter devant son agent de probation. Il vit déjà de l'autre côté de la frontière, dans l'Ontario, avec son épouse canadienne et ses trois enfants.

L'exil d'un citoyen est une condamnation inédite, a affirmé Robert Kolken, un avocat spécialiste des questions d'immigration à Buffalo. "Je n'imagine pas comment un juge présidant un tribunal criminel aux Etats-Unis peut en toute légalité bannir un citoyen en guise de condamnation", s'est-il étonné.

Un autre avocat, Robert Berger, a prévenu que le condamné pourrait être interdit d'entrée au Canada en raison de son casier judiciaire. Son propre avocat lui-même, Oscar Smukler, a fait part de sa surprise. "Nous avons effectué des recherches pour savoir si le Canada pourrait envisager de l'expulser, ce qui ferait de lui un homme sans pays". AP

ir/v232

Au terme des deux siècles étudiés ici, l'un des cercles placé dans la dépendance du centre, le cimetière, peut être qualifié de chrétien parce que en sont exclus les pécheurs non repentis, les suicidés, les hérétiques et les infidèles. (...) Au fond, les hérétiques des XIe-XIIe siècle, ces êtres qui, faute de pouvoir être appréhendés directement à travers leurs propres écrits, nous paraissent quelque peu fantomatiques, ne sont que de pures fictions, d'utiles repoussoirs permettant à ceux qui s'en démarquent de définir les traits constitutifs de leur identité collective. Le prix à payer de cette définition identitaire est l'émergence d'une société d'intolérance.

Page 262, 5.Repoussoirs
Ordonner et exclure
Cluny et la société chrétienne face à l'hérésie, au judaïsme et à l'islam (1000-1150)
Iogna-Prat, Champs/Flammarion


TF1.fr, journal de 20h du 22 octobre 2006 :

Allaitement maternel : la France reste une lanterne rouge
A la fin de la semaine mondiale de l'allaitement maternel, des centaines de jeunes mamans ont décidé de donner le sein à leurs bébés.


Fondée par 7 mères de famille de la banlieue de Chicago (U.S.A.) en 1956, La Leche League existe maintenant dans plus de 70 pays.

Du livre noir, page 6 : « La notion d'attachement est apparue dans les années 1950 à la suite des travaux de Bowlby... »

Voir aussi à ces sujets les fiches d'information de « Attachment Accros Cultures » :
  • Allaitement et attachement
  • Allaitement, culture et attachement
  • Transport du bébé, culture et attachement
  • Choc culturel
  • Sommeil, culture et attachement
  • Touche, culture et attachement
  • Survivre aux traumatismes


Recherches féministes
Également mère l'obligation de compétence
Volume 16, numéro 2, 2003
Directrice : Christine Piette
Rédacteur en chef : Christine Piette
Éditeur : Revue Recherches féministes

L’allaitement et la société,
Yvonne Knibiehler

Résumé : Parmi les contraintes biologiques liées à la reproduction, l’allaitement occupe une place à part, en ce qu’il peut être évité, éludé. Mieux que la grossesse et l’accouchement, il exprime la liberté, donc la dimension proprement humaine de la maternité ; il accuse le seuil entre nature et culture. Il ne dépend pas seulement du désir de la mère : celle-ci est soumise à des normes qui varient selon les lieux, les milieux, les moments. L’allaitement maternel, fonction féminine réputée naturelle, se révèle aussi comme un remarquable analyseur des liens sociaux : rapports de sexe entre le père et la mère, rapports de classe entre la mère et la nourrice, rapports de savoirs entre la mère et le médecin.

Extrait : On comprend qu’à l’âge des Lumières les médecins et autres philosophes aient réagi contre de tels usages. Leurs propos manifestent les progrès d’une nouvelle culture de l’allaitement : ils prêchent de plus en plus sévèrement en faveur de l’allaitement maternel. En effet, ils ont appris, grâce aux économistes, que la richesse des nations réside avant tout dans le nombre et la qualité de leurs habitants. Or, des ouvrages bien argumentés attirent l’attention sur les dégâts causés par la mortalité infantile, dont jusque-là personne ne s’était beaucoup inquiété. Cette hécatombe de nourrissons est imputée surtout à l’industrie nourricière. Le discours philosophique se livre alors à un dénigrement systématique des nourrices mercenaires, accusées d’être ignorantes, routinières, sales, et surtout indifférentes aux cris et aux souffrances du bébé. Tout le mépris des classes moyennes pour les humbles éclate dans ces propos. (...) La société, disent les philosophes, est en pleine décadence, tant morale que physique. Sa régénération passe par l’éducation d’enfants sains et heureux, car les enfants sont l’espoir et l’avenir du monde. Or la santé des enfants dépend d’abord de leur mère. Le corps de la femme est la matrice du corps social : il faut l’adapter parfaitement à la fonction reproductrice. Divers traités répandent alors l’idée que la femme, vouée par « nature » à la maternité, doit s’y consacrer exclusivement (Knibiehler 1976). Puberté, mariage, grossesse, accouchement, allaitement : autant d’étapes à préparer, non seulement du point de vue de l’hygiène, mais aussi du point de vue moral. (...) Autre facteur majeur, le féminisme contemporain. Toutefois, il n’est pas unanime ! Au début des années 1970, certaines militantes entachent de défiance toute forme de maternage. L’épanouissement de la mère et celui de son bébé exigeaient leur indépendance précoce et réciproque. Vive les crèches, même « sauvages ». Presque en même temps un autre courant valorise l’allaitement maternel comme un privilège dont les hommes sont écartés. D’ailleurs, l’écologisme prêche passionnément le retour à la nature, au naturel, pour échapper au « pouvoir médical ». En outre, l’échographie dévoile les « compétences » du foetus, ses aptitudes à communiquer avec sa mère et son entourage. Les éthologues examinent les premières formes de l’ « attachement » entre le nouveau-né et la personne qui le nourrit (Bowlby 1969 ; Montagner 1988 ; Cyrulnik 1989) : d’où une célébration lyrique de la « dyade », de la « symbiose » qui unit la mère et l’enfant. Cette effusion réhabilite le sein maternel, même aux yeux de certaines féministes. Au-delà de l’hygiène, au-delà de la morale, et même au-delà du plaisir, l’allaitement devient une relation entre deux êtres : relation spécifique, intime, privilégiée, étape essentielle dans la vie d’une femme et dans celle d’un enfant (Issartel 1994). Cependant, le nombre des femmes qui travaillent hors du foyer ne cesse de croître. Leur fonction nourricière dérange leur employeur et compromet leur carrière.


NEW YORK (Reuters) - Grâce à internet et une plaque d'immatriculation fixée sur une poussette, les parents peuvent désormais surveiller à distance la nounou de leur progéniture.

Jill Starishevsky, procureure new-yorkaise et mère de deux enfants, a lancé jeudi un site qui, contre 50 dollars pièce, propose des plaques d'immatriculation sur lesquelles figure l'adresse du site. En se connectant sur HowsMyNanny.com et en indiquant le numéro de la poussette, n'importe quel passant peut se faire l'écho, anonymement, d'une attitude qu'il juge choquante ou, au contraire, admirable.

Les parents reçoivent alors un e-mail d'alerte les invitant à se connecter au site pour prendre connaissance du rapport.

"C'est un outil (...) pour protéger parents et enfants et non pas pour entraver le travail des nounous. Il aide les parents à avoir l'esprit tranquille", a déclaré Starishevsky, qui poursuit les pédophiles et les criminels sexuels.

"Les gens se demandent toujours si je fais cela parce que je suis une maman ou parce que je suis une procureure. Ma réponse est les deux", a-t-elle ajouté.

Leche League France
Dossier de l'allaitement n° 57
Allaitement et maltraitance

D'après les résultats d'une étude menée par le Dr L Strathearn (Texas, USA), le risque de maltraitance des enfants par leur mère est d'autant plus faible que l'allaitement est long. La durée de l'allaitement est aussi corrélée à la gravité des sévices : plus l'enfant est allaité longtemps, moins les sévices éventuels sont importants.

Cette étude prospective a porté sur 7695 mères. On a recueilli des données sur la longueur de l'allaitement à partir de la naissance. Les enfants ont été suivis pendant 14 ans, et tout signe de sévices a été noté. 838 enfants ont subi divers sévices, et au moins un rapport officiel de sévices a été établi pour 584 enfants. Le risque de sévices était moins important chez les enfants ayant été allaités pendant au moins 4 mois que chez les enfants ayant été allaités pendant moins longtemps ou ne l'ayant pas été du tout.


Leche League France
Allaiter Aujourd'hui n° 67
Allaitement et droit civil : la séparation des parents

Une règle domine : l’égalité des parents quant à l’autorité parentale (372 C. civ.). Cette égalité se traduit même, depuis une loi du 4 mars 2002, par la primauté de la garde alternée. Certes, celle-ci n’est supposée pouvoir être imposée que dans un cadre non conflictuel. Cependant, de plus en plus, des parents la subissent, même en cas de conflit. Surtout, il est extrêmement choquant de relever que, dans la pratique, il n’est pas hésité à faire application de ce mode de garde hautement toxique sur le plan psychique (si ce n’est pour des enfants assez âgés et encore…) à des bébés ! Au demeurant, la Défenseure des enfants, Claire Brisset, dans son rapport pour 2005, s’est clairement prononcée contre la garde alternée avant l’âge de 5 ou 6 ans.
Il va sans dire que ce type de modèle est totalement délétère pour l’allaitement. Si l’on est confrontée à une telle exigence, le mieux est de solliciter une progressivité.

Fort heureusement, la plupart des pères de tout-petits ne veulent pas de garde alternée ni de la « garde » tout court. L’on se trouve alors à devoir négocier les modalités du droit de visite. Il convient de rappeler tout de suite que si rien ne peut contraindre un père à rendre visite à son enfant, en revanche, le fait pour la mère de s’y opposer constitue rien de moins qu’un délit dit de non-présentation d’enfant (227-5 C. pén.).


Une Grande Tétée pour les entêtées de l'allaitement
Libé, 23 octobre 2006, extraits :

(...) C'est un demi-succès : deux à trois fois plus de seins et de mères allaitantes étaient espérés hier sur les gradins du forum des Halles à Paris.

...
A côté, Isabelle, 3 ans et demi, la bouche collée au sein droit d'Elodie. «J'ai repris la tradition de ma grand-mère qui a allaité ses huit enfants, explique la mère de 31 ans, ingénieur en informatique. C'est simple, adapté quand on voyage. Comme j'ai toujours du lait, ça constitue son laitage du matin.» La petite mange aussi «en vrai».

«Au congélo!» A l'occasion de la trop méconnue Semaine mondiale de l'allaitement maternel, cette Grande Tétée est «organisée par des mamans», déclare, laconique, sa porte-parole Marie-Florence Astoin. Certes. Mais avec le soutien actif de la Coordination pour l'allaitement maternel, de la pédiatre Edwige Antier, et de la peu progressiste Leche League, organisation créée en aux Etats-Unis en 1956. Cette «ligue du lait» préconise notamment d'allaiter au moins jusqu'à 2 ans. Marie-Florence Astoin est cependant circonspecte : «On n'a pas envie d'apparaître chapeautées par la Leche League, qui est généralement perçue comme une secte.» Elle-même ne cache pas en être membre.

...
Aujourd'hui, au sortir de la maternité, «seulement» 60 % des Françaises allaitent. Ce chiffre tombe à 42 % au bout de huit semaines. «Ce sont surtout les citadines et les diplômées qui allaitent», affirme Claude Didierjean-Jouveau. Les autres seraient «sous-informées». Le principal obstacle viendrait, toujours selon madame Leche League, de «la crainte de culpabiliser» les femmes qui s'y refusent. Ce à quoi s'ajouterait «le manque de formation des professionnels de santé car beaucoup d'allaitements capotent à la maternité».

...
L'argument santé, indéniable en raison des anticorps présents dans le lait maternel, est désormais repris haut et fort par les autorités sanitaires. L'objectif officiel est d'atteindre 70 % de femmes nourricières en 2010. Il faut «promouvoir systématiquement l'allaitement maternel lors de la visite du 4e mois de grossesse», martèle le dernier Programme national nutrition santé (PNNS).
Et le père dans tout ça ? Comment le dit le site de la Leche League, l'allaitement est «une histoire à deux». Une manière d'évincer allègrement l'homme. Un peu à l'écart justement, Ollivier, compagnon d'Elodie, n'y voit que des avantages. «Il n'y a rien à préparer, en plus c'est moins cher, et la nuit tout le monde se rendort vite.»

Allocs pour papa, allocs pour maman
En cas de garde alternée après un divorce, les prestations familiales liées à l'enfant pourront être partagées entre le père et la mère.
Libé, 26 septembre 2006

Le principe est acquis.


«Un père et ses enfants constituent aussi une famille»
Témoignages de divorcés sans allocations malgré leur implication financière.
Libé, 26 septembre 2006

Jacques a trois enfants âgés de 16, 14, et 8 ans. Quand il a obtenu la garde alternée, en 2003, à l'issue de son divorce, il a demandé à bénéficier lui aussi des allocations familiales. «Je voulais toucher la moitié, mais à la CAF on m'a dit : "Ça ne se fait pas." » Il ne s'est pas démonté : «Je me suis battu pour avoir mes enfants, il n'y a pas de raison.»


- Ordonner et exclure -

October 15, 2006

La prévention de la délinquance, l'hospitalisation sans consentement


Sur mon propre dossier ou lorsque l'ASE puis le juge pour enfant sont saisis, il m'est apparu que le jeu des procédures fait s'écouler plus de 3 ans avant qu'on puisse envisager d'employer le contenu et les conclusions d'un expert psychiatre. Et pendant tout ce temps, un enfant placé alors que quelques 30 minutes d'entretient avec un expert puis un dialogue avec des interlocuteurs censés aurait pu épargner cela... Des contrôles ou de quelconques voies de recours auraient aussi pu éviter ces histoires et une telle situation actuelle mais ces moyens sont manifestement inexistants ou inopérants.


Toujours à paraître, « Behind Closed Doors » de l'UNICEF, puis les enfants et leurs familles seront exposés plus encore à l'arbitraire socio judiciaire, vent sécuritaire et politique de santé mentale obligerait. Ce rapport de l'UNICEF du moins sa synthèse déjà disponible semble occulter un danger majeur pour les enfants et leurs familles : les normes administratives, leur inadéquation ou leur inexistance peuvent exposer pendant de nombreuses années les membres d'une famille à l'arbitraire, à la violence institutionnelle. Faudrait-il rappeler que la loi a été imaginée pour protéger les plus faibles ?

En ce sens, le rapport à paraître de l'UNICEF devient intéressant sinon ridicule, je le citais déjà dans « Pignoufs et pignoufferies ». En effet, dans ce rapport il ne serait question que de violence au sein des familles et les enfants ne pourraient être victimes que de leurs parents. Pour certains, les enfants ne seraient que victimes de leur père, pour d'autres les enfants seraient en danger car leurs mères sont seules et dépassées, parfois les parents ne surveilleraient pas assez bien leurs enfants, etc. Plus de portes seront ouvertes et plus de familles encore seront durablement plongées dans des espaces d'infra-droit, exposés aux jugements tels que moraux par des tiers partiaux et ce avec des arbitres quelconques. Pire, toujours par principe de précaution, plus d'enfants pourront être retirés à leurs parents et de leur lieu de vie pour être placés « provisoirement » dans un établissement public, pour être confiés à un organisme privé ou à une famille d'accueil, derrière les épais murs de l'institution et « derrière ses portes closes ». J'écris provisoirement entre guillemet car certaines décisions de placement s'inscrivent rapidement dans la durée sinon le définitif ; il est en effet aussi beaucoup question d'adoption et, faute d'enfants adoptables, de stabilité en famille d'accueil.

« The impact of domestic violence on children » - Les anglophones confirmeront que « domestic » est un mot à double sens : domestique au sens du foyer familial mais aussi « domestic » au sens de la région ou d'un Etat, d'un pays. Puis nous plongeons donc dans la violence institutionnelle et les dérives et abus de toute nature. De nombreux groupes d'intérêt veulent des enfants, des relations avec les enfants sinon l'exclusivité de ces relations, veulent soigner ou réparer les enfants, veulent mieux faire ou apporter plus que les parents, veulent protéger ou enfermer les enfants, tout le monde va aller agir et se servir là où ils se trouvent : généralement auprès et sous la protection de leurs seuls parents qui sont les présumés coupables ou les supposés défaillants du moment... Outreau ou la chasse aux sorcières telle que pratiquée à Salem en 1692 n'a donc pas servi de leçon.

La loi et les normes administratives ne protègeront pas les enfants. En effet, certains textes de loi et des circulaires interministérielles n'ont jamais été appliquées et, dans le cadre de ce nouveau projet de loi de prévention de la délinquance, de lumineux « guides des bonnes pratiques » iront tout droit au fond des tiroirs.


Je décrivais déjà de nombreux aspects et outils institutionnels dans « Code noir » ainsi que dans « Aux sources des protocoles des sages de Sion » : comment noircir des parents, comment pouvaient être lus de tels dossiers ou comment ces procédures peuvent être perçues. Une hospitalisation d'office comme c'est arrivé à M. Langeron sinon un divorce conflictuel, un décès, une maladie ou un simple accident voire même une naissance pourraient être des moyens d'écarter les parents.

Après l'extrait des débats du Sénat à la suite, une définition de ce qu'est une zone fictive d'infra-droit, de ce qu'est l'infra-droit et la manière dont il est possible de contourner la loi par la communication de masse. A la suite également, quelques références dans les domaines de la responsabilité, de l'éthique et de la santé mentale.

Sénat,
Séance du 5 octobre 2006
Du compte rendu intégral des débats :

M. Nicolas About. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, il y a une quinzaine de jours, nous adoptions en première lecture le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance, en particulier l'hospitalisation sans consentement, dans le but d'améliorer la protection des droits et la sécurité des personnes.

Permettez-moi d'évoquer devant vous des faits précis.

Mardi dernier, à seize heures trente, une personne handicapée, estimant qu'elle était spoliée de ses droits, est venue dénoncer devant l'Assemblée nationale, à l'aide d'une pancarte, le sort que lui réservait l'UNEDIC ; quelques minutes plus tard, elle était saisie par neuf policiers, dont trois en civil, et emmenée à l'hôpital Georges-Pompidou.

À une heure du matin - l'hôpital n'a sans doute pas souhaité le garder -, cet homme a été transporté à l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police, 3, rue Cabanis. Déshabillé, mis en cellule, privé de toute possibilité de joindre ses proches, cet homme est resté jusqu'au lendemain matin à attendre l'arrivée du psychiatre, qui n'aura mis que dix minutes pour reconnaître qu'il n'avait aucun doute sur l'intégrité psychique et psychologique de la personne examinée. Il est regrettable que les policiers ne s'en soient pas aperçus dans le même délai !

Madame la présidente, je souhaite que la souffrance et la solitude des plus faibles ne soient plus prises pour de la folie, et, en tous les cas, que les débats que nous avons et les textes que nous votons servent à les protéger.

Pouvez-vous, madame la présidente, attirer l'attention des ministres de l'intérieur et de la justice sur cette affaire révoltante et faire en sorte que ce qui est arrivé à M. Langeron ne se reproduise plus ? Il est très important de veiller, à l'avenir, à renforcer la protection des personnes.

Je souhaite que des comptes nous soient rendus avant que nous ayons à examiner en deuxième lecture le projet de loi relatif à la prévention de la délinquance. À défaut, nous pourrions adopter d'autres mesures pour mieux protéger les personnes saines. (Applaudissements.)

La loi About-Picard
L'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de faiblesse

L'objectif de la loi du 12 juin 2001 (N° 2001-504), dite Loi About-Picard, est de renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires qui portent atteinte aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales.


Justice et psychiatrie : normes, responsabilité, éthique
Louzoun, Claude ; Salas, Denis
ERES, 1998

Ce livre est issu de sessions à l'Ecole nationale de la magistrature organisées par Anne Valentini et Michel Doumenc, maîtres de conférences, et placés sous la direction de Claude Louzoun (psychiatre, psychanaliste, président du Comité européen : droit, éthique et psychiatrie) et de Denis Salas (magistrat, membre de l'Institut des hautes études sur la justice).


Le Livre Blanc
de la Fédération Française de Psychiatrie
11. Éthique et psychiatrie

La rapide extension du mouvement éthique au cours du dernier quart du XXè siècle a bien sûr aussi concerné la psychiatrie, mais d'une manière particulière, car les interrogations, les savoirs et les actions de soins de cette discipline concernent le psychisme, lieu central de la singularité des personnes.


La zone fictive de l’infra-droit :
l’intégration des règles administratives dans
la catégorie des textes réglementaires
Ces normes qui émanent de l’Administration ne sont pas toujours expressément autorisées par le législateur, mais elles affectent souvent les droits et les intérêts d’une catégorie d’administrés.
(2001) 47 McGill L.J. 161


dossier droits et media
Droit&Société n°16, 1990

De l'introduction :
Enfin, dernière observation qui souligne la fonction que les médias sont susceptibles de jouer par l’introduction du changement social s’imposant au changement juridique. Les communications de masse peuvent contribuer effectivement à transmettre de « l’infra-droit », du « contre-droit », du «droit imaginaire », du « droit ordinaire » (ces expressions se multiplient beaucoup), des éléments du « juriste intuitif », c’est-à-dire des formes de droit susceptibles de s’opposer, de se juxtaposer au droit établi. Porteuses de changement social, les communications de masse peuvent ainsi imposer le changement juridique suivant des modalités déjà étudiées dans les nombreuses analyses des relations entre changement social et changement juridique. Elles peuvent aussi favoriser un pluralisme normatif en lieu et place d’un monisme normatif auquel aspire le législateur... ou le politique !


Connaissance du doit et communication de masse
Repères historiques
Après s’être posé, à la lumière d’exemples tirés du passé mais aussi de l’histoire contemporaine, la question de savoir si tout le droit est bien à diffuser, l’article se penche sur la variété des techniques officielles de transmission de la norme juridique, que ce soit oralement ou par l’écrit. Enfin, l’on tente de calculer l’efficacité de cette communication de masse en montrant que souvent les individus ont une meilleure connaissance qu’on ne le croit généralement du droit et sélectivement du droit qui leur est utile, soit pour mieux l’appliquer, soit pour mieux le contourner.

S'agissant de la zone fictive de l'infra-droit, terreau de la corruption ou de phénomènes qui s'y apparentent, du rapport 2000 du SCPC qui cite un article de Claire Brisset : « Il n’est pas rare de voir de faux jugements, des accords dans lesquels le consentement est vicié ou des enfants purement et simplement donnés contre l’avis de la famille... »


- Dans l'intérêt dit supérieur de l'enfant ? -

August 27, 2006

Quand la prison usurpe la plume des psys

Quand la prison usurpe la plume des psys
De faux avis psychiatriques auraient été établis pour justifier des sanctions contre des détenus.
Par Dominique SIMONNOT

Libération, Samedi 26 août 2006 - 06:00

C'était en mars 2005, à la prison d'Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône), un détenu a foncé sur François Arnaud, son psychiatre, le chef de service du Spad (1). «Il était fou de colère, raconte le médecin, il m'a lancé : "C'est scandaleux, vous avez violé le secret médical et en plus vous avez dit n'importe quoi !"» A sa grande stupeur, le médecin découvre l'imprimé que lui tend son patient et intitulé «rapport d'enquête», retraçant un incident en prison dans lequel était impliqué le prisonnier. Y figure un paragraphe intitulé : «Eléments de personnalité : maîtrise de la langue française, observations recueillies auprès du service médical, avis du psychiatre le cas échéant.» Rien que cela est déjà très bizarre, puisque cela revient à demander aux médecins de violer leur secret professionnel. De balancer, en fait, des informations confidentielles dans le cadre d'une enquête interne à la prison, après une faute commise par un détenu. La finalité est une sanction, très souvent le mitard. Pire encore, le psychiatre peut y lire son prétendu avis : «Détenu qui connaît bien la détention et cherche toujours à se défiler. Il a toujours à l'esprit un scénario pour se disculper.» Cette fois, c'est le médecin qui est fou de rage. «Non seulement ce paragraphe nommé "Avis du psychiatre" est totalement antinomique avec notre éthique, nos missions et notre déontologie, mais en plus il s'agit de faux utilisés par l'administration pénitentiaire !»

«Un peu fourbe». Le docteur Arnaud demande des explications au ministère de la Justice, à la direction de la prison, saisit le conseil national de l'ordre des médecins et les syndicats de psychiatres. Entretemps, lui parviennent d'autres comptes rendus, tout aussi bidons. Entre autres : «Le détenu X a des difficultés à respecter le règlement intérieur de l'établissement. Il est un peu fourbe. Il se dit influencé par la détention.» Et, moins comique, mais plus plausible de la part d'un psychiatre : «Détenu fragile psychologiquement.»

«Détenu implosif». Par la suite, François Arnaud et les autres psychiatres du Spad remarquent que, si certains de leurs patients viennent protester et leur montrer les rapports qui les concernent, «d'autres ne sont plus jamais venus nous rencontrer, car les détenus discutent entre eux, et il s'est dit que nous trahissions le secret. Cela a des conséquences inouïes sur notre travail !»

D'avril à novembre 2005, des courriers s'échangent entre le docteur Arnaud, l'ordre des médecins, la chancellerie et d'autres confrères qui travaillent en prison. «Cette question a déjà été soulevée [...], les tutelles Santé et Justice ont été interpellées... sans suite jusqu'à présent», écrit ainsi une consoeur qui lui signale qu'à la prison des Baumettes, à Marseille, des patients se sont plaints de cette «violation du secret professionnel, voire de diffamation». L'Ordre s'émeut aussi. «Souscrivant totalement aux réflexions du docteur Arnaud», il proteste auprès de l'administration pénitentiaire. Le 31 mars 2006, le ministère de la Justice a donc envoyé une note aux directions régionales de l'administration pénitentiaire dans laquelle il était demandé de «supprimer ces imprimés s'appuyant sur des éléments recueillis auprès des services médicaux», explique-t-on au ministère. Mais, à la mi-août 2006, un détenu revient vers le docteur Arnaud et lui brandit un «détenu implosif» écrit en dessous de l'avis médical. Rien n'a changé...

«La modification devait se faire, mais c'est très lourd à changer, car l'imprimé est intégré dans le système informatique gérant le parcours des détenus, se justifie le ministère, mais ce sera chose faite début octobre.» Le docteur Arnaud ne décolère pas : «Cette histoire est très grave. Il est indispensable que nous travaillions de façon très distincte des autres intervenants de la prison, c'est la seule manière d'être en confiance avec nos patients. Mais cet imprimé est emblématique de l'attitude de l'administration pénitentiaire qui tente de tout maîtriser !» Et en plus de fabriquer des faux...

(1) Service psychiatrique de soins ambulatoires aux détenus.


La violence institutionnelle : Une violence commise sur des personnes vulnérables par des personnes ayant autorité
de Myriam Lagraula-Fabre
Editions L'Harmattan, 2005

Présentation de l'éditeur
Qu'est-ce qu'une violence institutionnelle ? C'est une violence commise par des personnes ayant autorité sur des personnes particulièrement vulnérables. Une violence commise à l'abri des hauts murs d'une institution sur un enfant, sur une personne âgée ou handicapée, par une personne chargée de s'en occuper, demeure-t-elle ordinaire ? La violence de l'enseignant, de l'aide-soignant, de l'animateur bénévole... est-elle appréhendée par notre droit ? L'institution est la cause d'une certaine violence parce qu'elle met en présence d'un côté des personnes vulnérables, d'un autre des personnes dotées d'autorité. Dans ce contexte, les atteintes portées peuvent être physiques, sexuelles ou morales et il n'est pas toujours aisé de les qualifier. Il est donc essentiel de distinguer les comportements susceptibles d'être pénalement réprimés de ceux qui ne s'apparentent qu'à une contrainte liée à la vie collective ou à une atteinte justifiée, par exemple, par une nécessité thérapeutique. Par ailleurs, l'institution est la cause d'une relative impunité lorsqu'elle protège l'auteur de la violence au détriment de la victime. Aussi, la responsabilité des autres professionnels de la structure peut-elle être engagée. Dès lors, certaines questions se posent : quelle place donner au secret professionnel ? Comment protéger les salariés qui dénoncent ? ... A l'heure où l'application de la loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale vise à prévenir tout risque de maltraitance dans les établissements, cet ouvrage devait être mis entre les mains de tous ceux qui les côtoient : usagers, familles, professionnels...

Biographie de l'auteur
Myriam Lagraula-Fabre, docteur en droit privé, est chargée de cours à l'Université d'Evry-Val-d'Essonne et formatrice à l'Institut Régional de Travail Social d'lle de France (IRTS). Elle intervient régulièrement à l'Ecole Nationale de la Santé Publique (ENSP) et à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ).


Justice en France : Une loterie nationale
de Dominique Simonnot
Editions de La Martinière, 2003

Présentation de l'éditeur
Ce livre est une adaptation des " Carnets de justice ", une des plus célèbres chroniques de Libération, créée en 1998 par Dominique Simonnot. Si, dans le quotidien, chaque " Carnet" déroule une audience complète, l'auteur a choisi ici d'adopter un classement thématique, par type de délit - arnaques, outrages et rébellions, drogue, violences familiales... - ou par profession - avocats, juges et procureurs. Le constat n'en est que plus accablant. Car c'est un mythe bien établi qu'en France, la loi serait la même pour tous et que l'individualisation des peines ne profiterait qu'au justiciable. En s'attachant, loin des grands procès médiatiques, au petit théâtre des comparutions immédiates, les anciens flagrants délits, en donnant à entendre, sans les commenter, mais en les " montant ", les paroles des prévenus, des avocats, des magistrats et de leurs auxiliaires, sans oublier les interventions de la salle, Dominique Simonnot fait voler ce mythe en éclats. Et l'on découvre comment, d'une ville à l'autre, d'un magistrat, d'un avocat ou d'un jour à l'autre, ce n'est pas toujours la même loi qui s'applique. C'est une pauvre (à tous les sens du terme) justice ordinaire qui s'exerce en France, justice humaine, bien trop humaine.


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Par Dominique SIMONNOT
Libération, Samedi 26 août 2006 - 06:00