June 30, 2006

Une justice peu prompte à juger des policiers

Le procès d'agents du commissariat de Saint-Denis a été reporté pour la troisième fois.

Libé, 29 juin 2006, extrait :

Hier, Juliette s'était présentée au palais de justice de Bobigny «en espérant pouvoir tourner la page», avant d'apprendre que le procès était reporté au 28 septembre. «C'est une erreur de notre institution, a reconnu le président du tribunal. J'en suis désolé.» Elle est quand même repartie «dégoûtée, déçue», se demandant «si cela n'était pas fait exprès».

Cimetière éphémère pour les morts de la rue
Libé, 29 juin 2006, extrait

Cimetière éphémère pour les morts de la rue
Mercredi, sur le parvis des Droits de l'Homme, à Paris, environ quatre cents personnes étaient rassemblées pour leur rendre hommage

La durée moyenne de ces vies est de 49 ans. L'espérance de vie nationale est de 76,7 ans pour les hommes. 83,8 ans pour les femmes. Sur le livre d'or de ce cimetière temporaire, on peut lire: «Ils sont partis d'ici. Un "ici" qui n'a pas su les retenir.»

December 24, 2005

Les urgences sociales

PARIS (AFP), le 24 décembre 2005 - De plus en plus de femmes et de jeunes sont accueillis par les centres sociaux d'hébergement d'urgence à Paris, selon une étude du Samu social, portant sur l'évolution de la pauvreté à Paris entre 1999 et 2004, rendue publique par Libération samedi.

Dans cette étude, disponible sur son site internet, le Samu social relève que la population hébergée dans les centres d'urgence "est très hétérogène et que ses caractéristiques démographiques sont fluctuantes" mais qu'"on observe une progression des femmes, des jeunes et des couples" entre 1999 et 2004.

Sur cette période, "les femmes sont passées de 15 à 20% des hébergés" tandis que "les jeunes de 18 à 24 ans progressent sur toute la période, passant de 0,5% à 11% des hébergés".

Le nombre de personnes en couple augmente également. Elles sont "très minoritaires mais leur part dans la population hébergée passe de 4,6% à 7,6% de 1999 à 2004", relève l'étude qui a été pour la première fois rendue publique le 13 décembre à l'occasion de la Journée scientifique de l'Observatoire du Samu social.

En ce qui concerne les jeunes, le Samu social relève également, en se fondant sur les observations du centre Corot Entraide, situé dans le XVIe arrondissement de Paris et spécialisé dans l'accueil de cette population, que la durée du soutien des jeunes est de plus en plus longue.

"En 2003, la durée moyenne de soutien d'un jeune à Corot était de 50 jours. En 2005, elle dépassera 100 jours", relève l'auteur de l'étude sur le centre qui souligne que, parmi les jeunes accueillis, "44% ont moins de 21 ans".

BLUE SPRINGS (AP), le 23 décembre 2005 - C'est ce qu'on appelle couper court à une conversation. Une Américaine de 24 ans habitant à Blue Springs (Missouri), dans le centre des Etats-Unis, a avalé un téléphone portable après une dispute avec son petit ami.

Les policiers ont reçu un appel vendredi peu avant 5h du matin (10h gmt, 11h heure française) d'un homme expliquant que son amie avait du mal à respirer. Les policiers, en arrivant sur les lieux, ont constaté que la jeune fille avait un téléphone portable dans la gorge.

"Il voulait le téléphone et elle ne voulait pas lui donner, alors elle a tenté de l'avaler. Elle l'a mis complètement dans la bouche pour qu'il ne puisse pas l'attraper", a expliqué le sergent Steve Decker, de la police de Blue Springs.

La jeune femme, dont l'identité n'a pas été précisée, a été hospitalisée. Aucune précision n'a été fournie sur son état de santé. La police, précise le sergent Decker, a clos son enquête. "C'est la première fois que j'entends parler d'une telle chose", explique-t-il. "Je ne sais

December 22, 2005

« je voulais me barrer, quitter ces bouffons »

PARIS (AFP), le 22 décembre 2005 - Quatre "murs" de carton dressés sur un trottoir parisien pour se protéger des regards et du froid. Enfant de la Dass, Manu, 16 ans, vit depuis six mois dans la rue. Comme des milliers de jeunes en errance, il passera Noël dehors avec son "seul ami", son chien Hector.

L'adolescent émergeant des cartons sur un trottoir du 3ème arrondissement de Paris, a des yeux bleus d'enfant noyés dans un visage rougi, marqué par les épreuves et un mode de vie "qui fait vieillir très vite".


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"Je zone depuis des mois", avoue-t-il en grelottant. "Je m'enfonce, j'ai de moins en moins la pêche chaque jour pour aller chercher à manger, trouver des couvertures, mendier mais je n'irai pas en foyer, plus jamais", dit-il avec force. "Je préfère crever sur place et puis en plus ils n'acceptent pas les chiens".

Manu montre tout ce qui lui reste: un sac de 10 kilos, une photo d'une "ex", des couvertures et son chien, un petit berger allemand, qui le "réchauffe la nuit".

Il raconte au fil des phrases une vie décousue dont les seuls fils conducteurs sont la souffrance et l'abandon. Victime de maltraitances chez sa mère, dont il ne se souvient pas, il a été placé à la Dass (devenue Aide sociale à l'enfance, ASE) dans le Nord à l'âge de 3 ans. Sa mère n'a jamais donné signe de vie. Ses deux frères ainés non plus. Il est né de père inconnu.

"Je suis passé de familles d'accueil en foyers. J'étais mal à chaque fois, je voulais me barrer, quitter ces bouffons", murmure-t-il. "J'ai atterri dans des squats mais là, on me forçait à dealer, donc je suis allé dans la rue, pour être tranquille".

Mauvais traitements, rupture familiale, échec scolaire, démêlés avec la justice pour de petits larcins : Manu a connu "le parcours classique de beaucoup de mineurs à la dérive qui deviennent SDF avant même d'être adultes", comme l'explique le sociologue Jacques Guillou.

Selon le ministère de la cohésion sociale, de 30.000 à 50.000 jeunes de 18 à 24 ans se trouvent en situation de très grande précarité ou d'errance. Certains chercheurs évoquent le chiffre de 100.000.

Un tiers des jeunes en errance serait des enfants de la Dass et la moitié n'aurait aucun diplôme, d'après plusieurs études.

"Quand ils approchent de la majorité, l'ASE évite de se mobiliser pour certains jeunes à la dérive, fugueurs récidivistes, en se contentant d'attendre qu'ils aient 18 ans, date à laquelle l'administration n'a plus à s'occuper de leur cas. De toutes façons, nous manquons de structures adaptées", relève une assistante sociale qui préfère garder l'anonymat.

En quelques mois, Manu a fait l'expérience de "l'univers impitoyable" de la rue: racket, menaces, coups. "On m'a volé mes chaussures la deuxième nuit", lâche-t-il.

Il passe ses journées dans des foyers de jour, où il peut se réchauffer, somnoler sur des chaises et demander de la nourriture pour lui et Hector. Il va aussi voir les médecins de ces centres pour ses crises d'épilepsie et de schizophrénie.

Le jeune homme mendie plusieurs heures par jour. La nuit, l'angoisse du lendemain le saisit tout autant que le froid. Et il frissonne parfois en croisant dans la rue de vieux clochards, incarnant pour lui "un avenir effrayant".

LES JEUNES SANS DOMICILE FIXE ET LA RUE
ou " AU BOUT D'ÊTRE ENERVÉ "
Jacques Guillou
Préface de Louis Moreau de Bellaing
Logiques sociales
SOCIOLOGIE

Que font tous ces jeunes errants que nous croisons dans la rue ? Comment en sont-ils arrivés là? Ont-ils des familles ? Comment ces familles contribuent-elles à " rendre SDF " leurs propres enfants ? Comment les jeunes SDP utilisent-ils la rue, l'espace public, les services qui y sont consacrés ? Quelles sont leurs portes de sortie de ce mode de vie atypique ?
C'est à ces questions que ce livre tente d'apporter des réponses en s'appuyant sur de nombreux témoignages de jeunes sans domicile fixe rencontrés lors de l'enquête menée par l'auteur.

ISBN : 2-7384-6467-X • avril 1998


Imagine les glandes, de ne pouvoir voir les tiens foutre de rien,
Parce qu'à partir de maintenant c'est à eux qu't'appartiens,
Trimbaler comme une vieille grôle
Ils te diront quoi dire, quoi faire, quoi becter,
Les chiotes turcs sont excellents, pas d'excédents ma gueule,
C'est un luxe, et les jours d'fêtes pas d'quoi grimper aux lustres,
Juchés sur ses dossiers, juger et puis caser,
Parce que tes vioques n'arrivent plus à s'blairer,
Et si parce qu'il mouille, t'as des frangines et des frelons, alors franc-jeu
Tu n'risques pas de grandir avec eux, on t'separait comme les boeufs,
J'baratine pas sur mes aïeux, si t'as d'la famille:
C'est bandant, dans mon cas contradictoire orphelin, mon pater' à Melun
Cette tafiole d'assassin a changé mon destin,
Stoppé celui d'ma mère et son conjoint,
Le cocon explosé t'inquiète y'a de l'amende de c'coté, svp 11 11,
Famille d'accueil en manque de freche, comment veux tu etre conciliant
Quand des tocards s'prennent pour tes parents ?
Et c'est vexant pas d'suivi chez les psys,
Et si tu debloques on t'dira qu'tes aigri,
Et si on t'largue chez les dingues, y'a plus d'credit,
Comme quoi l'amour de l'oseille est plus forte que celle de l'être,
Et dans cette chianlie, tu dois apprendre et grandir vite,
Un enfant ça devient adulte que si tu lui laisses le temps et c'est navrant

Refrain :
Enfant d'la ddass, plus de paix que d'allégresse,
Enfants d'la masse, enfants d'la dass, tant d'haine
Enfants d'la ddass, plus de paix que d'allégresse,
Enfants d'la ddass enfants d'la masse, tant d'haine!

Enfants d'la dass, enfants d'la masse, encore une mission etrentable,
Bénis celui qui la remplira: sans façon,
Et maudit celui qui echouera sauvageon,
On était des numeros plus un coup, et l'entretien coute cher,
Mais tu vois pas les sous, etant soit disant soumis a leur micro sys',
La detention reste une exeption, la liberté une règle:
C'qui commence deja a avoir le choix pour ton orientation, modelé, façonné
Comme un pantin tu t'croirais livré chez toys'r'us et sans les paillettes,
Ici t'as qu'un droit: fermer ta gueule ou tu serviras de casse-dalles,
Encadrés par des educateurs pas censés s'eduquer eux memes,
Qui t'emboucanent en t'apprenant que le boul'prime sur l'biscoto
Et t'en decalquent 3-4 quand c'est chaud,
Recueillir c'est beau, a condition de respecter qu'il soit morico ou noiraud,
Tout n'est pas sombre, mais la vie n'est pas rose,
Abriter fait legiter l'couvert qu'on porte à Saint-Airvers
Et sans vergogne scotchés à la besogne,
Les differences existent, on t'apprends le masochisme
Pour t'inculquer l'civisme, aux chiottes le libéralisme !

Refrain

On arrete les palabres, mon sejour a l'étable aurait pu etre execrable,
Le rififi entre mouflets ca n'allait pas plus loin qu'un pet,
Mais les jeunes pousses deviendront des glands,
La bas c'est les ciseaux et la rage aux dents,
Bisutages violents à moins que tu débarques adolescent,
Pour les plus vieux tu d'viens interressants, et y'a pas d'sentiment,
La-bas tout l'monde a ses problemes mais personne pour t'apprendre à saouler,
Les separations sont mals vecues pas grave on finira tous tondu,
Comment veux-tu decider de ton avenir à 14 ans, pauv' cloches,
Ils s'prennent pour Nostradamus, et finir avec un métier de buse,
Trop de soucis en meme temps, ta chance d'avenir fou l'camps,
Tu chies sur la campagne et tous ses paysans,
Quand t'arrives a Paris c'est bandant,
Mioche de la ddass en passant par Armace
Baguette et cuisto mais n'aime pas les négros a Mont Melian ,
A la Arlequin ils nous prennaient pour des clowns,
A force de faire cuire des moules sinon a grand coup de boules
Pour nous laver les reins, encerclés par des branlos
Bons qu'a lutter ou faire du karaté pour mieux te peter le nez ma gueule,
J'ai tapé la cooperative à St-Père del Bigny parce que cette bandes d'albinos
Ils nous faisaient crapahuter le galibi jusqu'a l'os,
Et en pleine nuit fallait me voir
Faire du stop, j'aurais été une bonne proie du coté du mississipi,
J'ai eu du bol j'ai atteri à Annecy, 3 barbak par jour et ca change de la baraque,
Argent de poche et pecul' pour chier des frustres moins vetuste'.
Imagine le père gabin, un citadin en train de glander à Grivieux la Bareine,
J'pourrais l'écrire en fermant les yeux,
J'encule tous les lapins de garenne et les fachos de ta sale à mi-lune
Quelques uns m'ont mis des prunes et en prime des mandales
J'etais pas un vandal mais javais la dalle, des kilometres de c'patelin,
J'en ai fait de long en large, du nord au sud, venant pas tous des memes chemins
Chacun a pris le vice de l'autre et comme des apôtres,
Sans oublier que ton meilleur ami est ta fourchette,
Tu peux t'gratteur coco pour que j'rebecte des grattons,
Et faire le guignol du coté de Lyon,
Brassement d'races, brassement d'huiles et de culture,
Fait de la majorité d'entre nous, un passe pour les ordures,
Enfants d'la masse, enfants d'la ddass, tant d'haine
Enfants d'la ddass enfant d'la masse....

Refrain

Mc Jean Gab'1

Point de vue d'mcm :

Origines : MC Jean Gab'1, ex-enfant de la DDASS, "ex-voyou", ex-taulard, débarque enfin dans le paysage du rap français. La danse, la violence, le rock, le rap, Paris, les embrouilles... ça ressemble à un cliché. Ce n'en est pas un. C'est la vie de MC Jean Gab'1, titi parisien de 36 ans qui a fait ses armes non pas sous les "spot-lights" mais sur le bitume. Le single J't'emmerde, véritable brûlot de 5'30'' qui aligne en bonne et due forme tout le rap français, a précédé Ma vie, 1er album de MC Jean Gab'1.

Ingrédients : on aurait pu en rester là. Excitant, bien écrit, polémique, violent, J't'emmerde avait tout pour plaire... Mais la partie immergée de l'iceberg cachait bien plus qu'un simple pamphlet. Une réalité dure et assumée... Sur d'excellentes instrus de DJ Ol' Tenzano, MC Jean Gab'1 frappe là où ça fait mal, gratte là où c'est sale. Dur, drôle, sincère, émouvant, son flow simple et incisif devrait faire gamberger la crème du rap français... MC Jean Gab'1 est passé de l'ombre (la prison) à la lumière. Un disque brillant.

December 15, 2005

Dans la rue, l'espérance de vie ne dépasse pas la cinquantaine

Un collectif a étudié les décès des sans-abri. Le rapport prouve que toutes les saisons sont mortelles, l'accès aux soins catastrophique et la sous-nutrition généralisée.

par Tonino SERAFINI
QUOTIDIEN,jeudi 15 décembre 2005, extraits :

L'hiver est une saison convenue pour des reportages sur les personnes sans domicile fixe retrouvées mortes de froid dans leurs abris de fortune. La question de l'extrême précarité et de l'exclusion faute de logement est souvent envisagée à travers le prisme climatique, comme si la météo glaciale était le seul défi ou l'unique danger qu'affrontent les hommes et les femmes qui se retrouvent à la rue.

Depuis plusieurs années, un collectif des «Morts de la rue», constitué d'une quarantaine d'associations d'aide aux SDF, s'est créé pour accompagner dignement les personnes décédées vers leur dernière demeure. Ce collectif a également entrepris de recenser, dans la limite de ses moyens, toutes ces morts anonymes.

Toute l'année. Premier constat : le nombre de décès répertoriés n'est pas plus important pendant les mois d'hiver qu'au printemps ou à l'automne. Pendant la période étudiée, le froid est à l'origine de la mort de cinq personnes sur les 112. Autrement dit, les SDF meurent toute l'année, de causes diverses et variées et surtout à un âge très jeune. La durée de vie de ces 112 personnes décédées est ainsi de 49 ans, alors que l'espérance de vie de l'ensemble de la population est de 77 années pour les hommes et de 84 ans pour les femmes.

Nourriture. Ce mode de vie très précaire se caractérise aussi par des déficits nutritionnels.

«Les pathologies liées à leurs conditions de vie commencent à se déclarer vers 40-50 ans. On constate une usure du corps liée notamment à la malnutrition», remarque Etienne Grosdidier. Dans ses consultations, il observe des carences vitaminiques multiples très profondes, y compris en vitamine C, qui n'existe plus dans la population en général. Ce qui engendre divers troubles : anémies, hémorragies, troubles neurologiques ou cardio-vasculaires.

Suivi médical. Malnutrition mais aussi dégradation du corps provoquées par l'errance, ce qui empêche toute médecine préventive ou traitements au long cours, en particulier pour les pathologies chroniques comme le diabète, l'hypertension artérielle... Alors, pour tenir le coup et lutter contre l'angoisse, les SDF surconsomment alcool et tabac...

Facteur aggravant : face aux nombreuses difficultés pour survivre au quotidien, les sans-abri finissent par considérer «les soins comme quelque chose de secondaire», se désole Claire Schwartz. [...] troisième rang.

Mis à part les maladies, les SDF meurent souvent de mort violente...

November 17, 2005

Il faut sauver le radis géant

TOKYO (Reuters), 17 novembre 2005 - Un radis blanc géant, qui avait vaillamment poussé dans l'asphalte, au beau milieu d'une ville japonaise, faisait l'objet jeudi de soins intensifs, après avoir été tailladé par un agresseur inconnu.

Ce radis, de la forme d'une grande carotte, avait attiré l'attention des médias il y a quelques mois, lors de son apparition au bord d'une route à Aioi, une ville de 30.000 habitants dans l'ouest du Japon.

Les habitants, qui avaient surnommé le légume "le radis qui a du cran", ont été choqués, et pour certains émus aux larmes, quand ils ont découvert qu'il avait été décapité.

Les télévisions se sont emparées de l'affaire et, un jour plus tard, la partie supérieure du radis a été retrouvée près de l'endroit où il poussait.

Un responsable municipal a annoncé jeudi que la partie supérieure du légume avait été placée dans de l'eau pour essayer de la garder vivante et éventuellement la faire fleurir.

Interrogé sur l'étonnante popularité de ce radis, ce responsable a estimé que les habitants de la ville, "découragés par la dureté de l'époque à laquelle nous vivons, avaient été réconfortés par sa ténacité et son intense volonté de vivre".

November 9, 2005

L'ASE incitait le couple à s'adresser à la police

CAEN (AP), 8 novembre 2005 - Le tribunal correctionnel de Caen dans le Calvados a condamné mardi à trois mois de prison avec sursis une mère de famille qui avait, le 25 septembre dernier, abandonné son bébé en pleine rue. Le père de l'enfant, absent à l'audience, qui comparaissait également pour "délaissement de mineur" a été condamné quant à lui à trois mois de prison ferme, compte tenu de son passé judiciaire.

Tous deux encouraient sept ans de prison et 100.000 euros d'amende. Le procureur avait requis un an de prison avec sursis à l'encontre de la mère, et un an ferme pour le père.

Le 25 septembre dernier, ce jeune couple, âgé de 23 et 24 ans, avait abandonné son bébé de trois mois dans une rue de Caen après avoir voulu le placer au foyer de l'enfance, qui avait refusé de prendre en charge l'enfant, incitant le couple à s'adresser à la police. Des passants avaient trouvé le landau avec le bébé et sonné à la porte de la maison la plus proche, celle d'un couple de médecins.

Le jeune couple s'était ensuite enfui dans le sud de la France avant de revenir en Normandie et d'être interpellé une semaine plus tard, après avoir été victime d'un accident de la route.

Mardi, au cours de l'audience, Jean-Pierre Triauller, le procureur de la république de Caen, a expliqué que "ces faits relevaient plus de la détresse sociale et familiale que de la délinquance".

La fillette, placée depuis au foyer de l'enfance de Caen, reçoit régulièrement la visite de sa mère, en attente d'une décision du juge pour enfants de Caen, qui décidera du placement définitif de l'enfant en foyer ou d'un rapprochement avec sa mère. AP

October 1, 2005

Rupture familiale et sociale

CAEN (AP), 1 octobre 2005 - Les parents d’un bébé abandonné dimanche dernier à Caen (Calvados) et qui étaient activement recherchés par la police ont été interpellés vendredi à Argentan (Orne) à la suite d’un accident de voiture, a-t-on appris samedi auprès du parquet de Caen. Les parents, âgés de 23 et 24 ans, ont été placés en garde à vue à Argentan avant d’être transférés à Caen où ils ont été présentés vendredi soir au parquet. ”En rupture sociale et familiale” selon le procureur de la république de Caen François Nicot, le couple s’était apparemment rendu ces derniers jours à Marseille en passant par les Landes, en vivant “essentiellement de mendicité”. Les jeunes gens sont soupçonnés d’avoir abandonné dimanche dernier vers 18h leur petite fille âgée de deux mois et demi, retrouvée dans sa poussette devant le pavillon d’un couple de médecins, à quelques mètres du centre hospitalier régional Clémenceau à Caen. AP
CAEN (AP), 26 septembre 2005 - Un bébé abandonné a été découvert dimanche près du centre hospitalier régional de Caen, a-t-on appris lundi auprès des services de police. Le bébé, une fillette qui aurait environ deux mois et demi, a été découvert par une passante vers 18h dimanche, à une centaine de mètres de l’entrée du CHR de Caen (Calvados), devant le pavillon d’un couple de médecins, ont précisé les services de secours. Le bébé abandonné a été retrouvé dans une poussette dans laquelle se trouvait du lait en poudre, des paquets de couche et des vêtements d’enfant, mais aucun message n’a été retrouvé sur le nourrisson. L’enfant a été pris en charge par le service pédiatrique du CHR. AP

September 9, 2005

Jeunes perdus sans collier

L'Express du 25/07/2005
par Boris Thiolay

Packs de bière et chiens à leur côté, ils zonent dans les centres-villes, interpellent le passant pour glaner quelques euros. La plupart ont une vingtaine d'années et vivent dans la rue. Aujourd'hui, en France, plusieurs dizaines de milliers de jeunes sans domicile fixe s'organisent en petits groupes pour affronter un quotidien de misère. Rencontres

...
Trop de bières, trop de pétards, probablement quelques cachets avalés pour tromper l'ennui. Pour oublier l'angoisse qui remonte systématiquement en fin de journée.

...
Evidemment, ces jeunes errants et leurs chiens font peur. Ils le savent, ils en jouent, le déplorent de temps à autre. Look post-punk décadent, état d'ébriété avancée, incivilités, tapage, dégradations, petits trafics, vols, règlements de comptes, voire agressions: incontestablement, ces jeunes font tache. Les commerçants et les riverains craquent, signent des pétitions, saisissent les services de police nationale et municipale.

...
«Nous sommes face à un problème de société majeur et nous allons devoir les écouter, les accueillir et les réinsérer», explique Catherine Vautrin, ministre chargée du dossier. Certains sociologues et professionnels de l'action sociale avancent des chiffres plus élevés, parlant d'au moins 100 000 jeunes gens en errance. Une seule certitude: ils font désormais partie intégrante de notre paysage. Et posent des questions lancinantes. D'où viennent-ils? Qui sont-ils? Des enfants de la crise, du chômage de masse (un quart des moins de 25 ans), de la cherté du logement (un tiers des jeunes SDF ont un emploi) ou de l'atomisation des familles en grande précarité? Ou sont-ils des naufragés volontaires?

...
Les services sociaux sont débordés et voient leurs budgets fondre. L'Etat et les collectivités locales sont écartelés entre le devoir de solidarité, l'exigence de sécurité et les propres contradictions de ces jeunes à la dérive.

...
Le phénomène a explosé au tournant des années 1990, avec les grands festivals d'été

Pour Jacques Guillou, sociologue spécialiste de ces questions (Figures de l'exclusion. Parcours de sans domicile fixe, L'Harmattan), la très grande majorité des jeunes que l'on retrouve dans la rue ont un vécu très lourd: mauvais traitements, ruptures familiales, décès des parents - quand ils en ont eu - échec scolaire, démêlés avec la justice, impossibilité d'entrer sur le marché du travail… «Il existe encore beaucoup de familles où le jeune doit quitter le domicile dès sa majorité, voire avant, pour soulager des parents eux-mêmes en déshérence.»

Un tiers des jeunes zonards sont des enfants de la Ddass. Selon une enquête réalisée en 2000 par l'Institut national des études démographiques (Ined), 52% n'ont aucun diplôme, 17% ont perdu au moins un de leurs parents, 9% ne savent même pas si ces derniers sont encore en vie. Parmi ces jeunes en déroute, on trouve aussi beaucoup d'adolescents fugueurs, qui contestent l'autorité parentale et décident un jour de ne plus jamais revenir. «Souvent, l'errance commence au sein même de la famille», résume Robert Bianco-Levrin, responsable de la «mission squat» lancée en juin 2004 par Médecins du monde en Ile-de-France.



UNE INTERVIEW D'ALAIN BENTOLILA
Septembre 2005, voir L'école à la dérive
Extraits des propos recueillis par Anne Terrier :

...
Et ceux-ci sont de plus en plus perdus et démotivés.

...
Le problème est que notre société a laissé se constituer des ghettos sociaux. Ceux-ci n'ont rien à voir avec les ghettos anglo-saxons : les habitants des Chinatowns ont conservé leur culture, leur langue, leurs traditions, tout en étant capables de s'insérer dans la société américaine, d'y travailler, d'en maîtriser les codes. (...) Nos ghettos sociaux sont des ghettos acculturés, et c'est là le drame. Car le vide culturel peut être comblé par n'importe qui, par n'importe quel faux prophète de quelque secte ou religion que ce soit.
Par ailleurs, les ghettos sociaux engendrent des ghettos scolaires: l'école au pied des tours.

... Il nous faudra du temps, et des mesures fortes, pour corriger nos erreurs.

... Ceux qui ne maîtrisent qu'un vocabulaire de 450 mots ne constituant même pas le langage de tout le monde sont enfermés dans leur propre système. Avec 450 mots, on ne peut ni lire les journaux, ni trouver un emploi, ni effectuer des démarches administratives ou juridiques.

...
Nous avons là des poudrières sociales, des lieux où la violence et le passage à l'acte sont immédiats.


PARIS (AFP), vendredi 9 septembre 2005, 14h54 - Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a demandé vendredi à ses préfets de "mettre le paquet" contre les violences aux personnes, un secteur de la délinquance "pas maîtrisé", en hausse depuis le début de l'année.


La commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) dispose de 500 euros pour boucler son exercice 2005, hors paiement du loyer et des salaires. Cette situation surréaliste est la conséquence d'un gel de crédits imposé en janvier à cette autorité administrative indépendante, dont la vocation est de "veiller au respect de la déontologie par les personnes exerçant des activités de sécurité sur le territoire de la République".

Le budget de 545 005 euros dont elle a été dotée pour cette année a été amputé de 100 000 euros ­ soit de près de 20 % ­, ce qui lui cause des problèmes inextricables pour assurer son rôle de vigie. Elle ne peut plus payer les frais de déplacement à Paris de policiers mis en cause, ainsi que les missions en province, essentiellement pour procéder à des auditions en prison.
LE MONDE | 08.09.05 | 14h28


Libération, Portrait des incendiaires présumées d'une HLM de L'Häy-les-Roses

Les quatre forment une petite* bande de filles de la cité de l'allée du Stade, à L'Häy-les-Roses (Val-de-Marne). Elles «traînent très tard la nuit», disent les voisins, elles se maquillent «comme des voitures volées» et fument comme des pompiers, picolent aussi.

Amalia (1), 16 ans, habite au deuxième étage de la tour 2, celle où l'incendie a tué 16 personnes dans la nuit de samedi à dimanche. Elle a des racines portugaises, une «mère très jeune», un petit frère de 6 ans, un père parti depuis longtemps. «C'est la plus agitée», selon une locataire du 8e étage. Audrey, 18 ans, réside dans un foyer de l'enfance des Hauts-de-Seine, mais traîne dans le Val-de-Marne au pied de la tour aujourd'hui sinistrée.

CRETEIL (AFP), 6 septembre 2005, 23h31, extraits :
En soirée, la préfecture du Val-de-Marne a annoncé la mort d'une 18e victime, une personne française d'origine somalienne. Selon la préfecture, il s'agit d'une mère de quatre enfants, dont deux ont également succombé à l'intoxication.
Les jeunes filles sont aussi accusées d'avoir "entraîné pour autrui une infirmité permanente", concernant une victime dans un état toujours critique mardi.
En outre, deux d'entre elles ont été mises en examen pour une tentative de destruction comparable, commise la veille de l'incendie meurtrier sur la même boîte aux lettres et au rez-de-chaussée de la même tour.
...
Une dizaine d'adolescentes ont indiqué mardi à la presse qu'elles connaissaient les jeunes filles en question: "elles traînaient le soir tard. Il y en avait une qui fumait. Mais c'étaient des filles normales".
Les faits reprochés aux jeunes filles peuvent être réprimés par la réclusion criminelle à perpétuité pour la majeure, et 20 ans d'emprisonnement pour les mineures.


Le Monde, 17.09.05
Prison ferme pour un jeune squatteur de hall d'immeuble, extraits :

Depuis l'entrée en vigueur, en mars 2003, de la loi sur la sécurité intérieure, votée sur l'initiative de Nicolas Sarkozy, de tels récits viennent de temps à autre s'échouer devant les tribunaux, sous le label "entrave à l'accès et à la libre circulation des personnes" , un nouveau délit punissable de deux mois d'emprisonnement ferme et 3 750 euros d'amende.

Il reconnaît bien volontiers s'être rendu régulièrement dans ce hall "pour aller voir des amis : c'était pour avoir chaud, car il fait froid dehors". Il n'a "pas remarqué que le hall était sale" , en tout cas, précise-t-il, pas plus sale que celui de l'immeuble où il vit.

Quelques minutes plus tard, le jugement tombe : 400 euros d'amende pour Ibrahima, deux mois avec sursis pour le deuxième prévenu absent, Max, un sans domicile fixe hébergé par le Secours catholique, et deux mois ferme pour Mourad, au casier judiciaire déjà chargé, ainsi que 1 000 euros de dommages et intérêts à verser à la société HLM, partie civile au procès.

A la sortie de l'audience, Ibrahima hausse les épaules : "On peut aller nulle part, y a pas de salle pour les jeunes dans la cité. Chez nous, ils construisent que des crèches..."