September 22, 2006

Tournante à la maternelle

Quatre élèves de maternelle
exclus pour "attouchements"

NOUVELOBS.COM | 21.09.06 | 19:22

La FCPE se dit "surprise" de l'importance de la sanction pour des enfants de cinq ans.

Quatre enfants de cinq ans ont été renvoyés de leur école maternelle, à Jonquières (Vaucluse), accusés d'avoir contraint une fillette de quatre ans à des attouchements durant la récréation, a-t-on appris jeudi 21 septembre de source judiciaire.
Selon Le Dauphiné Libéré qui a révélé l'affaire, les faits se sont produits la semaine dernière à l'école Frédéric-Mistral.
L'inspection académique du Vaucluse a confirmé que les enfants avaient été renvoyés, sans pouvoir préciser si la décision était définitive.
Le président de la FCPE, principale fédération de parents d'élèves, s'est dit "surpris" d'une procédure "aussi lourde" à l'encontre de 4 enfants de 5 ans.

"On a tous joué au docteur"

Le magistrat de permanence au parquet de Carpentras a fait savoir qu'"il n'y a pas vraiment de témoins: ni adultes ni enfants". "Ils ont essayé de déshabiller une petite fille. On ne sait pas s'il n'y a pas un peu plus". "Les gens s'affolent. On oublie qu'on a tous joué au docteur", a-t-il ajouté.
Une enquête a cependant été ouverte, notamment sur les conditions de vie des enfants, "pour voir s'ils ne sont pas perturbés".

Pour la FCPE, "cette histoire aurait dû rester au niveau local, avec les familles, les enseignants: ce ne sont pas des violeurs", "à 5 ans, ce sont encore de gros bébés".

D'un échange dans un forum...

Une affaire pour Burgaud :
[re: ]

Gageons que notre "excellent technicien" saura déméler cette étrange affaire


Re: Une affaire pour Burgaud :
[re: j.]

là, ce qui relève de la vrai chasse aux sorcières.

était-ce une tournante ou un simple touche pipi? les enfants vont-ils pouvoir réintégrer l'école? les parents ont ils un quelconque objet compromettant quelque part dans leur maison, un signe quelconque?

et s'il n'y avait aucun signe, que va-t-on penser? que les parents ont fait le ménage chez eux?

laissons les chercher, ils finiront bien par trouver quelque chose :-)


Re: Une affaire pour Burgaud :
[re: i.]

N'importe comment Sarkozy va les ficher à vie!!!;-)

Quand deux CRS, 9 morts et une tournante occupent nos esprits ?


PARIS (AFP), 18h14 - La polémique sur la justice déclenchée par le ministre de l'Intérieur semblait sur le point de retomber vendredi, Nicolas Sarkozy assurant qu'il n'avait "jamais mis en cause les magistrats dans leur ensemble", et Guy Canivet, le plus haut magistrat du siège, souhaitant que "la polémique s'arrête".

Les deux principaux syndicats de magistrats, l'Union syndicale des magistrats (USM) et le Syndicat de la magistrature (SM) ont toutefois indiqué craindre "une récidive" de M. Sarkozy.

Sur RTL, M. Sarkozy a assuré: "Jamais je n'ai mis en cause les magistrats dans leur ensemble".

Au journal de 20h de France 2 du 21 au soir, la polémique des suites aux propos du ministre de l'intérieur, des images extrèmement choquantes avec des gros plans du capitaine des CRS hospitalisé, une tournante à la maternelle... Puis l'annonce dans la presse de l'adoption au Sénat du projet de loi relatif à la prévention de la délinquance.

Ce même journal de 20h donnait aussi la parole à Virginie Madeira ainsi qu'à son père. Son livre, "J'ai menti" est maintenant paru et semble à lui seul constituer une critique assez vive des institutions socio judiciaires. Plus tard, Envoyé spécial était consacré aux enfants de l'injustice.

Ce vote intervient peu après l'annonce des drames familiaux relatifs aux suicides et aux infanticides commis par trois pères.

La polémique avec les juges pourrait maintenant avoir un terme. En effet, le maire sera bientôt le pivot du dispositif de la protection de l'enfance. Dans ce domaine, la qualité de la justice devrait donc changer puisque les principaux acteurs ne seront plus les mêmes.

Si vous n'êtes pas d'accord, faites appel (si toute fois c'est prévu) ou allez vivre ailleurs.


Puis des enquêtes étaient en cours des suites aux troubles urbains de la fin 2005, les responsabilités ne sont toujours pas établies. Dans un proche avenir nous reparlerons certainement de Muhittin, celui des trois jeunes qui a survécu lorsqu'ils se sont réfugiés dans le transfo d'EDF en octobre 2005.


PARIS (AP) - Une réunion se tiendra "dans les jours qui viennent" entre les responsables de la police et de justice sur la lutte contre la délinquance en Seine-Saint-Denis, a annoncé vendredi Nicolas Sarkozy sur RTL.

"Il y aura dans les jours qui viennent une réunion entre le préfet de Seine-Saint-Denis, le directeur général de la police, le directeur des affaires criminelles et des grâces et le président du tribunal de Bobigny pour savoir comment on peut améliorer la situation", a déclaré le ministre de l'Intérieur.

Interrogé sur le risque de nouvelles émeutes dans les banlieues à la suite de ses déclarations sur la "démission" des juges de Bobigny, M. Sarkozy a répondu "absolument pas". AP

egp/ir


PARIS (AP) - Nicolas Sarkozy a déclaré vendredi que seul le jugement des Français comptait après ses déclarations controversées sur la "démission" des juges de Bobigny.


Le Sénat adopte le projet de loi sur la prévention de la délinquance des mineurs
LEMONDE.FR avec AFP • Mis à jour le 21.09.06 | 21h20
Extrait :

En pleine polémique sur les accusations du ministre de l'intérieur sur la "démission" de la justice face aux délinquants en Seine-Saint-Denis, les sénateurs ont adopté, jeudi soir 21 septembre, le projet de loi de Nicolas Sarkozy sur la prévention de la délinquance, qui vise à durcir les sanctions à l'encontre des délinquants mineurs et fait du maire "le pivot" de la politique de prévention dans ce domaine.

Le texte, fermement combattu par la gauche (PS, PCF), a été approuvé en première lecture, avec les voix de l'UMP, de la majorité du groupe UDF et d'une partie des sénateurs radicaux (RDSE). Il doit maintenant poursuivre sa navette à l'Assemblée nationale pour un premier examen.

Salué par Jean-Claude Carle (UMP) comme "novateur" et par Yves Détraigne (UDF) comme "ambitieux mais perfectible", le texte a été dénoncé comme "idéologique et sécuritaire" par la communiste Eliane Assassi et comme "détestable et inutile" par l'orateur PS Jean-Claude Peyronnet."C'est un texte équilibré entre prévention et répression", a estimé le Garde des Sceaux Pascal Clément. Selon le ministre, 107 amendements ont été adoptés, dont 18 UMP, 6 UDF, 6 PS, 1 PCF et 1 RDSE.

"PRÉSENTATION IMMÉDIATE" DES JEUNES DÉLINQUANTS

...


Bobigny : le verdict de l'inspection
LE MONDE | 22.09.06
Extraits :

Deuxième en France pour le nombre d'affaires traitées (plus de 200 000 par an), Bobigny est asphyxié par les procédures pénales et englué dans une pénurie chronique de moyens.

Un vaste audit du tribunal a été réalisé en 2005 par l'inspection générale des services judiciaires.

Bon élève malgré tout de la politique gouvernementale, Bobigny affiche un "taux de réponse pénale" de 83 % en 2005, en plein dans la moyenne nationale.

Mais, chez les magistrats qui affrontent le flot quotidien de la délinquance, "c'est le sauve-qui-peut", confie l'un d'eux, "car les gens travaillent trop, et mal".

PARIS (AP) - Ségolène Royal a dénoncé jeudi soir le "dérapage inadmissible" de Nicolas Sarkozy et sa "mise en cause des magistrats proprement scandaleuse", souhaitant qu'il soit "rappelé à l'ordre" par le président Jacques Chirac et qu'il "rentre dans le rang".

"C'est un dérapage inadmissible", a-t-elle reproché lors de l'émission "Questions d'info" sur "La Chaîne Parlementaire", France-Info et "Le Monde". "Le ministre de l'Intérieur doit être rappelé à l'ordre" par le président, "c'est indispensable", a-t-elle estimé. Si ça ne tenait qu'elle, elle "lui demanderai(t) de présenter immédiatement ses excuses aux autorités judiciaires qui ont été ainsi mises en cause".

Pour autant, la candidate probable à la primaire du PS a estimé que Nicolas Sarkozy "n'a pas porté atteinte à l'indépendance de la justice" et n'est pas allée jusqu'à demander sa démission. "Il faut que le ministre de l'Intérieur rentre dans le rang", "exerce ses tâches" et "que le gouvernement fonctionne correctement", a-t-elle sermonné.

Revenant sur la "forme de démission" reprochée par le ministre aux magistrats de Seine-Saint-Denis, Ségolène Royal a estimé qu'il n'avait "pas à jeter l'anathème sur un service public". "La mise en cause des magistrats est proprement scandaleuse" quand "on connaît la misère de la justice", a-t-elle jugé. Quand il était ministre de l'Economie, "que n'a-t-il pas donné à la justice des moyens pour fonctionner?".

Jacques Chirac "ne peut pas non plus se dédouaner de la situation de misère dans laquelle se trouve la justice", a-t-elle souligné, avant d'insister sur la nécessité de "remettre à niveau le service public". AP

sch/jp

September 21, 2006

Faits, rumeur et crédibilité


PARIS (AP) - "Les Français savent bien que ce que je dis, c'est la vérité", a répondu jeudi le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, très critiqué pour ses déclarations mettant en cause le laxisme des magistrats face à la délinquance.


PARIS (AP) - Dominique de Villepin réunissait jeudi les ministres concernés par les banlieues après l'agression de deux CRS dans le quartier des Tarterêts à Corbeil-Essonnes (Essone) et le rapport du préfet de Seine-Saint-Denis s'inquiétant d'une recrudescence de la délinquance dans son département, a annoncé le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé.

Nicolas Sarkozy (Intérieur), Pascal Clément (Justice) et Jean-Louis Borloo (Affaires sociales) participent à la réunion, a précisé M. Copé. La réunion a débuté à 12h15, a-t-on constaté sur place.

La réunion porte sur "l'ensemble des politiques publiques qu'il convient de mettre en oeuvre" face à la situation dans les banlieues en matière de prévention de la délinquance, d'égalité des chances et de développement économique, selon le porte-parole du gouvernement. AP

egp/mw


PARIS (Reuters), extraits - Guy Canivet, premier président de la Cour de cassation et plus haut magistrat français, a demandé audience au chef de l'Etat après les propos de Nicolas Sarkozy sur la magistrature, qu'il voit comme une "atteinte à l'indépendance de l'autorité judiciaire".

Une telle démarche est sans précédent connu dans l'histoire récente de la justice française.

...
"Une fois de plus, la presse de ce jour rapporte les termes provocants d'une intervention publique du ministre d'Etat, ministre de l'intérieur, mettant en cause le fonctionnement de l'institution judiciaire", écrit Guy Canivet.

"Cette nouvelle atteinte à l'indépendance de l'autorité judiciaire et la polémique qui s'ensuit, opposant les institutions publiques, affaiblissent tout autant le crédit de la justice que l'autorité de l'Etat", ajoute-t-il.

PARIS (Reuters), extraits - Laurent Fabius a estimé que supprimer la police de proximité dans les quartiers difficiles était "une faute grave" à imputer à Nicolas Sarkozy, dont la police en matière de sécurité est un "échec avéré".

"On nous avait expliqué qu'on allait changer tout en matière de sécurité (...) moyennant quoi, trois ans plus tard, la situation s'est aggravée", a-t-il ajouté.


04.10.2003 - Inauguration de l'observatoire de la délinquance
Discours de Monsieur Nicolas SARKOZY Ministre de l'Intérieur, de la Sécurité Intérieure et des Libertés locales

Mesdames et Messieurs,

La question de la crédibilité des statistiques de la délinquance est récurrente. Il semble d'ailleurs qu'elle suscite plus de polémiques lorsque les chiffres sont à la baisse que lorsqu'ils sont à la hausse…


Libé, 21 septembre 2006
La méthode Sarkozy agressée en banlieue

Après le tabassage de CRS et la parution d'un rapport inquiétant, le ministre de l'Intérieur met en cause le travail des juges.

Premier concerné par le rapport du préfet qui remet en cause le fonctionnement de la police, Nicolas Sarkozy est allé hier après-midi à la préfecture, à Bobigny, pour répondre à ses détracteurs. Il s'en est violemment pris à la justice du département de Seine-Saint-Denis, l'accusant de «démission» face aux délinquants, tout en annonçant un renforcement des effectifs de police (300 fonctionnaires supplémentaires en décembre). «Depuis le début de l'année, le nombre d'écroués dans le département est en baisse de 15,5 % devant des délinquants chaque jour plus violents [...] J'aimerais que l'on m'explique comment on empêche un délinquant de récidiver si l'on n'a pas le courage de le mettre en prison», a-t-il ajouté alors que son texte sur la prévention de la délinquance est actuellement débattu au Sénat. Le président du tribunal de Bobigny, Philippe Jeannin, a répliqué dans la soirée que les accusations de Sarkozy témoignaient d'une «méconnaissance de la réalité quotidienne» de sa juridiction et d'un «mépris du travail des magistrats».

Le ministre de l'Intérieur s'est également rendu au chevet d'un des CRS blessés. Il a «garanti» que les auteurs de l'agression des deux CRS seraient arrêtés : «On ira les chercher un par un !»

Ses amis, qui mesurent le mauvais coup porté par la publicité donnée au rapport du préfet, se sont attelés à désigner d'autres responsables de l'insécurité en Seine-Saint-Denis. François Fillon a déclaré que ce département était le «symbole de l'échec» d'une politique menée depuis 20 ans, «et qu'on n'a pas suffisamment corrigée depuis 2002». Patrick Devedjian a expliqué, lui, que «la situation de la délinquance était un héritage». Philippe de Villiers s'est jeté sur l'occasion pour fustiger le «sarkolaxisme», tandis que Jean-Marie Le Pen se félicitait que le préfet de Seine-Saint-Denis «rompe l'omerta».

Dominique de Villepin, jamais mécontent quand son ministre de l'Intérieur se retrouve en difficulté, a, lui, promis d'apporter des réponses «appropriées» pour «mieux anticiper les risques auxquels sont confrontés» certains policiers.

Rumeurs, anti-rumeur et contre-rumeur
Extrait :

À la fin de la seconde guerre mondiale, alors que la psychologie sociale de l’influence faisait ses débuts, dans le giron des unités de guerre psychologique, aux USA, de nombreuses études ont porté sur la rumeur. Dans l’une d’entre elles, maintenant célèbre, on montrait un dessin à un sujet. Ce dessin représentait un wagon du métro de New-York. Parmi les passagers, un Blanc et un Noir se faisaient face. Le Blanc tenait un couteau à la main. Le sujet devait regarder le dessin et le décrire à un autre sujet, qui ne l’avait pas vu. Ce dernier décrivait à son tour ce que le premier sujet lui avait dit à un troisième sujet et ainsi de suite. En moyenne, après sept relais, le couteau avait changé de main : c’était le Noir qui le tenait. Cette expérience illustre bien l’importance du stéréotype dans la construction de la rumeur : il en commande la direction. Dans l’exemple évoqué, la rumeur change de cible du fait d’un stéréotype selon lequel les Noirs sont violents.


PARIS (Reuters) - La mise en cause par Nicolas Sarkozy des magistrats de Bobigny, accusés de laxisme en matière de délinquance des mineurs, a suscité la colère des deux syndicats de magistrats.

"Il est inadmissible que le ministre de l'Intérieur instrumentalise la justice pour cacher ses échecs en matière de délinquance et pour faire passer en force sa nouvelle loi en matière de prévention de la délinquance", a dit à Reuters Dominique Barella, président de l'Union syndicale de la magistrature (USM, majoritaire).

"M. Sarkozy nous montre une nouvelle fois qu'il ne connaît comme réponse à la question de la délinquance que la répression et l'emprisonnement", a dit Côme Jacquemin, dirigeant du Syndicat de la magistrature (SM, gauche)

L'USM dit avoir demandé un rendez-vous au Premier ministre, Dominique de Villepin, "afin qu'il rappelle à l'ensemble des responsables de l'Etat à un peu de mesure".

A la suite d'une lettre du préfet de Seine-Saint-Denis, mettant lui aussi en cause les magistrats, et de l'agression de deux policiers dans l'Essonne mardi soir, Nicolas Sarkozy a critiqué mercredi les juges de Bobigny, qui selon lui n'auraient pas suffisamment recours à l'incarcération.

Dominique Barella estime que ce sont le manque d'effectifs policiers et la paupérisation de la population qui expliquent la hausse de la délinquance en Seine-Saint-Denis.

Les syndicats de magistrats notent que malgré l'adoption depuis 2002 de plusieurs lois réformant la procédure pénale dans un sens plus répressif, les violences aux personnes sont en hausse, si l'on se fonde sur différents outils statistiques.

Les 188 prisons françaises sont en état de surpopulation avec 55.754 détenus au 1er septembre, dont 629 mineurs, rappellent.

Ils soulignent que la philosophie générale de la justice des mineurs est depuis 1945 de faire de la prison un dernier recours. Il est donc légalement difficile, voire impossible d'envoyer en prison de jeunes mineurs, et la détention provisoire (avant jugement définitif) est même illégale en dessous de 16 ans, sauf pour les crimes.

La justice ne ferait donc, aux yeux des syndicats, que son métier en privilégiant des voies alternatives et éducatives. Si elles donnent peu de résultats sur la délinquance, c'est la faute au manque d'effectifs dans les services spécialisés et au manque de place dans les foyers, disent-ils.

L'USM dénonce, par ailleurs, le silence du ministre de la Justice, Pascal Clément, qui aurait dû selon elle réagir aux attaques contre les magistrats.

"Les magistrats n'attendent plus rien de lui, il est sous domination totale de Nicolas Sarkozy. La place Vendôme est devenu le triangle des Bermudes", a ajouté Dominique Barella.


PARIS (AP) - L'Union syndicale des magistrats (USM) a déploré jeudi matin "les propos agressifs du préfet de Seine-Saint-Denis concernant les magistrats du tribunal de Bobigny" et "condamné les déclarations outrancières du ministre de l'Intérieur" Nicolas Sarkozy, "qui, une nouvelle fois, stigmatise la justice et les magistrats".

"En critiquant les institutions de la République le ministre de l'Intérieur affaiblit l'efficacité de l'Etat", a souligné le bureau du syndicat dans un communiqué. "L'USM regrette une fois encore que les défaillances de l'Etat aboutissent à des tensions entre services et à des mises en cause injustifiées".

"M. Sarkozy nous montre une fois de plus qu'il ne connaît comme réponse à la délinquance que la répression et en particulier l'incarcération", a également regretté Côme Jacquemin du Syndicat de la magistrature (SM).

Selon l'USM, "le tribunal de Bobigny est un des plus chargés de France et les magistrats y travaillent sous la tension et l'agressivité permanente".

L'USM en appelle au Premier ministre Dominique de Villepin souhaitant qu'il "rappelle aux préfets qu'il est indispensable que les responsables locaux de l'Etat travaillent en coordination et non dans le cadre d'oppositions stériles".

Mercredi, lors d'un déplacement à la préfecture de Bobigny, Nicolas Sarkozy avait réagi au cri d'alarme du préfet de Seine-Saint-Denis Jean-François Cordet sur une recrudescence de la délinquance, avait critiqué les magistrats de Bobigny, notamment ceux en charge des mineurs, accusés de laxisme.

Les forces de police "ne peuvent pas à elles seules obtenir les résultats que les habitants de la Seine-Saint-Denis sont en droit d'attendre si derrière, tant de délinquants sont remis en liberté et si tant de faiblesse est manifestée à l'endroit de multirécidivistes et de mineurs qui n'ont de mineurs que le nom", avait dénoncé le ministre de l'Intérieur. "De telles décisions sont anormales parce qu'elles témoignent d'une forme de démission devant des délinquants chaque jour plus violents".

"Depuis le début de l'année, le nombre d'écroués sur le département est en baisse de 15,50%", avait expliqué M. Sarkozy. "Cela veut dire qu'un mineur interpellé pour 14 vols à la portière peut être remis en liberté et commettre à la sortie du tribunal ses quinzième et seizième vols à la portière". AP

der/sb

May 13, 2006

2006, la confusion entre le risque et le danger

En 2003 270 000 enfants (dont 110 000 placés) bénéficiaient de mesures d'assistace éducative. Des notions de "risque" puis de "trouble de la conduite" ont été introduits au cours de 2005.



May 12, 2006

Les rapts de l'assistance publique, une image qui colle


PARIS (AP), lundi 8 mai 2006, extrait - Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a fait part de son "horreur" lundi soir dans un communiqué au sujet de la mort de la petite Madison et du petit Mathias.

Pour lui, ces "événements douloureux confirment la nécessité de renforcer notre dispositif de protection de l'enfance afin de garantir à tous les enfants et à tous les parents la sécurité à laquelle ils ont droit".


Une très triste confusion entre une multitude de situations au 20h de France 2 du 11 mai, de quoi faire bondir certaines familles qui ont été purement et simplement spoliées de tous leurs droits :




Pour une bonne entrée en matière, ignorer les portails lumineux de l'assistance publique et du ministère de la justice, commander le Société Civile n°43.

De nos jours, sur certains dossiers, l'institution travaillerait plutôt comme au 18ième siècle, kidnappe les momes et ne les rend pas.


Un article du 11 mai du Monde tend à légitimer ces rapts et raffles de mineurs d'une autre ère, extrait :

Les difficultés d'insertion des jeunes s'aggravent en France, selon l'Insee
LE MONDE | 11.05.06 | 17h22

RISQUE D'INSTABILITÉ ACCRU

Une autre étude démontre le poids prépondérant des origines socioculturelles dans l'accès à l'emploi. L'insertion est "plus lente et difficile" pour les enfants d'ouvriers, les jeunes issus de l'immigration extra-européenne ou les "individus confrontés dans leur enfance à diverses difficultés sociales ou familiales", dont le chômage des parents, les problèmes de santé, etc. Le risque de non-emploi est accru de 30 % lorsqu'un parent a connu le chômage de longue durée. Et le cumul de ces "événements précarisants", fréquent selon les auteurs de cette recherche, aggrave le risque d'instabilité.

December 26, 2005

Pas de victime mais un coupable

Libération, le 26 décembre 2005
Carnets de justice
«C'est dingue, Outreau ne leur a pas servi de leçon !»
Par Dominique SIMONNOT, extrait :

Le délit reproché à Hacène est étrange : «une agression sexuelle avec violence sur une victime non identifiée». Dans le métro, Hacène, un homme mûr, a été dénoncé aux policiers par une femme. Il aurait mis la main aux fesses d'une jeune fille et aurait sorti un couteau. La femme n'est pas là, la jeune fille n'a pas été retrouvée. Il n'y a aucune trace de plainte. «Vous contestez toujours ?» demande le président. Hacène roule des yeux : «C'était à Châtelet. Il y avait beaucoup de monde. En descendant de la rame, la dame me frappe involontairement. J'ai dit "enfin, madame !". Elle m'a insulté, elle s'arrêtait plus ! Alors, je l'ai poussée. C'est tout. Mais je n'ai pas été violent...» Le président fait la grimace : «Ce n'est pas ce qu'elle dit. Selon elle, dans la file d'attente au guichet, vous avez mis la main aux fesses d'une jeune fille et, comme elle vous disait "ça va pas !" vous avez sorti ce couteau ! La jeune fille a fait un bond et s'est enfuie avec son amie ! Alors ?» «Pas du tout !» proteste Hacène. Le juge s'agace : «Devant les policiers, vous avez reconnu ! Alors, monsieur, oui ou non, vous reconnaissez les faits ?» «J'ai mis les mains sur personne et je n'ai pas sorti de couteau !» jure Hacène.

Le juge lève les yeux au ciel : «Vous avez été vu par un psychiatre. Il dit que vous ne présentez aucune anomalie psychique, mais que vous êtes un psychopathe pervers...» Il lit : «Vous êtes commerçant, vous gagnez 4 800 euros par mois et... Ah ! Je vois que vous êtes sous anxiolytiques et que vous consultez un psychiatre... Il y a bien quelque chose !» «Une dépression», dit Hacène. Le juge s'arrête tout à coup : «C'est embêtant. On n'a pas le casier... Bon, je me demande s'il ne vaut mieux pas renvoyer et ordonner une expertise psychiatrique. A vous, monsieur le procureur.» Le procureur est un jeune à la voix nasillarde : «Les faits sont graves, commis sur une victime de 16 ans avec un couteau, parce que cette jeune fille se refusait à lui. C'est un comportement extrêmement dangereux !» Un avocat chuchote : «Je rêve ! Cette fille, on ne sait même pas si elle existe.» Le procureur : «Cet individu est dangereux. D'ailleurs, l'expert nous dit qu'il s'agit d'un psychopathe pervers. Il y a donc un risque de récidive.» Il réclame la détention provisoire. L'avocat se prend la tête entre les mains : «C'est dingue. Il y a quinze jours, ils étaient tous à genoux devant les mecs d'Outreau. Cela ne leur a pas servi de leçon !» Contrôle judiciaire en attendant le jugement, expertise ordonnée. «Je demande toutes mes excuses à la justice», dit Hacène.

December 15, 2005

Inquiets, les magistrats doutent et s'interrogent

Inquiets, les magistrats doutent et s'interrogent sur l'après-Outreau
LE MONDE, 15.12.05, extraits :

près la catastrophe judiciaire d'Outreau, les juges n'en finissent pas de s'interroger : comment cela a-t-il pu arriver, alors que chacun a observé la loi, respecté la procédure, avec le sentiment d'avoir sérieusement fait son travail ? "Les collègues sont traumatisés et tiennent des discours de grands dépressifs. Tout le monde se dit à présent : pourvu que cela ne me tombe pas dessus", résume un magistrat de la cour d'appel de Paris.

Certains ont fait part de leur envie de démissionner. Beaucoup suggèrent des réformes, sans illusion. La plupart aimeraient s'expliquer mais demeurent sur la réserve. La hiérarchie judiciaire conseille de faire le gros dos : toute parole publique apparaîtrait comme une tentative déplacée d'autojustification.

D'un autre côté, l'occasion de parler, enfin, se présente : "Nous n'avons rien à cacher : nous voulons nous expliquer devant l'opinion sur le fonctionnement du système judiciaire", indique une magistrate de la cour d'appel de Douai. Les auditions, cependant, se tiendront à huis clos, sauf exceptions. Les juges espèrent également ne pas être les seuls convoqués. Des policiers aux avocats, tous doivent selon eux prendre leur part. Le sentiment dominant est celui d'avoir été désignés comme des boucs émissaires.

Les magistrats expriment aussi un profond ras-le-bol. Ils entendent le reproche d'avoir "sacralisé" la parole des enfants dans les affaires de pédophilie : "Oui, nous sommes responsables de ne pas avoir résisté à ceux qui souhaitent ériger la détention provisoire en principe de précaution (et) à la pression des associations de défense de l'enfant qui se constituent partie civile", a écrit le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), Dominique Barella.

"Sous la pression gestionnaire, l'acte de juger se réduit comme une peau de chagrin, la justice devient une justice du copié/collé, les gens, l'humain, y ont de moins en moins leur place", dénonce Philippe Chaillou, président de la chambre des mineurs à la cour d'appel de Paris.

Les syndicats de magistrats réclament de longue date que les décisions relatives aux libertés soient collégiales, ce que la chancellerie a toujours refusé, faute de moyens. "L'affaire d'Outreau a fait la démonstration de l'importance du débat judiciaire, public et contradictoire, de la collégialité et des voies de recours. Au contraire, la politique actuellement menée développe les procédures expéditives", regrette le Syndicat de la magistrature (SM, gauche).

La rupture avec les avocats, qui s'exprime vivement dans la crise actuelle, accroît le pessimisme.

Si j'ai bien compris, les juges donnent le sens du juste et veillent à respecter le principe du contradictoire. Mais qui vérifie ce qui est versé au dossier et ce sur quoi se fonde l'affaire ?

Je constate que les services de l'aide sociale à l'enfance ne sont pas cités dans cet article or, selon une précédente dépèche, une stagiaire de l'ASE aurait reccueilli les premiers témoignages des enfants... Il s'agit très probablement un oubli de l'auteur de l'article.


Mémoire et histoire, examen critique ou repentance : le débat fait désormais rage
LE MONDE, 13.12.05, extrait :

Plusieurs semaines d'introspection ont fait resurgir à droite, sous la pression de l'extrême droite, une allergie à la "repentance" qui était déjà apparue lors du procès Papon, à l'automne 1997. "Finira-t-on, un jour prochain, par s'excuser d'être français ?", s'est interrogé Nicolas Sarkozy dans le Journal du dimanche du 11 décembre. Evoquant "une tendance irrépressible à la repentance systématique", le président de l'UMP estime "que notre société est menacée d'une funeste inclination au reniement de soi". Valéry Giscard d'Estaing a tenu le même langage, dimanche, lors du "Grand Rendez-vous" d'Europe 1/TV5. Jugeant "pitoyable" et "ridicule" la "non-commémoration" du bicentenaire de la bataille d'Austerlitz — "Je l'aurais célébré et, à mon avis, de Gaulle aussi" —, l'ancien chef de l'Etat a déploré "des attaques antifrançaises lassantes par leur répétition". Et "VGE" de citer en exemple le débat sur l'esclavage (rétabli par Napoléon en 1802) : "Nous faisons croire que les Français étaient des esclavagistes forcenés."


PARIS, 21 juil (AFP) - Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé dimanche, dans la lignée de Jacques Chirac en 1995 et de Lionel Jospin en 1997, la responsabilité de l'Etat français dans les rafles de juifs et promis que tout serait fait pour "que cessent les agressions" à leur encontre.

Face à un millier de personnes, il célébrait, au côté de la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie et du secrétaire d'Etat aux Anciens combattants Hamlaoui Mekachera, le 60e anniversaire de la rafle du Vél d'hiver des 16 et 17 juillet 1942.

Au cours de ces deux journées, 13.152 hommes, femmes et enfants furent arrêtés à leur domicile par des policiers et gendarmes français et rassemblés au Vélodrome d'hiver avant d'être déportés vers les camps de la mort.

En 1995, M. Chirac avait évoqué "la folie criminelle de l'occupant" qui avait été "secondée par des Français, par l'Etat français". En 1997, Lionel Jospin avait mis en évidence que cette rafle de juillet 1942 avait été "décidée, planifiée et réalisée par des Français".

Dimanche, Jean-Pierre Raffarin a enfoncé le clou: "le Vel d'Hiv, Drancy, Compiègne et tous les camps de transit, ces antichambres de la mort, ont été organisés, gérés, gardés par des Français. Oui le premier acte de la Shoah s'est joué ici, avec la complicité de l'Etat français". Pour lui, ce dernier, "en organisant ces rafles systématiques (...) trahissait les principes fondateurs de notre nation".

December 6, 2005

La fillette était chez un camarade

LYON (Reuters), 4 décembre 2005 - Une fillette de 10 ans disparue samedi à Montluçon (Allier) et rentrée chez elle dans la soirée n'a pas fait l'objet d'un enlèvement, a déclaré le procureur de la République de la ville.

"La fillette a passé l'après-midi et la soirée chez la mère d'un camarade sans que ses propres parents n'en soient avertis", a dit à Reuters le procureur Philippe Toccanier.

France-Line avait l'habitude de rentrer de l'école en bus. Samedi à 13 heures, elle a suivi un camarade qui rentrait chez lui en voiture avec son père. Elle a abandonné son cartable au bas d'un immeuble, un élément qui a inquiété les enquêteurs et les a fait envisager la thèse de l'enlèvement.

Le père du garçon a conduit les deux enfants chez son ex-femme, la mère du garçon. Les deux enfants ont passé l'après-midi à jouer, à goûter. Les deux familles ne se connaissaient pas. Après le dîner, la fillette a demandé à rentrer chez elle et a été raccompagnée par le concubin de la mère qui se trouvait dans un état d'ébriété avancé.

"Cette thèse est plausible dans la mesure où elle a été relatée par la fillette ainsi que par deux adultes entendus", a estimé le Procureur de la République. D'après les examens médicaux pratiqués dans la nuit, France-Line n'a pas été l'objet de violences, ni physiques ni sexuelles.

Les parents du garçonnet et le concubin de la mère ont été mis en garde à vue. Le parquet de Montluçon étudie l'éventualité de poursuites pour "soustraction de mineur de moins de quinze ans", un délit passible de cinq ans d'emprisonnement.

Des témoins avaient vu un homme d'une cinquantaine d'années faisant monter à bord d'une Renault immatriculée dans les Alpes-Maritimes une fillette correspondant au signalement de France-Line. Cet homme a été retrouvé et mis hors de cause.

Le procureur s'est félicité néanmoins de l'efficacité d'une nouvelle technique appliquée en France de recherche d'enfants disparus qui consiste à médiatiser vite et fortement toute disparition suspecte. "Nous avons eu de nombreux retours immédiats et précis", a indiqué le magistrat.

December 3, 2005

Alerte au risques de pédophilie

Outreau, la société face à ses dérives, par Pascale Robert-Diard
LE MONDE, 01.12.05, extraits

Emportée dans la tourmente d'Outreau, Karine Duchochois a dû attendre le verdict de Saint-Omer pour qu'on lui reconnaisse une innocence qu'elle n'avait cessé de crier pendant trois ans. Devant la cour, elle a simplement dit que le magistrat instructeur, Fabrice Burgaud, "n'a pas su écouter les gens, parce qu'il cherchait des coupables, pas des innocents".

Le réquisitoire historique prononcé, mercredi 30 novembre, par Yves Jannier en faveur de l'acquittement des six accusés, et les "regrets" solennellement exprimés à leur encontre par le procureur général de Paris, Yves Bot, ont confirmé qu'il n'est en effet "jamais trop tard pour que la justice démontre qu'elle existe", comme l'avait annoncé, dès le 23 novembre, Yves Jannier.

"DICTATURE DE L'ÉMOTION"

[...]. Les dérives d'Outreau doivent nécessairement conduire à nous interroger. Elles sont aussi les nôtres. Existe-t-il aujourd'hui une rumeur plus simple à colporter et plus difficile à contrer que celle de pédophilie ? Un frisson collectif plus facile à susciter ? Comment ne pas voir qu'à chaque fois que l'affaire d'Outreau s'emballait aucun des verrous ne lui résistait ?

Quand les mêmes enfants accréditeront la folle histoire du viol et du meurtre d'une petite fille belge, inventée par Daniel Legrand, le même observera : "Cela paraissait difficilement crédible, mais eu égard à ce qu'avaient raconté les enfants sur les ignominies qu'ils avaient subies, on n'était plus à ça près." Et là encore, il s'était dit : "Pourquoi pas ?"

A la même barre de la cour d'assises, les assistantes maternelles ont souvent fait figure d'accusées.

La remarque vaut aussi pour les assistantes sociales, qui se sont vu reprocher d'avoir tronqué la parole des enfants, et de l'avoir en quelque sorte démultipliée. Mais c'est oublier un peu vite les multiples procédures dans lesquelles les mêmes sont dénoncées comme fautives pour ne pas avoir alerté assez tôt sur des suspicions de violences sexuelles.

A l'heure où chacun s'émeut à juste titre du sort que la justice a trop longtemps réservé aux accusés d'Outreau, on ne résiste pas à raconter une anecdote. C'était il y a deux semaines, dans une école maternelle du 5e arrondissement de Paris. Les parents avaient été conviés à une réunion en vue de la préparation d'une "classe découverte" de quelques jours pour laquelle l'école sollicitait quelques accompagnateurs.

Une mère a pris la parole pour fixer une condition. "Je souhaite, a-t-elle dit, qu'aucun père n'accompagne les enfants." Au directeur qui lui en demandait les raisons, elle a indiqué sans l'ombre d'une hésitation : "A cause des risques de pédophilie".

L'article cite le livre suivant qui a fait l'objet d'une critique sur Lien-Social ainsi que sur alapage.com :

DICTATURE DE L'EMOTION,
LA PROTECTION DE L'ENFANT ET SES DERIVES
Florence Rault et Paul Bensussan

Editeur(s) : Belfond
Date de Parution : 07/03/2002
ISBN : 2714438865
EAN : 9782714438867

November 4, 2005

« Il faut retrouver le sens des mots »

PARIS (AP), le 3 novembre 2005 - "Je ne comprends pas cette polémique", a déclaré jeudi soir Nicolas Sarkozy au sujet de la tempête déclenchée par ses propos lors de visites en banlieue parisienne.

"Ce qui est extraordinaire, c'est de se préoccuper des mots et pas des maux", a déclaré le ministre de l'Intérieur sur i-télé. "Ça fait trop longtemps que les hommes politiques ne décrivent pas avec les mots les vraies situations, qu'il y a un décalage entre la vie virtuelle et la vie réelle".

Pour Nicolas Sarkozy, "il faut retrouver le sens des mots, retrouver la volonté du débat d'idées et assumer ses choix". "Je suis quelqu'un d'authentique", a-t-il assuré, "je dis ce que je pense, je pense ce que je dis et je fais ce que je dis". AP

Le Monde, le 3 novembre 2005

Selon les premiers résultats de l'enquête administrative rendus publics, jeudi 3 novembre, un policier avait prévenu ses collègues par radio du risque que deux adolescents qu'il venait d'apercevoir trouvent refuge dans le transformateur EDF où Zyed et Bouna sont morts électrocutés, le 27 octobre, à Clichy-sous-Bois.

"DEUX INDIVIDUS EN TRAIN D'ENJAMBER UN MUR"

Aussitôt ces éléments connus, mercredi soir, l'Inspection générale des services (IGS) a recommencé à interroger les policiers ayant participé à l'opération. Le ministère de l'intérieur, précisant avoir souhaité la publicité de l'enquête administrative "par souci de transparence", a refusé de commenter plus avant ce rapport, se limitant à préciser qu'en l'état actuel des investigations,"aucune sanction n'avait été prise" contre les policiers.

November 3, 2005

Tolérance zéro

Libération, le 19 juillet 2005
Tolérance zéro sans limite d'âge en Californie
Par Emmanuelle RICHARD, extraits :

En voyant débouler trois voitures de police et un hélicoptère, un quartier défavorisé de Fresno, dans la vallée agricole de Californie, a cru à une opération antigang. Au lieu de cela, la police est repartie avec une fillette hispanique joufflue, âgée de 11 ans.

Menottée, visiblement apeurée, elle était arrêtée pour avoir lancé une pierre sur un voisin de 9 ans qui l'attaquait à coups de bombe à eau.

Aujourd'hui, près de trois mois après l'incident, la jeune Maribel Cuevas se retrouve inculpée d'attaque avec une arme mortelle : un crime sérieux qui conduit à un jugement au pénal.

L'affaire est en passe de devenir le symbole des excès de la tolérance zéro des autorités américaines.

Los Angeles correspondance.


PARIS (AFP) 3 novembre 2005 - Le gouvernement français apparaissait jeudi impuissant à mettre un terme à la flambée de violences sans précédent ces dernières années dans des banlieues pauvres et à forte population d'origine immigrée près de Paris, théâtres d'une septième nuit d'émeutes.

Le Premier ministre Dominique de Villepin a réuni jeudi matin ses principaux ministres, dont celui de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, et des maires de villes "sensibles" autour de la capitale.

Les appels à "l'apaisement", lancés mercredi par le président Jacques Chirac et les efforts des responsables locaux, notamment des éducateurs souvent d'origine immigrée, surnommés "les grands frères", pour ramener le calme sont tombés dans le vide dans plusieurs cités déshéritées.

Des quartiers, situés à dix minutes en métro de Paris, qui comptent parmi les plus pauvres de France, là où le chômage et l'échec scolaire ont explosé, et où les jeunes Français, originaires pour beaucoup du Maghreb et d'Afrique, se sentent exclus, se sont de nouveau embrasés dans la nuit de mercredi à jeudi.

Des groupes de jeunes gens cagoulés, armés de pavés et de cocktails molotov ont affronté les policiers anti-émeutes notamment dans le département de Seine-Saint-Denis (nord de Paris).

Dans ce seul département, les émeutiers ont incendié 177 véhicules. Signe d'une escalade, la police a recensé quatre tirs à balles réelles, qui n'ont pas fait de blessés, contre la police et les pompiers.

Neuf personnes ont été blessées, dont un pompier brûlé au deuxième degré au visage par un cocktail Molotov.

Une concession automobile Renault a été incendiée, de même que deux écoles primaires, un gymnase, et des émeutiers ont aussi saccagé un poste de police, qui était fermé, et attaqué des commerces.

Selon la police, des jeunes âgés de seulement 10 à 12 ans ont été aperçus dans les rues lors de ces violences.

La situation était en revanche redevenue plus calme dans la ville de Clichy-sous-Bois, "berceau" de ces émeutes.

Les violences avaient démarré le 27 octobre après la mort accidentelle de deux jeunes de 15 et 17 ans, qui s'étaient réfugiés dans un transformateur électrique croyant être poursuivis par la police, à tort selon les autorités.

Les familles de Zyed Benna et Bouna Traore, d'origine tunisienne et malienne, ont porté plainte contre X pour non assistance à personne en danger.

Le ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo a prôné jeudi "la fermeté" mais estimé que les autorités devaient aussi avoir "la main tendue".

Mais des jeunes ont promis de poursuivre la "guerre" contre la police.

"Cela va peut-être leur faire comprendre, aux gens du gouvernement", a lancé un jeune de 23 ans durant la nuit. "C'est que le début", dit un autre, "ça va continuer jusqu'à ce que Sarkozy démissionne!"

Le ministre de l'Intérieur, président du parti majoritaire UMP et candidat déclaré à la présidentielle de 2007, apparaissait isolé par les critiques, y compris venant de son propre camp, qui l'accusent d'avoir jeté de l'huile sur le feu par ses déclarations martiales contre la "racaille" de banlieue.

En visite privée à Paris, le président du Sénégal Abdoulaye Wade a déclaré qu'il fallait "casser les ghettos et intégrer les Africains qui demandent à être intégrés".

Des sociologues ont en effet jugé que ces émeutes témoignaient plus globalement de l'échec depuis 25 ans des différentes politiques de la ville et des "ratés" de l'intégration.

Les gouvernement successifs ont laissé se former des banlieues-ghettos -la France compte 750 zones urbaines "sensibles"- où les jeunes Français souvent d'origine immigrée sont exclus du marché de l'emploi, et perçoivent tout ce qui est extérieur à la "cité" -police, pompiers, services de l'Etat- comme des "ennemis".


Voir également :

Punir les pauvres par Loïc Wacquant

A propos de Punir les pauvres, une critique de Champ Pénal

Monde diplomatique de février 2001
Dossier : "L'obsession sécuritaire"
Envahissants experts de la tolérance zéro

VINGT ans de politique de la ville, élaborée sur fond de décentralisation au rythme des échéances électorales, ont accouché d’une nouvelle figure : l’expert en sécurité. Depuis le retour de la gauche au pouvoir en 1997, une poignée de ces experts multiplient les interventions médiatiques et disséminent leurs idées dans un nombre croissant d’instances et d’ouvrages. Naguère inconnus du public, ils s’imposent comme les analystes des « désordres urbains » et éclipsent les « spécialistes des banlieues » promus dans les années 1980. Ces derniers tentaient d’analyser un problème politique, économique et social, dont il fallait chercher les causes avant d’y remédier.

L’« expert » balaye les causes et propose une approche gestionnaire des effets : à la question de la situation économique et sociale des quartiers populaires, il substitue celle de la « lutte contre la violence urbaine ».

September 12, 2005

A en vomir


L'histoire d'Alain telle que décrite par Libération est à en vomir, dans le prolongement du texte de l'Express, ces « jeunes perdus sans collier, » et de l'interview récent d'Alain Bentolila présenté sur le site du Défenseur des Enfants (voir aussi « l'école à la dérive »).

On comprend à la lecture de l'article de Libération que les sujets de la protection de l'enfance et plus généralement de l'aide aux familles et aux plus vulnérables soient tabous.

On comprend également pourquoi Sarkozy écarte le CNDS lorsque la police fait le ménage au pied des tours et dans nos villes.

La médiatisation récente des incendies criminels d'immeubles en région parisienne qui a fait suite à ceux d'épuration dans les cités a fait des émules...


L'incendie récent de l'immeuble HLM de L'Häy-les-Roses (Val-de-Marne) a rappellé que fumer et enfumer tue et, dans ce village, ils ont règlé leurs comptes à coup de barre de fer :

Enfant de l'assistance[1], Alain est sous tutelle, invalide à 80 %[2]. A 38 ans, il ne sait pas vraiment lire, ni compter. Cela fait maintenant quinze ans qu'il habite le village avec Marinette Belloeil, qu'il appelle «maman». Marinette n'est pas administrativement sa mère adoptive, elle l'a recueilli à 3 mois. Devant la haine exacerbée du village, elle a lancé la procédure d'adoption.

Au village, c'est devenu un jeu. Quand ils le voient, les gens se moquent de lui, l'excitent. «Il a pourtant juste besoin d'être un peu considéré, qu'on lui parle d'humain à humain[3]. Il ne connaît pas les codes sociaux[4], tempère Lionel Julien, seul conseiller municipal d'opposition. Ce n'est pas un demeuré[5], mais il n'a pas l'intelligence des situations. Il est naïf et ne comprend pas que la scierie puisse faire du feu et pas lui[6].»


Libération, le 12 septembre 2005
Par Nicolas DE LA CASINIERE


[1] L'assistance, précédemment la DDASS, aujourd'hui l'aide sociale à l'enfance - de ces professionnels qui interviennent (enquêtes, mesures, propositions de mesures aux institutions judiciaires, suivi des situations, ...) lorsque les familles rencontrent des difficultés. Audrey, 18 ans, la plus grande des quatres filles impliquée dans l'incendie de l'immeuble HLM de L'Häy-les-Roses réside dans un foyer de l'enfance - en d'autres termes, l'assistance - des Hauts-de-Seine, mais traîne dans le Val-de-Marne au pied de la tour aujourd'hui sinistrée ; les faits reprochés à ces quatres jeunes filles peuvent être réprimés par la réclusion criminelle à perpétuité pour la majeure, et 20 ans d'emprisonnement pour les mineures.

[2] Invalide à 80% pourrait être la solution pour certains momes de la rue. Il resterait aux autorités d'une autre ère à trouver dans quel genre de getho les rassembler puis, une fois contenus en ces lieux, d'imaginer quoi faire d'eux...

[3] Comme n'importe quel être humain, capable d'éprouver des sentiments et des émotions.

[4] Ce qui est aussi le cas d'environ 100 000 jeunes qui font « tâche dans les rues. »

[5] Ne pas avoir appris les codes sociaux ne fait pas d'une personne un demeuré. On ne peut pas conclure qu'une personne n'est pas intelligente parce qu'elle ne connait pas les codes que nous souhaiterions qu'elle ait acquise.

[6] L'incivisme, le manque de respect ou le manque de capacités de discernement tue. Fumer tue et enfumer également, le drame de l'immeuble HLM de L'Häy-les-Roses en est une preuve irréfutable. Selon les actes, les intentions et les conséquences, « faire du feu » ou simplement de la fumée est un acte criminel. En l'absence de normes les lambris d'un plafond d'un lieu commun, les peintures et accessoires d'une cage d'escalier n'ont pas à être pare-feu, retardateurs d'incendie ou exempts de composants toxiques.


Dans la nuit du 26 juillet, à Maillé (Vendée), un petit village en plein Marais poitevin, un habitant a copieusement assaisonné à coups de barre de fer puis frappé au sol Alain Billault, dit Linlin, jusqu'à ce que les gyrophares des gendarmes arrêtent sa fureur. Tout cela devant deux voisins qui regardaient, la fourche à la main. Après ce passage à tabac entre voisins, l'ambulance a emporté une victime, la rate éclatée, le bras en hématome, les dents cassées, une cheville tuméfiée.

Pétitions. Linlin, c'est un peu le «simplet du village». Mais un «simplet» que le village déteste. Car, aussitôt l'affaire connue, un comité de soutien à l'agresseur s'est créé. Mené par le maire, Laurent Joyeux, contrôleur laitier à la retraite. Sans états d'âme, celui-ci défend l'agresseur : «Débordé par l'exaspération, il a fini par disjoncter.» Puis ajoute : «Il faut le protéger, lui et sa famille, tant que Billault ne respecte pas les règles de vie. Il rôde tous les soirs, à observer les étoiles qu'il dit. S'il continue avec son petit côté provocateur, je ne réponds de rien. Pensez : il a même attaché son cheval aux portes de l'église et au monument aux morts.»



Sophie Mamousseau avait été poursuivie outre-atlantique pour "rétention illicite internationale", après avoir quitté les Etats-Unis en 2003 avec sa fille, Charlotte. La cour d'appel d'Aix puis la cour de cassation a confirmé que l'enfant devait rejoindre son père domicilié à New York en vertu de la convention de la Haye sur les enlèvements internationaux d'enfants. Sophie Mamousseau a également un comité de soutien aux Adrets-De-l'Esterel où le retour de Charlotte est attendu.

Femme Actuelle N°1093 du 5 au 11 septembre 2005 consacre un article à l'affaire après qu'un Juge aux Affaires Familiales de Draguignan ait ordonné le retour de Charlotte: « Sa maman nous confie son calvaire et ses espoirs. »


Libération, 16 septembre 2005
Un mois de prison avec sursis pour « Linlin »
Extraits : Il était poursuivi pour des nuisances sonores. L'interdiction de paraître dans la commune, requise par la procureure, n'a pas été prononcée. Alain Billault ignore toutefois encore s'il pourra remettre les pieds dans son village. En attendant, il est toujours à l'hôpital.