June 2, 2007

« On ne touche pas aux professionnels »


PARIS (AFP), 2 juin, 18h48 - Cinq personnes dont un policier, deux employés de la préfecture de police de Paris (PP) et un responsable associatif, ont été mis en examen depuis vendredi pour un trafic présumé de titres de séjour dans lequel le directeur de la police générale de la PP a été entendu.

Parmi les personnes mises en examen, un commandant de police du service de protection des hautes personnalités (SPHP) et son ex-compagne, employée au bureau des affaires réservées de la préfecture de police de Paris, sont poursuivis pour "corruption passive, délivrance indue de documents administratifs et titres de séjours, faux et usage de faux".


Le Monde - Un rapport dénonce un "climat d'insécurité permanent" en Seine-Saint-Denis
Les auteurs évoquent une "césure" entre la police et la population dans le département. Ségolène Royal a affirmé samedi que le rapport avait été "caché".

PARIS (AFP) - Un syndicat de magistrats et un autre d'avocats, tous deux marqués à gauche, et la Ligue des droits de l'homme (LDH) ont dénoncé dans un rapport publié jeudi l'absence de suites judiciaires ou même disciplinaires à la plupart des interventions policières abusives.

Notre but est d'informer la population sur une réalité sociale qui est dangereuse", a expliqué Jean-Pierre Dubois, le président de la LDH, en présentant le rapport d'activité bisannuel (2004-2006) de la "commission nationale Citoyens-Police-Justice".


PARIS (Reuters) - La ministre de la Justice a loué le travail effectué par les éducateurs auprès des mineurs délinquants. "Je m'appuierai beaucoup sur le personnel éducatif, sur les éducateurs qui font un excellent travail et auxquels je veux rendre hommage", a-t-elle déclaré.

Jacques Chirac, voir au 27 juin 2006 : « Il y a donc un vrai problème et je souhaite que le gouvernement et le ministre de l'Intérieur puissent prendre les dispositions nécessaires pour permettre l'action de prévention, d'accompagnement, notamment grâce à l'action admirable de tous les éducateurs sociaux que nous avons et, de sanctions qui soient réellement dissuasives à l'égard de ces jeunes, lorsqu'il y a acte de violence extrême ou récidive. »

PARIS (AP) - Le ministre de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo a "un rêve" pour les 100 à 150.000 jeunes en marge de l'école et du monde du travail. (...) "Là, j'ai un rêve. Je pense que je pourrai vous en parler d'ici quelques semaines", a ajouté Jean-Louis Borloo en refusant de donner plus de précisions.

PARIS (AFP) - Un magistrat parisien, en état d'ébriété, a agressé des policiers avec une épée de franc-maçon, avant d'être assommé à l'aide d'un flash-ball, a-t-on appris de source judiciaire.

PARIS (AFP) - Vincent Lamanda, nouveau Premier président de la Cour de cassation installé dans ses fonctions mercredi, a appelé les magistrats à ne pas douter d'eux-mêmes dans un contexte, après l'affaire Outreau, où la Justice a été "malmenée" et "accusée de faire injure à la Justice".

MARSEILLE (AFP) - Une petite fille de huit ans et ses parents originaires de l'ex-URSS, sous le coup d'une mesure d'expulsion, ont passé deux nuits dans un centre de rétention de Marseille avant d'être libérés jeudi par un juge des libertés et de la détention (JLD) qui a qualifié leur interpellation de "douteuse", a indiqué leur avocate à l'AFP.

(...) Selon l'avocate, cette interpellation faisait suite à une "dénonciation anonyme" particulièrement précise puisque l'informateur avait communiqué l'état-civil complet de la famille (identité avec orthographe précise, lieu et date de naissance) ainsi que l'adresse et le numéro de chambre de leur hôtel. Des éléments a priori connus des seuls services de la préfecture, a souligné l'avocate.

Le centre de rétention du Canet avait été averti de leur arrivée dès le 25 mai alors que cet appel anonyme date du 28 mai, s'est indignée l'avocate.

"La mobilisation autour de cette famille à Toulouse est sans aucun doute l'une des raisons pour lesquelles la préfecture a provoqué leur transfert à Marseille", a souligné Me Léonard.

Bruno Palier, chercheur, revient sur les projets de réforme de la Sécu: « Les patients devront attendre avant d'aller se faire soigner »
Libé, le 31 mai 2007

Le trou de la Sécu, qui revient juste après l'élection... Est-ce une simple coïncidence ?

J'avais été étonné, ces dernières semaines, par les affirmations selon lesquelles tout allait bien, que le plan de Philippe Douste-Blazy de 2004 sur la réforme de l'assurance maladie avait tout réglé. On nous annonçait, certes, un léger déficit. Mais on nous répétait que l'on était dans une dynamique d'équilibre. C'était avant l'élection. Et maintenant, donc, changement de discours. Le déficit était... sous-estimé, et il faut accroître son calcul de deux milliards d'euros. Soit dit en passant, j'étais aussi surpris que les médias reprennent, les yeux fermés, le discours officiel en le légitimant complètement.

(...) Quand vous regardez la forte progression des dépenses, qui est responsable ? Ce n'est pas le patient car ce n'est pas lui qui prescrit, c'est le médecin. La seule responsabilité du patient est d'aller voir le médecin. Ensuite, c'est le médecin qui décide. Or que fait-on ? On ne touche pas aux professionnels de santé. On sait très bien pourquoi : c'est la clientèle électorale du gouvernement. On peut se poser toutes les questions imaginables, mais si on ne touche pas aux modes de rémunérations des professionnels de santé, rien ne bougera.

(...) On nous dit qu'il y aura des mesures d'accompagnement pour les plus pauvres, mais le problème concerne ceux qui sont juste au-dessus des seuils. Ce sont ces fameux 7 % des Français qui ne sont pas à la CMU, mais qui ne sont pas assez aisés pour avoir des mutuelles. Ces gens-là, avec les franchises, vont retarder leur entrée dans le système de soins. Ils vont devoir attendre avant d'aller se faire soigner. Et ce sera catastrophique, car ils se feront soigner quand ils seront encore plus malades.

Le Monde, L'Etat doit 5,2 milliards d'euros à la Sécurité sociale
La précision, apportée dans le bilan de l'Etat, ne manque pas de sel : la dette de l'Etat à l'égard des organismes de Sécurité sociale s'élève à 5,257 milliards d'euros fin 2006.

PARIS (AP) - Les "cadeaux fiscaux" de Nicolas Sarkozy devraient coûter "entre 12 et 15 milliards" d'euros alors que "la France est sans le sou", dénonce le premier secrétaire du PS François Hollande dans une tribune publiée dans "Le Monde" daté de vendredi. "Les mesures proposées sont inefficaces économiquement, injustes socialement et irresponsables budgétairement", juge le numéro un du Parti socialiste. Selon lui, le "choc fiscal" voulu par le président va favoriser les personnes ayant de larges patrimoines et/ou des revenus élevés. "Comme si le bonheur des fortunés faisait la prospérité des déshérités!", ironise-t-il. Et d'avertir que "ces choix seront néfastes pour notre pays". "En 2006, l'ISF a rapporté 3,6 milliards d'euros, les droits de succession 7,3 milliards et les droits de donation 1,4 milliard. On peut penser que les réductions envisagées coûteront entre 7 et 10 milliards. S'y ajoutera l'exonération d'impôt sur le revenu, de CSG et de charges sociales des heures supplémentaires, soit entre 3 et 4,5 milliards d'euros. Enfin, la charge de la déduction des intérêts d'emprunt est estimée entre 1,5 et 2,5 milliards". "Il est donc raisonnable de penser que la facture de ces cadeaux fiscaux devrait s'établir entre 12 et 15 milliards", calcule François Hollande. "Un tel plan relève de la cavalerie budgétaire", fustige-t-il en rappelant que le budget 2007 de l'Etat est en déficit de 41 milliards d'euros et la Sécurité sociale de 8 milliards.


- C'est la clientèle électorale -

May 10, 2007

Bayrou veut faire de son Mouvement démocrate un contre-pouvoir


Bolloré a bien passé quelques contrats avec l’Etat
Le Figaro, le 10 mai

Contrairement aux affirmations de son patron et de Nicolas Sarkozy, le groupe a bénéficié de plusieurs marchés publics. De «petits contrats», précise-t-on dans l’entourage de Vincent Bolloré.

PARIS (AFP) - Le groupe de l'homme d'affaires Vincent Bolloré s'est vu attribuer ces dernières années des marchés publics, contrairement à ses affirmations et à celle du président élu Nicolas Sarkozy, a constaté l'AFP sur le site internet des Journaux Officiels de la République française.

Dans le cadre de la polémique suscitée par le séjour de M. Sarkozy sur le yacht de M. Bolloré au large de Malte, le groupe de l'homme d'affaires avait affirmé mercredi qu'il n’avait "jamais eu aucune relation commerciale avec l’Etat français".

Nicolas Sarkozy avait indiqué de son côté que "Vincent Bolloré est un des grands industriels français. Il n'a jamais travaillé avec l'Etat. Il fait honneur à l'économie française".


SDV, la filiale logistique du groupe Bolloré, a obtenu le 10 août 2006 l'attribution du marché du "traitement de la valise diplomatique fret" par le ministère des Affaires étrangères, selon l'annonce numéro 368 publiée le 06 novembre 2006 dans le Bulletin officiel des annonces de marchés publics (BOAMP) 050 C.

La valeur totale estimée de ce marché est comprise entre 1,4 million d'euros et 5,6 millions d'euros, hors taxes, pour "une durée de 48 mois à compter de la notification du marché".

SDV s'est également vu attribuer le 17 juin 2005 un marché de "transport de fret par voie aérienne commerciale à la demande et pour le compte du ministère de la Défense", d'une valeur estimée à 36 millions d'euros, hors taxes, peut-on lire dans l'annonce numéro 907 publiée le 26 septembre 2005 dans le BOAMP 041 C. Le contrat est lui aussi d'une durée de 48 mois.

Par ailleurs, selon l'annonce numéro 357 publiée le 15 janvier 2007 dans le BOAMP 003C, le groupe Bolloré a obtenu le 11 décembre 2006 du ministère de l'Intérieur un marché de "mise en place de locaux de sûreté modulaires à l'hôtel de police de Grenoble" d'un montant hors taxe de 342.329 euros.

PARIS (AFP) - Les Français sont majoritairement "pas choqués" par le séjour de Nicolas Sarkozy à Malte entre lundi et mercredi, selon deux sondages CSA et Opinionway rendus publics jeudi.


PARIS (Reuters) - Persuadé que l'UMP aura la majorité absolue dans la prochaine Assemblée nationale, François Bayrou a expliqué jeudi vouloir faire de son Mouvement démocrate un contre-pouvoir.

"L'UMP va avoir sans aucune exception tous les leviers de commande en France", a déclaré sur France 3 l'ancien candidat centriste à l'élection présidentielle.

"Bien sûr ils auront la majorité absolue", a-t-il ajouté, quelques heures après le conseil national de l'UDF qui a donné naissance au Mouvement démocrate, le label sous lequel le centre présentera des candidats dans toutes les circonscriptions pour des législatives.

Mais pour préserver leurs chances d'être réélus, 23 députés UDF sur 29 ont rallié Nicolas Sarkozy et décidé de se présenter sous l'étiquette "majorité présidentielle".

François Bayrou a dénoncé "la très grande intimité" entre le président élu et "les plus grandes puissances financières" et "médiatiques".

"Tout cela constitue un pouvoir comme il n'y en a jamais eu en France", a-t-il insisté. "En face de ce pouvoir, il faut des contre-pouvoirs, pas forcément des contre-pouvoirs négatifs ou de destruction."


"Moi, je veux établir une nouvelle règle du jeu (..): quand c'est bien on le dit, quand ce n'est pas bien on vote non", a expliqué le député béarnais.

Interrogée sur Canal + sur d'éventuelles alliances entre les deux tours des législatives, la députée européenne centriste Marielle de Sarnez a répondu : "Le Mouvement va présenter des candidats dans toutes les circonscriptions et ce que j'espère c'est qu'on arrivera premier ou deuxième pour pouvoir aller tout seul au deuxième tour et pouvoir avoir un groupe avec des hommes libres, indépendants, et autonomes à l'Assemblée. La France en a bien besoin".

"Pourquoi voulez-vous que j'aille faire des combinaisons avec l'UMP ou avec le Parti socialiste ?", a-t-elle ajouté.

Selon elle, le nouveau Mouvement démocrate a recueilli depuis dimanche soir 27.500 demandes d'adhésion.

A la question de savoir si les députés UDF ayant choisi de rallier Nicolas Sarkozy faisaient partie de ce mouvement, Marielle de Sarnez a répondu : "C'est à eux de le dire."

L'ex-directrice de campagne de François Bayrou a par ailleurs rejeté l'idée d'entrer dans le prochain gouvernement, où des centristes pourraient être conviés.

"Je ne participerai pas au gouvernement de Nicolas Sarkozy", a-t-elle dit.


- Les français majoritairement pas choqués -

April 28, 2007

« elle nous a pas croyu (sic) »

Audition des présumés complices de Pierre Bodein sur fond de misère sociale.
Les coaccusés de Pierrot le fou s'égarent dans leurs souvenirs

Libé, 28 avril

Aux assises du Bas-Rhin, un interprète se plaint : «Je commence à avoir des noeuds dans les neurones.» Depuis lundi, on interroge les membres des familles Remetter et Fuhrmann, accusés d'être coauteurs ou complices dans l'un des trois crimes reprochés à Pierre Bodein : l'enlèvement, le viol et le meurtre de Jeanne-Marie Kegelin, 10 ans, en juin 2004. Certains de ces vanniers ne s'expriment qu'en alsacien. Presque tous ont reconnu leur participation aux faits durant l'instruction, avant de se rétracter. Désormais, ils défilent à la barre pour protester unanimement de leur innocence : «C'est pas moi qui vais enlever un enfant, je suis pas fou, je suis pas un pédophile !» «Je peux me faire couper la tête ici devant tous les gens, je n'ai jamais vu Pierre Bodein !» A des questions simples, ils ont des réponses compliquées. Leur appartient-elle cette housse de couette mangée par la crasse sur laquelle a été retrouvé un élément pileux pouvant appartenir à la fillette, seul et fragile élément matériel de l'accusation ? «Il dit ben oui, il dit ben non. Il dit qu'ils n'ont pas de housse de couette aussi sale», traduit l'interprète dont les neurones s'échauffent. La cour n'avance pas dans la recherche de la vérité, et les accusés s'y perdent eux-mêmes : «Avec tous ces mensonges, je m'en sors plus.»

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- « Alors on a dit ce qu'on avait vu à la télé » -

April 24, 2007

L'omerta française


Rapport d'enquête N° 871
sur l’état des droits de l’enfant en France
Assemblée nationale, des auditions :

Mme Ségolène ROYAL : (...) Le premier problème auquel je me suis attaquée est celui de la pédophilie au sein des établissements scolaires, en essayant de briser la loi du silence qui a trop longtemps étouffé la parole de l’enfant. Une circulaire de l’éducation nationale, qui pour la première fois employait le mot de " pédophilie ", a été diffusée avec des indications extrêmement concrètes sur la façon dont la communauté scolaire doit agir, en ayant un double souci, celui de la protection de l’enfant et celui du respect de la présomption d’innocence de la personne mise en cause.

(...) M. François BAROIN : Mme Lardon-Galéote, j’ai été très frappé par votre intervention, car elle suppose qu’une loi du silence est établie en France autour des drames que vivent les enfants.

(...) Mme Catherine LARDON-GALEOTE : M. Baroin, oui, la loi du silence existe. Nous sortons d’un procès dont vous avez sans doute entendu parler mettant en cause l’hôpital du Kremlin-Bicêtre. L’instruction a duré quatre ans ! Les parents ont subi des pressions pour ne pas porter plainte, pour que l’affaire soit réglée au sein de l’institution. Il y a un tel consensus que les plaignants se sentent presque coupables d’avoir à porter plainte !





L'omerta française
Sophie Coignard et Alexandre Wickham
Albin Michel, 1999

« Le club des étouffeurs » renvoie, entre autres, à l'interview de Jean-François Guthmann, au 19 novembre 2006, à propos de rillettes et de langues de porcs. Cela renvoie encore au 14 décembre 2005 et à l'émergence des droits de l'Homme en Europe, à « Détenus battus, rapport disparu, procès suspendu ». Etc.

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- Page 98 : la première sanction sera pour la victime -


April 16, 2007

Témoignage : « Prisonnier de son père »

Prisonnier de son père
Le martyre d'un enfant, le drame d'une mère

Témoignage,
Carole Aigon-Rami
Ed. Michel Lafon, 2005

De la quatrième : Un amour, un mariage, un bébé sur lequel se penchent des parents attendris. Les histoires horribles commencent souvent bien.

Avant propos de Yann
« J'ai décidé avec ma maman qu'elle devait raconter notre histoire. Je voudrais que ce livre aide des enfants qui souffrent. »

Page 11, « Pourquoi ?
Je me décide enfin à coucher sur le papier toute l'horreur d'une histoire qui hante mes nuits. Cela sera certainement très douloureux, mais j'ai besoin d'évacuer cette souffrance, d'exorciser le mal qui continue de me ronger au fil des mois, des années.
(...) Une seule question me brûle encore les lèvres : POURQUOI ?
(...) Pourquoi la justice ne protège-t-elle pas mieux nos enfants ? Et, surtout, pourquoi, comment, un père en arrive-t-il à torturer son fils ? Au nom de quoi ?
Autant d'interrogations douloureuses vouées, je crois, à rester sans réponses... »


Page 12-13, « Un jour, quelqu'un m'a dit : `'On ne peut pas faire plus de mal à une maman qu'en s'en prennant à ses enfants." Rien de plus vrai.

(...) Je m'étais juré à cette époque - la grossesse - d'être toujours là pour lui, de l'aimer, de le protéger, de tout faire pour que sa vie soit belle. Et j'ai lamentablement échoué. Je n'ai pas su jouer mon rôle de mère.

(...) Je me sens affreusement coupable de ne pas m'être montrée plus combative, plus acharnée à faire sortir mon fils de cet enfer. J'ai pourtant remué ciel et terre, mais sans savoir ce qui se passait réellement. (...) Personne n'a voulu m'écouter...

Il aura fallu vingt et un mois pour que ma voix soit enfin entendue.
 »


Page 16, « 2 septembre 2002 »

« Des photos sont prises : de face, de dos, de profil. On lui fait mettre les mains sur son sexe et l'on mitraille. Cicatrices, brûlures de cigarettes, plaies ouvertes ou suppurantes, ecchymoses à tous les stades : du noir, du mauve, du jaune. sur toute la peau.
On demande à Yann :
- Mais qui t'a fait cela ?
- Ma mère !
- Ta mère ? Tu ne la vois plus depuis deux ans...
 »


Page 17, « Au départ, j'avais seulement tenté de faire valoir mon droit de visite, c'est à dire celui de revoir mon fils. Pendant vingt et un longs mois, je n'ai pas pu serrer Yann dans mes bras. Je pouvais tout juste l'approcher. A quelques mètres. Et encore, quand j'arrivais à l'appercevoir...

(...) Le lieutenant et le médecin ne croient pas un mot de ce que le petit leur raconte. Des bleux qui ne font pas mal ? Son corps parle de lui même. Et il est, parait-il, très fréquent qu'un gamin défende un parent qui l'a maltraité.

(...) Ils décident immédiatement de placer Yann dans une structure d'accueil d'urgence, le Foyer de l'Enfance de Nimes. Personne ne me prévient, moi, sa mère.

(...) Mon ex mari, lui, est renvoyé dans ses foyers : il nie tout en bloc, et comme son fils n'a rien dit lui non plus, pour le moment, on ne peut pas le mettre en garde à vue. »


Page 18, insolite pour qui connait le dossier de Justine, « La petite Berna, elle, est indemne. On la place quand même en pouponnière, par mesure de sécurité.

(...) Le docteur M. note `'une association de différents types de lésions d'âges différents en faveur de sévices. Il relève sur le corps de mon fils... »


Page 18-19, « Lorsque, à peu près deux mois plus tard, on me montre les clichés (...) Une rage incommensurable me submerge.

(...) Comment mon ex mari a-t-il pu faire cela à son fils, à notre fils ? Pourquoi les institutions ne sont-elles pas intervenues plus tôt ? »

Un rapport blâme le fonctionnement d'une structure

Censé accueillir en urgence et protéger les mineurs en danger, le Foyer de l´enfance des Alpes-Maritimes (FEAM), structure du conseil général, serait une institution «maltraitante», selon quatre magistrates de Grasse. «Emues, choquées et scandalisées», trois juges des enfants et une substitute dénoncent un «fonctionnement délétère» dans un rapport confidentiel du 17 septembre, révélé récemment par Nice-Matin.

Du bouclier,
un article de Libération du 6 janvier 2005,
voir au 28 mars 2006.

Page 22, « Ma mère et sa soeur n'ont pas eu une enfance heureuse, car ma grand-mère a très tôt été atteinte par une tuberculose, qu'il a fallu soigner pendant de nombreuses années, et qui l'a laissée très handicapée. Comme la famille proche n'a pas voulu - ou pas pu - recueillir les deux fillettes, elles ont échoué en orphelinat, puis en pension dans la maison Paul-rabaut, l'établissement même - ironie du sort - où Yann reprendra pied. »

L'auteur décrit aussi ce qu'était sa propre enfance, de la page 23 : « ... très énervé, il lisait attendant mon retout. A la maison nous étions plutôt vissées. Avec deux grandes valeurs : l'amour et le travail. Et l'obligation de nous rendre au temple, où j'ai reçu une grande partie de mon éducation. Mes parents étaient fille et fils de protestants. Ils pratiquaient eux-même beaucoup. »

Page 24 et 25, « Il y a tant de légendes et de vrai récits de persécution dans la région... Mais ce n'est pas ce que j'ai voulu retenir en ce lieu - la salle de garde de la tour de Constance, à Aigues mortes. Non, ce qui m'a intéressé, c'est `'résister". Je ne savais pas, à l'époque, à quel point ce conseil allait s'appliquer à mon cas. Résister, m'entêter, frapper à toutes les portes closes afin de revoir mon fils, afin de le sauver. »

De « J'ai menti », de Virgine Madeira :





Pages 146 et 147, un coup d'épé dans l'eau, personne n'a donné suite à diverses lettres envoyées par Virginie. On croirait l'histoire d'Olivier Vincent qui, lui aussi, a écrit partout, les acquités d'Outreau ont eux aussi été pendant longtemps des pestiférés... Voir au 13 avril 2007

Page 25 et suivante, « Je connaissais les accès de violence de Christian. Mais de là à s'attaquer à son propre fils - et de quelle façon ! -, cela, je ne pouvais pas, moi non plus, l'envisager une seconde. (...) Je me sens si coupable.

(...) Dans le monde d'où je venais, un univers de douceur, d'écoute de l'autre, de sentiments forts, d'obéissance à ses parents et à Dieu, une telle chose ne pouvait tout simplement pas exister. »


Page 26 et suivantes, l'enfance de Christian, le père. « Non pour faire un ultime cadeau à celui qui s'est acharné sur notre fils comme un sauvage, ni encore moins pour l'excuser » écrit Carole. « Juste pour essayer de comprendre... Christian connaissait parfaitement les règles de la société, elles lui avaient été inculquées dès son plus jeune âge.

(...) De toute évidence, mon ex mari a été élevé par deux femmes qui se détestaient. »


Pages 29 et suivantes, les relations de Carole, entre elle et Christian, le quotidien, le travail, « Une vie monotone dont les détails auront leur importance dans la suite de cette histoire. »





Page 37 : « Mais ces accès de violence ne surviennent pas qu'au volant... »

Page 39, ce qui pourrait être la raison d'un mensonge : « Je voudrais tellement réussir ma vie de couple comme mes parents avant moi que je ne laisse pas une seconde la réalité s'imposer. »


Page 46, « Christian et moi sommes heureux. Nous qui n'arrivions pas à avoir d'enfant, il suffit que le mariage soit dans l'air... Et nous voilà comblés ! »

Page 55, « Plus il m'humilie, et moins je me mets en valeur et plus je grossis. Un véritable cercle vicieux. Je ne porte plus que des survètements, ce qui me donne cet air négligé qui conduit mon mari à m'appeller `'la baleine". Rien de tel pour me jeter de plus belle sur la nourriture... »


Page 59, chapitre « Instances de dvorce ».

Page 68, chapitre « Dans ce climat, l'anomosité, latente depuis notre séparation, s'installe définitivement. Des lettres sont écrites, d'autres montrées, des accusations fusent de part et d'autre... ».





Page 71, le chapitre 6, « Le rapt ».





Pages 71 et suivantes, on est en droit de se demander quelle est la part du roman et quelle est la part du témoignage. On peut cependant supposer que Yann rapporte un certains nombre de propos et qu'il exprime aussi des reproches assez précis à l'endroit de sa mère.

Page 72, « Petit à petit, le pendule s'emballe... `'Si tu venais habiter avec laeticia et papa, tu te la coulerais douce. Eux, ils sont vraiment gentils. ... »

Page 73, « - Je ne veux pas y aller, maman !
- Où ça ?
- Chez papa et laeticia. »



Page 73, « Le 15 mai 2000, notre divorce est prononcé aux torts réciproques... »

Page 74, « Christian est `'condamné" à verser six cent francs de pension, la garde de Yann est déclarée conjointe et sa résidence établie chez sa mère.

(...) Au dela des injures, de ce qui a pu se dire sans que je le sache, d'anciens collègues restés en contact avec Christian ont répété à papa certains propos, selon lesquels mon mari voulait faire en sorte que je ne vois plus jamais mon fils, et souhaitait me réduire à néant. »

De « Plaidoyer pour le mensonge »
Laurent Lèguevaque,
chez Laffont, février 2006 :

Des pages 30-31 : « Prévoir la norme ne suffit pas. Il faut aussi en imaginer tous les dévoiements possibles... »

Page 73, une disparition, peut être une fugue, et Carole de conclure ce chapitre : « J'ai mis quelques jours à comprendre que mon fils avait été enlevé par son père. J'ai mis de longs mois à le sauver. »


Page 86, du chapitre « Guerilla » :

« Je me rend au commissariat de police de Nîmes et dépose ce qu'on appelle une main-courante, pour non représentation d'enfant. Ce sera la première d'une longue série de tentatives qui, hélas, ne représenteront jamais que des coups d'épé dans l'eau.
Je me souviens de la réaction facilement exaspérée des policiers :
- Encore vous ?
- Oui, encore moi !
- Toujours pour non représentation d'enfant ?
- Toujours. et vous ne faites toujours rien...
- Que voulez vous, nous ne sommes pas là pour mettre de l'ordre dans tous les ménages qui vont mal !
- Mais je ne peux pas voir mon fils...
- Et alors, il est avec son père, non ?
- Oui.
- Et bien dans ce cas, il ne risque rien.
 »


Page 86-87, « Il est important de le rappeler ici, personne ne pensait, au début, que l'enfant était en danger : il s'agissait simplement d'un désaccord parental et d'une difficulté à faire valoir mes droits. »

Page 87-88, « Surgie de je ne sais où, s'élève alors une voix de femme, une voix qui porte : `'Crétine ! Tu n'en as pas marre de venir nous emmerder ? Tu n'as pas compris qu'il ne voulait plus te voir, ton fils ? »

Voir au 13 juillet 2006, « Les pleurs de l'enfant à l'audience et le refus exprimé... » :

Le syndrome de Stockholm désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à adopter peu ou prou le point de vue de ceux-ci. Ce comportement paradoxal des victimes de prise d'otage, a été décrit pour la première fois en 1978 par le psychiatre américain F. Ochberg qui lui donne le nom de « syndrome de Stockholm ».


Voir également au 15 novembre 2005, l'ordonnance du juge pour enfant de Nanterre, des motivations :

« ... que les pleurs de l'enfant à l'audience ainsi que son refus exprimé sans équivoque à la même audience de tout contact et de toutes paroles à l'adresse de son père - à quoi travaillent depuis quelques mois plus activement les travailleurs de l'OSE, lire `'internat et séparation" -, démontrent, en l'état, l'impossibilité qui est celle de l'enfant d'entrer, ne serait-ce que de manière simplement ponctuelle et intermittente, dans une relation avec son père; »


J'ai bien fait appel de cette décision de novembre 2005 mais le jeu des procédures et le parfait mépris du juge pour enfant de Nanterre font que mes droits sur Justine sont toujours suspendus.





Page 88, « Je ne sais évidemment pas, à ce moment là, que Yann a intérêt à obéir à des consignes très strictes :
- Yann, ta mère va venir. Tu sais comment lui répondre ?
- Oui, papa. »


- Les histoires horribles commencent souvent bien -

Un « carnet de justice » très particulier


Extraits de « J'ai menti » de Virginie Madeira :

« Tout devenait vérité dans la bouche du juge : `'Vous avez indiqué que..." »

« Je réalise aujourd'hui que la juge, en cherchant à me protéger, m'a au contraire isolée en m'empèchant de voir les gens que j'aimais et qui auraient pu me faire revenir à la réalité. (...) On ne m'a laissé voir que mes deux petits cousins », Gaspar, trois ans et David, huit ans.

Page 119, après le procès et la sanction, douze ans, « Chez moi, j'aurais été dans la réalité. Là, ce n'était pas ma famille, je n'avais rien à y faire, ce n'était pas mon histoire. (...) Je me disais qu'un jour on s'en sortirait. »


Jean François D. : « Il a fallu que je sois confronté avec la réalité de ce dossier pour cesser d'occulter. »

Carnet de justice
«Je regrette d'avoir sali cette robe»
Cour de cassation, audience disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)
Libé, le 16 avril

Un jour qu'il siégeait en tant que juge assesseur dans une audience correctionnelle, Jean-François D. a vu son nom apparaître sur un listing parmi des clients de sites pédophiles. Au même titre que l'homme à qui il allait infliger un an de prison avec sursis. «Vous voyez votre nom figurer, avec votre adresse et vos coordonnées de carte bleue. Ce que je ne comprends pas, c'est votre absence totale de réaction», s'étonne le président de l'audience disciplinaire où le magistrat comparaît. «J'étais dans une sorte de dénégation. Pour moi, je n'avais jamais fait ça. Même si mon nom apparaissait, moi je n'avais pas regardé les mêmes choses», répond Jean-François D. «Ça tient du dédoublement de personnalité», remarque le président, perplexe. «On n'en est pas loin», admet le magistrat : «Cela ne m'est pas venu à l'idée de me déporter dans cette procédure.»

Mais quand les policiers débarquent à son domicile lyonnais, quelques mois plus tard, Jean-François D. se doute de l'objet de la visite et de ce qu'ils attendent de la perquisition. L'enquête a démarré aux Etats-Unis par le démantèlement de sites pédo-pornographiques. Plusieurs clients français, identifiés par des traces de paiement en ligne, ont été signalés à la justice. Les uns après les autres, ils sont poursuivis. Pour Jean-François D., les enquêteurs sont capables de situer au jour et à la seconde près ses connexions à «Virgin X Boys», et le nombre de ses téléchargements.

Chez lui, les policiers saisissent trois ordinateurs. Un portable, mis hors service par la foudre, contient environ 5 000 fichiers pédophiles téléchargés entre 2002 et 2004. Le second, utilisé pour son travail, ne contient aucun document répréhensible. Le troisième, un poste fixe, regorge de fichiers pornos dont une vingtaine, consultés en août 2006, mettent en scène «des mineurs dénudés dans des positions non équivoques», résume le rapporteur de l'enquête disciplinaire.

Lors de sa garde à vue, en septembre, Jean-François D. explique qu'il recherchait juste des photos de jeunes hommes nus. Mais que la pédophilie lui fait horreur. Il se connectait sur les sites incriminés, «par phases», à un moment où il allait mal. Mais, trouvant ces images «limites», il dit avoir cessé depuis 2003. Le docteur Pierre Lamothe, qui l'examine à l'époque, s'inquiète : «Il persiste à ne pas identifier sa pulsion.» L'expert ne lui détecte aucune pathologie mentale, mais «une fixation ambiguë sur la sexualité enfantine» et un comportement «masochiste autopunitif».

Ses pairs retracent sa carrière. A 50 ans, il n'a jamais été promu. Dès son premier poste, à Bastia, il est question de son «manque de maturité», de son «impulsivité», d'un «passage à vide à l'automne 2005». En 1997, à Carcassonne, il paraît se noyer dans les dossiers et dans l'alcool. Après un mi-temps thérapeutique, il redémarre à Strasbourg. En 2005, à Lyon, il débarque ivre aux audiences. Nouvelle cure. «Il semblait s'être ressaisi», explique le rapporteur. Jusqu'à cette affaire qui lui vaut une suspension, depuis octobre.

«Je ne peux pas nier, j'accepte l'idée que j'ai commis ces actes», dit-il. «Même les téléchargements qui datent d'août 2006 ?» insiste le président. «J'ai encore du mal à le croire», répond Jean-François D. Pourtant, il indique avoir entamé une thérapie : «Il a fallu que je sois confronté avec la réalité de ce dossier pour cesser d'occulter.» Il a recontacté le médecin qui l'avait expertisé. Le docteur Lamothe décrit chez son patient un «effondrement narcissique» et un comportement destructeur, suicidaire, qui se traduit notamment par des dépenses inconsidérées en restaurants et sorties. «Je sais que ces images sont la mise en scène d'une exploitation. Je regrette d'avoir sali cette robe», assure Jean-François D. «Comment voyez-vous votre avenir ?» demande le président. «Je n'en vois aucun», rétorque-t-il. Le représentant du ministère demande une mise à la retraite d'office. Le CSM tape un cran au-dessus dans l'échelle des sanctions : révocation.

Foire du Trône : le principal suspect serait revenu sur ses aveux
Selon ses avocats, l'adolescent nie avoir poussé le policier sous la nacelle du manège lundi dernier, alors que le procureur assure toujours qu'il a fait des «aveux» • Il a été mis en examen samedi avec trois autre jeunes
Libé, le 15 avril

(...) le principal suspect, suspecté d'avoir poussé le policier, serait revenu sur ses aveux.

Ce dernier, un adolescent de 15 ans, a été mis en examen par la juge Isabelle Minguet pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, sur personne dépositaire de l'autorité publique", un crime passible de 20 ans de réclusion, sous réserve de l'excuse de minorité (10 ans pour les mineurs)".

Une version contestée par les avocats du jeune homme (...) "Il nie avoir poussé le policier sous la nacelle et être à l'origine de son décès", a indiqué Me Antony Le Goff, en expliquant que le dossier était plus complexe que la présentation qui en a été faite.

"S'il a poussé le policier, c'était à une certaine distance de l'endroit où la nacelle passait", a ajouté Me Jean-Christophe Tymoczko, le second avocat du jeune homme, selon qui son client se serait débattu après avoir été ceinturé par un policier, dont il n'est pas sûr qu'il s'agissait de la victime.

(...) Selon le procureur, les aveux du jeune homme "ont été corroborés par de nombreux témoignages de personnes qui se trouvaient sur la nacelle" et par des membres de sa famille ayant indiqué qu'il s'était vanté d'avoir poussé le policier à son retour de la Foire du Trône. Le père, la tante et la belle-mère du jeune homme, présents samedi au palais de justice, ont nié que le jeune homme leur ait fait de telle confidence.


- Virginie : « Chez moi, j'aurais été dans la réalité » -

April 14, 2007

Manif du 14 avril, de république à nation


Cette manif a été une opportunité pour moi de discuter avec un autre père qui se plaint de la situation de son fils, placé à Taverny. Lui même connait encore une autre famille dont la fille était placée à Taverny. A suivre.

Manifestation à l'initiative et avec le soutien des associations :

Les enfants de l’orchidée - Soutien et action pour les droits des familles d’accueil et tiers dignes de confiance ; Respect des familles - Association de parents d’enfants placés abusivement par les services sociaux ; Le fil d’Ariane France - association de parents d'enfants placés ; Les enfants de l’injustice - Mouvement associatif de parents d'enfants placés abusivement ; Le collectif français des victimes de l’inceste ; Osez Dire ; L’association Racine - Nés sous X ;

Sans oublier toutes celles et tous ceux qui soutiennent nos actions.




« A quand l'application
des droits de l'enfant ? »




« Il faut que le conseil général
arrête enfin de se cacher les yeux
en disant que tout va bien. »
Lire ces articles de la Voix du Nord




« Quiconque ferme les yeux et
se tait est coupable de complicité »
Lire ce communiqué de ICW - Collectif des mères












« ASE, [ne] placez
plus nos enfants »























- Ces problèmes seraient « familiaux » -

April 13, 2007

« J'ai menti »


Citations de « Plaidoyer pour le mensonge »
Laurent Lèguevaque, chez Laffont, février 2006 :

Des pages 30-31 : « Prévoir la norme ne suffit pas. Il faut aussi en imaginer tous les dévoiements possibles... »

Page 91... « Trop pressé, il oublie la question essentielle, déjà posée : l'important ne tient pas dans le mensonge, mais dans les raisons du mensonge. »

Page 114, « Sincèrement. Certaines confessions nécessitent effectivement une certaine intimité. `'Apprendre à mieux se connaitre", comme on dit. Voilà pourquoi il faut prendre son temps. »

J'ai menti
De Virginie Madeira
Et Brigitte Vital-Durand
Chez Stock, septembre 2006




Page 10


Page 8, comme d'étranges similitudes avec d'autres affaires ou ouvrages, de la préface de J.M. Florand, avocat à la cour d'appel de Paris :

« Il - cet homme, le père de Virginie - parlait avec pudeur, conscient d'avoir été pris dans un engrenage. Il croyait aveuglément en ses avocats et en la justice. Il était dans la logique des braves gens qui font confiance et attendent en pensant qu'un jour on allait s'appercevoir de la méprise.
Il n'en fut rien. Il n'en est toujours rien. »


Certaines confessions nécessiteraient, en effet, une certaine intimité. Ce n'est qu'après une minutieuse description de ce qui était sa vie, sa famille, que Virginie, à partir de la page 31, aborde le mensonge, les raisons pour lesquelles elle pense avoir menti. Faut-il encore tourner cette feuille car ce n'est qu'en page 33 que Virginie reprend le cours de son histoire. Elle écrit être une solitaire, une fille timide à l'école. Il faudra ensuite parcourir plusieurs pages encore avant de saisir pourquoi, selon elle, elle aurait menti.

En page 33 Virginie nous apprend que tous les membres de sa famille seraient réservés. Même son grand père « bloquait, bégayait souvent », écrit-elle. Virginie relate encore sa scolarité, quelques changements d'école, conclue en page 45 que sa relation à autrui est « une lutte entre le désir et la réalité » : « On peut croire que ce n'est pas grave, mais j'avais des difficultés à parler aux gens. »

En page 35 Virginie se décrit contradictoire, ambivalente. Elle compare ses attitudes et réactions à celles de son grand frère, schizophrène, affirmant que chez lui, c'est maladif. Virginie décrit son enfance le plus souvent normale, plutôt en retrait des autres, ayant des difficultés à s'intégrer en groupe.

Suivent encore de nombreux extrait du journal intime de Virginie. Ce n'est qu'en page 44 qu'elle nous apprend ce qu'elle avait entendu et ce qui pourrait l'avoir poussée à mentir, à persister ensuite dans le mensonge :

« La veille du 4 mai 1999, j'étais avec mon père en voiture, et à la radio on annonce qu'une fille avait été abusée par son père.
Le 4 mai, c'était un mardi, il était midi. Comme Mélanie m'avait raconté l'histoire de son père, on aurait dit qu'elle commençait à s'intéresser à moi, alors je voulais lui confier quelque chose qui fasse qu'elle sintéresse vraiment à moi, quelque chose qui fasse que je sois à la hauteur.
Je lui ai dis comme ça : `'Je vais te dire quelque chose..." J'ai ajouté  `'Je n'ose pas t'en parler." Elle a insisté.
(...) Pour moi, c'était une sorte de jeu. »


Un jeu qui lui a vallu d'être rapidement soumis à la question : plusieurs adultes l'ont interrogée, lui ont proposé des réponses, et Valérie s'est efforcée de rester crédible.

La présomption de crédibilité de la parole de l'enfant doit être retenue comme un principe dans toutes les procédures le concernant.

Assemblee nationale
COMPTE RENDU N°17
Mercredi 26 novembre 2003, Séance de 9 heures 30

Sauf qu'à l'évidence, selon ce qu'écrit Virginie, la parole de l'enfant n'était alors rien d'autre qu'un ensemble de propositions que lui avaient fait des adultes. De l'affaire dite d'Outreau, allez ensuite tenter de rétablir la vérité :

Marianne n°458, semaine du 28 janvier
Ce que leur enfer nous a appris

Dès l'ouverture de l'enquête, la «Tatie Connection» est à l'oeuvre. Quelques nourrices, pour certaines tout juste agréées, interrogent leurs petits pensionnaires, se concertent, offrent des desserts aux enfants qui s'épanchent. Certains voisins s'autorisent à couvrir d'insultes les familles des accusés. Devant les policiers, un coiffeur va jusqu'à interpréter une coupe de cheveux des époux Marécaux comme une manoeuvre pour ne pas être reconnus sur les photos par les enfants.

«Ne vous heurtez pas à ces gens-là», lui glisse-t-on. Sous-entendu: pliez-vous aux exigences du juge...

Devant la cour de Douai, les avocats ont exposé de simples observations pendant que leurs clients étaient extraits deux minutes par la trappe d'un cagibi, après des heures d'attente. Parfois, cette instance rédigeait carrément ces conclusions avant l'audience.


De la page 13 du rapport de l'IGSJ, l’origine de la saisine et l’enquête préliminaire :

Ce rapport - de l'UTASS d'Outreau - faisait état, d’une part, de l’attitude particulière des mineurs constatée par leurs assistantes maternelles, notamment du comportement sexualisé de W, et, d’autre part, de révélations faites à celles-ci et aux assistants sociaux par Y et W, laissant penser que ces enfants pouvaient être victimes d’agressions sexuelles commises par leurs parents.


PARIS (AFP), 27 novembre 2005 - Trois semaines de débats ont confirmé les défaillances de l'instruction, des experts et des services sociaux.

Une assistante sociale a ainsi révélé cette semaine que la première accusation de viols de l'une des fillettes du couple Lavier, rejugé à Paris, avait été recueillie par une stagiaire.

Virginie est ensuite rapidement prise en charge par les institutions et son père est mis en garde à vue. Un administrateur ad hoc a conduit Virginie au foyer de l'enfance sans autres affaires que son sac (d'école?) et son walkman. Suit l'enquête, le foyer, les inquiétudes de Virginie et l'interrogatoire par la police, les examens médicaux, tout un chapitre très instructif et souvent très pertinent :

« Ensuite il m'a demandé de raconter. Je ne voulais pas. Il m'a demandé : `'Tu préfères que je te pose des questions ?" J'ai répondu oui, je me sentais soulagé, parce que je ne savais pas quoi raconter. (...) Alors, il me posait des questions, et refaisait des phrases comme si je les avais prononcées. Je répondais par oui ou par non, comme au collège, dans le bureau de la directrice. Je ne voulais pas parler, mais il me posait des questions. »

« Je disais oui, ou je faisais un signe de la tête. (...) oui ou non, ou je ne parlais même pas. (...) Je ne me souviens pas d'avoir fait une phrase entière, complète. »

« Quand je lis le procès-verbal, c'est incroyable : il a retranscrit ses propres questions dans mes réponses. (...) Je n'ai jamais dit ça. (...) Il y a des expressions que je n'utilise jamais, comme... (...) Même maintenant je ne dis pas ce mot là. »

« De retour au foyer, je ne sais plus ce qui s'est passé. Il me semble que j'ai pleuré. »

« J'étais vierge, mais, en concusion de son rapport, elle a écrit : `'virginie ..." »

« Un jour, peu de temps après mon placement, j'ai demandé à l'éducatrice quand je rentrerai chez moi. Elle m'a répondu : `'Dans une semaine." J'ai pensé : `'Ah, c'est rien alors !" »

« Quelques jours après, une éducatrice m'a dit : `'Tu sais, l'expertise que tu as passée montre que ce que tu as raconté est vrai." Je lui ai répondu : `'Tu est sûre ?" »

« Qu'est ce qu'elle vient faire là ? je n'ai jamais parlé à Laurine. »

« Aucun des trois n'a jamais été interrogé par le juge d'instruction, c'est incroyable. Ils ont pourtant fait des attestations disant tous qu'ils n'ont jamais rien vu et que mon père était incapable de faire du mal.
Et ma mère ? Elle n'a jamais été interrogée par le juge d'instruction ! (...) C'est invraissemblable. (...) Est-ce parce qu'elle avait déclaré à la police qu'il était innoncent ? Maintenant, j'en suis certaine. »

« Dans ce procès verbal il y a dix `'S.I" pour treize questions rédigées. (...) Pourquoi n'y a-t-il rien de mes hésitations, de mes silences ? »

« Tout devenait vérité dans la bouche du juge : `'Vous avez indiqué que..." »





Page 80. « Alors il - le juge - me posait des questions sur ce que me faisait mon père. A l'une de ses questions, ne me souviens pas de laquelle, j'ai dit `'non, ce n'est pas vrai", et tout de suite mon avocate m'a reprise, elle a déformé ce que je voulais dire, et m'a empèchée d'aller plus loin. »


Pages 82-83, après que Virginie ait relaté le déroulement de l'instruction, des procédures, d'une audience chez le juge, un retour au foyer et un entretien avec un psychologue, les conclusions de ce dernier :

« ... le discours de Virginie nous est apparu totalement crédible et fiable. »



Page 82 : « J'ai su plus tard que mon frère Frederico - schizophrène - a été entendu par le juge d'instruction. Voici ce qu'il a déclaré : `'A mon avis, elle a dit ça pour se faire une nouvelle amie et ne sait plus comment s'en sortir." Avec ma mère, ils étaient les seuls à avoir deviné la vérite. Personne ne les a cru. »


Au foyer. Pour bien moins que ce que Virginie relate en page 87, il y avait eu actes de torture et de barbarie dans un foyer de l'enfance de l'Aisne. Voir au 3 août 2006, Élodie, seize ans, torturée car elle aurait rapporté aux éducateurs que d'autres enfants fumaient dans la chambre.





Page 88... « Un jour, tout au début, ma mère est venue au foyer, elle voulait me voir, savoir comment j'allais. Elle était inquiète. Son arrivée a été très mal acceptée par l'équipe du foyer. Du coup, la police lui a interdit de s'approcher de moi. Elle lui a aussi interdit de s'approcher de Tom, de Mélanie, de Laurine. Interdit encore de s'approcher du collège. La juge pour enfant lui avait formellement défendu de me voir, tous les contacts écrits ou autres devaient être `'surveillés par un tier". »


Page 89, Virginie apprenait que sa mère avait donné son journal intime aux policiers. S'ensuit un conflit entre Virginie et sa mère : « `'Tu te rends compte que tout le monde a lu mon journal ? Que Tom a été convoqué à la police ?" J'étais vraiment très furieuse. »

Page 90. « Ma mère, j'avais envie de la voir (...) J'ai demandé à ne plus la voir. Je n'en avais pas la force parce que je savais qu'elle savait que je mentais. (...) Elle m'écrivait qu'il fallait que je dise la vérité, qu'elle souffrait beaucoup. Je ne lui répondais pas. »

Page 91, en famille d'accueil. « L'autre avait été violée par son père qui était décédé. On ne parlait pas de ça. (...) J'avais du mal à imaginer que cette petite fille s'était fait violer. Sachant que, pour moi, c'était faux, je pensais qu'elle aussi avait menti. »


Page 92, des pressions considérables pour une enfant :





Page 93. Le juge pour enfant refuse les visites à des latéraux de Virginie, d'abord pour éviter qu'ils ne parlent en portugais devant le tier supposé surveiller les rencontres et, également, pour que Virginie ne soit pas influencée :

« Je réalise aujourd'hui que la juge, en cherchant à me protéger, m'a au contraire isolée en m'empèchant de voir les gens que j'aimais et qui auraient pu me faire revenir à la réalité. (...) On ne m'a laissé voir que mes deux petits cousins », Gaspar, trois ans et David, huit ans.


Page 94-95, scolarité et orientation. « En seconde je n'avais pas travaillé, personne ne m'avait poussée. Mes parents n'avaient pas pu me coseiller. C'est la directrice adjointe qui m'avait orientée vers ce BEP - sanitaire et social - par ce que j'avais dit que j'aimais bien les enfants. (...) j'étais dans les premières. C'était trop facile. J'ai eu mon BEP, mais après je n'ai pas voulu arrêter mes études. J'ai continué. (...) bac avec la mention `'assez bien". Là, les profs ont dit que je neserais pas à l'aise à l'université, que je ne pourrais pas suivre. »

95. « Je ne savais pas ce que devenait mon père, je ne me posais même pas la question. Je ne cherchais même pas à savoir. »

96-97, des relations conflictuelles entre la famille d'accueil et la mère de Virginie : « Elle - ma mère - veut toujours le meilleur pour moi, elle est comme ça, mais dans ma famille d'accueil ils ne le supportent pas. Les autres mères ne se préoccupaient pas de leurs enfants. Ma mère, si. (...) L'assitante maternelle devait en avoir un peu marre. Elle me disait : `'Ta mère, elle est dure", et répètait : `'Elle est difficile, ta mère." Sans le savoir, par ce genre de réflexions, enne le m'encourageait pas à la voir. »

Page 98, « Par exemple, ils - ces amis - ont dit que, le jour de Noël, ils en ont pleuré devant moi parce que je leurs en avais parlé. C'est faux. »

Page 99, nostalgie... « Ca - une émission de radio - me faisait penser à ma vie d'avant, alors je pleurais, mes parents me manquaient, ma famille, ma maison. »

Page 100, très drôle. « Je crois que les services sociaux, la juge pour enfants, l'assistante maternelle ne se posaient pas de question. Ils pensaient : elle va bien, tant mieux. Je ne leus posais pas de problèmes. Eux, ils s'occupaient de ceux qui avaient des problèmes. »


Page 103, chapitre « 12 juin 2001 », le procès aux assises, la naïveté de l'enfance ou du citoyen qui pense qu'il a des droits et qui a foi en la justice : « pour moi, on ne met pas les gens en prison s'ils n'ont rien fait. C'était inimaginable. »

112... « L'avocat de mon père lui avait conseillé de tout avouer, sinon il risquait la peine maximale. Alors mon père a dit : `'Oui, je valide tout ce que vous me dites." Le président a dit : `'Quoi ? Qu'est-ce que vous validez ?" Alors mon père a dit : `'Je valide tout." »

Page 119, après le procès et la sanction, douze ans, « Chez moi, j'aurais été dans la réalité. Là, ce n'était pas ma famille, je n'avais rien à y faire, ce n'était pas mon histoire. (...) Je me disais qu'un jour on s'en sortirait. »


Page 125... En moins d'un paragraphe, le menssonge et la raison de ce mesonge : « On est allé s'assoir sur le canapé du salon. Avant qu'on puisse parler, l'éducatrice a rappelé à ma mère que j'attendais qu'elle me dise quelque chose. Ma mère s'est accroupie devant moi et a chuchoté : `'oui, je te crois." Elle savait que c'était la seule méthode pour qu'elle puisse me voir et que je puisse la voir. Elle a été forcée de me mentir pour qu'on puisse établir un contact... ça m'a fait un effet bizarre, forcément. »


Page 127, l'enfant maintenu dans l'incertitude par le juge pour enfant ?

« ... Je n'ai eu le droit de rentrer vivire à la maison que le 25 juin 2002, un an après la condamnation de mon père, et encore ce droit n'était pas définitif. Il ne l'a été qu'à ma majorité, en novembre. »


Arrive le moment où Virginie parle à sa mère :

« `'Ce que je ne comprends pas... Est-ce que tu as eu quelque chose avec quelqu'un ?
- Non.
- Pourquoi ils t'ont trouvé quelque chose " Je lui ai dit que je ne savais pas. J'ai ajouté... »


Page 131-132, « Je vous en supplie, aidez nous ! », très intéressant, la mère de Virginie avait entendu parler d'une avocate « qui connaissait le collectif JAMAC. (...) Ce collectif édite une `'lettre" que ma mère lisait (...) JAMAC dénonçait `'l'aveuglement par l'émotion à tous les niveaux...." ».

Page 132-133, « Je sais aujourd'hui comment toute personne condamnée peut demander à ce que sa condamnation soit réexaminée par la justice. (...) Il faut que survienne un `'fait nouveau" ou un `'élément inconnu" au moment du procès, et qui soit `'de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné". Ensuite, c'est aux magistrats de la Cour de cassation de juger... »

Page 133, un autre `'mensonge", par omission : « L'avocate ne m'a rien dit de tout cela. Elle ne m'a pas prise au serieux. »

Page 135, « Enfin ! Pour la première fois un médecin constatait que j'étais vierge, mais ce gynécologue n'était pas expert auprès des tribunaux. Son attestation n'avait pas de valeur aux yeux de la justice. »

Page 135 et suivantes, les difficultés pour obtenir un certificat médical qui puisse être recevable par une Cour.

Page 139, un expert psychiatre a encore du se prononcer avec « comme mission de rendre un avis sur la personnalité de Mll Virginie Madeira" et sur la `'crédibilité de sa rétractation" »

Page 143-144, les mois et les années semblent passer. Suivent des erreurs de procédure et un manquement à la déontoligie des avocats.

Page 144, « Tout était à recommencer. Moi, j'y ai vraiment cru, je pensais qu'il suffisait de parler pour que ça marche (...) J'avais vraiment confiance, j'étais persuadée (...) Je n'imaginais pas qu'ils - les juges de la Cour de cassation -pouvaient refuser. »





Pages 146 et 147, un coup d'épé dans l'eau, personne n'a donné suite à diverses lettres envoyées par Virginie. On croirait l'histoire d'Olivier Vincent qui, lui aussi, a écrit partout, les acquités d'Outreau ont eux aussi été pendant longtemps des pestiférés :

La France condamnée pour avoir maintenu un détenu handicapé dans une prison non adaptée
LE MONDE, 27.10.06, extrait :

La Cour européenne des droits de l'homme a condamné la France, mardi 24 octobre, pour avoir maintenu un détenu handicapé dans une prison non adaptée. Olivier Vincent, condamné en 2005 à dix ans de prison pour avoir enlevé et séquestré un enfant de 7 mois, est paraplégique depuis 1989 et ne peut se déplacer qu'en fauteuil roulant.


Sur la plainte du détenu invalide
NOUVELOBS.COM | 01.09.06 | 16:42

(...) Madame TISSIER soutient que je n'avais "pas épuisé les voies de recours dont je disposais". Sur ce point, il sera utilement rappelé que des Magistrats Français ont déclaré par écrit que mes "accusations de conditions de détention inhumaines et dégradantes ne sont que des allégations ne méritant pas considération".

(...) De surcroît, bien que j'ai informé par écrit en recommandé, Messieurs les Ministres de la Justice et de la Santé et la Secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, je n'ai obtenu de leur part que la sourde expression d'une carpe. Dans ces conditions, les affirmations de Madame TISSIER me semblent manquer de fondement.


Voir au 29 octobre 2006, « Comment fonctionne la HALDE ? ». Des fais et déclarations plus récents :

Depuis sa rencontre en octobre avec les parlementaires, le collectif attend une réponse.
Les doléances d'AC le feu restent en souffrance
Libé, 4 janvier 2007

C'est l'histoire d'un malentendu.

(...) «On ne se gênera pas pour dire qui a été à l'écoute ou non. Si pour qu'ils réagissent il faut des opérations coups de poing comme les Enfants de Don Quichotte, on le fera !» Des tentes à l'Assemblée ?

Page 154... Après plusieurs avocats, d'expertises en rendez-vous avec d'autres experts, de refus à de multiples désanchantements : « Tout cela a pris des semaines, des mois. Et ça n'a servi à rien. L'avocat a finalement renoncé. »

Page 154... « Quand toute les portes se sont refermées devant moi, avec ces avocats et ces magistrats qui n'ont pas voulu m'entendre, quand j'ai vu que personne ne voulait m'écouter, je n'ai trouvé qu'une seule solution : avouer à tous que j'avais menti.
Je suis consciente qu'avec ce lire, je prends des risques.
(...) J'ai menti.
Mais je veux aujourd'hui dire la vérité.
C'est pour ça que ce livre existe. »


Extrait de l'épilogue, page 159 :

« M. Antonio Madeira a été remis en liberté conditionnelle le lundi 27 février 2006, après soixante-quatorze mois de prison, soit plus de six ans. Il a retrouvé son épouse et ses enfants.

Un second recours a été déposé en juin 2006, auprès de la Cour de cassation, afin que l'innocence de M. Antonio Madeira soit reconnue par la justice. »


- Suspens -

April 12, 2007

Plaidoyer pour le mensonge

Un titre et livre de Laurent Lèguevaque aux éditions Denoël, paru en février 2006.

Des pages 30-31 : « Prévoir la norme ne suffit pas. Il faut aussi en imaginer tous les dévoiements possibles... »

Voir par exemple au 27 novembre 2006, « Des juges mettent la justice en accusation », « Pour faire marcher la boutique, on fait comme si, quitte à se mettre en marge des textes, déplore Bruno Thouzellier, président de l’USM, syndicat majoritaire chez les magistrats. Les collègues sont prêts à l’accepter, mais jusqu’à un certain point. »

Voir également au 3 mai 2006, à propos de placements qui seraient « moins longs », tout est relatif, un juge ne s'offusque pas lorsque les parents se plaignent du fait de placements abusifs, il assure que l'institution n'agirait « que dans l'intérêt de l'enfant ».

20minutes.fr, 12 avril 2007
Baroin foule aux pieds le droit du sol

Né en France, mais pas français ?
Le ministre de l’Outre-mer, François Baroin, estime qu’il « faudrait envisager » de remettre en question le droit du sol pour accéder à la nationalité française dans « certaines collectivités d’outre-mer ». Cette déclaration, faite samedi au Figaro Magazine, a déclenché une vive polémique. Selon le ministre, il s’agirait d’un moyen de lutter contre l’immigration clandestine dans ces départements.
(...) SOS Racisme estime que « le droit du sol fait partie intégrante du pacte républicain ».


« La République, ce n'est pas donner la même chose à chacun » a déclaré le ministre de l'Intérieur devant le 89e congrès des maires. AP, 23/11/06


« Peut-être qu'on s'est trompé », mais dans ce cas, « qu'ils fassent valoir leurs droits devant les tribunaux », a-t-il ajouté. « Je préfère qu'on ait le risque d'un contentieux devant un tribunal parce qu'on aura été trop sévère pour une habilitation plutôt qu'on se retrouve avec un drame par ce qu'on n'aura pas été assez sévère. »

Sarkozy justifie le retrait des badges
Le Figaro (avec AP), le 21 octobre 2006


SOS Racisme rêve. En effet, même l'inscription sur la liste électorale n'est pas qu'une formalité pour un citoyen né en France métropolitaine, de deux parents français.


Chapitre 3, page 39 : « Faut-il se fier à ce que disent les gens, ou à ce qu'ils font ? A ce que l'on entend, ou à ce que l'on voit d'eux ? Tout dépend de la qualité de votre interlocuteur. S'il est homme de pouvoir, ne l'écoutez pas. Observez le. »

Pages suivantes, l'auteur s'entend. Il s'en prend vertement au législateur et à son double language, selon qu'il soit « pull noué autour du cou », carressant « aimablement le fumeur-lecteur-électeur » dans la presse, ou qu'il soit à l'Assemblée, « une fois cravatté ».

Page 42, hilarant. « Paradoxe : les vrai partisants de la dépénalisation (...) On les rencontre, en revanche, dans les rangs de syndicats de police franchement droitistes. Parce que ces derniers souhaitent libérer leurs troupes de l'éreintante obligation de nettoyer les écuries d'Augas - des commandants aux brigadiers, une énergie policière considérable se gaspille dans la chasse aux joints, des millions de joints. »



Page 42


Pages 44 et 45, on ne peut plus clair, un développement qui prend pour exemples la Hollande et l'Espagne : « On ne va quand même pas véroler l'économie nationale avec l'économie parallèle », s'amuse-t-il. « Si on dépénalise, il faut procéder à l'échelle européenne, voire mondiale, sous peine de devenir le refuge de tous les traficoteurs. Qui préfèrent évidemment stocker leur produit sur un territoire permissif, et gèrer leur commerce depuis là... Sans pour autant déclarer leur revenu, payer des taxes. »

Page 45 encore, après plusieurs pages consacrées au sujet des drogues : « Voilà le dileme, avec des discours vrais, ils sont nécessairement complexes, enchevêtrés, emmêlés comme une chevelure au réveil. En comparaison, mentir est tellement plus simple. »





46 et suivantes, « Prison, piège à fou ». « L'expert est formel : `'Si l'on peut estimer que les anomalies dont souffre le sujet ont altéré son discernement, il n'existe pas chez lui d'abolition du contrôle des actes"... »

Page 55, la psychiatrie et « le mot - santé - est laché. La folie est une maladie, la maladie mentale. » La psychiatrie, « comment marche-t-elle ? Elle boitille et tatonne, balbutiant depuis deux siècles. »



Page 57


Ces pages nous rappellent à quel point la médecine de nos âmes a pu faire fausse route au cours de ces deux derniers siècles.

Page 54, selon l'auteur ou d'après l'un de ses enseignants, nos lois modernes seraient « les héritières de Descarte et Voltaire : la logique et le siècle des lumières » les inspirerait. Là, j'ai des doutes car notre droit aurait aussi été modelé par la pensée hégélienne. D'autre part, des groupes de recherche européens - et la CEDH - contribuent à l'élaboration de notre jurisprudence.

Page 58, qui est très clair et l'auteur d'insister, il a été juge d'instruction durant treize ans : « En cela, la psychiatrie mérite son titre de science exacte. En ce qu'elle est, dans sa version moderne, soeur et fille de la pharmacologie. Pour le reste, comme ses cousines en science humaines - psychologie, psychanalyse -, elle a autant de fondements scientifiques que l'horoscope chinois. »

Page 61, « Rien de grave cependant : l'avis de l'expert ne lie pas le juge »

Page 64, après des rappels concernant « l'acte de juger » et « le doute »  « Le juge doit instinctivement détester les convictions intangibles, les croyances aveugles, trop belles mariées... »


Page 71, « `'Trouver celui ou celle qui sait. L'ammener à parler. Le reste n'est que littérature, te dis-je." (...) à quoi sert la preuve scientifique ? »

Réponse page suivante : « Question capitale, réponse indispensable... Que seule la discussion, l'échange verbal, d'homme à homme, pu ammener. »


74... « Après avoir obéi avec ferveur à cette religion de l'aveu, la justice semble maintenant transportée et même transcendée par une supposée meilleure `'religion de la vérité". Grâce à la science, aux sciences, humaines ou exactes. » (...) « L'aveu que l'on obtient par la tenaille ou les fers ».


80... « N'est-ce pas à ce genre de traits que l'on reconnait une religion ? Une croyance aveugle, des certitudes aussi solidement ancrées que mal étayées. (...) Non, la science ne saurait mentir, rétorquera-t-on. Certes, mais instrumentée par des ignorants se plaçant sous la coupe d'experts... »

80 à 81... « Histoire vraie : dans la décénie 70, on cherchait avec avidité... On cru pouvoir sabrer le champagne... Ces docteurs en sciences insistaient sur `'le caractère précoce et polymorphe de leur criminalité". Alléluia ! On avait débusqué `'les gènes du crime". Dans les prétoires se multipliaient les expertises génétiques sur les `'sujets" de la reine justice... »

82... « Pour plaider (...) Ou, au contraire, requérir (...) ? Et de verser dans un questionnement flirtant avec le débat philosophique sur l'inné et l'acquis ».

Chambard scientifique qui ne prospéra pas selon l'auteur, car seul 1 à 2% des délinquants présentaient ces anomalies génétiques. « Un concept peu opératoire. »




Charlie hebdo du 11 avril


83... « Et que penser des modernes `'profilers" prétendant brosser le portrait psychologique d'un inconnu... sur la foi des seuls procès verbaux de police ou de gendarmerie ? Alors qu'un psychologue chevronné a du mal à comprendre sa propre femme. »

Et que penser des travailleurs sociaux de l'OSE France... experts, juges et partis au procès qui ont rapporté, à la place des experts psys, sans jamais m'avoir reçu ? Monsieur Josefsberg ne peut que s'entendre avec Madame, sa femme ; ils ont tous deux été missionnés par le juge pour enfant de Nanterre, ils ont tous les trois versé au dossier d'assistance prétendue éducative.


Page 83 encore... « C'est que, en quinze années de pratique, j'ai aussi vu d'infaillibles technologies d'investiguation disparaitre, sous des prétextes budgétaires, ou parce que celles-ci `'posaient, in fine, un problème de crédibilité", comme l'écrivait, embarassée, la chancellerie. »

La présomption de crédibilité de la parole de l'enfant doit être retenue comme un principe dans toutes les procédures le concernant.

Assemblee nationale
COMPTE RENDU N°17
Mercredi 26 novembre 2003, Séance de 9 heures 30

8/12/2005, Les fausses allégations


Ainsi, l'expert psychologue Jean-Luc Viaux, qui avait conclu à la totale crédibilité de trois des enfants Delay-Badaoui, a été radié, vendredi 2 décembre, sur ordre du ministre.

3/12/2005, Outreau : le président de la République a demandé de saisir l'IGSJ


[PDF] *JM Outreau
Format de fichier: PDF/Adobe Acrobat - Version HTML
Madame Colette CLEMENT-BARTHEZ, Vice-procureure de la République près ... Section 4 - Le dévoiement de l’expertise de crédibilité ...
www.defenseurdesenfants.fr/pdf/rapport_viout.pdf


« Tout ce qui pouvait être fait sans modification textuelle l’a immédiatement été. C’est ainsi qu’ont été améliorées les conditions de recueil de la parole de l’enfant et qu’a été abandonné le principe même de l’expertise de crédibilité si contestée dans le dossier Outreau. »

Pascal Clément,
garde des Sceaux, ministre de la Justice
Dans le cache google

Discours du 12 avril 2006 devant la commission d’enquête chargee de rechercher les causes des dysfonctionnements de la justice dans l’affaire dite d’Outreau et de formuler des propositions pour eviter leur renouvellement


Rapport d'enquête sur l’état des droits de l’enfant en France
M. Baroin, oui, la loi du silence existe. Nous sortons d’un procès dont vous avez ... Il est donc indispensable de saisir la parole de l’enfant le plus tôt ...
www.assemblee-nationale.fr/rap-enq/r0871-2.asp

Jean-Luc Viaux a depuis été réinscrit sur la liste d'experts auprès de la Cour.


Page 84, ce qui aurait pu être une réponse du juge à l'accusé : « Mais je pensais de bonne foi qu'avec la caution des experts, je n'étais plus payé pour vous écouter. Puis, à quoi aurais-je pu me raccrocher, pour remettre en cause des scientifiques ? »

Puis il est question de vaches folles, de sang frelaté, du nuage de Tchernobyl... mais les experts « oeuvrant pour la justice sont nettement plus serieux. L'Etat les recrute, tout de même... » Il aurait aussi pu être question de rillettes et de langue de porc, voir au 19 novembre 2006 voire même d'un pneu :

« Un petit clou ou le frottement contre un trottoir peut entraîner un dégonflement progressif que le conducteur ne perçoit pas forcément surtout s'il se produit à l'arrière et sur un véhicule chargé. Les composants peuvent alors se dissocier », reconnaît-on chez Continental. Tous les manufacturiers travaillent sur cette question.

L'Alsace, le pays,
Edition du vendredi 29 octobre 1999
A la une / Région / Page 2 / Article
Speedy et Continental regonflés à bloc

Page 87... « Vous êtes d'une patience, cher collègue (...) A ce niveau là, ce n'est plus des dénégations, c'est de l'outrage ! »

Page 89... « Une loi universelle de la duperie : conserver une cohérence au récit. »

Page 91... « Trop pressé, il oublie la question essentielle, déjà posée : l'important ne tient pas dans le mensonge, mais dans les raisons du mensonge. »

92, du Foucault. « La prison est insupportable à qui la subit, c'est sa raison d'être. Surveiller un peu et punir beaucoup. »

95... « Et eux, [les roms,] comment nous voient-ils ? Eux savent que dès 1936, un sinistre institut allemand de biologie raciale travailla sur la `'question tsigane". Qu'à Buchenwald, en février 1940, le zyklon B fut testé sur deux cent cinquante enfants roms raflés à Brno, en Europe centrale. ... »

Page 96, au procès de Nuremberg, « Les accusés se récrièrent en ces termes : leur objectif véritable était `'l'éradication des comportements antisociaux" des roms, et non un génocide. »


Chapitre 5. Comme un « Règlement intérieur ».

Page 97, « Article 4 : En justice, le mensonge a toujours une finalité. »

102. « Mon parallèle entre les nazi d'hier et les juges d'aujoud'hui serait facheux, pour le moins ? Pas d'après notre rom incarcéré, qui ne connaisait guère plus son juge d'instruction que le résistant de 43 n'en savait sur les `'fridolins" »

Chapitre 6. « La saveur du mensonge ».

103. « Selon dame justice, la parole est le vent par lequel le diable insuffle le mensonge aux humains. la parole n'est que mensonge. C'est pourquoi, depuis Mérovée, la justice cherche inlassablement d'autres moyens d'accoucher la vérité. »

La vérité qui déboule à l'audience est un produit de la superstition. Lachée du ciel ou déchiffré dans les cris du supplicié ou les larmes de la victime, elle n'a pas été formée par une enquête serieuse et impartiale mais par un décrêt paré d'autorité de l'Etat. Sous prétexte que le fait à juger a engendré du mal et de la souffrance, les fonctionnaires de la justice tournent le dos à la raison et au bon sens.

Eloge de la barbarie judiciaire
Thierry Levy, ed. Odile Jacob

104. Laurent Lèguevaque nous invite à bondir au XIe siècle, en l'an 1048.

« Sous certains cieux, l'ordalie par l'eau froide consistait à être jeté, poignet gauche lié au pied droit et pied droit au poignet gauche, dans une cuve pleine. L'absurde atteignait alors ses profondeurs, puisque, si vous couliez dans cette eau que le prêtre avait pris la précaution de bénir... c'était parce que vous aviez raison. En effet, si vous surnagiez - en dépit du bon sens - c'était que le liquide consacré vous rejetait, comme un mauvais élément. Selon certains auteurs, dans d'autres localités, la sentence de culpabilité s'appliquait en revanche au paroissien qui coulait. »

Les bourreaux
Portraits du bourreau
Par E. Thaib, extrait :

« C’est bien le peuple tout entier qui est appelé à juger et à exécuter dans le même moment. » La lapidation n’est pas la réunion de bourreaux d’occasion, c’est tout le groupe qui devient bourreau. Peuple et puissance publique, le temps de l’exécution, se confondent.

(...) On peut légitimement penser que la publicité des exécutions capitales, et l’engouement qu’elles suscitent trouvent leur source dans ce rôle de bourreau originellement dévolu à tout le peuple.

106 : « Barbares archaïsmes ? Tout doux, tout doux. Nous ne sommes pas tellement plus malin que nos ancètres. Que s'est-il passé devant la cour d'assise de Saint Omer ? »

Je ne partage pas le point de vue de l'auteur. Selon lui, « Des enfants ont menti, voilà tout. » A Arras il y a déjà eu méprise, des adultes ont eu leur part de responsabilité. D'autre part, dans Outreau saison 1 nous avons appris que l'un des enfants n'était même pas né, comment aurait-il pu mentir ?

PROCÈS CRIMINEL
DU SIEUR MONTBAILLI ET DE SA FEMME.
La méprise d’Arras, Voltaire (1771)

On imagina que Montbailli et sa femme avaient pu assassiner leur mère pour se venger; car ce ne pouvait être pour hériter, puisqu'elle a laissé plus de dettes que de bien.

Cette supposition, tout improbable qu'elle était, trouva des partisans, et peut-être parce qu'elle était improbable.

le cri devint si violent, que le magistrat fut forcé d'agir;

17 septembre 2006, Les affaires dites d'Outreau, c'est historique ?





Page 109, « Comment eût-il pu inventer, mettre en mots cette scabreuse situation, s'il ne l'avait point vécue ? »

D'abord des avocats et des admins Ad'oc représentent les enfants, ceux-ci portent une parole qui peut ne pas être celle de l'enfant. Souvent, des taties et des stagiaires s'en mèlent, l'affaire dite d'Outreau l'a bien mis en évidence.

Voir au 14 juin 2006, "On voyait des pédophiles partout et on voulait des coupables", a dit Mme Guigou sur LCI...

De la page 13 du rapport de l'IGSJ, l’origine de la saisine et l’enquête préliminaire :

Ce rapport - de l'UTASS d'Outreau - faisait état, d’une part, de l’attitude particulière des mineurs constatée par leurs assistantes maternelles, notamment du comportement sexualisé de W, et, d’autre part, de révélations faites à celles-ci et aux assistants sociaux par Y et W, laissant penser que ces enfants pouvaient être victimes d’agressions sexuelles commises par leurs parents.


Les avocats demandent l'acquittement général
Libération, vendredi 14 avril 2006, extrait :

Ce fut longtemps considéré comme un fait acquis : Lorie, placée en famille d'accueil à 4 ans, se masturbait sur le gazon. Troublant symptôme. Il aura fallu attendre la dernière ligne droite du procès Outreau bis pour rectifier.

Son assistante maternelle n'avait fait qu'interpréter.

L'enfant avait de l'herbe dans sa culotte.



Du générique du film « Le fabuleux destin d'Amélie Poulain » de Jean Pierre Jeunet, France, 2001 :







Tout cela semble procéder d'une mémoire archaïque grâce à laquelle nous, êtres humains, savons comment se passe la fécondation. J'ai connu une petite Virgine de neuf ans qui, alors que je recevais sa mère enceinte d'un nouvel enfant, me dessina la fécondation, le spermatozoïde pénétrant dans le gros ovule, avec une précision digne des livres de biologie. Pourtant elle ne l'avait jamais vu, ni appris, sa maman n'étant pas de celles qui consultent les ouvrages traitant de maternité.

Eloge des mères
P. 46-47, J'ai lu / Bien être / vie familiale
Edwige Antier

Virginie, neuf ans, a pu voir Amélie Poulain, a pu discuter de ces sujets à l'école, a pu en discuter avec son père ou même avec d'autres proches. Ce serait ici encore flirter avec « le débat philosophique sur l'inné et l'acquis ».

Page 109 encore, « ... Rien n'est moins sur que l'imputabilité de ces actes au dénommé Raymond. Ce prénom peut être imaginé, ou la cible déviée... »





Pages 110 et 111, encore à propos de la commission Outreau, ses 59 recommandations, « Le plus navrant reste à venir. (...) Imposer à l’expert le suivi d’une formation spécifique tant initiale que continue. (...) S'il faut encore le former, s'agit-il d'un expert ? » Sottise administrative selon l'auteur. Plus loin, « `'Hé ! crient les juges, pas notre faute, les experts nous ont induis en erreur !" (...) Belle dilution de responsabilité. »

L'expert serait « évidemment psycholoque. » Mais c'est oublier que la parole des enfants est parfois recueillie par un stagiaire voire par un titulaire qui « fait fonction de ».

« Pour sa réforme, Philippe Bas a notamment évoqué "un tronc commun dans les formations du médecin, de l'instituteur, du policier, du magistrat" pour que ces professionnels "soient entraînés à reconnaître les signes" de maltraitance.

"Il y a des signes qui se voient bien. Mais vous avez des enfants qui subissent des sévices sexuels en famille, ou des sévices psychiques, et qui n'ont que des silences. Rien ne se voit sur leurs corps", a-t-il détaillé.
nbsp;»

NouvelObs du 30/8/2005


Colloque LFSM des 1er et 2 décembre 2005
CENTRE CHAILLOT-GALLIERA
Paroles d’enfants : parole sacrée, sacrée parole !
La crédibilité de la parole de l’enfant.
L’après Outreau



Culture Droit,
entretien avec Liliane Daligand, extrait :

La question de la crédibilité de la victime, de l'enfant surtout, est fréquemment posée. Cela pose d'ailleurs une défiance persistante à l'égard de la victime. Rarement celle de l'accusé. Je peux comprendre qu'un juge confronté à des versions contradictoires, celle de la victime, celle de l'agresseur supposé, veuille en sortir. Mais c'est pratiquement toujours la victime qui est soumise à l'expertise dite de crédibilité et jamais l'auteur qui nie les faits.

Page 114, « Sincèrement. Certaines confessions nécessitent effectivement une certaine intimité. `'Apprendre à mieux se connaitre", comme on dit. Voilà pourquoi il faut prendre son temps. »

La parole, ce ne sont pas seulement des mots qui s'inscrivent dans un espace. La parole authentique est celle qu'on ne peut pas ne pas écouter. C'est celle qui, tout à coup, sort l'auditeur du ronron facile à gérer, où la banalité des propos l'enferme, pour le contraindre à se mettre en éveil ou à se réveiller. La parole ne doit pas seulement se contenter de dire.

Extrait de Parole, parole...
Du blog de Philipe Bilger
Avocat Général près la cour d'appel de Paris

Voir au 21 juillet 2006.

Selon les éducateurs, Justine aurait un moment été en voie d'accéder à une parole "authentique" (au sens de "personnel", et non plus sous influence). Depuis, le dossier a été bouclé à Nanterre et Justine n'a plus été présentée à la cour d'appel de Versailles.


Page 119. « ... Ainsi se répendait partout le bruit que le roi de Phrygie avait des oreilles d'âne. (...) Vrai ! Les secrets s'échappent, c'est dans leur nature. Et dans la notre. Ils s'évadent par toutes les lucarnes que que notre nature, la nature humaine, laisse béantes (...) Ils se révèlent par d'innombrables signes  lapsus, hésitations, remorts et regrets, failles logiques... »

Page 120, « Entendons nous bien. Le mensonge, avion furtif, reste indétectable, je l'ai proclamé et je le maintiens. En revanche,, la vérité, surtout la vérité enfouie... Ne demande qu'à jaillir, en ressort trop compressé. (...) Néanmoins il faut du temps. Le temps de l'observation et des questions. Le temps de scruter l'autre. (...) Un jeu de patience, dont les rêgles se débinent au fur et à mesure que l'on croit les appréhender. »

« Vive le language, vive le mensonge. (...) Cependant, la justice, ou en tous cas son administration, ne fonctionne plus ainsi. (...) Les juges ne pretent plus attention à leur carrière, et aux `'délais de traitement des procédures". Ils s'entourent d'experts, et de certitudes. Préfèrent ceux qui se taisent à ceux qui mentent, et les preuves matérielles aux déclarations. »

Page 124, « ... Pour coller au droit. Pour se plier au règlement. (...) Faussaire ! Ca plus Outreau ou pas assez de justice", comme plaisante un de mes amis journalistes, voilà qui donne à réfléchir... La magistrature moderne s'étonne de son impopularité. Mais qui s'attacherait à ces magistrats sourds aux autres, méprisants, hautains, si emplis de dédain qu'ils savent mieux que l'autre où est son intérêt ? Et s'estiment mieux à même de l'exprimer ? Et s'arrogent le droit (...) de formuler nos mots à notre place. »

Là encore je ne partage pas le point de vue de l'auteur. j'aurais écrit que le juge s'arroge le droit de définir ce que seraient nos pensées, qui nous serions, et non simplement de formuler nos mots à notre place.


Page 130. « ... Je réalisais que, sans le principe du contradictoire - sans formuler clairement à un accusé les griefs qu'on lui faisait-, la porte demeurait grande ouverte à toutes les élucubrations, les inventions, les mensonges en un mot. Que les pouvoirs préfèrent une logique paranoïaque, cultivant la défiance et le jugement interprétatif, à une logique d'écahnge verbal, de communication, m'inquiétait quelque peu. (...) à chaque étape de mon séjour auprès de l'Etat : la méfiance plutôt que l'écoute. »

131. « ... La plupart de mes convictions entraient en collision avec la pratique de cette infâme profession, dont l'insane vanité fait oublier qu'il s'agit juste de punir, de châtier, tâche vile s'il en est. Juste une carrière de bourreau. »

132. « Sans moi, désormais ! »




28. « En plus, ils - les RG - ont une mémoire d'éléphant. (...) Impossible de résister aux poussées de curiosité de cet animal. »

21. « L'ommission ne semble un péché qu'aux yeux de l'Eglise ou du fisc. Le reste de l'humanité y a souvent recours. `'Pourquoi ne me l'as tu pas dit ? Parce que tu n'as rien demandé ! »

18. « ... Son solfège consistait à multiplier volontier les allusions à l'actualité, plutôt que de répondre frontalement à mes questions. »


16-17. « Quand tout va mal, que reste-t-il d'autre que le réconfort du mensonge ? (...) Le Code pénal dit un peu la même chose, qui dispense l'accusé de prêter serment. Techniquement, l'inculpé ne risque jamais de commettre le délit de parjure, à la différence d'un témoin, qui doit jurer de dire toute la vérité, rien que la vérité, sous peine de santionc pénales. Le droit de mentir est donc implicitement accordé à ceux qui tombent entre nos griffes. Pourquoi ? Mais parce que les accusés traversent une mauvaise passe, pour le moins ! »


- Prévoir la norme ne suffit pas -

September 10, 2006

« J'ai menti »


L'article annoncant la parution du livre "j'ai menti" et la publication judiciaire à la suite sont de source Psychologies, septembre 2006. Le dossier du mois est consacré à la culpabilité :








En 1999, Virginie, 14 ans, accuse son père de l'avoir violée. Il sera condamné en 2001 à 12 ans de prison par la cour d'assises de Reims. Or, quelques années plus tard, la jeune fille avoue avoir menti. Voici son histoire, émouvante et véridique. Pour la première fois, on a ici la confession d'un enfant menteur. Virginie explique les raisons de son épouvantable fausse accusation. Elle décrit comment elle s'est retrouvée prise à son propre piège, tétanisée par la catastrophe qu'elle a déclenchée, et comment elle a été enfermée dans le statut d''enfant-victime', dont personne n'a su la sortir en la faisant revenir en arrière. A travers son témoignage, rédigé à la première personne, la jeune fille, qui a aujourd'hui 21 ans, veut innocenter son père. Celui-ci a passé 6 ans en prison, il vient d'être mis en liberté conditionnelle, et demande la révision de son procès. Car, malgré les révélations de sa fille, il est toujours coupable aux yeux de la justice. Dans le paysage judiciaire contemporain, la démarche de Virginie est exceptionnelle. - EVENE.fr

J'ai menti
Stock, 2006
De Virginie Brigitte Madeira et Brigitte Vital-Durand

Brigitte Vital-Durand, chef du service Informations Générales à Libération, est également co-auteur avec Anne Sophie Martin, journaliste spécialisée dans les faits divers, de "Crimes de femmes : 25 histoires vraies", Flammarion.



April 15, 2006

« Rôtisserie » et effet dominos


Libération, vendredi 14 avril 2006
« Rôtisserie » et effet dominos à Marseille

La police judiciaire tente de décrypter les liens entre plusieurs règlements de comptes.

VDN, édition du Vendredi 07 Avril 2006
Social / Outreau : l'autre affaire
Le procès de sept personnes accusées de viols sur enfants à Outreau continue
À la barre, les services sociaux en rangs serrés

QUAND une référente des services sociaux évoque «le contexte d’Outreau» en 2001, ça provoque une crise de pseudo-hypocrisie générale, dans la cour d’assises, se terminant, comme souvent, par une poussée de décibels stérile. Faut pas en parler. Même à quelques minutes de l’audition d’un enfant ayant accusé, un jour, le curé… dans l’autre affaire. Avant de l’innocenter.

Ce premier dossier a obligé tous ses intervenants à se poser, un jour, des questions. Ce n’est pas le cas, a priori, des services sociaux: «J’estime que nous travaillons comme il le faut. Je ne ferai pas autrement demain…», a assuré l’attachée territoriale de l’UTAS (Union territoriale d’action sociale) cette semaine. «On n’a pas à avoir d’état d’âme dans quoi que ce soit », a confirmé sa référente, hier.

Cadeau au placard

Pas le moindre doute dans leur travail: «On n’a condamné personne.»

Depuis le début du procès, les jurés ont écouté 29 interventions d’assistantes maternelles, référentes, éducateurs… travaillant avec les onze enfants placés, dont trois sont en institut médico-éducatif (IME), dont un autre devrait les rejoindre et dont un cinquième est troublé psychologiquement.

Deux enfants d’un des trois couples sont placés, après un rapport d’une assistante sociale en 1999, «parce que les parents n’apportaient pas les réponses éducatives appropriées». Les enfants perturbés arrivent chez des assistantes maternelles… et ça ne se passe pas « comme d’habitude». Pour le plus grand, «il était violent, crachait sur son image dans le miroir, m’agressait, attachait ma nièce sur le lit…», dira la première de ses «tatas».

Trois mois plus tard, il change de famille d’accueil et est désormais suivi par une équipe complète.

Me Pascale Pouille-Deldique demandera à ces personnes «expérimentées, professionnelles, encadrées» si ce garçon de 9 ans était si difficile à gérer. Bien sûr. L’avocate ne dit pas où elle veut en venir, mais laisse planer une interrogation: comment faisaient les parents pour gérer cette situation, avec une autre enfant (actuellement en IME spécialisée en Belgique), alors qu’ils étaient sous médicaments puissants, sans travail, sans trop de repères éducatifs, suivis «administrativement» par les services sociaux?

Me Pouille-Deldique, insiste sur ces «réponses éducatives» quand elle demande, à la référente qui gère 43 enfants, «pourquoi le cadeau offert par la mère à son fils, lors d’une rencontre médiatisée, est directement rangé dans le placard». Celle-ci répond qu’il fallait apporter, justement, une «réponse éducative». Il n’aurait pas été sage.

September 22, 2005

L'expertise de crédibilité


Culture Droit, Entretien avec Liliane Daligand, extrait :

La question de la crédibilité de la victime, de l'enfant surtout, est fréquemment posée. Cela pose d'ailleurs une défiance persistante à l'égard de la victime. Rarement celle de l'accusé. Je peux comprendre qu'un juge confronté à des versions contradictoires, celle de la victime, celle de l'agresseur supposé, veuille en sortir. Mais c'est pratiquement toujours la victime qui est soumise à l'expertise dite de crédibilité et jamais l'auteur qui nie les faits. Plus surprenant encore : la question de la crédibilité figure parfois dans la mission concernant la victime, alors que l'auteur a reconnu les faits !

D'abord, dire si le sujet présente des anomalies mentales ou psychiques et, dans l'affirmative, les décrire. Puis, préciser si les troubles éventuellement constatés sont consécutifs aux faits qu'il aurait subi ou s'ils étaient préexistants. Dans cette hypothèse, il nous est alors souvent demandé de préciser si les troubles ont pu contribuer aux faits ou s'ils n'ont pas développé chez le sujet une tendance à la fabulation de nature à faire envisager son récit comme imaginaire, et préciser si le sujet paraît ou non sous influence notamment d'une personne de la famille, de nature à susciter ou à déterminer son discours. Enfin, il nous est habituellement demandé de faire toutes observations utiles sur la crédibilité qui peut être accordée aux déclarations de l'intéressée, sur son état mental actuel et sur la nécessité ou non d'envisager pour lui une psychothérapie.

Rien n'interdit au juge d'instruction de faire réaliser une expertise de crédibilité au seul vu de l'enregistrement ". Dans ce cas, l'expert pourrait même asseoir ses conclusions sur une scène filmée sans rencontre directe avec la victime. Cela me paraît inacceptable, il y a des pratiques qui sont totalement contraires à la clinique et à l'éthique !


Colloque LFSM des 1er et 2 décembre 2005 :

CENTRE CHAILLOT-GALLIERA
Paroles d’enfants : parole sacrée, sacrée parole !
La crédibilité de la parole de l’enfant.
L’après Outreau :

  • Séparation conjugale et fausses allégations

  • Interprétation du discours de l'enfant par des parents inquiets

  • Crédibilité : authenticité et mensonge

  • Le récit chez lenfant

  • L'écoute de l'enfant

  • La parole de l'enfant : passage obligé, passage vérité ?

  • Traumatisme et résilience

  • Image de la victime dans le discours de l'agresseur