January 28, 2006

La pathologie sociale


Libération, le 26 janvier 2006

L'Etat semble moins craindre de faire face à de nouveaux scandales que d'engager une réelle réforme de la justice.
Les deux grandes peurs d'Outreau
par Daniel SOULEZ-LARIVIERE
Daniel SOULEZ-LARIVIÈRE avocat.

Des deux grandes peurs d'Outreau : laquelle va triompher ? Celle de voir des horreurs pareilles recommencer ou celle de changer notre procédure pénale ? Pour l'instant, l'expérience démontre que la peur du changement triomphe toujours de la peur de la répétition d'un sinistre. L'affaire Ranucci, celle de Bruay-en-Artois n'ont généré aucune réforme de l'instruction, pas plus que le scandale de l'affaire Grégory Villemin avec le juge Lambert ou celui des médecins de Poitiers. Depuis quinze ans, des dizaines de réformes sont intervenues. Certaines sans être mises en oeuvre. D'autres mortes-nées. D'autres sans grand effet parce que s'agissant de rustines. Seule la loi du 15 juin 2000 a manifesté une attention unanime de nos politiques, car eux-mêmes furent pincés dans l'archaïsme et la violence de notre système pénal. Malgré ces circonstances favorables, on n'a pas touché à l'architecture du système, mais à ses détails. La loi fut donc facilement rabotée, une fois par la gauche, deux fois par la droite. Le code de procédure pénale change tout le temps par rafistolages successifs et contradictoires. Il en est devenu presque illisible.

Du N°1 de la revue Ethnopsychiatrica, 1978:

1) Le patrimoine génétique de homo sapiens n'est pas celui d'une espèce dite «sociale» (abeilles, termites, etc.), mais celui d'une espèce grégaire - terme employé ici dans son sens traditionnel et non pas au sens qu'il a dans l'éthologie.

2) Il est inadmissible d'attribuer l'équivalent d'un psychisme à la société. Ce principe permet cependant l'emploi d'expressions du genre: «la société choisit», si la façon dont une telle expression est utilisée n'implique pas l'existence d'un «raisonnement» ou d'une «volonté» propres à la société en tant que telle. Elle ne peut impliquer qu'un choix soit unanime, soit fait par la majorité des membres d'une société, soit même le choix d'un individu ou d'un groupe d'individus capables de faire agir l'ensemble de la population d'une manière conforme à leur choix.

Soit un individu - ou un groupe - qui poursuit un but de son propre choix, sur lequel il n'appartient pas à l'ethnopsychiatre de porter un jugement de valeur. Si la poursuite de cet objectif produit une situation de stress que le «sujet» (individu ou groupe) apprécie comme telle et si tous ses efforts pour atténuer ce stress par un recours à des contre-mesures nouvelles et (ou) renforcées ne fait qu'accroître le stress, le «sujet» est pris dans les engrenages d'un cercle vicieux. La présence d'un cercle vicieux de ce genre caractérise toute psychopathologie individuelle et toute pathologie sociale - et souvent aussi les maladies organiques.

Le traumatisme colonial et la memoire

La mondialisation de la culture
Jean-Pierre Warnier
Collection Reperes
La Découverte
ISBN 2-7071-2938-0

Le traumatisme colonial et la memoire,
extrait de la page 42 :




Le Monde, 25.06.03
Savoirs,
Les sociétés face à la mondialisation des flux culturels

Conférence disponible via l'article du Monde.

[...] Plus que jamais, l'humanité est fragmentée par des conflits innombrables et souvent violents entre groupes, catégories sociales, communautés, pays. Ces conflits sont d'ordre politique au sens large du terme. Ils sont en partie alimentés par des clivages culturels. Mais ils ont aussi pour conséquence de produire, en permanence, des éléments de culture qui nourrissent la divergence culturelle. En d'autres termes, du fait des conflits politiques, l'humanité est une machine à produire de la différence culturelle. Dans la relation d'opposition, chacun cultive ses spécificités.


Jean-Pierre Warnier est ethnologue, professeur d'ethnologie à l'université Paris-V - René-Descartes et directeur du laboratoire d'ethnologie de Paris-V.

Parcours:
- docteur ès lettres, université Paris-X-Nanterre
- 1972-1978: recherche de terrain dans les montagnes du Cameroun de l'Ouest et mission de 15 jours à 4 mois sur le terrain depuis 1985
- 1974-1975: maître-assistant à l'université de Pennsylvanie
- 1979-1985: maître de conférences à l'université de Yaoundé
- depuis 1985: professeur d'ethnologie à l'université Paris-V - René-Descartes
- 1997-2000: directeur du laboratoire d'ethnologie de Paris-V.

Spécialité:
Spécialiste du Cameroun, les travaux de Jean-Pierre Warnier portent sur la réaction des sociétés face aux flux culturels, ainsi que sur la culture et l'économie matérielle.

Publications:
- Le Paradoxe de la marchandise authentique, L'Harmattan, 1994.
- Construire la culture matérielle: l'homme qui pensait avec ses doigts, PUF, 1999.
- Mondialisation de la culture, La Découverte, 2003.
Jean-Pierre Warnier a écrit de nombreux articles dans des revues spécialisées. Il est membre de 6 ou 7 comités de lecture, ainsi que Research Fellow de l'université de Londres.


Victimes de pensions inégalitaires, les anciens combattants des ex-colonies méritent réparation.
La France a la mémoire qui flanche
Libération vendredi 27 janvier 2006
Par Roland Castro, architecte urbaniste, président du Mouvement de l'utopie concrète.

December 14, 2005

L'émergence des droits de l'homme en Europe


Détenus battus, rapport disparu, procès suspendu
Libération, mardi 13 décembre 2005
par Olivier BERTRAND

Le tribunal correctionnel de Chambéry (Savoie) devait juger hier un directeur de prison et un surveillant accusés d'avoir frappé deux détenus de 17 ans, en juillet 2003, avant de les enfermer, nus et attachés, dans une cellule disciplinaire. Le parquet avait d'abord classé ce dossier, mais l'Observatoire international des prisons l'a exhumé après avoir reçu le témoignage de personnels. L'inspection des services pénitentiaires a donc rédigé un rapport, directeur et surveillant ont été renvoyés devant le tribunal, mais le procureur a refusé de produire la pièce principale : le rapport administratif. Les avocats des jeunes détenus s'en sont plaints : le tribunal a renvoyé l'affaire au 13 mars, ordonnant au procureur «la communication de toutes les pièces».

Ce n'est qu'en Europe que les droits de l'homme émergent alors que les frontières de la France sont réputées imperméables (se souvenir de Tchernobyl).

Chez aidh.org je relève 1763, Diderot, un plaidoyer pour le droit d'écrire et de publier :

« Citez-moi, je vous prie, un de ces ouvrages dangereux, proscrits, qui, imprimé clandestinement chez l'étranger ou dans le royaume, n'ait été en moins de quatre mois aussi commun qu'un livre privilégié [bénéficiant d'une autorisation de publier liée à une approbation]? Quel livre plus contraire aux bonnes murs, à la religion, aux idées reçues de philosophie et d'administration, en un mot à tous les préjugés vulgaires, et par conséquent plus dangereux que les Lettres persanes? que nous reste-t-il à faire de pis? Cependant, il y a cent éditions des Lettres persanes et il n'y a pas un écolier du collège des Quatre-Nations [riche collège parisien] qui n'en trouve un exemplaire pour ses douze sous... »


L'Observatoire international des prisons rappelle pour sa part que...

« tout enfant privé de liberté [doit] être traité avec humanité et avec le respect dû à la dignité de la personne humaine » (art. 37 de la Convention de New York relative aux droits de l’enfant).

« nul ne peut être soumis à la torture, ni à des peines ou des traitements inhumains ou dégradants » (art. 3 de la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants).

etc, etc...

Paris, le 19 octobre 2004

La section française de l’Observatoire international des prisons (OIP) a recueilli de nombreux témoignages concordants qui relatent des incidents graves survenus le dimanche 6 juillet 2003 à la maison d’arrêt de Chambéry (Savoie). Ces témoignages font notamment état de l’usage de fusils « riot-gun » au quartier des mineurs et d’actes de violences commis par des personnels pénitentiaires à l’encontre de détenus mineurs.

Le dimanche 6 juillet 2003, vers 14h15, plusieurs surveillants procèdent à l’ouverture pour l’après-midi des portes du quartier « mineurs ». Le détenu S., 17 ans, sort torse nu dans le couloir. Malgré une température exceptionnellement élevée, un surveillant lui demande de revêtir un T-Shirt. Monsieur S. refuse et l’insulte. Le surveillant lui ordonne de retourner dans sa cellule mais essuie un nouveau refus. Il s’ensuit une empoignade entre le détenu et deux surveillants. Un autre détenu mineur, Monsieur T., sort de sa cellule voisine et se mêle à l’incident. Il est maîtrisé par les surveillants et replacé dans sa cellule où, selon un témoignage, il est agressé par un surveillant.
Ce dernier est raisonné par ses collègues puis écarté de la zone de détention des mineurs.
(.../...)

December 11, 2005

Les Animaux malades de la Peste


La peste noire ou médiévale semble d'origine asiatique, partie des steppes russes et de la mer Caspienne. Elle touche toute l'Europe et tue près de la moitié de sa population. Son apogée se situe au milieu du XIVème siècle, mais elle se prolonge en poussées épidémiques dont celle de Marseille en 1720.

1894 - découverte du microbe.
1898 - découverte du mode de transmission.
1933 - invention du vaccin.

Un mal qui répand la terreur,
            Mal que le ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom),
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
            Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
            On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
            Nul mets n'excitait leur envie,
            Ni loups ni renards n'épiaient
            La douce et l'innocente proie ;
            Les tourterelles se fuyaient :
            Plus d'amour, partant plus de joie.
Le lion tint conseil, et dit : « Mes chers amis,
            Je crois que le Ciel a permis
            Pour nos péchés cette infortune ;
            Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
            On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point, voyons sans indulgence
            L'état de notre conscience
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons,
            J'ai dévoré force moutons.
            Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense ;
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
                        Le berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut : mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter, selon toute justice,
            Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le renard, vous êtes trop bon roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse.
Eh bien ! manger moutons, canaille, sotte espèce.
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes, Seigneur,
            En les croquant, beaucoup d'honneur ;
            Et quant au berger, l'on peut dire
            Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
            Se font un chimérique empire. »
Ainsi dit le renard ; et flatteurs d'applaudir.
            On n'osa trop approfondir
Du tigre, ni de l'ours, ni des autres puissances
            Les moins pardonnables offenses :
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'âne vint à son tour, et dit : « J'ai souvenance
            Qu'en un pré de moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et, je pense,
            Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net. »
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un loup, quelque peu clerc, prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout le mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
            Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

    Jean de La Fontaine (1621-1695)
    Livre VII - Fable 1

En 1664, après 3 ans d’instruction et de procès, Nicolas Fouquet, ancien surintendant, est condamné au bannissement à vie ce qui est équivalent à un acquittement. Louis XIV et Colbert auraient préféré la mort. Mais il n'était pas question pour Louis XIV de laisser en liberté un homme de la taille et de la stature de Fouquet. Le roi commue donc cette peine en détention perpétuelle. Nicolas Fouquet sera enfermé au fort de Pignerol où il meurt en 1680.

December 8, 2005

Le but : provoquer un boulversement décisif


Autant dire que ceux-ci faisaient l'objet d'une surveillance de tous les instants, qui était comme redoublée par un système de délation très efficace (il était directement inspiré des méthodes de la « Réforme de la pensée », qui avaient cours dans le Goulag...). Dans ces conditions, le contraste devait être total entre, d'un côté, la part du rêve, ce paradis sur Terre dont la Chine était censée avoir franchi le seuil en 1949, comme on le leur répétait à longueur de réunions politiques, et, de l'autre, le morne ennui d'une existence encasernée, où tout était interdit, sous-cultures de teenagers, nécessairement « décadentes », relations amoureuses, etc. Mais cela faisait partie d'un non-dit, que personne, dans la jeunesse estudiantine, n'aurait seulement osé articuler, même à mots couverts.

Extraits de Culture&conflit
La violence politique des enfants
Les gardes rouges : des rebelles sous influence


Prisonniers occidentaux et chinois volontaires
Le lavage de cerveau
en Chine au début des années cinquante

Bulles N°40, 4ème trimestre 1993, UNADFI
Manipulation mentale, lavage de cerveau, mégalomanie : essai de définition
Voir aussi Qu'entend-t-on par manipulation mentale ?

L'article tel que repris sur Prevensectes, extraits :

3. Prisonniers occidentaux et chinois volontaires
Le terme même de "lavage de cerveau" est la traduction littérale d'un expression familière chinoise faite de deux caractères hsi nao (Lifton emploie l'ancienne transcription des caractères chinois. Elle a été révisée depuis) par laquelle les Chinois désignaient la rééducation mise en oeuvre après la victoire communiste de 1949 sur le Kuomintang. Ces caractères peuvent représenter des objets ou actes concrets, mais aussi abstraits : "laver, purifier, rectifier" - "tête, cerveau, pensée". le terme officiel était szu-hsiang kai-tsao ("remodelage idéologique", "réforme idéologique"). Lifton choisit "réforme de la pensée" ("Thought Reform"). Cela apparaît, estime-t-il, comme "l'un des efforts les plus puissants de manipulation humaine jamais entrepris". Ce n'est pas entièrement nouveau : "dogmes, inquisitions, conversions de masse ont existé dans tous les pays et à toutes les époques. Mais les communistes chinois y ont apporté un caractère plus organisé, plus complet, plus délibéré - plus total -, ainsi qu'un alliage unique de techniques psychologiques aussi puissantes qu'ingénieuses". Le traitement appliqué aux prisonniers américains n'en constituait qu'une version d'exportation. Mais il faut se représenter qu'il était destiné de façon primaire au peuple chinois lui-même, et vigoureusement appliqué dans les Universités, les écoles, les "collèges révolutionnaires", les prisons, les bureaux du commerce et du gouvernement, les organisations d'ouvriers et de paysans. L'important n'est pas seulement son extension (en principe, il concernait le quart de l'espèce humaine) mais aussi sa profondeur et sa puissance émotionnelle : le but est de provoquer chez chaque sujet un bouleversement personnel décisif.

7. L'étau se resserre, Hu est mal à l'aise
Au bout de quelques semaines, changement progressif. Les cadres demandent de plus en plus de détails sur le comportement individuel des étudiants. Hu ne doit plus rester neutre, mais "pencher d'un côté", soutenir les éléments progressistes, exercer des pressions plus fortes sur les autres.
C'est alors le premier "de pensée": chacun en prépare un à la fin de chaque cours, le lit au groupe, et chacun fait ses critiques. Certains étudiants prennent la chose à la légère, mais les cadres, très au sérieux ; ils assistent à certaines séances pour rendre les critiques plus percutantes. Au lieu de l'harmonie critique et contre-critique.

« que la relation de la fillette avec sa famille maternelle a pu également reprendre et la fillette y trouve un grand plaisir ; [...] que l'enfant, redoutant les discussions, disputes et tensions sur ce point à l'occasion des hébergements chez son père ne souhaite plus se rendre chez ce dernier pour l'instant ; »

Ma fille avait été reçue seule par le Juge des Enfants, la veille de l'audience du 1er juillet 2005.


10. La dénonciation du père, acte ultime de la réforme de la pensée
La seconde exigence était bien plus difficile. Il s'agissait de dénoncer son père, tant comme individu que comme représentant de l'ancien régime. C'était l'acte ultime, symbolique, de la réforme de pensée des jeunes Chinois, et pour beaucoup, c'était extrêmement douloureux. Un cadre avait remarqué que Hu s'abstenait le plus possible de critiquer son père, et s'était mis à le harceler sur ce sujet en toute occasion.

...
Hu a finalement trouvé un moyen d'accuser son père sans dire trop de mal de lui, et sa confession a été acceptée.

Chacun inscrivait ensuite sur une carte ses voeux concernant sa future affectation professionnelle. La décision était prise par les autorités. Théoriquement, on avait le droit de refuser, mais très peu le faisaient, car c'était un très mauvais point - d'ailleurs, qu'auraient-ils pu faire d'autre ?

Ce 9 novembre 2005 le Juge des Enfants a décidé de donner ma fille à l'une de ses deux tantes maternelles. De l'ordonnance motivée par de nouvelles calomnies des travailleurs sociaux de l'OSE :

« M.KANT se borne à faire valoir sans l'établir qu'une telle décision serait infondée ; »

« que les pleurs de l'enfant à l'audience ainsi que son refus exprimé sans équivoque à la même audience de tout contact et de toutes paroles à l'adresse de son père, démontrent, en l'état, l'impossibilité qui est celle de l'enfant d'entrer, ne serait-ce que de manière simplement ponctuelle et intermittente, dans une relation avec son père ; »


Sectes et laïcité
Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES)

Approches croisées du thème « Sectes et laïcité » étudié sous les points de vue historique, sociologique, philosophique, juridique et politique, au cours d'un colloque qui a réuni sur ce sujet universitaires, praticiens, administrateurs et chercheurs. Sont présentés les aspects psychosociologiques et historiques et les aspects juridiques et politiques du phénomène des sectes dans un Etat de droit. L'étude cerne l'emprise, la sujétion des adeptes, mais aussi l'état du droit et les pratiques administratives en France et en Europe, les fondements de la laïcité et son histoire.
Cette approche « multiculturelle » favorise l'analyse d'une problématique complexe où se croisent des interrogations fondamentales sur les libertés individuelles et collectives.
Un ouvrage de référence en la matière.

Année d'édition : 2005
Réf. : 9782110057686
352 pages, 16x24 cm
ISBN : 2-11-005768-8


Les troubles des pratiquants de Falun Dafa
www.vraiesagesse.net, extraits :

Hu Shiliu, une femme, née en mai 1970, était une résidante du village de Liyuner, ville de Meichuan. Le 26 juillet 1999, parce que Hu a refusé de rendre sa copie de Zhuan Falun, elle a été obligé de perdre son emploi par le Département de la Sécurité de la compagnie Shiyan Motor. En octobre 1999, parce qu'elle est allée à Beijing, lancer un appel pour le Falun Gong, elle a été détenue au Centre de détention de Shiyan, pendant presque un mois. En octobre 2000, Hu a été détenue au Centre de détention de Wuxue pour avoir affiché des affiches de clarification du Falun Dafa et elle a été extorquée de 2000 Yuan. Le Commissariat de la police de Lianlu a également confisqué la carte d'identification de Hu. Vers 22 h:30, le 20 août 2002, plus de dix officiers de la police, menés par le Capitaine Cheng, du Commissariat de la Police de Meichuan, a sorti Hu de son lit et l'a envoyée à une classe de lavage de cerveau. À ce moment-là, Hu portait seulement ses sous-vêtements. Ces officiers de la police sont entrés en défaisant la porte. Ils ont alors allumé la lumière et l’ont regardée pendant cinq ou six minutes. Un des officiers de la police de Meichuan a même déchiré ses sous-vêtements de l'aisselle vers le bas! Le capitaine Cheng (un homme) a alors commencé à molester Hu, en lui frottant le derrière. La police a également frappé son visage et son nez saignait et ils l'ont avertie de ne pas crier. Ces policiers ont également étranglé Hu et lui ont laissé plusieurs marques autour de sa gorge. Au Commissariat de la police de Meichuan, la police a tenu Hu par les cheveux et lui a cogné la tête contre le mur. A la suite de cela, Hu a souffert de maux de tête et de vertige pendant la moitié d'un mois.

Hu Aizhen, une femme, née en octobre 1961, était une résidante du village de Liyuner, ville de Meichuan. En octobre 2000, elle a été illégalement détenue pendant plus d'un mois pour avoir distribué des dépliants de clarification du Falun Gong. Vers minuit, le 20 août 2002, un groupe de policiers a forcé sa maison, l’a kidnappée et l’a amenée à une classe de lavage de cerveau.


Tortures, «rééducation politique», absence de soins médicaux, font partie de la routine
L'Express du 7/2/2002

Pour l'occupant, toute velléité de protestation est un «crime contre la sécurité de l'Etat», dont Passang et Chöying ont été jugées coupables. Sans se connaître, elles ont agi de façon identique. Révoltées par l'arbitraire, elles sont allées à Lhassa, la capitale, crier leur soif de liberté et leur soutien au dalaï-lama, chef spirituel et politique du Tibet. Brève manifestation: aussitôt arrêtées, rouées de coups, soumises à des chocs électriques, interrogées sans relâche et condamnées respectivement à cinq et quatre ans de détention, elles purgeront leur peine à Drapchi, l'une des pires geôles de la région autonome du Tibet, à proximité de Lhassa. Un temps, Passang se trouvera dans la même unité de travail qu'une autre nonne, Ngawang Sangdrol (1) - héroïne nationale, incarcérée en 1992, à l'âge de 13 ans, et désormais sous les verrous jusqu'en 2014. Tortures, «rééducation politique», nourriture infecte, absence de soins médicaux font partie de la routine, aggravée depuis quelques années par un programme d'entraînement disciplinaire dont la forme la plus épuisante est réservée aux prisonniers politiques. «Pendant deux heures ou plus, il fallait courir en rond, pieds nus, par n'importe quel temps, se souvient Passang. Les premiers mois à Drapchi, on nous forçait à rester debout dans la cour, immobiles, les bras le long du corps, un journal coincé entre les jambes, un livre ou une tasse d'eau sur la tête. Ça durait parfois six heures. Au moindre vacillement, on nous frappait.»


Chine - Détention arbitraire et mauvais traitement
12 janvier 2005 - Lettre ouverte aux autorités

En avril 2004, Mme Mao Hengfeng, engagée dans la lutte contre les politiques de planification familiale chinoises, a été condamnée à 18 mois de rééducation par le travail (RTL) par le Bureau de sécurité publique de Shanghai. Placée en détention dans un camp RTL à Shanghai, Mme Hengfeng a fait l'objet de violences et de mauvais traitements depuis le début de sa détention. Elle a notamment été battue alors qu'elle était suspendue en l'air avec les pieds et les mains attachés.
Le 18 novembre, lors d'une audience dans le cadre d'un procès qu'elle a intenté contre les autorités en raison de l'arrêt de son assistance sociale, Mme Mao a pu montrer ses blessures, mais les autorités officielles n'ont pris aucune mesure pour remédier à cette situation.
De plus, les officiers du camp l'ont menacée de réduire les visites et les appels à sa famille, après qu'elle ait refusé de signer un document intitulé "réforme de la pensée".
Fin 2004, de hauts représentants des autorités ont augmenté sa peine de trois mois, sans qu'elle ni sa famille n'aient été informés d'un possible recours en appel.

December 7, 2005

Trait d'union de l'histoire

Source : France Pitoresque

Aux différentes époques de notre histoire, on rencontre des dénominations particulières appliquées à l'usage des événements, à des partis, ou à certaines classes d'individus. Cette rubrique vous en révèle l'origine ou la signification, choisissant les plus pittoresques de ces mots curieux et bizarres.

TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE de Paris
Partie 1/2


Extraits :

Qu'on ne s'y trompe pas en effet ; en face de la guillotine, il n'y avait ni nobles ni manants, ni généraux ni soldats, ni croyants ni incrédules, ni ignorants ni savants, ni riches ni pauvres. Tous y passèrent successivement et le plus souvent ensemble. Les bourreaux de la veille furent les victimes du lendemain. La femme de la halle y coudoya la marquise ; le paysan illettré s'y rencontra avec l'académicien. C'est une erreur grossière que de croire et de prétendre que l'odieux couperet ne frappa que les têtes élevées et respecta les plus humbles : il s'abattit sur les unes comme sur les autres, et le sang du peuple ne coula pas moins abondant sur la place de la Révolution que celui de la noblesse et du clergé. Ce fut là la grande égalité établie par la Terreur : l'égalité devant Samson.

C'est d'une insurrection que sortit la pensée première du tribunal révolutionnaire. Lorsque le 10 août 1792 eut renversé la monarchie qui n'avait pas voulu se défendre, il fallut, pour se débarrasser de tous ceux qui avaient eu la velléité de résister ou qui simplement déplaisaient aux vainqueurs, inventer une sorte de jugement plus sûr et plus prompt que la procédure habituelle ; de là le tribunal exceptionnel du 17 août, créé sur la proposition de Robespierre, qu'on retrouve ainsi à toutes les phases de l'histoire de la Terreur[*].

Quatre jours plus tard, le 29 septembre, le tribunal lui-même était supprimé. Mais l'institution avait paru bonne ; il s'agissait seulement de la perfectionner.

[*] "DICTATURE DE L'ÉMOTION"

[...]. Les dérives d'Outreau doivent nécessairement conduire à nous interroger. Elles sont aussi les nôtres. Existe-t-il aujourd'hui une rumeur plus simple à colporter et plus difficile à contrer que celle de pédophilie ? Un frisson collectif plus facile à susciter ? Comment ne pas voir qu'à chaque fois que l'affaire d'Outreau s'emballait aucun des verrous ne lui résistait ?

Voir Alerte au risques de pédophilie

December 6, 2005

Un avis récent du Monde Diplomatique

En marge du pouvoir économique
Que reste-t-il de la démocratie ?
Le Monde diplomatique, août 2004

Par José Saramago
Ecrivain portugais,
prix Nobel de littérature 1998.
Auteur, entre autres,
du Dieu manchot, Seuil, Paris, 1995 ;
de La Caverne, Seuil, Paris, 2002 ;
et d’Essai sur la lucidité, à paraître au Seuil cet automne

Extraits :

La question principale que tout type d’organisation humaine se pose, depuis que le monde est monde, est celle du pouvoir. Et le principal problème est d’identifier celui qui le détient, de vérifier par quel moyen il l’a obtenu, l’usage qu’il en fait, les méthodes qu’il utilise, et quelles sont ses ambitions.

Si la démocratie était vraiment le gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple, tout débat cesserait. Mais on n’en est pas là. Et seul un esprit cynique se risquerait à affirmer que tout va pour le mieux dans le monde dans lequel nous vivons.

On dit aussi que la démocratie est le système politique le moins mauvais, et nul ne remarque que cette acceptation résignée d’un modèle qui se contente d’être « le moins mauvais » peut constituer le frein à une quête vers quelque chose de « meilleur ».

[...] Les peuples n’ont pas élu leurs gouvernements pour que ceux-ci les « offrent » au marché. Mais le marché conditionne les gouvernements pour que ceux-ci leur « offrent » leurs peuples. A notre époque de mondialisation libérale, le marché est l’instrument par excellence de l’unique pouvoir digne de ce nom, le pouvoir économique et financier. Celui-ci n’est pas démocratique puisqu’il n’a pas été élu par le peuple, n’est pas géré par le peuple, et surtout parce qu’il n’a pas pour finalité le bonheur du peuple.

« 450 000 enfants font l´objet aujourd´hui d´une mesure de protection judiciaire : enfants maltraités ou en danger – enfants en grande difficulté ou difficiles, enfants en échec scolaire, adolescents déscolarisés, fugueurs ou délinquants, enfants dont, d´une manière ou d´autre, les parents ne parviennent plus à assurer l´éducation. »

« C'est un secteur potentiellement créateur de nombreux emplois (450 000 selon le Plan), à condition que soit proposé un statut suffisamment attractif. »

Voir Risque d´arbitraire pour 450 000 enfants


Deux Manière de Voir...

N°82, Pages d’histoire occultées
ÉVÉNEMENTS OUBLIÉS
Mais la seconde guerre mondiale n’est pas la seule victime de ces phénomènes d’amnésie sélective. Des pages de l’histoire de l’humanité ont disparu des mémoires, en ont été effacées ou y ont été réécrites, non sans arrière-pensées : de la traite et de l’esclavage à la liquidation des Panthères noires, en passant par la Révolution française, la colonisation de l’Algérie, l’expulsion des Palestiniens, la révolte ouvrière à Berlin-Est et le procès Eichmann...

N°80, Combats pour les médias
UN DISCRÉDIT CROISSANT
L’information et l’analyse ont-elles pour de bon cédé le pas au racolage commercial et à la morale ? On connaissait la propagande de guerre, c’est désormais le matraquage en boucle d’« émotions » mises en scène ­ et vite oubliées. Condamnés par le tribunal des médias, des innocents se voient ensuite sanctifiés par leurs anciens accusateurs. Et puis tout recommence. La formation des journalistes mais aussi le mutisme complice des intellectuels jouent leur rôle dans ce naufrage.

Manif contre la « falsification de l'histoire »


« Nous avons dénoncé la démarche de nos devanciers qui tendait à la purification de l'objet, et nous nous sommes précisément regroupés au nom de son «impureté»... parce que nos recherches nous ont enseigné que le droit est un phénomène historique, culturel et social autant que logique... »
Voir Réseau Européen Droit & Société

Voir aussi « ethtnocentrisme et sociocentrisme » mais également « C'est de l'holocauste ! » ou encore trait d'union de l'histoire pour quelques exemples concrets.

Sectes et laïcité (MIVILUDES, 2005, ISBN 2-11-005768-8) aide à l'analyse de telles problématiques.

On m'a accusé de maltraiter ma fille et de souhaiter la délaisser : calomnieux. On m'a soupçonné et accusé de nombreuses choses au fil des tournures et des évènements, on m'a même repproché d'avoir fait rechercher ma propre fille par la gendarmerie nationale...

Et une personne me soupçonne maintenant d'être antisémite. Ca suffit, les travailleurs sociaux m'ont collé bien assez d'étiquettes différentes depuis début 2003 ; ma compagne et maman de ma seconde fille est d'origine juive.

On me soupçonne aussi de vouloir me venger : non, ma première main courante est de 2002 et ma première plainte est de 2004.

Ca suffit, les soupçons et les accusations à mon encontre.

La suite, plus bas.

Des associations d'outre-mer manifestent contre la "falsification de l'histoire"
LE MONDE, 05.12.05, extrait :

Déployée au bas d'un chapiteau encadré de deux drapeaux tricolores, la banderole du collectif des Antillais-Guyanais-Réunionnais était explicite : "Napoléon = négrier = criminel. Non à sa glorification. Non à la falsification de l'histoire."

Cent cinquante à deux cents personnes ont bravé les intempéries, samedi 3 décembre à Paris, devant les Invalides, pour "célébrer" à leur manière le bicentenaire de la bataille d'Austerlitz, commémoré officiellement la veille.

"Napoléon, c'est le code civil, le code pénal, les préfets... Mais c'est aussi celui qui a rétabli l'esclavage, reconnu crime contre l'humanité", a expliqué le président du collectif, Patrick Karam. Auteur d'un violent réquisitoire contre l'empereur, Le Crime de Napoléon (éd. Privé), Claude Ribbe a demandé la création d'un "centre national de mémoire et d'histoire de l'esclavage".

Dans la foule, un homme s'indignait qu'on puisse "souligner le rôle positif de l'esclavage". Ce raccourci vise à la fois l'article 4 de la loi du 23 février 2005, qui dispose que les programmes scolaires doivent reconnaître le "rôle positif" de la colonisation, et les célébrations officielles de Napoléon.

La multiplication récente des polémiques et initiatives qui concernent à la fois l'enseignement de l'histoire de France et la lutte contre les discriminations devient source de confusion.

"Nous ne sommes pas là pour parler d'une mémoire noire. Il n'y a qu'une histoire de France", a affirmé Patrick Karam, tout en évoquant une "histoire spécifique que l'on occulte".

Dans la foule, on déplorait les critiques adressées au CRAN. "Il faut arrêter de se diviser ! Ce qui nous rassemble, c'est une souffrance", s'emportait Marie-Pascale Mirre, originaire de Guadeloupe.


Depuis quelques temps je fais comme d'autres et je m'efforce de rétablir l'histoire en tentant de mettre en avant des faits, des éléments matériels ainsi qu'un discours que je tiens à l'identique depuis très longtemps. Ca pose des problèmes.

Je croise les faits, les éléments matériels avec le contenu de nombreux ouvrages et travaux de référence en tous domaines, y compris d'ordre socio culturels et cultuels et historiques. Cela me permet de mieux comprendre pourquoi certains ont pris telles ou telles décisions et initiatives, de me référer au plus important et au plus grave. Ca pose des problèmes.

Je ne m'arrête pas lorsqu'il y a tabous. Et il y en a car il s'agit pour majeure partie de violence et maltraitance institutionnelle. Ca choque car ce genre de situation ne peut exister pour personne.

Mais cela ne signifie en aucun cas que tous travaillent comme cela. Cette affaire a ses spécificités telles que les diverses collusions d'intérêts et la corruption. Ca pose des problèmes.

Par ailleurs, personne ne sait au juste de quoi je dispose car personne n'a jamais souhaité travailler avec moi. Il s'ensuit qu'un simple conflit familial est devenu une affaire à ce point "complexe". Mais cela n'est pas de mon fait, les professionnels de la protection de l'Enfance sont ailleurs et moi je ne suis rien qu'un bon père de famille selon une définition juridique du terme. Ces professionnels ont tous pouvoirs. J'ai fait de mon mieux avec les moyens que m'a accordé le dispositif de la protection de l'Enfance : aucun moyen sinon celui de faire des constats et de rassembler des preuves pendant plusieurs années.

C'est souvent très dur. Je peux me tromper, je travaille principalement seul mais avec divers conseils (des avocats, des cabinets d'avocats, un médiateur, un notaire, ...). J'ai aussi des échanges avec diverses associations et personnes sensibles à ces divers sujets.

December 4, 2005

Essais de traitement collectif du quartier d'agités


On pense immédiatement à cité des 4000 et Kärsher ou à toutes ces mères dépassées et aux pères absents... Mais non, voir De Saint-Alban au Groupe de Sèvres, la france des camps (1938-1946) ou aux sources d'une histoire clandestine pour quelques éléments d'histoire.

Voir également Les concepts de violence et de maltraitance qui se réfère aux travaux de S. Tomkiewicz.

Auteur : Paumelle Philippe
Paru le : 06/04/1999
Editeur : ENSP
ISBN : 2-85952-696-X
EAN 13 : 9782859526962


RESUME

Philippe Paumelle (1923-1974) a marqué le mouvement psychiatrique français pour avoir été un pionnier de la sectorisation, dans le XIIIe arrondissement de Paris. C'est sa thèse de doctorat en médecine qui est publiée ici pour la première fois. On y voit un jeune interne découvrant le " quartier " de femmes agitées d'un " asile " de la région parisienne, et y introduisant peu à peu une authentique prise en charge thérapeutique. Soutenu en 1952, à la veille de la découverte des premiers neuroleptiques, ce travail n'a pas seulement valeur de témoignage : il demeure riche d'enseignements pour la pratique contemporaine de la psychiatrie. La thèse de Philippe Paumelle est assortie de trois textes destinés à la situer dans son contexte historique.


SOMMAIRE

Essais de traitement collectif du quartier d’agités

Table des matières
Note de l’éditeur, J.-L. Chevalier
Préface, Ph. Kœchlin

Essais de traitement collectif du quartier d’agités
Philippe Paumelle

Introduction – Historique
1. Les principes qui ont inspiré la classification et la création des quartiers d’agités
A. Le rejet de la notion d’incurabilité
B. La diminution de l’agitation est fonction de l’effort thérapeutique
C. L’agitation, comportement temporaire
D. Faire le moins possible de bâtiments exceptionnels
2. Les théoriciens plus récents des quartiers d’agités

Le 3-6 de Maison-Blanche
Un quartier d’agités classique
1. Les locaux
2. Les malades
3. Le personnel
A. Les professionnelles de l’agitation
B. Les novices
4. Les traditions
A. La pauvreté de l’inventaire
B. L’inactivité imposée
5. Une journée au quartier d’agitées
A. Les rites immuables
B. Les drames
C. La visite
6. Les inter-relations entre médecin, personnel et malades
Les étapes de la progression du 3-6
1. L’ouverture du monde clos
2. Le progrès de la vie sociale
3. L’introduction sur une large échelle des traitements biologiques
4. Le quartier d’agitées, un quartier comme les autres
Tests d'amélioration collective
1. L’utilisation des moyens de contention
2. Le nombre des malades gâteuses
3. La courbe de poids de l’ensemble des malades
4. Augmentation d’inventaire en 1951-1952
5. Le style et le contenu des rapports
Améliorations individuelles
1. [Effets de l’ouverture du monde clos]
2. [Effets des thérapeutiques de chocs]
3. Les déséquilibrées caractérielles : [Marceline G.]
A. Son histoire
B. Son comportement dans le service
C. Périple asilaire. Inefficacité de tous les traitements entrepris
D. Évolution du comportement de Marceline en rapport avec celle du pavillon

Deux pavillons d’agités à l’établissement psychothérapique de Fleury-lès-Aubrais
Le pavillon Dupré
Le pavillon Moreau-de-Tours
Les étapes de la progression
Premières initiatives
Formes stables de vie collective

Le quartier d’agitées femmes de Saint-Alban

Commentaires sur l’évolution de deux services : Lyon, Rouen
Le service du docteur Bonnafé à Saint-Yon
Le service du docteur Balvet au Vinatier

Conclusions

Bibliographie

Postface, S. Tomkiewicz

December 3, 2005

Ce serait la fin des « affaires »

L'ère des grandes affaires politico-financières est révolue
Article paru dans l'édition du Monde du 17.07.05
Extraits :

AINSI, ce serait la fin des « affaires ». Depuis quelques années, les milieux judiciaires, policiers, politiques - et journalistiques - se nourrissent de cette conviction commune : les enquêtes politico-financières ont vécu. L'époque des « petits juges » s'attaquant aux ministres, députés et autres chefs de parti serait révolue.

Ce constat abrupt mérite certes d'être nuancé. Toutefois, de nombreux indices attestent que la justice financière a tourné une page de sa courte histoire. Une multitude de facteurs expliquent cette mutation.

Les camouflets infligés aux magistrats financiers. Le début des années 2000 a été marqué par une série de désaveux pour les juges d'instruction chargés des dossiers sensibles. Il y eut ainsi, en novembre 2001, la relaxe de l'ancien ministre des finances du gouvernement Jospin, Dominique Strauss-Kahn, dans l'affaire de la MNEF, suivie de celle de l'ancien secrétaire national du PCF, Robert Hue, dans celle du Gifco. Vinrent encore le dessaisissement du juge Eric Halphen, dont l'emblématique enquête sur les HLM de Paris était truffée d'erreurs de procédure, ou la relaxe de Roland Dumas, dans un volet de l'affaire Elf. Ces « claques » ont affaibli les magistrats financiers dans leur ensemble.

Par ailleurs, l'immunité pénale accordée à Jacques Chirac en 1999 par le Conseil constitutionnel - et confirmée en 2001 par la Cour de cassation - a encore accentué leur découragement. Juges et policiers financiers ont vécu comme un camouflet le statut d'« intouchable » accordé au chef de l'Etat, pourtant au centre de plusieurs dossiers majeurs (HLM de Paris, lycées d'Ile-de-France, financement du RPR, chargés de mission de la mairie de Paris...).

Le départ des « juges stars ». Plusieurs juges médiatiques, adeptes des actes d'instruction spectaculaires, sont partis. Eva Joly a regagné sa Norvège natale, Laurence Vichnievsky a accédé à la présidence du tribunal de Chartres, Isabelle Prévost-Desprez a également quitté l'instruction... Quant à Eric Halphen, il s'est mis en congé de la magistrature. Tous ont fait part de leur lassitude, voire de leur découragement. Aujourd'hui, le pôle financier parisien abrite encore deux juges connus du grand public : Philippe Courroye et Renaud Van Ruymbeke.

Cependant, si ces magistrats instruisent plusieurs dossiers sensibles (Total, frégates de Taïwan...), ils le font dans la discrétion. L'un comme l'autre ne paraissent guère goûter au vedettariat, refusant notamment d'accorder des entretiens à la presse.


La fin des enquêtes-fleuves.

Objets de toutes les critiques, les instructions-fleuves, comme celle sur les faux électeurs du 3e arrondissement de Paris (seize ans d'enquête !), sont désormais bannies. Les juges, sous la pression des parquets - notamment dans la capitale - bouclent plus rapidement leurs investigations, quitte à laisser de côté certaines pistes ouvertes par leurs enquêtes. De ce fait, les dossiers sensibles ne se transforment plus en interminables feuilletons aux multiples rebondissements. Le juge Courroye incarne cette nouvelle politique. Il a traité en un temps record (moins d'un an) les enquêtes visant Pierre Bédier et Charles Pieri. Même son instruction sur les ventes d'armes vers l'Angola, aux nombreuses ramifications internationales, a été clôturée en moins de cinq ans.


Des dossiers anciens.

Une opinion publique moins sensible.

Tout se passe comme si, désormais, les citoyens tenaient pour acquis la corruption d'une partie de la classe politique.

Les médias contribuent à cette banalisation.

Ce sont les faits divers et le fonctionnement de la justice elle-même qui sont désormais au coeur des préoccupations. Une évolution que les hommes politiques ont encouragée, voire suscitée.


Une nouvelle politique pénale.

Les lois Perben ont accru le pouvoir accordé aux procureurs - placés sous la tutelle du ministre de la justice.

Poursuivie par son successeur, Jean-Claude Marin, elle est mal vécue par les juges d'instruction, qui dénoncent un affaiblissement de leurs prérogatives et une   reprise en main » politique. De fait, le parquet de Paris privilégie les enquêtes préliminaires, placées sous son contrôle, au détriment des informations judiciaires, et rechigne à délivrer des réquisitoires supplétifs (qui permettent d'étendre les investigations des juges).


Des pratiques plus transparentes.

Les dérives semblent désormais le fait d'individus, ce qui les rend aussi plus difficiles à détecter.


De nouvelles affaires.

Après avoir attaqué la sphère politique, les magistrats concentrent leurs efforts sur le monde économique. Paradoxalement, si les sommes en jeu sont plus importantes, l'impact de ces affaires dans l'opinion est bien plus faible.

D'autre part, pour l'opinion, ces nouvelles affaires, qui mettent en jeu des mécanismes complexes (Vivendi, Rhodia...), sont souvent moins compréhensibles que les dossiers politico-financiers.

Le 1000e condamné à mort a été exécuté

Le doute s'est installé depuis que la modernisation de la police scientifique et l'introduction des analyses génétiques ont permis de mettre en évidence un nombre considérable d'erreurs judiciaires. A ce jour, 122 condamnés à mort ont été innocentés. Le dernier en date, Harold Wilson, est sorti d'une prison de Pennsylvanie le 16 novembre. Il avait été condamné en 1989. Une étude d'ADN a prouvé qu'il n'était probablement pas le meurtrier. Il est le deuxième innocenté cette année. Selon un centre de recherche (le Center on Wrongful convictions) qui a étudié 51 cas, près de la moitié des condamnés l'avaient été à la suite de témoignages erronés. Les opposants à la peine de mort tentent maintenant d'établir ce qu'ils soupçonnent depuis longtemps, à savoir qu'un homme a pu être tué à tort. Le premier exemple pourrait être celui de Larry Griffin, exécuté en 1995 dans le Missouri. L'association de défense des Noirs, la NAACP, a refait l'enquête et a conclu qu'il avait été condamné à tort. Elle a livré les noms de trois suspects à la justice. En juillet, le procureur a accepté de rouvrir la procédure.

LE MONDE | 02.12.05

Son pendant dans le cadre de l'affaire Outreau :

PARIS (AFP), 11 décembre 2005 - Le procès en appel de l'affaire de pédophilie d'Outreau a permis d'innocenter six personnes mais a aussi jeté le doute sur la condamnation des quatre principaux accusés, qui ont peut être payé pour des crimes qu'ils n'ont pas tous commis selon des acquittés.

Condamné à 20 ans de prison par la cour d'assises de Saint-Omer en 2004 pour le viol de neuf enfants, dont ses quatre fils, Thierry Delay a réaffirmé devant la cour d'assises de Paris que les sévices sexuels infligés avec trois autres adultes concernaient exclusivement ses quatre enfants.

Parmi ces neuf enfants figure Olivier, un garçonnet de 12 ans qui a avoué lors du procès en appel avoir faussement accusé l'abbé Dominique Wiel.

"Quand Olivier est venu dire à la barre qu'il avait menti pour l'abbé, personne ne lui a posé la question pour Thierry Delay. On peut légitimement s'interroger sur ses autres accusations", reconnaît Me Blandine Lejeune, avocate de Dominique Wiel.

Lui poser la question risquait d'ébranler la condamnation déjà prononcée et contre laquelle il n'existe plus de recours.

Le taxi Pierre Martel, acquitté en première instance, a également confié ses doutes à la cour d'assises de Paris.

"Je me pose plein de questions et j'ai envie de connaître la vérité qui pourra nous permettre de nous reconstruire", a-t-il déclaré.

Il a rapporté à la cour une conversation avec Thierry Delay et David Delplanque alors qu'ils se trouvaient dans le fourgon cellulaire au cours de laquelle Delplanque, approuvé par Delay, affirmait n'avoir violé aucun des fils Delay, crimes pour lesquels il a pourtant été condamné à six ans de prison.

"Il s'accusait par vengeance pour envoyer son amie (Aurélie Grenon dont il devait se séparer, ndlr) en prison", a déclaré Pierre Martel.

Aurélie Grenon, autre condamnée définitive du premier procès aux côtés de Thierry Delay, Myriam Badaoui et de David Delplanque, a aussi assuré qu'il n'y avait "jamais eu de filles" lors des ébats sexuels avec les enfants.

Or, Thierry Delay a entre autres été condamné pour viol sur la belle-fille de Franck Lavier, Stéphanie. Ce dernier, condamné à Saint-Omer à six ans de prison pour viol sur la fillette, a été acquitté à Paris.

Stéphanie qui affirme avoir été violée par trois hommes en même temps est toujours vierge.

L'abbé Wiel fait aussi partie de ceux pour qui les deux procès n'ont pas mis fin à toutes les interrogations, en particulier sur les aveux de Thierry Delay qui a reconnu avoir violé ses quatre fils "deux, trois fois par semaine", soit jusqu'à 12 fois, pendant cinq ans.

"Physiquement, ça me paraît impossible", estime l'abbé Wiel, ex-voisin de palier des Delay.

"Il y a une part d'ombre dans cette affaire. S'est-il passé quelque chose à la Tour du Renard", le quartier d'Outreau, épicentre de l'affaire, interroge le prêtre, condamné à sept ans de prison à Saint-Omer et innocenté en appel.

Pour Me Blandine Lejeune, "il est clair" que Myriam Badaoui, Thierry Delay, Aurélie Grenon et David Delplanque "ont été condamnés pour avoir commis des viols ou des agressions sexuelles sur des enfants auxquels il n'ont vraisemblablement rien fait".

Les quatre n'ont pourtant pas fait appel de leur condamnation.

Thierry Delay qui s'est déclaré "désastré" par son procès a expliqué avoir renoncé à son droit d'appel pour ne pas "faire témoigner à nouveau les enfants".

Les dénonciations des enfants étaient le principal pilier de l'accusation qui s'est effondrée au fil des audiences.

November 24, 2005

L’OSE : Oeuvre de Secours aux Enfants


L'O.S.E. en France avant-guerre
Association reconnue d’utilité publique, l’O.S.E. crée et gère, en région parisienne, des colonies de vacances et des centres d’accueil. Elle s’occupe particulièrement de jeunes enfants de trois à six ans, d’origine allemande, polonaise ou autrichienne, partis précipitamment et séparés de leur famille.

L’O.S.E. durant la guerre
Durant la guerre, l’O.S.E. est intégrée au sein d’un organisme à caractère racial, l’Union Générale des Israélites de France (U.G.I.F.), créée par Vichy, sur pression des nazis, pour regrouper en une seule organisation les oeuvres d’entraide et d’assistance juives.
L’O.S.E. continue donc son travail à visage découvert. Elle accueille, dans ses maisons de la zone Sud, les enfants des familles juives réduites à la misère par les interdictions professionnelles, internées ou déportées. On mesure les difficultés de ce travail officiel et les drames que vivent les responsables alors que de toutes parts les mesures répressives se multiplient.
Face au danger, dès 1942, l’O.S.E. entame également un travail clandestin de protection des enfants, cherchant à les placer dans des familles d’accueil sous de faux noms

Source: www.educreuse23

Vivette Samuel, Sauver les enfants
Éditions Liana Levi, 1995.

Extrait de Carnet Psy n°9, présentation de l'ouvrage
Par Marianne Rabain, psychiatre à l'OSE :

Il est grand temps de présenter l'OSE (sigle russe qui voulait dire : société pour la protection sanitaire des populations juives[1]). En France, les initiales ont été conservées et signifient : oeuvre de secours aux enfants. L'OSE fut fondé en Russie en 1912 par un groupe de jeunes médecins pour secourir et soigner des populations juives déshéritées ou pourchassées par les pogroms[2]. Très rapidement, cet organisme va s'internationaliser avec toutes les migrations liées à la révolution russe de 1917, puis la montée du nazisme. L'OSE France est crée en 1935 par Lazare Gurvic. Très vite, il faudra faire face à l'afflux des réfugiés juifs venant d'Autriche et d'Allemagne et mettre à l'abri des enfants envoyés de ces pays par leurs parents souhaitant les protéger. Ainsi va se créer une section d'assistance à l'enfance avec l'ouverture des maisons d'enfants. Lorsque la guerre éclate, ces enfants étrangers seront mis à l'abri en zone libre; le siège de l'OSE devra lui aussi être transféré dans le sud de la France où sont mis en place des centres d'aide médicale et sociale pour les réfugiés. Toutes les antennes de l'OSE ne vont cesser, pendant la Guerre, d'aider ces populations juives traquées ou internées, avec trois objectifs prioritaires :1) une aide médicale et humanitaire 2) la libération des enfants 3) leur hébergement en dehors des camps et si possible leur émigration.


[1] Les travailleurs sociaux de l'OSE ont demandé une mesure de protection dans le rapport reçu le 4/11/05 par le JPE. Ma fille n'est pas juive.

[2] Dans leur rapport, les travailleurs sociaux m'ont dépeint "intrusif" et "nocif". En octobre 2005 je tentais de solliciter les services susceptibles de contrôler l'établissement gardien voire même le dossier du JPE. La DDASS du Val d'Oise m'a répondu.

Le 4/11/05 le JPE a suspendu tous mes droits. Puis le 9/11/05 le JPE a confié la garde de ma fille à l'une de ses tantes maternelles. Je n'ai plus le droit d'avoir la moindre relation avec ma fille.

pogrom
po·grom (pə-grŏm', pō'grəm)
n.
An organized, often officially encouraged massacre or persecution of a minority group, especially one conducted against Jews.

[Russian, outrage, havoc, from pogromit', to wreak havoc : po-, adverbial pref. (from po, next to) + gromit', to outrage, wreak havoc (from grom, thunder).]

po·grom' v.

Source: http://www.answers.com/topic/pogrom

Les travailleurs sociaux de l'OSE jouissent d'une certaine réputation et l'association est reconnue d'utilité publique (voir La corruption).

Il y a eu déposition de ma fille et plainte pour discrimination raciale. Il y a aussi eu déposition de ma fille et plainte pour violence volontaire en réunion. Ces dépositions et plaintes ont été enregistées par un OPJ assermenté.

Les grands parents maternels de ma fille sont allemands. Ils se sont d'ailleurs mariés en allemagne, en 1948. Le grand père né en 1927 a fait la guerre aux côté des nazis.

Je suis moi même originaire d'une petite ville frontalière avec l'allemagne...

Plaintes pour discrimination raciale et pour violence volontaire en réunion sans suites connues.


Seul compte le dossier du JPE. La lettre dans laquelle le directeur de l'établissement gardient admet qu'il y a quelques problèmes est aussi au dossier du JPE.

Aujourd'hui, le dossier tel qu'alimenté par les travailleurs sociaux de l'OSE en est à 3), son émigration. En effet, ma fille doit quitter la région parisienne pour aller vivre en Alsace.


Une partie seulement de la plus récente lettre de ma fille au JPE a été versée au dossier : ma fille s'est pour ainsi dire résignée du jour au lendemain à aller vivre en Alscace et le dossier a été bouclé.

Le Defenseur des Enfants critique ce genre d'attidudes dans son rapport 2005 car il semblerait que les enfants peuvent ensuite regretter amèrement avoir ainsi déterminé l'issue de la procédure judiciaire.

Créée en 1912, dans la Russie tsariste en proie à l'antisémitisme, la Société pour la protection sanitaire des populations juives (OSE, selon les initiales russes) décide de mener une action humanitaire pour les juifs les plus nécessiteux. Durant la Première Guerre mondiale, elle élargit et développe ses activités.

En 1923, établissant son siège à Berlin, elle fonde une organisation internationale : l'Union-OSE sous la présidence d'Albert Einstein. En 1933, l'arrivée des nazis la contraint à déplacer son siège à Paris. En 1935, la filiale française est créée sous le nom œuvre de secours aux enfants et de protection de la santé des populations juives.

Après l'armistice, l'OSE installe son siège à Vichy puis le transfère à Montpellier où elle trouve l'appui de la préfecture de l'Hérault. En novembre 1941, elle est intégrée à l'Union générale des Israélites de France (UGIF) qui regroupe toutes les organisations juives préexistantes.

Source: aidh.org

Aux sources d'une histoire clandestine, extraits :

Dans les centres de l’U.G.I.F. coexistaient des enfants isolés, des enfants bloqués et des enfants libres qui par opposition n’étaient pas fichés. Les ex-dirigeants de l’U.G.I.F.. récapitulent ainsi les différentes catégories d’enfants :

3) Enfants ayant fait l’objet de mesures d’arrestations par la préfecture de police et dirigés sur l’UG.I.F., au lieu d’être dirigés sur Drancy. Enfants libérés de Drancy sur notre intervention comme enfants isolés, c’est-à-dire n’ayant aucune famille au camp, ou que nous parvenions avec l’aide de la police judiciaire à faire reconnaître comme tels.

Ces enfants devaient rester dans nos maisons sous le contrôle théorique de la police judiciaire et des autorités allemandes, contrôle qui pratiquement ne fut jamais exercé et qui permit ainsi à l’U.G.I.F. d’en disperser un très grand nombre.

2.1. La genèse de l’O.S.E. - L’OSE, principale œuvre d’assistance aux populations juives, a effectué un travail de premier ordre dans la préservation de l’enfance juive, en décidant dès 1941, de disperser les enfants en zone occupée. Née en 1912, dans la Russie tsariste où les Juifs subissent les pogroms ajoutés à un antisémitisme traditionnellement virulent et de plus institutionnalisé, elle a pour mission d’assister les populations et en particulier les enfants. Alexandre III (1845-1894) dont le règne débute en 1855, décide de poursuivre les mesures antisémites dans la lignée de son prédécesseur et de régler " le problème Juif ". Le procureur du Saint Synode déclare : " Un tiers des Juifs se convertira, un tiers émigrera, un tiers périra. " Le 3 mai 1881, les lois discriminatoires anti-juives sont promulguées en Russie. Des zones de résidence sont imposées aux Juifs, essentiellement en Ukraine, en Lituanie, en Pologne en Russie Blanche. Les populations vivent entassées dans des shtettleh, dans des conditions d’hygiène quasiment inexistantes.

L’intelligentsia juive de Saint-Petersbourg et de Moscou décide d’apporter des solutions au problème des shtetleh, où la misère et le manque d’hygiène provoquent des ravages. Le 28 octobre 1910, l’assemblée constituante de l’O.S.E. est formée. L’O.S.E. avec la première guerre mondiale étend le champ de son action. Ses 123 institutions agissent dans trois directions différentes : les consultations, les foyers, les opérations gouttes de lait dont la première a lieu à Minsk en 1916, et les terrains de jeu. En moins de deux ans, 1 300 enfants sont placés sous la tutelle de l’O.S.E. En 1923, le siège de l’O.S.E. est transféré à Berlin, puis, en 1933, déplacé de Berlin à Paris. En juin 1934, la première colonie de vacances est fondée à La Varenne dans le département de la Seine et Oise. Elle accueille des enfants de 3 à 6 ans provenant d’Allemagne et de Pologne principalement, sous la responsabilité d’un personnel de la même origine. En 1935, l’Union-O.S.E. inaugure la première filiale française. En 1938, l’œuvre s’oriente vers la protection de l’enfance et ouvre 5 homes pour accueillir les enfants juifs envoyés d’Allemagne après les premiers déferlements de haine contre les Juifs. Mais à la déclaration de la guerre, les enfants qui ont atteint l’âge de 15 ans deviennent, en vigueur des nouvelles lois, " des ressortissants ennemis " qu’il convient de préserver de l’internement.

2.4.1. Le camouflage des enfants en zone nord par le Comité-O.S.E. - A partir de 1941, les patronages de l’O.S.E. deviennent progressivement des vitrines légales pour l’activité clandestine. En effet, le Comité-O.S.E. profite de la présence des mères de familles pour les convaincre de leur confier les enfants et les préserver ainsi d’une menace potentielle.

October 30, 2005

Extrait de la première promenade

LES REVERIES DU PROMENEUR SOLITAIRE, 1782
Jean-Jacques Rousseau

La diffamation, la dépression, la dérision, l'opprobre dont ils m'ont couvert ne sont pas plus susceptibles d'augmentation que d'adoucissement; nous sommes également hors d'état, eux de les aggraver et moi de m'y soustraire. Ils se sont tellement pressés de porter à son comble la mesure de ma misère que toute la puissance humaine, aidée de toutes les ruses de l'enfer, n'y saurait plus rien ajouter. La douleur physique elle-même au lieu d'augmenter mes peines y ferait diversion. En m'arrachant des cris, peut-être, elle m'épargnerait des gémissements, et les déchirements de mon corps suspendraient ceux de mon coeur.
Qu'ai-je encore à craindre d'eux puisque tout est fait? Ne pouvant plus empirer mon état, ils ne sauraient plus m'inspirer d'alarmes. L'inquiétude et l'effroi sont des maux dont ils m'ont pour jamais délivré: c'est toujours un soulagement. Les maux réels ont sur moi peu de prise; je prends aisément mon parti sur ceux que j'éprouve, mais non pas sur ceux que je crains.

Mon imagination effarouchée les combine, les retourne, les étend et les augmente. Leur attente me tourmente cent fois plus que leur présence, et la menace m'est plus terrible que le coup. Sitôt qu'ils arrivent, l'événement, leur ôtant tout ce qu'ils avaient d'imaginaire, les réduit à leur juste valeur. Je les trouve alors beaucoup moindres que je ne me les étais figurés, et même au milieu de ma souffrance je ne laisse pas de me sentir soulagé. Dans cet état, affranchi de toute nouvelle crainte et délivré de l'inquiétude de l'espérance, la seule habitude suffira pour me rendre de jour en jour plus supportable une situation que rien ne peut empirer, et à mesure que le sentiment s'en émousse par la durée ils n'ont plus de moyens pour le ranimer. Voilà le bien que m'ont fait mes persécuteurs en épuisant sans mesure tous les traits de leur animosité. Ils se sont ôté sur moi tout empire, et je puis désormais me moquer d'eux.

Il n'y a pas deux mois encore qu'un plein calme est rétabli dans mon coeur. Depuis longtemps je ne craignais plus rien, mais j'espérais encore, et cet espoir tantôt bercé tantôt frustré était une prise par laquelle mille passions diverses ne cessaient de m'agiter. Un événement aussi triste qu'imprévu vient enfin d'effacer de mon coeur ce faible rayon d'espérance et m'a fait voir ma destinée fixée à jamais sans retour ici-bas. Dès lors je me suis résigné sans réserve et j'ai retrouvé la paix.

September 30, 2005

Ces cris qu'on enterre

Libération, le 27 septembre 2005
Le président Bouteflika entend rayer de la mémoire collective plus d'une décennie de guerre civile. Mais beaucoup d'Algériens ­ qu'ils soient rescapés ou proches de disparus ­ refusent cette amnésie forcée.

Après de longues recherches, il pense que leurs corps reposent là, au fond du trou. «Pour qu'on ne sente rien, il suffit en général de jeter de la chaux.» Lorsqu'il a crié au charnier et exigé son exhumation, il a été réduit au silence. «La gendarmerie m'a harcelé. Mon autre frère a été accusé de liens avec les terroristes et emprisonné pendant trois mois. Tout ça pour m'éloigner d'ici.» Le black out était déjà décrété.

L'homme dirige Al-Soumoud, l'une des associations de victimes d'un conflit qui, durant les années 90, a ensanglanté l'Algérie, faisant 200 000 morts. Une page que le président Abdelaziz Bouteflika veut tourner, une fois pour toutes. Sa «charte pour la paix et la réconciliation nationale», qui sera soumise le 29 septembre à référendum, enterre la «sale guerre», ses cadavres, ses tueurs et ses secrets.

September 26, 2005

A propos de tabous

Le 18 octobre 2000, le lieutenant-colonel Pierre-Alban Thomas, aujourd’hui à la retraite, témoignait devant la section française d’Amnesty International. Extraits :

Pourquoi est-ce que j’accepte de m’expliquer publiquement ?

Les témoignages doivent provenir de tous horizons et pas seulement de milieux officiels. La vérité ne peut supporter aucun tabou. Parler et écrire est une manière de libérer sa conscience, de rendre publique sa " repentance " (terme à la mode). C’est peut-être aussi une incitation pour des indécis à rompre le mur du silence.

Pourquoi avoir attendu quarante ans ?

Trop tôt, me semble-t-il, eût entaché la vérité de réactions passionnelles et entraîné des polémiques inutiles. Trop attendre, c’était risquer l’altération de la mémoire, le désintérêt des jeunes générations.

Ne serait-il pas préférable d’enfouir ce passé insupportable ?

C’était l’avis de Messmer, alors ministre des Armées, après la bataille d’Alger en 1957. C’est ce que Bigeard exprimait dans son langage imagé : " Il vaut mieux ne pas remuer la merde. " C’est ce que pensent presque tous les généraux et cadres supérieurs survivants. Ils prétendent que toute révélation sur la torture porte atteinte à l’armée. À ces arguments, Lanza del Vasto répondait, dès 1957, à ceux qui lui reprochaient " de souiller le drapeau, de déshonorer notre pays en disant ces choses " : " Ce qui souille et déshonore, c’est de les faire, non de les dire. " J’ajoute que le courage étant la vertu majeure de tout militaire, le courage aujourd’hui doit consister à dire ce que l’on a vu, ce que l’on a fait, même si c’est pénible et peu glorieux. Le cacher est un acte de lâcheté.


Source: LDH-Toulon


Les enfants victimes de torture et leurs bourreaux,
Par Françoise Sironi, extraits :

De quelle manière l'histoire collective s'articule-t-elle avec l'histoire singulière des enfants et des adolescents? Par histoire collective j’entends les guerres, les persécutions politiques et économiques, les mouvements sociaux, les révolutions culturelles, les bouleversements technologiques, ceux de la science ou ceux des habitudes morales et culturelles.

Cette part vécue d'histoire collective traumatique fait taire. Elle fait taire les enfants qui l'ont vécue et qui n'en parlent pas, ni à l'école, ni à la maison. Elle fait taire aussi les adultes. (...) C'est là que vient se loger l'intentionnalité du système tortionnaire: venir attaquer, briser, dénaturer, compliquer les liens qui unissent des êtres de même sang. A l'école, la crainte du dévoilement peut conduire ces enfants et adolescents à un conformisme de surface. Plus gênant, la crainte du dévoilement de leur histoire traumatique peut conduire ces enfants à une propension accentuée au mensonge protecteur pour se rendre "lisses" aux yeux d'autrui. Il arrive fréquemment que les enseignants deviennent, à leur insu, les "bêtes noires" de ces enfants quand, en toute bonne foi, ils demandent de raconter des histoires de famille ou des histoires en lien avec le passé et le pays d'origine.

Ce qui caractérise aussi le comportement de ces jeunes enfants, c'est leur profond besoin de sécurité. Parce qu'ils ont été exposés à des événements traumatiques qui ont changé le cours de leur existence, ils vont jusqu'à douter que cette sécurité puisse exister. (...) En psychothérapie, ils chercheront souvent à s'échapper, à mettre le cadre à l'épreuve, à le transgresser. Ce comportement est imputable au traumatisme lié à la violence de l'impact de l'histoire collective sur des enfants en cours de maturation. Nous sommes dans une situation de traumatismes cumulatifs. Dans des sociétés humaines où la peur collective, la terreur, la torture, les massacres constituent des instruments de pouvoir, le groupe familial et le groupe culturel ne peuvent plus fonctionner comme un contenant pour ces enfants. La représentation de l'adulte est profondément altérée. N'ayant plus de contenant familial ou communautaire efficace, ils sont "ouverts", effractés. Ils vont alors capter, par un mécanisme d'empreinte, les représentations qu'a l'autre, l'ennemi, sur leur groupe d'appartenance (familial, culturel, religieux visé par le persécuteur). L'enfant peut soit mettre en scène ses représentations introjectées par l'intermédiaire de comportements agressifs, violents et susciter le rejet, soit se conformer aux vœux de l'agresseur. Ils vont alors devenir "dociles", cacher leur identité et développer une stratégie de camouflage en affichant un faux-self à toute épreuve. Nous sommes dans un contexte de violence intense qui a pour effet d'abraser toute capacité fantasmatique. Le mode d'élaboration psychique se fait sous le sceau de la sidération et de l'inhibition traumatique. Voilà pourquoi on peut voir apparaître un état de dissociation à peine reprérable quand il s'installe. Ce mode de fonctionnement va devenir permanent si les événements de nature traumatique perdurent (guerre, exil,…). (...) Cette expérience vécue est totalement intériorisée.

Les blessures dues à l'histoire collective peuvent rejaillir comme des bombes à retardement à plusieurs reprises au cours de leur vie adulte. Elles peuvent rejaillir précisément lorsque le succès leur sourit. Ces enfants, devenus adultes, qui avaient presque réussi à oublier le passé traumatique, sombrent alors cycliquement dans des périodes de profonde dépression et d'angoisse. Pour entrer en contact avec cette partie clivée, refoulée ou déniée et qui est maintenant enkystée, ils abusent de toxiques, d'alcool, d'excès en tout genre. Tout le reste de la personnalité s'est développé harmonieusement, hormis cette part d'eux-mêmes, si secrète, si "sauvage", qui se manifeste à la faveur de stimuli en lien avec ce passé traumatique. Ils sont régulièrement convoqués rappelés à un rendez-vous avec le passé, soit lors de dates anniversaires, soit à des périodes charnières de leur existence, et souvent, comme je le disais plus haut, en période de succès et de réussite professionnelle ou personnelle. La compréhension de l'effraction psychique et de la souffrance psychologique des enfants exposés au traumatisme doit beaucoup aux travaux du psychanalyste hongrois Sandor Ferenczi.

Comment agir de manière préventive, afin que la violence subie ne transforme pas ces enfants en véritables "bombes humaines" à l'âge adulte ou à la génération suivante? Un enfant qui a connu la guerre peut la porter en lui, comme une bombe à retardement. Les cliniciens croient parfois qu' il doit à nouveau pouvoir "redevenir un enfant". Or cela lui est strictement impossible. Un traumatisme a des fonctions psychologiques précises: celles d'engendrer des transformations psychologiques, d'être à l'origine d'une nouvelle organisation psychique. Il est susceptible d'engendrer une soudaine hyper-maturation psychologique. Le traumatisme fait taire et l'horreur fait fantasmer. Croire qu'ils vont redevenir des enfants "comme les autres", qu'ils vont à nouveau pouvoir "jouer" va contraindre ces enfants et ces adolescents à "faire semblant". La vie leur ayant appris à devenir hyper-vigilants, ces enfants et ces adolescents vont très bien décrypter les intentions des autres, surtout les intentions malveillantes. Ils repèreront les adultes qui veulent leur "faire plaisir" et ils les gâtent en retour d'un comportement attendu de circonstance. Ceci est un bel exemple de faux-self déclenché par des tiers bienveillants et il importe aux cliniciens d'être vigilants sur ce point.

Un dernier point mérite d'être examiné: quel rôle ces enfants vont-ils jouer dans l'histoire collective? Comment vont-ils se construire et de quelle manière vont-ils contribuer à la construction de l'avenir de leur pays ou du pays d'accueil? Au-delà des différences individuelles, quels types d'adultes vont-ils devenir? Quel que soit leur destin individuel, devenus adultes, les enfants qui ont été fortement marqués par l'histoire collective partagent souvent un goût prononcé pour l'action, un goût prononcé pour tous les domaines où il est possible d'avoir une action concrète sur le monde[1]. Ils se retrouvent souvent dans des situations où ils peuvent avoir prise sur le monde[2], avoir une influence sur le cours des choses, ou de l'histoire. Beaucoup deviennent des hommes politiques, des enseignants, des pédagogues, journalistes, psychologues ou psychiatres. On les retrouve souvent à dénoncer et réparer les blessures engendrées par l'histoire collective[3].


[1] Voir « Jeunes perdus sans collier »

[2] Voir « On nous a cramé le cerveau »

[3] Et de ceci, l'assitance (aujoud'hui l'Aide Sociale à l'Enfance, précédemment la DDASS) en est très fière ; extrait du « papier Labache » : Lorsque la prise en charge du jeune est évaluée par celui-ci de façon positive, il arrive souvent que l’ancien usager contracte une dette symbolique envers l’institution au point qu’il doit prouver sa reconnaissance par des actes de contre-don. Philippe s’investit intensément dans l’humanitaire ; Mariama dit qu’elle a besoin de donner en retour de tout ce qu’elle a reçu et de ce fait s’occupe des personnes âgées, certains reconstruisent une parenté symbolique en intégrant le personnel éducatif (parents d’accueil, éducateurs) comme membres de leur famille et en cultivant une grande affection pour leur eux. »


Bien qu’il existe de fortes preuves empiriques selon lesquelles tous ces facteurs - facteurs associés à une accentuation des troubles psychologiques chez les enfants - sont associés à de piètres résultats chez les enfants, il se peut que ces effets se produisent en présence de risques multiples. Rutter (1979) a fait remarquer que la présence d’un facteur défavorable isolé dans la vie d’un enfant n’augmente pas le risque de troubles, mais que c’est uniquement en présence de risques simultanés que les problèmes comportementaux s’accentuent chez les enfants. Il a constaté que les enfants exposés à un seul risque ne sont pas plus susceptibles d’éprouver des troubles que les enfants qui ne sont exposés à aucun risque. Selon ses recherches, cinq pour cent des enfants exposés à deux risques manifestent des troubles graves, comparativement à 20 % des enfants exposés à quatre risques ou plus. Sameroff, Seifer, Bartko (1997) ont également constaté que c’est en présence de plusieurs risques que le développement est le plus sérieusement compromis.

Les risques et la résistance chez les enfants de six et de dix ans
W-98-23F
par Jenny Jenkins et Daniel Keating
Octobre 1998


Voir également « Les classiques des sciences sociales » : l'acculturation, l'enculturation et ses conséquences.


L'évolution des relations parents-enfants-professionnels
dans le cadre de la protection de l'enfance
Octobre 2001, extraits :

Tout semble se passer, en réalité, comme si ces deux univers, celui de la famille et celui des professionnels de la protection de l'enfance, étaient deux hémisphères que sépare plus qu'il ne les rapproche l'enfant, acteur autant qu'enjeu de leur rivalité plutôt que de leur coopération.

Advienne la séparation de l'enfant avec sa famille et le champ de la protection de l'enfance peut même se transformer en cercle vicieux de la maltraitance: la maltraitance familiale subie par l'enfant se doublant parfois, à l'intérieur même du dispositif cette fois, d'une négligence voire d'une maltraitance institutionnelle subie ou agie, en tout cas vécue par les enfants, les parents et les professionnels eux-mêmes, tous victimes d'une violence autant réelle que symbolique.

Tous les parents rencontrés ont décrit cette intervention comme violente, impression renforcée par le sentiment d'être seuls, et sans droits, ou "victimes de préjugés", face à une machine juridico-administrative [...] Le terme violence est régulièrement employé par les familles. Dans ce contexte quelle place réserve-ton aux parents d'enfants placés ? Comment peut se traduire en acte la volonté des professionnels de prendre en compte les compétences parentales et de favoriser la "bientraitance" ?"

La violence institutionnelle vécue par les familles est un donné important, car l'intervention des professionnels, aussi respectueuses qu'elle puisse être, nomme des difficultés et des douleurs. Le "droit au temps" s'accommode mal d'un accompagnement trop standardisé. Il est, par exemple, patent que les horaires d'ouverture des administrations ne sont pas une aide, mais au contraire souvent une contrainte supplémentaire - voire, dans le cadre des évaluations notamment, une source d'a priori - pour des familles déjà en difficulté.

Concernant les Actions Educatives en Milieu Ouvert, les données disponibles, portant sur différents échantillons limités de mesures en cours entre 1988 et 2001, font apparaître le nombre important de parents vivant seuls (autour d'un tiers: 30.2% de pères et 36.6% de mères) et de parents séparés ou divorcés (seulement un tiers environ d'entre les parents concernés vivent en couple).

Elles dévoilent aussi l'absence très fréquente des pères dans le cadre de l'exercice de la mesure, certaines situations montrant qu'ils ne sont vus que dans les moments de crise. L'AEMO semblent concerner alors essentiellement la mère.