December 2, 2005

Emily a retrouvé ses maîtres

CHICAGO (AFP), 2 décembre 2005 - L'odyssée d'une chatte américaine, échouée dans l'est de la France après deux mois de tribulations par camion, bateau et crochet par la Belgique, s'est achevée jeudi par des retrouvailles avec ses maîtres à l'issue d'un retour en avion en classe affaires.

Filmée et photographiée par des médias locaux, Emily a retrouvé dans le Wisconsin (nord) Nick, un garçon de neuf ans, ravi de pouvoir la caresser à nouveau. "C'est une de ces choses que vous attendez et attendez encore, et lorsque cela arrive, cela vous bouleverse", a affirmé les larmes aux yeux la mère du garçon, Lesley McElhiney, à la chaîne de télévision locale WISN.

Ou à quoi travaillent efficacement les autorités françaises : un dossier bouclé en à peine plus d'un mois. Mais ce n'est pas un enfant.

J'ai fait un signalement en août 2005 pour séquestration de mineur de moins de 15 ans et ingérence illégale. Sans suites.

Mi novembre 2005 j'ai écrit au Ministre de la Justice pour la séquestration, le rapt, les collusions d'intérêts et la corruption. J'attend de découvrir quelles seront les suites.

Avant août 2005 je ne pouvais rien faire car je n'avais pas assez de preuves. Je pensais surtouit que j'allais pouvoir les verser au dossier de ma fille. Mais tout ce que j'ai rassemblé en plus de 4 ans reste entre mes mains.

Les momes, en France, les institutions s'en cognent. Ca rapporte des sous à certains et c'est d'ailleurs ce qui est mis en avant dans une proposition de loi qui a été présentée à l'assemblée nationale.

Il n'y a rien de diffamant ou de calomnieux là dedans. Ce n'est rien d'autre que la vérité à côté de quoi je dispose de preuves, d'ouvrages de référence, d'arrêts de CEDH, d'anciens articles de presse (...) et de rapports ministériels.

November 20, 2005

« Peut mieux faire »

AngolaPress, Paris, 20/11 - La protection de l`enfance en France et la lutte contre le sida qui frappe les mineurs dans le monde vont marquer la journée internationale des droits de l`enfant, dimanche, jour du 16e anniversaire de la Convention internationale des droits de l`enfant des Nations unies.

Un million d`enfants pauvres, 19.000 enfants maltraités, 76.000 qui sont en danger dans un contexte familial dégradé et qui menace leur développement éducatif et/ou matériel, quelque 240.000 enfants placés ou pris en charge : même si la France traite globalement bien ses 15 millions de moins de 18 ans, elle "peut mieux faire", résumait récemment le Conseil français des associations pour les droits de l`enfant (Cofrade).

Après des affaires qui ont choqué l`opinion (à commencer par le procès des pédophiles d`Angers), le ministre délégué à la Famille Philippe Bas a annoncé qu`il présenterait au printemps au Parlement "une réforme de la protection de l`enfance", dans une tribune publiée samedi par le Figaro Magazine. Renforcer le rôle du président du conseil général, mieux organiser le signalement des enfants en danger ("Trop de signalements ne sont pas faits alors qu`un danger réel existe", selon M. Bas), partager les informations entre les professionnels de l`enfance, tels sont les principaux axes de cette réforme, qui veut dépoussiérer la loi de 1989.

Les questions liées à cette protection sont souvent délicates, cachées sous le voile de la honte, du secret, de la stigmatisation ou de la corruption. Ce sont des sujets tabous, a fortiori s'il est question de sexe ou de religion. Un tel silence fait obstacle à la protection de l'enfant; il est impossible de mobiliser les citoyens en vue de l'action nécessaire quand les problèmes que l'on évoque ne sont pas censés exister.
Voir guide à l'usage des parlementaires

November 17, 2005

Il faut sauver le radis géant

TOKYO (Reuters), 17 novembre 2005 - Un radis blanc géant, qui avait vaillamment poussé dans l'asphalte, au beau milieu d'une ville japonaise, faisait l'objet jeudi de soins intensifs, après avoir été tailladé par un agresseur inconnu.

Ce radis, de la forme d'une grande carotte, avait attiré l'attention des médias il y a quelques mois, lors de son apparition au bord d'une route à Aioi, une ville de 30.000 habitants dans l'ouest du Japon.

Les habitants, qui avaient surnommé le légume "le radis qui a du cran", ont été choqués, et pour certains émus aux larmes, quand ils ont découvert qu'il avait été décapité.

Les télévisions se sont emparées de l'affaire et, un jour plus tard, la partie supérieure du radis a été retrouvée près de l'endroit où il poussait.

Un responsable municipal a annoncé jeudi que la partie supérieure du légume avait été placée dans de l'eau pour essayer de la garder vivante et éventuellement la faire fleurir.

Interrogé sur l'étonnante popularité de ce radis, ce responsable a estimé que les habitants de la ville, "découragés par la dureté de l'époque à laquelle nous vivons, avaient été réconfortés par sa ténacité et son intense volonté de vivre".

November 11, 2005

« C'est de l'holocauste ! »

VESOUL (AFP), 11 novembre 2005 - Quatre hommes ont comparu devant le tribunal de grande instance de Vesoul pour la revente de plusieurs milliers de grenouilles à des restaurateurs et des particuliers de la région.

Les quatre hommes, un père, son fils et deux de leur amis étaient accusés d'avoir pêché plusieurs milliers de batraciens dans la région des "Mille-Etangs" dans les Vosges saônoises entre 2002 et 2004. Repérés par un garde de l'Office national des forêt, ils avaient été placés sur écoute de février à mai 2004 avant de faire l'objet de perquisitions qui ont abouti à la saisie de 65 nasses à grenouilles (pièges) et à leur mise en examen.

Le principal prévenu, Jacques Aubry, a reconnu jeudi à l'audience avoir pêché entre 8.500 et 10.000 grenouilles qu'il revendait entre 23 et 32 centimes d'euros l'unité selon qu'elles étaient dépouillées ou non.

"Aller pêcher des grenouilles, c'est mieux que de brûler des voitures", s'est-il défendu à la barre. Les trois autres prévenus ont nié les faits.

"Ce n'est pas de la pêche, c'est de l'holocauste!", a répondu le substitut du procureur de la République de Vesoul Lionel Pascal.

Le bâtonnier, Me Lassus-Philippe, qui défendait le principal prévenu, a fait valoir qu'"il n'y aurait pas de pêcheurs de grenouilles s'il n'y avait pas de restaurateurs, et pas de restaurateurs, sans consommateurs." "C'est donc nous qui, par notre comportement alimentaire, sommes responsables", a-t-il conclu.

Le parquet a requis des amendes comprises entre 2.000 et 3.000 euros avec sursis à l'encontre des quatre prévenus ainsi que la confiscation de leur matériel.

L'affaire a été mise en délibéré au 15 décembre.

November 5, 2005

Patrons fraudeurs et tueurs fous

Le Monde Diplomatique, août 2002
Pages 4 et 5, extraits :

A l’heure du « capitalisme du mensonge » et des faillites frauduleuses géantes - Enron, WorldCom, Qwest, Tyco, Lucent, Xerox, etc. -, qui ruinent des dizaines de milliers de salariés-actionnaires et de retraités, quel rapport entre des « tueurs fous », comme Richard Durn, et des « maîtres du monde », comme (l’était) Jean-Marie Messier ? A l’instar des « patrons fous » voulant faire grossir leur entreprise jusqu’à l’explosion suicidaire, les « assassins de masse » aspirent également à fusionner avec les autres dans une étreinte démentielle et mortelle. A la fois révulsés et fascinés par ces folies meurtrières, accepterons-nous encore longtemps les dérives de ces chefs d’entreprise mégalomanes, sorte de secte-monde s’acharnant à dominer individus et ressources ?

En ces temps troublés, les dérives individuelles répondent aux emportements collectifs. Le gain forcené à visée fatale des « maîtres du monde » se reflète dans la franche criminalité des « tueurs fous », amplifiant en un miroir maudit les tendances sociétales jusqu’à la caricature sinistre. Ainsi, de plus en plus suscités par la crise culturelle où ils inscrivent leurs actes sanglants, les terribles « tueurs fous » tentent-ils d’abolir ensemble leur destinée et celle de la foule, tout comme les patrons-spéculateurs misent la fortune des peuples et se détruisent avec eux.

Chacun de ces « tueurs fous » s’attaque à un environnement à la fois aimé et haï, proche de lui et abhorré : l’armée canadienne puis le Parlement provincial, qui prend, pour Lortie, « le visage de [son] père » ; le « gang de féministes radicales » (sic) dénoncé dans la lettre-testament de Lépine ; « la mafia de Zoug » pour Leibacher. Pour Richard Durn, c’est la « mini-élite locale » en la personne de sa « maire » (seule visée « intentionnellement »). Pour Steinhauser, c’est l’ensemble des professeurs, ou encore, pour Harris et Klebold, tous les écoliers.

Le « tueur fou » est toujours impliqué dans le « tous ensemble » qu’il va agresser : comité, assemblée, Parlement, classe, institution, ville.

November 3, 2005

Tolérance zéro

Libération, le 19 juillet 2005
Tolérance zéro sans limite d'âge en Californie
Par Emmanuelle RICHARD, extraits :

En voyant débouler trois voitures de police et un hélicoptère, un quartier défavorisé de Fresno, dans la vallée agricole de Californie, a cru à une opération antigang. Au lieu de cela, la police est repartie avec une fillette hispanique joufflue, âgée de 11 ans.

Menottée, visiblement apeurée, elle était arrêtée pour avoir lancé une pierre sur un voisin de 9 ans qui l'attaquait à coups de bombe à eau.

Aujourd'hui, près de trois mois après l'incident, la jeune Maribel Cuevas se retrouve inculpée d'attaque avec une arme mortelle : un crime sérieux qui conduit à un jugement au pénal.

L'affaire est en passe de devenir le symbole des excès de la tolérance zéro des autorités américaines.

Los Angeles correspondance.


PARIS (AFP) 3 novembre 2005 - Le gouvernement français apparaissait jeudi impuissant à mettre un terme à la flambée de violences sans précédent ces dernières années dans des banlieues pauvres et à forte population d'origine immigrée près de Paris, théâtres d'une septième nuit d'émeutes.

Le Premier ministre Dominique de Villepin a réuni jeudi matin ses principaux ministres, dont celui de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, et des maires de villes "sensibles" autour de la capitale.

Les appels à "l'apaisement", lancés mercredi par le président Jacques Chirac et les efforts des responsables locaux, notamment des éducateurs souvent d'origine immigrée, surnommés "les grands frères", pour ramener le calme sont tombés dans le vide dans plusieurs cités déshéritées.

Des quartiers, situés à dix minutes en métro de Paris, qui comptent parmi les plus pauvres de France, là où le chômage et l'échec scolaire ont explosé, et où les jeunes Français, originaires pour beaucoup du Maghreb et d'Afrique, se sentent exclus, se sont de nouveau embrasés dans la nuit de mercredi à jeudi.

Des groupes de jeunes gens cagoulés, armés de pavés et de cocktails molotov ont affronté les policiers anti-émeutes notamment dans le département de Seine-Saint-Denis (nord de Paris).

Dans ce seul département, les émeutiers ont incendié 177 véhicules. Signe d'une escalade, la police a recensé quatre tirs à balles réelles, qui n'ont pas fait de blessés, contre la police et les pompiers.

Neuf personnes ont été blessées, dont un pompier brûlé au deuxième degré au visage par un cocktail Molotov.

Une concession automobile Renault a été incendiée, de même que deux écoles primaires, un gymnase, et des émeutiers ont aussi saccagé un poste de police, qui était fermé, et attaqué des commerces.

Selon la police, des jeunes âgés de seulement 10 à 12 ans ont été aperçus dans les rues lors de ces violences.

La situation était en revanche redevenue plus calme dans la ville de Clichy-sous-Bois, "berceau" de ces émeutes.

Les violences avaient démarré le 27 octobre après la mort accidentelle de deux jeunes de 15 et 17 ans, qui s'étaient réfugiés dans un transformateur électrique croyant être poursuivis par la police, à tort selon les autorités.

Les familles de Zyed Benna et Bouna Traore, d'origine tunisienne et malienne, ont porté plainte contre X pour non assistance à personne en danger.

Le ministre de l'Emploi et de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo a prôné jeudi "la fermeté" mais estimé que les autorités devaient aussi avoir "la main tendue".

Mais des jeunes ont promis de poursuivre la "guerre" contre la police.

"Cela va peut-être leur faire comprendre, aux gens du gouvernement", a lancé un jeune de 23 ans durant la nuit. "C'est que le début", dit un autre, "ça va continuer jusqu'à ce que Sarkozy démissionne!"

Le ministre de l'Intérieur, président du parti majoritaire UMP et candidat déclaré à la présidentielle de 2007, apparaissait isolé par les critiques, y compris venant de son propre camp, qui l'accusent d'avoir jeté de l'huile sur le feu par ses déclarations martiales contre la "racaille" de banlieue.

En visite privée à Paris, le président du Sénégal Abdoulaye Wade a déclaré qu'il fallait "casser les ghettos et intégrer les Africains qui demandent à être intégrés".

Des sociologues ont en effet jugé que ces émeutes témoignaient plus globalement de l'échec depuis 25 ans des différentes politiques de la ville et des "ratés" de l'intégration.

Les gouvernement successifs ont laissé se former des banlieues-ghettos -la France compte 750 zones urbaines "sensibles"- où les jeunes Français souvent d'origine immigrée sont exclus du marché de l'emploi, et perçoivent tout ce qui est extérieur à la "cité" -police, pompiers, services de l'Etat- comme des "ennemis".


Voir également :

Punir les pauvres par Loïc Wacquant

A propos de Punir les pauvres, une critique de Champ Pénal

Monde diplomatique de février 2001
Dossier : "L'obsession sécuritaire"
Envahissants experts de la tolérance zéro

VINGT ans de politique de la ville, élaborée sur fond de décentralisation au rythme des échéances électorales, ont accouché d’une nouvelle figure : l’expert en sécurité. Depuis le retour de la gauche au pouvoir en 1997, une poignée de ces experts multiplient les interventions médiatiques et disséminent leurs idées dans un nombre croissant d’instances et d’ouvrages. Naguère inconnus du public, ils s’imposent comme les analystes des « désordres urbains » et éclipsent les « spécialistes des banlieues » promus dans les années 1980. Ces derniers tentaient d’analyser un problème politique, économique et social, dont il fallait chercher les causes avant d’y remédier.

L’« expert » balaye les causes et propose une approche gestionnaire des effets : à la question de la situation économique et sociale des quartiers populaires, il substitue celle de la « lutte contre la violence urbaine ».

October 6, 2005

Deux mamans

Libération, le 6 octobre 2005
et beaucoup d'indignation, extraits :

«Un livre pour enfants qui fait frémir.» Ainsi Elisabeth Monfort, présidente de l'association catholique Femina Europa, présente-t-elle l'ouvrage Jean a deux mamans édité par l'Ecole des loisirs. Ce livre destiné aux enfants de moins de 3 ans met en scène une famille homoparentale. Edité en novembre 2004, il s'est vendu pendant un an sans faire de vagues jusqu'à ce qu'une lectrice du Figaro ­ ou plutôt sa fille­ tombe dessus dans une bibliothèque municipale.

«Je me suis sentie piégée, raconte-t-elle le 9 septembre dans le quotidien. OK en librairie ou bien dans le coin bibliothèque des ados, car, dans ces conditions, chacun a le choix. Mais là, quel choix ai-je ? Quand ma fille veut ce livre parce qu'elle adore les images et que je refuse, qu'est-ce que je lui réponds ?»


Non.

October 4, 2005

Le grand singe dérange

En réaction à l'emission Dossiers de France 3,
L'instinct paternel existe-t-il ?

One Voice, Le grand singe dérange

Le résultat de nombreuses études menées sur nos plus proches parents, dont celles du grand primatologie, Franz de Waal, permettent de dire maintenant que la technique, la culture, les traditions, l’enseignement, la planification, la coopération, l’altruisme et les rituels de réconciliation font partie de la structure sociale des grands singes. Ils ont conscience d’eux-mêmes, reconnaissent leur image dans un miroir, anticipent le futur, assimilent des structures de langage élaborées, plaisantent et… mentent! Le gouffre est sur le point d’être franchi mais l’opposition sera à la taille du progrès moral que cela constituerait dans la relation de l’Homme à l’Animal. Le spécisme, profondément enraciné dans les mentalités humaines, et des intérêts puissants sont en jeu. Nous avons besoin de toutes nos forces vives, de toutes celles et ceux qui sont capables de passer au-dessus des préjugés et de leurs propres intérêts pour que les êtres chimpanzés, bonobos, gorilles et orangs-outans ne soient plus traités comme des choses ou des instruments au service de l’immoralité humaine, mais comme des personnes dotées de leurs propres destins. Le cours de leurs vies est entre nos mains.


Nouvel Obs, dossiers 2002/2003
Hier, il n'y en avait que pour les mères, extrait :

Dans les années 80, tout le monde se fichait de lui, se souvient la sociologue Evelyne Sullerot, auteur de “Quels pères, quels fils ?”. Il n’y en avait que pour les mères ! » A la même époque, Ségolène Royal, alors conseillère de François Mitterrand, éconduisait les associations de pères divorcés. De quelle planète venaient-ils pour oser réclamer la garde de leurs enfants ? Aujourd’hui la même Ségolène, ministre déléguée à la Famille, reprend leurs revendications et insiste sur la nécessaire revalorisation de leur rôle (voir encadré). Cette même gauche qui en 1968 voulait la « mort du père » plaide pour un renforcement de l’autorité, en espérant donner des repères à la jeunesse et contenir la violence dans les cités. Le discours social et politique, qui s’en est tenu longtemps à la dénonciation des pères défectueux, est en train de changer totalement. Maintenant c’est quasiment un appel au secours, du style : « Soyez bons, nous avons besoin de vous ! Vous êtes aussi essentiels que les mères ! »

Femme Actuelle N°684, extrait d'une interview d’Aldo Naouri :

F.A. : Quelles sont les conséquences de l’absence du père pour l’enfant ?
Dr A.N. : Il faut s’entendre sur le terme absence. Il y a absence de père quand il n’y a personne pour remplir la fonction paternelle, c’est-à-dire personne pour faire obstacle à la toute puissance maternelle. Or, on l’a vu, ne peut faire obstacle que celui à qui la mère reconnaît ce droit. Partant de là, on peut comprendre que la présence réelle, effective, du père aux cotés de l’enfant n’est pas absolument indispensable. S’il est vraiment présent dans les pensées et les comportements de la mère, il peut être loin, jamais là, mort même, il remplit tout de même sa fonction paternelle. En revanche, s’il n’est pas aimé et que son autorité est intérieurement déniée par la mère - même si elle ne le manifeste pas ouvertement, il peut être présent tous les jours, il est absent quand même car il ne peut pas remplir sa fonction paternelle.

F.A. : Quelqu’un d’autre que le père peut-il remplir sa fonction ?
Dr A.N. : Oui, car c’est une fonction, disons atomisable. N’importe qui peut la remplir (un oncle, un professeur, un ami de la famille, une grand-mère même...) à partir du moment où la mère reconnaît à cette personne le droit de s’interposer entre elle et son enfant, où elle s’incline dans les limites qu’on lui impose. Même un gardien de square qui interdit de monter sur les pelouses, un agent de police qui n’autorise pas à traverser à tel endroit ont une fonction paternelle. Disons qu’ils sèment une espèce de poussière de fonction paternelle, la dose minimale pour que l’enfant ne devienne pas fou. Mais ce droit partiel accordé à l’autre par la mère (ou subi par elle) est bien entendu insuffisant (...). La relation avec la mère est si intense, si viscérale ! Pour que l’enfant parvienne à se détacher, il faut que la mère soit elle-même liée par un lien puissant à celui qui s’interpose.


Aldo Naouri se défend d'être rétrograde et conservateur. Il explique qu'il n'est pas contre le partage des rôles et le pouvoir des femmes. Cela n'a rien à voir, dit-il. Que les hommes fassent la vaisselle, c'est une chose. Mais il faut qu'ils jouent leur véritable rôle de père. Pas celui des sitcoms et des poncifs à la mode. Celui qui s'interpose entre la mère et l'enfant. Ce n'est pas en maternant ce dernier qu'ils y parviendront, précise Aldo Naouri avec une moue légèrement dubitative. Le pédiatre ne combat pas la toute-puissance des mères. Au contraire, il la célèbre. Mais à une condition: que les pères ne cessent de rappeler à ces mères qu'elles sont des femmes. Par-dessus l'épaule maternelle, l'enfant doit voir qu'il y a un homme et que cet homme intéresse bigrement sa mère.

L'Express livres, Les pères et les Mères (Odile Jacob)


Dialogues, selon Claude Serraute :

— Bon, il est un peu bagarreur, mais de là à en faire de la graine de gangster ! C’est de son âge. Ça lui passera.
— En lui serrant la vis. Mais, toi, question autorité… C’est pas en continuant à jouer les père-mère que tu vas…

— Et alors, où est le problème ?
— Le problème, c’est qu’il n’a plus 6 mois, Thomas. Et que, maintenant, il n’a plus besoin d’un nouveau père, mais d’un père, un vrai, à l’ancienne.

— Normal, écoute, avec tout ce qui se passe maintenant – l’insécurité, la montée de la délinquance juvénile, la responsabilité des familles –, les psys en reviennent à l’autorité paternelle.
— Trop tard ! Elle est parentale et depuis belle lurette, l’autorité. Alors si tu as envie de jouer les mères fouettardes, vas-y. Moi, je ne saurais plus.
— Enfin, Jean-Mi, tu ne voudrais pas que ce soit moi, avec mon gros ventre qui… L’homme, c'est toi, quand même, non ?

September 22, 2005

Les animaux du divorce


RIO DE JANEIRO (AFP), le 22 septembre 2005 - Une femelle chimpanzé attend que la justice brésilienne se prononce sur sa mise en liberté, requise par un groupe d'avocats de Salvador de Bahia, dans le nord-est du pays, qui la considère trop déprimée pour rester enfermée dans sa cage.

"Suiça" (Suisse), comme s'appelle la femelle chimpanzé, vit depuis dix ans dans le zoo de Salvador mais d'après le procureur Eron Santana, elle est totalement déprimée et doit être libérée dans une réserve forestière pour singes, a rapporté jeudi le quotidien Estado de Sao Paulo.

Santana a signé la demande de mise en liberté de "Suiça" élaborée par cinq professeurs de droit de l'Université de Bahia. Ceux-ci allèguent que les chimpanzés étant "les primates génétiquement les plus proches de l'homme, ils ne doivent pas être mis en cage". Le procureur veut conduire "Suiza" dans une réserve de Sorocaba, dans l'Etat de Sao Paulo.

Le juge du tribunal de Salvador qui a reçu la demande s'est engagé à demander plus d'informations à la direction du zoo sur la situation de "Suiza" avant de prendre une décision, probablement la semaine prochaine, selon le journal.


L'Express, 25/04/2005
Les animaux du divorce
par Natacha Czerwinski

Extraits :

Avec la place grandissante des animaux domestiques dans la société - 52% des foyers français en possèdent un, selon la Sofres - c'est au tour des chiens, chats, poissons rouges et hamsters d'être présentés à la barre. «Lors des procédures de divorce, les tribunaux ont de plus en plus à connaître de demandes relatives à la garde de l'animal», note la juriste Valérie Svec dans Le Droit des animaux de compagnie (Chiron).

En droit français, l'animal est considéré comme un bien «meuble». Il appartient théoriquement à celui qui l'a acheté ou s'est déclaré comme son propriétaire auprès des fichiers contrôlés par le ministère de l'Agriculture. Pourtant, les juges sont amenés à affiner leur décision - qui a le plus de temps, d'argent, d'espace pour répondre au mieux aux besoins du toutou? - tant l'animal déchaîne les passions. «Il est un point fixe de la cellule familiale, analyse le vétérinaire Pierre Desnoyers. Il y a cinquante ans, quand un gamin rentrait de l'école, il y avait toujours quelqu'un, un parent, un voisin, pour s'occuper de lui. Aujourd'hui, c'est l'animal qui fait office de présence.»


Les juges n'ont-ils pas mieux à faire et ne s'y perdent-ils jamais ?