September 30, 2005

Entre protection de l’enfant et droit des familles

Lien social, Publication n° 669 du 12 juin 2003
Extraits :

Faut-il maintenir les relations entre un enfant placé et ses parents ou au contraire existe-t-il des circonstances qui justifient une mise à distance ? Cette question fondamentale est brouillée par des problématiques idéologiques, culturelles et émotionnelles qui ne permettent pas toujours de répondre d’une manière cohérente. Un colloque de l’association Anthéa a tenté d’apporter, les 26 et 27 mai 2003 quelques éclaircissement.

... Avec une maladresse consommée, cette dame est venue fustiger les travailleurs sociaux accusés tour à tour d’enlever les enfants à la sortie des écoles, puis de les soudoyer en leur payant des vêtements de marque ou des séjours de vacances onéreux, mais aussi en leur donnant de l’argent de poche (toutes choses que les parents ne peuvent pas se permettre), de laisser dans l’ignorance ces mêmes parents de l’orientation scolaire ou de la santé de leurs enfants, de reporter des visites, de ne pas autoriser librement les communications téléphoniques etc. Généralisation et stigmatisation hâtives risquent parfois de faire perdre toute crédibilité. Que les professionnels soient parfois en situation de toute-puissance est indéniable… mais il leur arrive aussi de se montrer respectueux des familles naturelles. Qu’ils commettent parfois des erreurs ou des oublis est tout aussi vrai… mais ils peuvent aussi agir avec compétence. Ce que Catherine Cadet a mis en évidence, c’est le besoin d’une instance de médiation qui garantirait la place de chacun et veillerait à corriger les abus de pouvoir, de part et d’autre. Le service socio-éducatif en charge du suivi de l’enfant n’est pas le mieux placé pour jouer ce rôle.

Sabine Domenichino, pédopsychiatre, a rappelé la fonction essentielle des mécanismes d’attachement et le rôle premier joué par l’enfant dans leur élaboration. (...) Ces interactions précoces participent à la construction de son sentiment de sécurité intérieure nécessaire à son humanisation et à l’élaboration de sa personnalité. Les personnes qui semblent naturellement les plus à même d’être ses interlocuteurs, dans ce processus, sont ses parents.

Il ne s’agit pas, pour autant, d’imposer une rupture brutale qui serait synonyme d’échec et de cassure, mais d’aménager une séparation qui préservera, avant tout, l’intérêt de l’enfant. C’est l’objectif des visites médiatisées qu’elle mène dans le cadre de l’hôpital Bellevue à Saint-Etienne. Le but poursuivi est bien là, d’aménager des séances regroupant parents, enfants et intervenants médico-sociaux, afin de recréer un vécu de lien primaire suffisamment bon pour pouvoir rendre possible le travail de séparation physique et psychique : réunir pour permettre à l’enfant de s’éloigner, sans sombrer.

September 27, 2005

Problèmes sociaux d'envergure, panique et ordre moral


Définition selon un article de Champ Pénal, nouvelle revue française de criminologie
Extrait du résumé et conclusion :

Durant la première moitié des années 1990, les États-Unis traversèrent ce qui peut être appelé une crise liée aux crimes sexuels. Ceci entraîna le passage de législations spécifiques destinées à adresser ce qui était perçu par le public comme un problème social de grande envergure. Durant la seconde moitié des années 1990, l’Europe (principalement l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas, la France, et l’Allemagne) se trouva dans la même situation que les États-Unis. Là aussi des législations étaient promulguées, de nature variée, afin de procurer des réponses à la panique du public. Selon une approche sociologique constructionniste, une panique morale prend place lorsque certains types de comportements ou d’individus apparaissent comme posant un extrême danger pour le tissu social. Étant donné que la pédophilie représente symboliquement l’ultime horreur dans la catégorie des crimes sexuels en ce que des enfants en sont les victimes, la présente contribution propose une grille d’analyse constructionniste afin d’estimer l’existence potentielle d’une crise morale liée à ce crime. Cet article pose les bases d’une démarche continue d’analyse du phénomène pédophile selon la grille théorique des paniques morales."

Il est intéressant de voir qu’au delà de notre mémoire immédiate de l’actualité criminelle, la société française s’est vue être précurseur d’une panique morale allant et venant sur les abus sexuels des enfants. C’est le but de cette étude de mettre tous ces faits en parallèle les uns avec les autres, et de les rapporter à la situation présente. Aux grandes affaires des années 1990, ainsi qu’aux affaires plus récentes.
Afin d’analyser de potentielles paniques morales, et comme précisé précédemment, il est important de prendre un certain nombre de facteurs en considération dans une équation complexe. Premièrement, les chiffres réels. Augmentent-ils, diminuent-ils ? Deuxièmement, la source de ces chiffres. Traduisent-ils des changements dans les législations, dans les pratiques sociales, etc. Troisièmement, le rôle des médias. La prévalence des articles couvrant des affaires de pédophilie, la rhétorique utilisée, le nombre d’apparitions dans le texte, etc. Et quatrièmement, la corrélation entre flambée dans les médias, et passages de législations, ainsi que la potentielle influence de lobbys ou encore de situations politiques.
Des questions se posent donc quant à la meilleure méthodologie à appliquer afin d’éviter les biais à la validité : quel parti pris pour une analyse de contenu ? Quelles sources choisir ? Quels mots-clés utiliser ? Et au-delà, bien sûr, ne pas perdre de vue l’horizon menaçant de toute recherche comparative : est-il possible de comparer des pommes et des oranges ?


Définition de la «panique morale» selon Ruwen Ogien :

La panique morale consiste par conséquent en une incohérence : juger moralement le bien personnel alors qu’on a accepté les principes de l’éthique minimale. Ogien distingue quatre types d’incohérence :
  • le refus d’aller jusqu’au bout de nos raisonnements moraux ;

  • la tendance à toujours envisager le pire ;

  • le refus de payer le coût intellectuel de notre engagement envers certains droits ;

  • la tendance à ne pas tenir compte du point de vue des personnes dont on prétend défendre le bien-être.



  • Stygmatiser les minorités et conforter les croyances des conservateurs...

    Radio France Internationale, le 26/09/2005
    Le Vatican s’apprête à publier des recommandations visant à barrer l’accès de la prêtrise aux séminaristes ayant des tendances homosexuelles.
    Extrait :

    Avant même son élection au pontificat, le 19 avril dernier, le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi, avait annoncé la couleur. Chargé par Jean-Paul II de rédiger les méditations du chemin de croix du vendredi saint au Colisée, le futur Benoît XVI avait alors tenu des propos très durs sur les mœurs dans l’Église : «Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement. Souvent, Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toutes parts !». Tout le monde avait alors immédiatement associé cette condamnation au dossier de la pédophilie et aux scandales à répétition qui depuis plusieurs années secouent, et risquent de ruiner, l’Église américaine. Mais de l’avis des spécialistes régulièrement consultés par le Vatican pour tenter de mettre de l’ordre dans ses séminaires, l’homosexualité est aussi devenue un problème majeur. «Même si on ne peut le comparer au fléau de la pédophilie, par son ampleur le problème de l’homosexualité est encore plus vaste», nous confiait l’an passé un des principaux conseillers du Vatican en la matière.


    Pratiquer la discrimination pour ne pas heurter les conservateurs...

    LE MONDE | 27.09.05
    Une campagne publicitaire montrant deux homosexuels qui s'embrassent est interdite de métro parisien
    Extrait :

    Consulté pour avis, au mois de septembre, sur la campagne publicitaire de Rainbow Attitude, le Bureau de vérification de la publicité (BVP) avait, lui aussi, tiqué. "Compte tenu de la nature du média concerné s'imposant à tous ainsi que des lieux de diffusion prévus", il attirait l'attention sur les "réactions que ne manqueront pas de susciter, de la part de la fraction du public la plus attachée aux valeurs traditionnelles, les visuels présentant deux femmes ou deux hommes s'embrassant" .

    Rainbow Attitude tient à sa campagne et a donc remplacé le baiser par de chastes étreintes et des regards langoureux mais elle ne comprend toujours pas l'attitude de Metrobus. "Alors que l'Espagne, après la Belgique, les Pays-Bas et le Canada, a légalisé le mariage homosexuel, la France ne serait pas capable de regarder en face un baiser homosexuel ? se demande-t-elle. En France, devons-nous comprendre que la lutte contre les discriminations implique que les homosexuels doivent rester cachés ?"

    La campagne première version, celle qui met en scène le baiser, ne devrait cependant pas disparaître : après beaucoup d'hésitations, un avis négatif de son comité d'éthique et un premier refus, Insert, la régie qui gère les affiches figurant sur les vitrines, a finalement donné son feu vert. "Leur accord n'a pas été facile à obtenir alors que les espaces publicitaires affichent sans cesse des couples qui s'embrassent, remarque Jean-Paul Chapon, porte-parole de Rainbow Attitude. Ce qui a choqué, cette fois, c'est qu'il s'agisse d'homosexuels."

    L'association a décidé, lundi 26 septembre, de porter plainte pour discriminations contre Metrobus et de saisir la toute nouvelle Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde), présidée par l'ancien PDG de Renault, Louis Schweitzer.


    Abuser des craintes et croyances collectives pour violer la constitution...

    Libération, 28 septembre 2005
    Bracelet: le président du Conseil constitutionnel tance Clément

    Il - le président du Conseil constitutionnel - a expliqué à Pascal Clément que «le respect de la Constitution n'était pas un risque, mais un devoir». Son entourage assure qu'il ne s'agit que de défendre l'institution. Certes, mais «c'est la première fois qu'un garde des Sceaux exprime sa défiance vis-à-vis de la Constitution. Il était de notre responsabilité de réagir».

    Il - Pascal Clément, Garde des Sceaux, ministre de la Justice - s'exprimait lundi soir, au sortir d'une rencontre avec des jeunes femmes victimes d'un violeur récidiviste (Libération d'hier), puis sur les ondes de France Info hier matin : «Il y a un risque d'inconstitutionnalité. Les événements récents (deux violeurs récidivistes mis en cause dans de nouvelles affaires en fin de semaine dernière, ndlr) vont me pousser à prendre ce risque, et tous les parlementaires pourront le courir avec moi. Il suffira pour eux de ne pas saisir le Conseil constitutionnel», avait expliqué le garde des Sceaux. Avertissant : «Ceux qui le saisiront prendront sans doute la responsabilité politique et humaine d'empêcher la nouvelle loi de s'appliquer au stock de détenus.»

    ... Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : «Nul ne peut être puni qu'en vertu d'une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.» Ce principe consacré par l'article 7 de la Convention européenne des droits de l'homme fait, à ce titre, partie de la Constitution. (...) Mais la Commission des lois de l'Assemblée a rétabli sa version initiale pour la deuxième lecture, en développant un argument juridique : dans ce cas de figure, le port du bracelet n'est pas une «peine» mais une «mesure de sûreté».

    L'argument mérite examen, estime Guy Carcassonne, professeur de droit, qui note que le Conseil constitutionnel a déjà accepté les inscriptions rétroactives au fichier des délinquants sexuels. Il n'en trouve que plus «ineptes» les déclarations du ministre. «Indignes, aussi, parce que si c'est vraiment anticonstitutionnel, ce chantage témoigne d'une incroyable légèreté de la part de celui qui est en principe le ministre de la Constitution et de l'Etat de droit.» Pour finir, Guy Carcassonne les juge «inopérantes parce que si se pose un problème constitutionnel, ce dont je doute, il se pose aussi face à la Convention européenne des droits de l'homme, et n'importe quel juge pourrait écarter l'application de cette loi, et la France serait condamnée».


    Il s'agirait d'esbrouffe mais le message est passé. Le message est d'ailleurs encore rappellé en conclusion de cette dépèche :

    PARIS (AP), 28 septembre 2005, extraits - M. Clément a assuré mercredi que le port rétroactif du bracelet n'est pas une peine mais une mesure de sûreté non susceptible de recours devant le Conseil constitutionnel. Un des principes fondamentaux du droit est qu'une loi ne peut être rétroactive lorsqu'elle est plus sévère.

    "C'est une mesure de sûreté pour la protéger la société", avait-il assuré un peu plus tôt sur Europe-1, avant de déplorer un débat "typiquement français: on préfère se disputer sur le droit plutôt que de voir ce qui est possible dans l'intérêt de la sécurité publique et des femmes".


    Baptiser et poursuivre l'engagement dans la durée...

    Le Figaro, 29 septembre 2005, L'Eglise catholique note une nette augmentation des demandes de baptême chez les douze - dix-huit ans.

    «Il y a vingt ans, on aurait affirmé que les parents laissaient aux enfants le libre choix. Aujourd'hui, ils se sont éloignés pour une part de la sphère catholique et ne se préoccupent plus de cette question.» Le père Guingand avance [...] l'idée d'un «effet d'entraînement» dans les établissements privés catholiques, souligne aussi que les grands-parents peuvent encore «jouer un rôle».

    «L'identification religieuse est de plus en plus marquée dans notre société. Les jeunes peuvent avoir envie d'appartenir ou de se référer à un courant spirituel, à une communauté», affirme le frère Joseph Court, chargé du catéchuménat des adultes au niveau national. (...) Une occasion pour l'Église de soutenir l'importance du geste posé par ces adolescents et de toucher leurs familles.»

    «Aujourd'hui, explique la responsable des aumôneries de l'enseignement public du diocèse de Paris, il n'y a plus une seule aumônerie qui ne prépare pas des adolescents au baptême.» Le défi consiste ensuite à insérer ces jeunes dans des communautés paroissiales afin de poursuivre cet engagement dans la durée.

    L'intervention sociale à l'épreuve de la neutralité laïque


    Hanouccah à l'OSE

    Les Jeunes du Foyer de Saint-Germain en Laye ont fait la fête samedi soir, comme chaque année. Partage de cadeaux, " super repas " dans une ambiance de folie. Dimanche 12 décembre, la fête de l'Amicale des anciens a réuni deux cents personnes venues partager un moment de fête et chanter les mélodies de leur maisons d'enfants. Une poignée d'entre eux se sont rendus, le mardi 14 décembre à la maison d'enfants de Draveil pour y offrir une hanoucciah. Ce même soir, les enfants de la maison d'enfants de Taverny ont partagé dîner et cadeaux autour de l'allumage des bougies de Hanouccah.

    Ma fille n'est pas juive.


    Intercultualité, laïcité :
    Comment préserver les valeurs démocratiques ?
    VEI Enjeux, n° 129, juin 2002

    Dans beaucoup de cas évoqués par les professionnels, le sentiment de « ne plus pouvoir faire face » provient de leurs interrogations sur leur place face aux faits qui interrogent leur identité professionnelle et l’identité de l’autre :
  • quelle est ma marge d’action face aux pratiques religieuses des enfants qui impliquent également l’autorité des parents, d’autant plus que je dois ne pas fragiliser ces derniers ?

  • quelles sont mes possibilités pour agir face aux situations qui touchent aux notions culturelles et identitaires (rapport à la religion, à la sexualité, à la parentalité) ?


  • De la conclusion : Les valeurs démocratiques sont fragiles par nature, car elles prennent leur force dans l’adhésion des citoyens qui vont les faire vivre.


    Voir également le compte rendu du colloque CQFD,
    Quel travail social pour le XXIème siècle :: salariat, qualification, démocratie

    A été affirmée en conclusion du colloque la nécessité d’assurer les conditions concrètes d’une controverse plus positive sur la qualification du travail social afin d’affiner et d’affirmer les compétences professionnelles. Trois notions ont aussi été rappelées : l’intérêt général, l’Etat de droit, l’esprit républicain, leur place dans l’action publique méritant d’être reposée.


    Le Monde Initiatives, avril 2005, extraits :

    En 2004,une dispute survient entre deux sans-abris hébergés dans une autre structure d'accueil d'Habitat et Soins. Elle se termine par deux coups de couteau. L'auteur des coups, musulman, reprochait à son coreligionnaire de ne pas respecter le ramadan.
    Si des conflits arrivent tous les jours parmi les publics de l'action sociale, le secteur est aujourd'hui confronté à l'irruption d'actes de prosélytisme religieux, voire d'intolérance.

    Que se passera-t-il [...] si des associations décident de fonctionner selon des préférences religieuses ou communautaires ? « Si on n'est pas vigilant, demain, n'importe quelle association confessionnelle ou idéologique pourra agir sur le créneau social et, tôt ou tard, les financeurs publics seront les otages de groupes de pensée », estime Jean-Marc Borello, qui rappelle, par exemple, qu'en 2004 à Paris, un groupuscule d'extrême droite, le Bloc identitaire - certes non financé par les pouvoirs publics - a organisé pendant plusieurs mois une soupe populaire réservée aux sansabris... français de souche.



    LE MONDE INITIATIVES
    LEMONDE.FR | 04.02.02 | 08h34
    C'est le dernier né des mensuels du Monde. Depuis le mois d'octobre 2001, son ambition est de traiter tous les aspects du social et de suivre l'actualité des "acteurs du changement". Le Monde initiatives témoigne de la multiplication des projets portés par les acteurs de terrain, anonymes ou non, dans l'esprit de l'ancien supplément hebdomadaire du même nom.
    Mensuel, 3,80 euros.

    "Fronde au groupe Le Monde. Aden et le Monde Initiatives refusent d'être sacrifiés et se mobilisent." L'Humanité, 1er février 2005

    "Inquiétudes dans la maison Monde. Le Monde Initiatives semble être à la veille de sa liquidation." L'Humanité, 24 mars 2005

    15 avril 2005, HNS-info - "Le 22 mars dernier, après six heures de négociations, les salariés et la direction se sont accordés sur les termes de l'accompagnement social de la fermeture définitive du journal. Depuis près de trois mois, nous nous battions pour obtenir des conditions de départ dignes de la « politique sociale du groupe » dont se targuait la direction, sans pour autant vouloir l'appliquer au Monde Initiatives."

    September 23, 2005

    L'état de santé des Franciliens "globalement bon"

    PARIS (AFP), 23 septembre 2005 - L'état de santé des Franciliens est "globalement bon" et l'espérance de vie y est supérieure à la moyenne nationale, révèle le premier "Atlas de la Santé en Ile-de-France", où apparaissent de "fortes disparités" sur ce territoire de 11 millions d'habitants.

    Rendu public vendredi dans les locaux de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région Ile-de-France (IAURIF), ce document est le fruit de la collaboration de nombreux organismes concernés par la santé en IDF, avec la participation de la préfecture de région, de la direction des affaires sociales et de la région IDF.

    Avec ses 55 planches, de nombreuses cartes et graphiques faisant l'objet d'analyses, cet Atlas - le cinquième d'une série d'atlas sur l'IDF réalisés en commun par l'Insee et l'Iaurif - "fournit des données sans précédent sur le plan de la santé et dans le domaine social, alors que s'élabore actuellement le plan régional de santé publique", a souligné Michel Peltier, directeur général de la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales à la préfecture de région.

    Les 145 pages de ce livre au grand format comportent quatre chapitres : contexte démographique, état de santé de la population, offre de soins, prise en charge des populations vulnérables.

    Grâce aux nombreux équipements médicaux et à la politique de prévention, l'état de santé des Franciliens est "globalement bon", a souligné Isabelle Grémy (Observatoire régional de la Santé), relevant que l'espérance de vie est de 77 ans pour les hommes (contre 75 ans dans l'hexagone) et de 83 ans pour les femmes (82,5 ans).

    Cependant, plus de huit ans d'espérance de vie chez les hommes séparent certains cantons de Seine-et-Marne ou de Seine-Saint-Denis (où l'espérance de vie n'atteint pas 72 ans) des cantons aisés de l'ouest de l'Ile-de-France où l'espérance de vie peut atteindre 80 ans.

    Atlas de la Santé en Ile-de-France, Diffusion IAURIF, 40 euros

    September 20, 2005

    Un moyen de se faire obéir

    Yahoo, 20 septembre 2005
    Le Taser, pistolet paralysant non létal, extraits

    "A terme, on aimerait qu'il y ait un Taser dans chaque véhicule d'intervention", relève-t-on au ministère.

    Selon le fabricant, cette arme a permis, là où elle est utilisée, de réduire de 67% les blessures aux suspects et de 82% celles aux policiers. Quand un tir avec une arme classique fait mouche six fois sur dix, le Taser, utilisé par une cinquantaine de polices, atteint sa cible presqu'à coup sûr (94,7%) grâce à son système de visée par laser.

    Le Taser permet de maîtriser des individus violents et armés sans employer d'arme létale. Il fait tomber le niveau de violence générale. Aujourd'hui, pour maîtriser un type saoul, qui vient de battre sa femme, il faut y aller à mains nues", explique un responsable policier.

    Dans les cités sensibles, le Taser "va permettre aux fonctionnaires de cesser de perdre la face, en disposant d'un moyen de se faire obéir", renchérit un policier.

    Selon l'Intérieur, le risque est une lourde chute, d'où les précautions à prendre par les utilisateurs qui recevront une formation spécifique. Il s'agit de s'assurer que la cible n'est pas en surplomb d'un immeuble ou d'un escalier.

    Le faisceau rouge du laser et le bruit de son arc électrique sont également dissuasifs, relève-t-on.

    L'usage du pistolet paralysant par des policiers de Miami contre des enfants ou par des soldats lors d'interrogatoires à Abou Ghraïb (Irak) ont suscité la polémique aux Etats-Unis.

    Mais, selon l'Intérieur, de tels dérapages sont à exclure en France car il ne sera "pas possible de l'utiliser sans laisser de trace". Les Taser de la police française sont dotés d'une "boîte noire" : chaque utilisation (date, heure, durée de la décharge) est inscrite dans l'appareil.

    Une micro-caméra et un système d'enregistrement audio se déclenchent dès que le pistolet est utilisé.

    Soixante Taser, mais aussi vingt caméras embarquées, seront livrés à la fin de 2005 dans les unités de gendarmerie intervenant dans les zones péri-urbaines, selon la Direction de la gendarmerie à Paris.



    Libération, 20 septembre 2005
    Huit policiers, un fusil démonté et trois coups de feu meurtriers ; Devant la cour d'appel, une intervention policière de 2000 qui a mal tourné.
    Par Brigitte VITAL-DURAND, extraits :

    Elle a passé son premier appel téléphonique à Police Secours à 21 h 18. Son mari était saoul, violent, il la menaçait. A 21 h 32, un gardien de la paix la rappelle, conformément aux usages. Vers 21 h 45, selon le rapport de l'inspection générale des services (IGS, la police des polices), trois équipages du commissariat de Nanterre s'arrêtent au pied de l'immeuble. Les policiers sonnent à l'interphone. La femme leur ouvre. Ils sont huit à s'engouffrer ­ sept gardiens de la paix et un adjoint de sécurité ­et à grimper les escaliers jusqu'au 5e étage.

    Il s'écroule dans l'encadrement de la porte d'entrée, la jeune policière se relève, repousse du pied le fusil tombé à terre. Elle s'aperçoit que celui-ci était en deux parties. Elle n'avait pas vu que le canon était désolidarisé de la crosse, qu'il n'y avait pas de mécanisme.

    Mohamed Belalia, 32 ans, informaticien et père d'un petit garçon, est mort sur le coup. C'était le 21 novembre 2000.

    Elle a chargé ses avocats, Mes Florand et Meilhac, de poser quelques questions : pourquoi la policière a-t-elle tiré trois fois, et sans sommation ? Pourquoi les policiers se sont-ils précipités dans une telle pagaille, avec absence de sang-froid et de professionnalisme ? Une soeur de Mohamed Belalia exprime aujourd'hui le sentiment de la famille : «On ne veut pas que cette policière aille en prison ; ce qui est important pour nous, c'est qu'on nous dise qu'il y a eu un problème, qu'on ne classe pas comme ça, on veut que l'Etat reconnaisse son erreur.»

    Après cinq ans d'instruction, la cour d'appel de Versailles doit rendre sa décision demain - 21 septembre 2005.


    L'Humanité, article paru le 21 septembre 2005, extraits :

    Présentés comme des armes « antibavure », quelques centaines de Taser X26 ont déjà été confiés à plusieurs unités (GIPN, GIGN, RAID). En 2007, le ministère de l’Intérieur compte en livrer environ 3 000 supplémentaires, notamment aux fameuses brigades anti-criminalité (BAC), spécialisées dans l’interpellation et le flagrant délit. « À terme, on aimerait qu’il y ait un Taser dans chaque véhicule d’intervention », assure la place Beauvau. Soit plusieurs dizaines de milliers de pistolets, à environ 1 000 euros pièce.

    Ce nouveau pistolet réjouit la plupart des policiers. « C’est le parfait compromis entre le poing et le Sig Sauer [pistolet], apprécie Luc Poignant, du SGP-FO. Le Taser permet de contrôler des individus violents et armés sans employer d’arme létale. Aujourd’hui, pour maîtriser un type saoul, qui vient de battre sa femme, il faut y aller à main nue. Avec le Taser, on aura un peu les avantages de la lacrymogène sans les inconvénients du retour de gaz... » Un policier renchérit : « Dans les cités sensibles, le Taser va permettre aux fonctionnaires de cesser de perdre la face, en disposant d’un moyen de se faire obéir. »


    CNDP, La Police des années noires
    France5 sur le câble : dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 janvier 2005, 0 h 55
    Un documentaire de Jean-Marc Berlière et Arnaud Gobin (2002), coproduit par France 5 et Zeaux Productions.
    52 min

    Dans les années 1930, la police nationale avait mauvaise réputation. Elle inquiétait, faisait peur et était la proie de toutes les rumeurs. Exécutant les basses œuvres d’un régime politique déconsidéré, elle terrorisait les républicains et était détestée par les communistes. Ceux de l’extrême droite l’associaient à une Tcheka occulte et franc-maçonnique. Puis vint la guerre... Qu’allaient devenir ces fonctionnaires, sous l’œil attentif des nazis, dans le cadre d’un régime discriminatoire et autoritaire ? C’est cette période obscure et encore sensible pour beaucoup que Jean-Marc Berlière et Arnaud Gobin ont pris le parti de présenter. Sans concession.

    September 18, 2005

    Les enjeux et la formation des magistrats


    Le ministre délégué à la famille veut réformer la protection de l'enfance prévoyant la formation des instituteurs, médecins, juges ou policiers.

    NouvelObs, 30.08.05


    Extraits du rapport Mercier (1999-2000) réalisé dans le cadre d'une mission d'information pour le Sénat :

    L’aide sociale à l’enfance représente presque, avec 28 milliards de francs en 1999, le premier poste de dépenses de l’aide sociale départementale. Entre 1995 et 1999, ces dépenses augmentent de 4 % par an en moyenne, soit sensiblement plus que l’inflation.

    L’aide sociale aux personnes âgées représente 11,7 milliards de francs en 1999 alors que son montant ne dépassait pas 8,7 milliards de francs en 1984.

    La dépense départementale d’aide sociale en 2000 comprend 154 milliards de francs de dépenses de fonctionnement mais aussi 95 milliards de francs de dépenses d’équipement dont 39 milliards de francs de dépenses directes.


    Au total le budget de l'ASE, le plus gros budget social des départements, est de 4,8 Md €, celui de la PJJ de 0,6 Md €. Si l'on y ajoute toutes les allocations, la dépense totale annuelle en France pour la protection de l'enfance est de 12 Md €.

    Source: www.ifrap.org


    PARIS (AFP), samedi 17 septembre 2005
    En sous-sol du ministère de l'Intérieur, le "tripot" des RG, extraits :

    En sous-sol du ministère de l'Intérieur, deux roulettes, une table de black-jack, deux bandits manchots: c'est le "tripot" des Renseignements généraux, où s'entraînent, dans un décor plus vrai que nature, les fonctionnaires de la sous-direction "courses et jeux".

    L'enjeu est d'importance: l'Etat encaisse 56% des quelque 2 milliards d'euros annuels du produit brut des établissements de jeu, les communes raflant 15% du magot.

    Les possibilités de fraudes sont multiples: de l'indélicat qui travaille à l'ancienne, décrit par Dostoievski dans "Le Joueur", et qui profite de l'agitation de fin de partie pour rafler indûment des jetons sur le tapis, à la bande organisée qui utilise des moyens techniques très sophistiqués.

    "Dès qu'on constate une anomalie comptable, qu'on a une suspicion de vol ou d'irrégularité, il y a contrôle et enquête judiciaire", explique Michel Roland. La sous-direction des "courses et jeux" est la seule section des Renseignements généraux à compter dans ses rangs des officiers de police judiciaire.

    Trois fois par an, l'Ecole nationale de la magistrature envoie des élèves se former auprès de la sous-direction "courses et jeux". Outre un rappel du cadre législatif et une visite sur un champ de course, ils passent aussi par le "tripot".

    A propos de l'approximation des situations


    "Il y a des signes qui se voient bien. Mais vous avez des enfants qui subissent des sévices sexuels en famille, ou des sévices psychiques, et qui n'ont que des silences. Rien ne se voit sur leurs corps", a-t-il détaillé.
    Le ministre - délégué à la famille - a également évoqué un renforcement "du rôle de coordination du président du Conseil général, le principal acteur de la protection de l'enfance".

    "Il faut absolument que l'information circule mieux. Je crois que dans certains cas vraiment très pathologiques de mauvais traitements infligés à des enfants, on s'étonne que l'information ne circule pas mieux entre les services", a-t-il enfin estimé.

    NouvelObs, 30.08.05


    MARSEILLE (Reuters), 17 septembre 2005 - Un sexagénaire a vécu cinq ans avec le cadavre de sa mère, dans un appartement de Marseille, pour continuer à percevoir les 700 euros mensuels de sa pension, apprend-on de source judiciaire.

    Laissé en liberté, cet ancien employé de la morgue d'un hôpital de la ville pourrait être poursuivi pour escroquerie et recel de cadavre.

    Intervenu sur requête du tribunal pour des loyers et factures impayés, les policiers ont découvert samedi le squelette de la vieille dame dans l'appartement de deux pièces d'une cité défavorisée, dans le 15e arrondissement de Marseille.

    Vivant quasiment en reclus dans l'appartement jonché d'immondices, le sexagénaire imitait la voix de la vieille femme pour tromper les représentants des services sociaux qui, alertés par le voisinage, se présentaient à la porte. Sa mère était décédée de mort naturelle à l'âge de 94 ans.

    L'immeuble HLM de L'Häy-les-Roses

    Confiée à deux juges d'instruction de Créteil, l'enquête pourrait désormais s'attacher à d'autres investigations. L'importance du sinistre et la lourdeur du bilan soulèvent des questions. Les experts désignés par les magistrats se sont, une première fois, rendus sur les lieux, vendredi 9 septembre. Le spécialiste des incendies n'est pas seul. Un confrère de la législation des incendies lui a été adjoint. Il s'agit de vérifier si cet immeuble, dont le bailleur, la 3F, est l'un des principaux gestionnaires de logements sociaux sur l'Ile-de-France, était en conformité avec la législation.

    "Il y avait déjà eu des feux de poubelle dans cette cité plutôt tranquille, explique le maire (PS) de L'Haÿ-les-Roses, Patrick Sève, mais ils n'avaient jamais eu de conséquences aussi dramatiques."


    Le Monde, paru dans l'édition du 13.09.05


    Ce lundi 12 septembre une marche silencieuse en hommage aux 18 personnes tuées a réuni plusieurs centaines de personnes.

    Selon les résultats de ces investigations relatives à la conformité de l'immeuble les responsabilités pourraient être partagées et ne pas être imputées uniquement aux quatres jeunes filles et à leurs "embrouilles". Ces jeunes filles, trois mineures et une jeune majeure ont été mises en examen et écrouées pour "destruction et dégradations de biens par incendie volontaire ayant entraîné la mort" - 18 personnes dont certaines sont mortes gravement intoxiquées par la fumée de l'incendie. Ces filles étaient aussi accusées d'avoir "entraîné pour autrui une infirmité permanente" car une victime était dans un état toujours critique le mardi...

    La jeune majeure résidait dans un foyer de l'enfance des Hauts-de-Seine, mais traînait dans le Val-de-Marne au pied de la tour aujourd'hui sinistrée.

    Voir également « à en vomir, » une affaire distincte, qui parrait être des conséquences du tapage médiatique et politique de ces 6 derniers mois.


    Libération, 17 septembre 2005, brève
    Quatre des huit adolescents - âgés de 16 à 18 ans - de l'Häy-les-Roses (Val-de-Marne), interpellés lundi lors de l'hommage aux 18 victimes de l'incendie avec des cocktails molotov, ont été placés en détention provisoire jeudi soir. Selon une source proche de l'enquête, «ils voulaient en découdre avec la police et avec les pompiers en les critiquant de n'être pas intervenus assez vite dans l'incendie de la tour».

    September 17, 2005

    La polygamie française

    Le Monde, le 07.05.05
    La polygamie résiste aux efforts de "décohabitation"

    L'ampleur du phénomène demeure mal connue. La dernière étude, réalisée par l'Institut national des études démographiques (INED) et l'Insee en 1993, fait état de 10 000 familles d'origines malienne, gambienne, mauritanienne ou sénégalaise, mais les chiffres varient selon les sources (préfectures, associations).

    Pourtant, la réalité de la polygamie et de ses effets est indéniable : promiscuité au sein de la famille, surpeuplement des logements, troubles du voisinage, conflits intrafamiliaux, qui peuvent être source d'échec scolaire... "La vie était devenue impossible à quatorze dans le cinq-pièces" , confie Hawa, dont les enfants étaient victimes de la mésentente entre les épouses. Les violences et les cris provoquaient la visite régulière de la police et l'hostilité du voisinage.

    Fatou, qui est arrivée du Mali en 1987, habite un cinq-pièces avec ses six enfants à Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne) depuis 2002. Elle a décohabité parce qu'elle avait peur des conséquences de la législation sur la polygamie. "J'ai demandé à sortir pour avoir la tranquillité avec les enfants et pour être chez moi" , explique-t-elle. Son mari habite à quelques pas de chez elle avec sa première épouse et leurs cinq enfants.

    Depuis quelques années, le groupement d'intérêt public (GIP) Habitat et interventions sociales tente d'aider les familles à décohabiter. Il intervient comme garant auprès des bailleurs sociaux ou établit un bail glissant ­ à son nom, dans un premier temps, avant de le faire signer par la coépouse. Le GIP oriente les familles vers les associations et structures locales pour l'accompagnement social des ménages après le relogement.



    L'Express, 15/01/2004, Cet interdit qui a droit de cité

    Elle vit dans un 4-pièces au papier peint défraîchi avec ses huit enfants, dont sa petite fille de quelques mois, sans parler du défilé incessant de cousins, d'oncles ou d'amis venus du pays. Dans ce brouhaha permanent, que seul l'appel à la prière diffusé par une horloge murale interrompt, Fanta, 53 ans, au sourire triste malgré ses dents du bonheur, le boubou trop large pour son corps frêle, reçoit comme elle peut dans ce capharnaüm. Française d'origine mauritanienne, elle est la première épouse d'un polygame marié à deux autres femmes, dont l'une est repartie au pays.

    Des cas comme celui-là, notre pays en compte des milliers. Car, si, selon le droit français, la bigamie est passible de prison, l'administration tolère depuis longtemps la polygamie pour les immigrés, en vertu du respect traditionnel du statut personnel des étrangers, dont l'arrêt Montcho, du 11 juillet 1980, fut la traduction logique.

    Le 24 août 1993, Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur, fait voter une loi qui proscrit le regroupement familial pour les polygames. La France, à cette époque, est en plein débat sur l'immigration. Les préfectures sont priées de ne plus renouveler les titres de séjour des secondes épouses. C'est le tollé.

    Des conditions de vie souvent inhumaines, toujours douloureuses.

    Le sujet est pollué par le discours xénophobe du Front national sur les immigrés, mais pas seulement. La peur d'être traité de raciste, la célébration «du droit à la différence», déplore aujourd'hui cette assistante sociale de Montfermeil, ont longtemps interdit le débat. Comme cette dernière, des associations, des assistantes sociales demandent à ne pas être citées.

    Mais comment faire, quand l'Ile-de-France manque de 300 000 logements sociaux? Que faire, quand les habitations les plus vastes sont conçues pour cinq enfants au maximum? (...) Quand des gens s'entassent à plus de 20 dans trois ou quatre pièces, il faut être naïf pour ne pas imaginer ce que ressentent les voisins».


    Extraits d'un article du Figaro,
    16 septembre 2005, par Cécilia Gabizon
    L'article se concentre et dénonce des filières de faux divorces et le détournement des allocations familiales. Les clichés sont nombreux. Extraits :

    Un mari, trois épouses, dix-neuf enfants et autant de bagarres quotidiennes... Fatou n'en pouvait plus de vivre à vingt-deux dans un appartement de La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Mariée à 17 ans à un cousin émigré qu'elle ne connaissait pas, l'élégante Peul «avait accepté la polygamie, parce qu'au Mali, c'est normal». Des années plus tard, en France, sans papiers et sans moyens pour nourrir convenablement ses sept enfants – son époux, balayeur, confisque les allocations –, Fatou tente de divorcer. En vain.

    Fatou voulait vraiment divorcer. Et s'installer seule. Faute de logement, elle vit toujours avec son ex-mari. La plupart des polygames ne souhaitent qu'obtenir des papiers, un appartement de plus et une allocation de parent isolé. Ce marché de dupes a pourtant ses vertus. «Les enfants vont vraiment mieux lorsqu'ils retrouvent de l'espace. Les femmes en profitent parfois pour prendre véritablement leur autonomie», analyse Mimouna, responsable de l'association Afrika de La Courneuve. Installée depuis vingt ans dans ce quartier décati, Mimouna alphabétise autant qu'elle veille sur les uns et les autres. Au point de signaler aux services sociaux tel cas désespéré. «Un enfant de neuf ans pesait 16 kilos ! La compréhension et le relativisme culturel ont leurs limites !», se justifie-t-elle. Le juge a alors mis les allocations familiales sous tutelle. Cette fois, la somme était versée à la mère, Aminata, avec une liste de courses à réaliser. Au début, lorsqu'elle achetait des yaourts, les autres femmes la houspillaient : «Arrête de jeter ton argent par les fenêtres. Garde-le pour le village.» «Moi, j'ai acheté des marques à mes enfants et de la nourriture. J'ai appris à m'organiser», raconte celle qui n'avait jamais tenu un budget, secrètement satisfaite de cette mesure de tutelle.

    L'année dernière, le ministre de l'Intégration, Nelly Olin, avait envisagé la généralisation des tutelles, pour «casser les bénéfices économiques du système polygame». Mais le gouvernement a reculé, se repliant derrière le besoin d'évaluer le nombre de familles concernées. La caisse des allocations familiales n'a finalement jamais été mandatée.

    A Matignon, on préfère désormais se concentrer sur l'avenir, pour éviter que de nouvelles épouses n'entrent sur le territoire.

    En attendant, dans les foyers polygames, les enfants vivent souvent des situations tragiques, otages dans la guerre que se mènent les épouses pour obtenir faveurs et ressources.

    Doucement, la situation évolue. Des filles insistent maintenant pour que leurs mères se séparent. «Avant on dormait à six dans une pièce, avec parfois notre père. On était serrés, c'était horrible», se souvient Hawassa, 13 ans. Pour échapper à la violence domestique, la fillette au sourire espiègle vivait dehors, livrée à elle-même, sans pouvoir appeler au secours. «La polygamie, c'est un secret. On ne le dit pas, par peur d'être jugé», concède l'adolescente. Ses demi-frères, plus âgés, ont tous quitté l'école à 16 ans. Elle a redoublé son CE 2.

    September 16, 2005

    A qui profite les ZEP ?


    Un article de Libération fait le bilan, extraits :

    « ZEP:le bide scolaire » - Les zones d'éducation prioritaire, destinées à renforcer l'action éducative dans les quartiers sensibles, n'ont jamais pu jouer leur rôle faute de moyens, assène une étude de l'Insee.

    ... Dans 10 % des établissements, ce taux d'enfants défavorisés est supérieur à 80 %. Dans les 10 % du haut du panier, il est inférieur à 44,7 %.


    Le document de l'INSEE est en ligne depuis le 1/9/2005. D'après le pied de page, il s'agirait d'un article de la revue Economie et Statistiques N°380 de 2004 et d'une évaluation sur la période sur la période 1982-1992 mais selon le communiqué de presse et la chronologie, ce serait bien un article de septembre 2005.


    PARIS (AFP), 16 septembre 2005, extrait
    Le ministre de l'Education nationale, Gilles de Robien, avait affirmé une semaine avant la rentrée : "on ne peut pas dire aujourd'hui que les jeunes ne réussissent pas en ZEP". Soulignant toutefois que "ça peut marcher mieux[1]", le ministre avait annoncé son intention de rouvrir le "dossier ZEP" par une "évaluation en 2005 et une relance en 2006".

    [1] `'plus ça rate, plus on a de chances que ça marche'' (devise Shadok).


    Le Monde confirme et parait évoquer un article Economie et Statistiques de ce mois de septembre 2005 :

    Vendredi 16 septembre, l'étude de trois chercheurs publiée dans la revue de l'Insee, Economie et Statistique, semble beaucoup moins encourageante. Elle fait apparaître sans détour que le système des ZEP, considéré par l'étude comme le premier système de "discrimination positive" en France, "n'a eu aucun effet significatif sur la réussite des élèves". Ciblée sur les collèges (400 000 élèves, 15 % des collégiens en 1997), elle démontre que "s'il y a eu gains dans certaines zones, ils ont été compensés par des détériorations dans d'autres zones". Parmi les raisons de cet échec, la mauvaise optimisation des moyens alloués aux zones d'éducation prioritaires.


    Ma fille a été scolarisée dans une ZEP « haut du panier. » Elle est rentrée en CP juste après le décès de sa maman. Les équipes du RASED lui ont donné le gout de la lecture mais c'est un orthophoniste du secteur privé qui lui a appris à lire.


    PARIS (AFP), vendredi 16 septembre 2005 - La politique des zones d'éducation prioritaires (ZEP), mise en place en 1982 à l'adresse des élèves socialement défavorisés, n'a pas produit d'"effet significatif" sur la réussite de ces élèves, selon une étude de l'Insee publiée vendredi et révélée par Libération.

    Menée à partir de l'examen d'un panel représentatif d'enfants entrant en 6e en 1980, puis en 1989, et suivis sur toute leur scolarité, cette étude conclut que "la mise en place des ZEP n'a eu aucun effet significatif sur la réussite des élèves mesurée par l'obtention d'un diplôme, l'accès en quatrième, en seconde et l'obtention du baccalauréat".

    Les chercheurs ont donc concentré leur étude qualitative sur les collèges classés en ZEP (400.000 élèves, 15 % des collégiens en 1997).

    Il apparaît que les crédits supplémentaires attribués aux ZEP ont été pour l'essentiel consacrés aux primes accordées aux enseignants (un millier d'euros de plus par an, bonus de carrière), au détriment des "moyens affectés directement aux élèves", soit "quelques heures d'enseignement supplémentaires, qui n'ont conduit à baisser le nombre d'élèves par classe qu'assez peu ou très lentement" (deux élèves de moins en moyenne).

    L'étude montre également que ce qui constituait "le premier exemple français à la fois de politique de discrimination positive et de territorialisation des politiques éducatives", s'est accompagné en réalité d'"une augmentation de l'homogénéité sociale", c'est-à-dire finalement d'un accroissement des inégalités.

    Cause ou conséquences, les ZEP souffrent d'un syndrome de "stigmatisation", qui explique d'une part que le nombre d'élèves ait baissé dans les établissements classés ZEP (parents pratiquant la stratégie de l'"évitement"), d'autre part que les enseignants y soient très jeunes, les professeurs chevronnés désertant des collèges jugés "difficiles"[2].

    Actuellement, près 1,7 million d'élèves (environ 1 sur 5) est scolarisé en zone ou en réseau d'éducation prioritaire, dont près d'un million en primaire et 560.000 (21,4 %) au collège.



    [2] A en juger les conclusions de la dépèche et l'article de Libé, les enseignants chevronnés bénéficieraient des primes mais seraient affectés aux ZEP les moins sensibles.

    September 12, 2005

    Une question de moyens ?

    Claude Roméo - « La France investit 5 milliards d’euros par an pour la protection de l’enfance, c’est-à-dire l’équivalent de deux fois le budget de l’UNICEF pour le monde entier chaque année. Cela n’empêche pas les travailleurs sociaux de se voir accusés soit d’être rapteurs d’enfants, soit d’intervenir trop tard. La réalité est probablement entre les deux. D’autre part, les placards du ministère de la Famille sont remplis de rapports, une dizaine depuis cinq ans, et de bonnes propositions sont faites, mais peu sont mises en oeuvre. Enfin, il ne faut pas demander à la protection de l’enfance et aux professionnels de régler les causes premières des difficultés des familles qui arrivent à l’ASE : la précarité, le chômage, le problème du logement, la maladie mentale... Pourtant, si on ne règle pas ces questions de fond de notre société, on ne réglera rien. C’est là que réside l’originalité de notre appel. Nous demandons que l’on prenne le temps d’un débat public en dehors de toute situation de crise afin de nourrir la réflexion pour une nouvelle loi d’orientation. La dernière remonte à 1989. Or, nos gamins ont besoin d’une loi du XXIe siècle. »

    L'Humanité, 8 septembre 2005
    Entretien réalisé par Maud Dugrand

    September 11, 2005

    L'incendie de voiture devient une banalité

    Dans l'Isère, les chiffres de la délinquance ont beau reculer, notamment grâce à l'action de l'énergique préfet Michel Bard, les gendarmes sont confrontés depuis plusieurs mois à des problèmes de violences urbaines en périphérie des grandes villes. (...) Les suspects ont souvent le même profil. «Des jeunes, majeurs mais aussi des mineurs», précise le patron des gendarmes isérois. Leurs motivations peuvent en revanche être multiples. «Il y a ceux qui agissent par désoeuvrement, d'autres par provocations vis-à-vis de la société ou par vengeance, dit le lieutenant-colonel Baradel. Quand ils s'estiment brimés par la mairie ou la gendarmerie, ils n'hésitent pas à passer à l'acte. L'alcool et les stupéfiants peuvent aussi favoriser ces violences gratuites.» (...)

    Le Figaro, le 9 septembre 2005


    Sarkozy mobilise contre les violences urbaines

    L'incendie de l'Haÿ-les-Roses dimanche dernier en fournit une autre triste illustration. «Songez que cette nuit-là, il a fallu protéger des caillassages les pompiers venus secourir les habitants !» confie, indigné, un haut responsable policier.

    «Si sur le reste de la délinquance, la police a su améliorer son efficacité, il n'y a pas de raison qu'elle cale sur les violences», affirme un préfet.


    Le Figaro, le 9 septembre 2005


    Du dossier de IFRAP, Société Civile N°43, page 15 et 16:

    "Cependant, certains enfants, agés de 13 à 18 ans, comprennant que le système - ASE/.../Juge des Enfants - risque de les garder jusqu'à leur majorité, ont trouvé le moyen de s'en sortir: il leurs suffit de commettre un délit, et d'être condamné à une peine de prison. Celle-ci sera courte, puisque la loi prévoit que les peines infligées aux mineurs sont la moitié des peines prévues pour les majeurs. A leur sortie de prison, ils seront libres, et auront échappé au système de la "protection de l'enfance".


    Libération, Portrait des incendiaires présumées d'une HLM de L'Häy-les-Roses
    Audrey, 18 ans, réside dans un foyer de l'enfance des Hauts-de-Seine, mais traîne dans le Val-de-Marne au pied de la tour aujourd'hui sinistrée.

    CRETEIL (AFP), 6 septembre 2005, 23h31
    Les faits reprochés aux jeunes filles peuvent être réprimés par la réclusion criminelle à perpétuité pour la majeure, et 20 ans d'emprisonnement pour les mineures.

    Les cités pyromanes - Depuis des années sévit chez les jeunes de banlieue une culture de l'incendie à laquelle sont confrontés habitants, pompiers et policiers.
    Le Point 08/09/05 - N°1721 - Page 67

    August 27, 2005

    Risque d´arbitraire pour 450 000 enfants

    Je souhaiterais que ma fille et les miens puissions rapidement échapper à cet arbitraire ; je renvoie à l'avis de la Magistrature.


    « 450 000 enfants font l´objet aujourd´hui d´une mesure de protection judiciaire : enfants maltraités ou en danger – enfants en grande difficulté ou difficiles, enfants en échec scolaire, adolescents déscolarisés, fugueurs ou délinquants, enfants dont, d´une manière ou d´autre, les parents ne parviennent plus à assurer l´éducation.
    Or, depuis le mois d´octobre, dans le cadre de la décentralisation, un amendement adopté par le Sénat a transféré une partie de la compétence judiciaire en matière de protection de l´enfance à l´administration, ce qui entraîne pour les familles la perte des garanties tenant au débat judiciaire et un risque d´arbitraire…
    Cet appel est lancé par l´AFMJ (Association française des magistrats de la jeunesse), le CNAEMO (Carrefour national de l´action éducative en milieu ouvert), le SNPES/PJJ/FSU, le Syndicat de la Magistrature. »


    Source: Syndicat de la Magistrature

    Ce texte aurait été d'actualité début 2004. Le texte complet peut être retrouvé avec les mots clefs « 450 000 enfants mesure de protection judiciaire


    Ce secteur est une véritable usine si on s'en fie au chiffre 450 000 et au contenu du rapport enregistré le 26 novembre 2003 à l'Assemblée Nationale sous la référence N°1289 relatif à l'accueil et à la protection de l'enfance :

    « C'est un secteur potentiellement créateur de nombreux emplois (450 000 selon le Plan), à condition que soit proposé un statut suffisamment attractif. »


    Un avis du Monde diplomatique d'août 2001 dans un article intitulé « Silence, on souffre, » 450 000 vaches saines étaient alors sacrifiées en France à « l’assainissement du marché » :

    « Les sentiments et les affaires n’ont jamais fait bon ménage, mais il semble quand même qu’on ait franchi les limites du supportable. »

    August 26, 2005

    L'avis de la Magistrature

    « Mineurs : gare aux mauvaises réponses »

    « La France n´est pas assez riche d´enfants pour qu´elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains. »

    Source: Syndicat de la Magistrature


    Je relève au passage que la Magistrature comprend ma langue et qu'elle emploie d'ailleurs le même vocabulaire que moi: « Quelle connerie la guerre... » Mais cela ne me surprend pas car j'ai déjà eu l'opportunité de dialoguer avec la Magistrature, auprès de la Cour d'Appel de Versailles.

    Les « rapts » de l'administration

    Enfants placés
    Les « rapts » de l'administration

    Société Civile n°43, janvier 2005

    « Au total, la PJJ, l’ASE et les associations qui en dépendent emploient 110.000 personnes, qui s’occupent de 263.000 enfants, dont 160.000 ont été placés hors de leur famille : environ la moitié dans des établissements, et l’autre moitié chez des assistantes maternelles.

    Le 20 octobre 2004, le Conseil des ministres a décidé la création de deux groupes de travail, sur les enfants maltraités et sur l’ASE, "qui devront remettre des propositions concrètes d’amélioration des dispositifs au cours du premier trimestre 2005". L’iFRAP apporte sa pierre à ces études en montrant que les pouvoirs publics français interviennent trop et mal, et que des solutions privées, adoptées par de nombreux pays étrangers, seraient moins coûteuses et plus efficaces. Il ne s’agit nullement de mettre en cause les fonctionnaires des administrations de protection de l’enfance, dont la plupart sont irréprochables, mais le système qui leur est imposé, et de proposer des améliorations à ce système. »


    Voir la présentation du dossier sur le site Internet de IFRAP. A la lecture des extraits présentés, je constate une fois encore qu'il n'y a pas que notre famille qui fait face à l'irrationnel et la passion des intervenants socio-judiciaires :

    « Comme le décrit une mère, "j’ai eu le malheur de parler de mes difficultés financières à l’assistante sociale. Tous les services sociaux se sont mis sur mon dos. On me reproche de ne pas bien nourrir mes enfants, de ne pas leur acheter des habits neufs, de ne pas les emmener chez le coiffeur. D’où le signalement, puis le placement. Pourquoi l’Etat donne-t-il 150 € par jour à mes gamins en les séparant de leur maman ?". »


    Au printemps 2005 l'établissement de Taverny n'a pas souhaité accompagner ma fille chez le coiffeur. L'établissement de Taverny n'a pas non plus souhaité éliminer les lentes mortes des cheveux de ma fille. A qui signaler que ma fille a attrappé plusieurs fois des poux à Taverny et que personne hormis ma compagne et moi n'a pris soin de ses cheveux?

    Pourquoi les enfants de cette mère sont-ils placés?


    Ma famille rencontrait de graves difficultés du fait d'agissements de tiers, ce que j'ai rapidement dénoncé, dès début 2003. Mais les services socio-judiciaires se sont associés à ces tiers, leurs permettant de tenter de commettre le rapt de l'une de mes deux filles. Le jugement rendu ce 1er juillet 2005 est une ultime preuve des intentions réelles de tiers et de ce qu'ils sont soutenus par les intervenants socio-judiciaires.