September 16, 2006

Suppression de la carte scolaire et rétablissement de la peine de mort


> "Dit violent" - Mohamed Razane,
> Pour lui, mais il n'est pas le seul à
> le dire : " Il y aura d'autres émeutes" !
> Que pensez vous de ce bouquin ?

Je n'ai pas lu ce bouquin.

La tendance serait à renforcer l'arbitraire en introduisant aussi la comparution immédiate pour les mineurs, probablement à ne toujours pas envisager le contrôle et le suivi des services et établissements qui prennent en charge les mineurs, au rétablissement de la peine de mort (TNS-Sofres) ainsi qu'à la suppression de la carte scolaire. La carte deviendrait inutile car, à terme, la "qualité éducative" serait garantie sur tout le territoire.

De nouvelles émeutes, on ne peut pas le dire. Mais je pense qu'il y aura des réactions de toute part.


PARIS (AP) - Un peu plus de la moitié des Français (52%) sont opposés au rétablissement de la peine de mort, abolie en France il y a 25 ans, selon un sondage publié vendredi sur le site Internet de l'institut TNS-Sofres.

Selon ce sondage, 42% des Français seraient favorables au rétablissement de la peine de mort et 6% ne se prononcent pas.

Ce sujet divise les Français selon leurs convictions politiques: 65% des partisans de gauche et 66% de ceux de l'UDF seraient opposés au retour de la peine de mort. Les électeurs proches de l'UMP sont 60% à se prononcer en faveur de la peine capitale, tout comme 89% des sondés proches de l'extrême droite.

Sondage réalisé les 13 et 14 septembre auprès d'un échantillon national de 1.000 personnes représentatif de l'ensemble de la population âgée de 18 ans et plus, interrogées en face-à-face à leur domicile. AP

PARIS (AFP) - Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, propose de créer "un organisme d'évaluation de chaque établissement scolaire" afin de remédier aux contournements de la carte scolaire dont il veut la suppression, dans une tribune publiée dans le Monde daté de dimanche-lundi.

"Je propose que nous nous dotions d'un organisme d'évaluation de chaque établissement scolaire. Il doit s'agir d'évaluations détaillées s'intéressant également à la qualité du projet éducatif, à sa capacité à faire progresser tous les élèves, à l'ambiance au sein de l'établissement", écrit M. Sarkozy.

Ces évaluations "aideront les établissements à remédier à leurs insuffisances. Elles seront évidemment à la disposition des parents", précise-t-il.

Pour réaliser ces évaluations, il propose "un engagement de l'Etat à aider les établissements qui ont des difficultés à améliorer leurs performances".

"Le but n'est pas de désigner à la vindicte les établissements ayant des résultats insuffisants, mais de garantir une qualité éducative pour tous", ajoute-t-il en fervent partisan du "libre choix par les parents de l'établissement scolaire de leur enfant".

M. Sarkozy plaide, depuis la convention UMP sur l'Education de février, pour la suppression de la carte scolaire (qui impose de sectoriser l'élève dans son secteur d'habitation, ndlr) car, "elle ne correspond plus aux besoins de l'école aujourd'hui", rappelle-t-il dans le Monde.

Il souhaite donc "donner l'autonomie aux établissements pour leur permettre de mettre en oeuvre des projets éducatifs spécifiques" car "les établissements qui ont les meilleurs résultats sont ceux qui ont su créer une dynamique de réussite grâce à un projet spécifique".

Cette "réforme", pour permettre aux parents le libre choix des établissements scolaire, "ne peut pas intervenir du jour au lendemain", concède-t-il, "car elle suppose de profondes transformations de notre système scolaire".

"Supprimer la carte scolaire est pour moi un aboutissement, pas un préalable. Mon projet est la qualité éducative pour tous (...). La carte scolaire n'aura alors plus de raison d'être puisque tous les établissements seront de qualité", conclut-il.

Dit violent (Broché)
De Mohamed Razane
Editions Gallimard (15 Jui 2006)

Présentation de l'éditeur
Dans une cité de la banlieue parisienne, le jeune Mehdi est champion de boxe thaïe, un art martial agile et violent qui lui permet de défouler en partie sa rage aux multiples objets : les politiciens menteurs, les dealers, les architectes des barres, la vie qui lui est imposée. La douceur est une denrée introuvable dans cet univers difficile qui rend les femmes aussi enragées que les hommes. Seule Marie, plus âgée que lui, pourrait le rassurer, mais le temps de l'amour vient toujours après celui de la vengeance...Ces thèmes appartiennent à la vie quotidienne des banlieues, des événements récents l'ont montré. Ici la nouveauté réside dans le ton, l'invention verbale qui font passer avec un grand naturel la vivacité du parler " beur " dans la langue écrite, la littérature.

Biographie de l'auteur
Mohamed Razane, trente-sept ans, est français d'origine marocaine. Il a été éducateur spécialisé auprès des jeunes en difficulté, animateur de quartier, et vit actuellement en Seine-Saint-Denis. Dit violent est son premier roman.

June 10, 2006

L'encadrement policier

MONTFERMEIL (AFP) - Environ 150 personnes de la cité des Bosquets à Montfermeil, théâtre de récentes violences urbaines, ont manifesté samedi après-midi pour dénoncer une présence trop forte de la police dans leur quartier.

A l'initiative de l'association Solidarité 93, des habitants, rejoints par ceux d'autres quartiers, ont manifesté dans le calme du quartier des Bosquets jusqu'à la mairie.

C'est dans ce quartier limitrophe de Clichy-sous-Bois, que les émeutes avaient débuté en novembre dernier, et qu'ont eu lieu d'autres incidents les 29, 30 et 31 mai dernier.

"Les CRS encerclent le quartier des Bosquets en permanence, on se sent agressés au quotidien. Ils essaient de faire régner un climat de peur alors que nous demandons tout simplement le dialogue", a expliqué Samba Fadiga, président de l'association Solidarité 93.

Selon la Préfecture, trois compagnies de CRS, soit 240 hommes sont déployés en permanence sur l'ensemble du département de la Seine-Saint-Denis depuis les incidents de l'automne dernier.

En revanche, aucune section de CRS n'a été déployée du 1er au 27 mai à Montfermeil, contrairement à la ville voisine de Clichy-sous-Bois où 31 sections - 2480 hommes ? - y ont stationné tout le mois de mai.

"Nous sommes tous là pour mettre fin à cet état de siège qui règne ici depuis plusieurs mois. La présence des CRS ne règle aucun problème. Il faut remettre en place la police de proximité afin de créer un lien entre jeunes et policiers", précise Matthias Ott, représentant départemental du Parti Socialiste.

"On veut que la police soit moins présente dans notre quartier. Nos enfants sont agacés de voir quotidiennement des policiers, alors on essaie de les calmer. Certains n'osent même plus aller acheter du pain par peur de se faire contrôler", raconte Sissoko, père africain de quatre enfants.

Le collectif "Libres et égaux", rassemblant des organisations politiques, syndicales, associatives et des habitants de Montfermeil organisera la semaine prochaine un débat public sur "la façon dont sont traités les habitants des Bosquets".

Des échauffourées violentes avaient opposé fin mai à Montfermeil les forces de l'ordre à une centaine de jeunes cagoulés qui avaient caillassé le domicile du maire, auteur en avril d'un arrêté anti-bandes.

Jeunes et policiers: une communication interrompue dans le 93

LA COURNEUVE, Seine-Saint-Denis (AP), vendredi 9 juin 2006, 14h11 - Six mois après les émeutes en banlieue, la situation reste tendue dans les cités difficiles de Seine-Saint-Denis où les échanges entre jeunes et forces de l'ordre se réduisent souvent aux injures. Las de recevoir des projectiles, les policiers sont plus méfiants que jamais, tandis que les jeunes les accusent de leur manquer de respect et de les provoquer.

"On n'a pas de grand dialogue avec eux", confie Sam, 26 ans, qui habite depuis 1983 aux 4.000 de la Courneuve. "Ils parlent pas avec les jeunes", relève également Rachid, 30 ans, qui a toujours vécu dans cette cité. Les deux jeunes hommes n'ont pas souhaité donner leur patronyme.

Loïc Lecouplier, du syndicat Alliance 93, avance une explication. "Quand vous travaillez et que vous risquez de vous prendre une barre de fer ou un rail de chemin de fer sur votre voiture quand vous passez, ou une boule de pétanque sur la tête, vous n'êtes pas dans une bonne configuration pour engager un dialogue", souligne ce policier de 41 ans, en poste en Seine-Saint-Denis depuis vingt ans.

Les jeunes se disent victimes de contrôles d'identité arbitraires. "Une semaine, je me suis fait contrôler trois fois pour rien", se souvient Brahim, 22 ans, qui est ami avec Sam depuis qu'ils ont participé ensemble à un voyage en Afrique du Sud organisé par la municipalité de La Courneuve. "Tu sors de ton ascenseur, tu te fais contrôler. C'est abuser", considère-t-il. "Si j'étais un petit Blanc bien sapé, je pense pas que ce serait pareil".

"Un contrôle d'identité est toujours justifié", assure une jeune gardienne de la paix qui travaille à Aulnay-sous-Bois et qui a souhaité garder l'anonymat, "soit par des réquisitions émanant du procureur, soit parce que des crimes ou délits ont été commis dans le même temps à proximité du lieu".

Cependant, des jeunes de la cité de l'Abreuvoir, à Bobigny, affirment même avoir été interpellés sans raison. "On était assis à côté du bâtiment, à côté de la porte. Ils nous ont embarqués", dénonce Karim, 24 ans. "Soi-disant pour dégradation de bien public", précise Antonio Ferrara, 19 ans.

Tout en reconnaissant que certains policiers sont "sympas", Karim déplore que d'autres "se prennent pour des cow-boys". "Les plus zélés, on leur donne des surnoms", plaisante-t-il. Et le groupe de copains de citer "cheveux longs", "grand con", "Sherman" (en référence au film "Le Professeur Foldingue" avec Eddie Murphy) ou encore "Schumacher" ("parce qu'il aime bien les courses-poursuites").

Antonio affirme qu'un policier a un jour salué la bande par un "Alors, les p'tits bâtards?". D'après lui, "ils nous tutoient mais ils veulent qu'on les vouvoie".

La jeune policière d'Aulnay dément. Selon elle, la forme de politesse est employée "systématiquement". Cependant, "les jeunes sont vouvoyés jusqu'à une certaine limite (...) A outrage, à partir du moment où il y a les insultes, il se peut qu'il y ait un tutoiement".

Les forces de l'ordre essuient de nombreuses injures dans les cités. "Actuellement sur Montfermeil, j'ai des collègues psychologiquement qui sont complètement largués, qui n'en peuvent plus", rapporte Loïc Lecouplier. "En tant que femme, c'est encore plus difficile", confie la gardienne de la paix. "Vous faire insulter de 'salope' et de 'pute' à longueur de journée..."

Originaire de province comme 80% des policiers franciliens, selon Alliance 93, elle explique qu'elle a appris à "garder son sang-froid, faire comme si de rien n'était, ne pas répondre aux insultes et puis rester de marbre".

Mais il n'y a pas que les injures qui pleuvent. "Les jets de pierre, c'est quasiment quotidien", selon Loïc Lecouplier. La jeune policière dit avoir reçu une pierre sur le bras "pas plus tard qu'il y a 15 jours".

Aux 4.000, tandis qu'un adolescent fait une roue arrière sur un scooter et que des enfants jouent au ballon, Rachid raconte: "Les CRS, ils provoquent. Ils voient des jeunes jouer au foot, ils viennent les contrôler. Le soir, ils braquent leurs grosses lampes sur les gens. Et après, ils se demandent pourquoi ça caillasse".

"Vous ne savez pas la pression qu'ils mettent quand ils sont dans leur voiture, quand ils mettent les gyrophares, quand ils viennent et qu'ils vous fouillent", lance Kamel, un habitant de Bondy âgé de 26 ans.

Selon Loïc Lecouplier, "les policiers sont très, très méfiants" sur le terrain. "Ils sont tous robotisés", rétorque Brahim, qui aimerait que les relations soient plus "humaines" entre jeunes et forces de l'ordre.

La jeune policière estime pour sa part que les jeunes y sont aussi pour quelque chose. "Ils ne cherchent pas, eux, la communication. Même quand on arrive et qu'ils sont victimes, jamais ils ne s'ouvrent à nous", regrette-t-elle, tout en disant les comprendre. "Chacun à sa place, de toute façon". AP

Le tribunal de Bobigny agace M. Sarkozy


Critiqué, le président du tribunal pour enfants de Bobigny répond au ministre
Le Monde, 09.06.06, extrait :

UN PROBLÈME DE POLICE

Dans plus de 60 % des cas, les mineurs étaient inconnus de la justice et les juges de Bobigny ont pris des mesures éducatives. Dans un tiers des dossiers, faute d'éléments permettant une mise en examen, ils ont retenu le statut de témoin assisté pour les jeunes. Auprès des mis en examen, des mesures de liberté surveillée ou de contrôle judiciaire ont été prononcées. Depuis lors, les procédures ont avancé. Dans les affaires les moins graves (les mineurs sous statut de témoin assisté), les juges s'apprêtent à prononcer des non-lieux. Les mis en examen vont être jugés bientôt.

[...] La justice, rappelle M. Rosenczveig, poursuit 80 % des jeunes qui lui sont présentés. "Le problème n'est pas tant cette réponse pénale que celui de l'arrestation des auteurs d'infractions", remarque-t-il. "Actuellement, dans 4 cas sur 5, les victimes ne signalent pas les faits. Et sur le cinquième restant, la police n'élucide qu'environ 20 % des faits." Le problème de la sécurité, conclut-il, "est un problème de police, et non de justice, mais la communication politique est ainsi faite que la police renvoie la balle au laxisme judiciaire."


Mineurs: Sarkosy accuse de laxisme le tribunal de Bobigny, qui récuse
AFP 08.06.06 | 17h47

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a reproché jeudi au tribunal pour enfants de Bobigny de n'avoir pas "prononcé une seule décision d'emprisonnement" durant les émeutes des banlieues de novembre dernier, ce que le président de cette cour de Seine-Saint-Denis à récusé.

"Quand il y a des décisions qui sont prises, il faut qu'elles soient portées à la connaissance du public, j'ai bien l'intention de le faire sur un certain nombre de décisions de justice", a dit le numéro deux du gouvernement lors d'une conférence de presse.


"Je n'ai, par exemple, pas trouvé admissible que durant toutes les émeutes du mois de novembre dernier, le tribunal pour enfants de Bobigny n'ait pas prononcé une seule décision d'emprisonnement", a-t-il ajouté.

"Ce reproche du ministre est factuellement faux et trahit une méconnaissance totale de la loi concernant les mineurs pour lesquels le flagrant délit n'existe pas", a répliqué à l'AFP Jean-Pierre Rosenczveig, président de ce tribunal qui est le plus important pour les mineurs de France.

"Dans un cas (sur douze mandats de dépôts demandés par le parquet) une mesure de détention provisoire a été prononcée contre un mineur", a précisé le magistrat.

Entre le 28 octobre et le 9 novembre, 207 personnes ont été déférées à Bobigny, dont 85 mineurs, selon les chiffres du parquet.

Ces mineurs, dont M. Rosenczveig rappelle que 62% n'étaient pas connus de la justice, ont fait l'objet "des mesures de liberté surveillée qui s'imposaient avec parfois des mesures d'éloignement ou une prise en charge par les institutions".

"Le tribunal de Bobigny agace M. Sarkozy car il incarne d'autres réponses que les réponses purement répressives qu'il souhaiterait développer", a-t-il estimé.

De sonc côté, le Syndicat de la magistrature (SM, gauche) a saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour "atteinte à l'indépendance de la justice".

Le CSM, garant de l'indépendance des juges, est libre d'émettre un avis lorsqu'il est saisi.


Rappelant le précédent de l'affaire Crémel lorsque M. Sarkozy avait estimé que le juge qui avait libéré l'un de ses deux meurtriers présumés devait "payer pour sa faute", le SM souligne dans un communiqué que ce "dénigrement systématique de décisions trop laxistes" constitue une atteinte à la séparation des pouvoirs mais également une infraction réprimée par le code pénal.

La justice doit faire peur

La justice fait déjà très peur pour qui suit l'actualité. Libé titre "l'ordre public avant la justice" :

"Le Centre d'analyse stratégique (CAS, ancien Commissariat général du plan), mandaté par Matignon, vient de répondre à ces questions dans un rapport d'une vingtaine de pages, encore inédit. Cette étude, intitulée «La justice et les violences urbaines, les procédures de comparutions immédiates au TGI de Bobigny», porte sur les jeunes majeurs. Les mineurs qui ne peuvent pas (encore) être jugés séance tenante comme les adultes, feront l'objet d'une étude ultérieure."


A Toulouse, fin mai, la comparution immédiate a fait des vagues :

Une Toulousaine de 54 ans est en grève de la faim depuis six jours pour obtenir la libération de son fils, condamné à trois mois de prison ferme après une interpellation par des policiers de la brigade anticriminalité.

"Cette affaire illustre l'abus de comparutions et d'incarcérations immédiates qui s'apparentent à de la justice d'abattage", a expliqué Rémi Cochard, au nom de la LDH.


Je redécouvre aussi le cas Agret à qui la justice fait peur, il a d'ailleurs publié un livre qui porte ce titre.

Le Monde, 23 juin 2005
Répondant à Nicolas Sarkozy qui a mis en cause un juge, le ministre de la justice, Pascal Clément, a affirmé, jeudi 23 juin, dans un communiqué que "la loi, toute la loi a été respectée" concernant la libération conditionnelle de l'un des deux suspects du meurtre de Nelly Crémel. "C'est un collège de trois magistrats qui s'est prononcé, sur la base d'avis et d'expertise, en application des dispositions du code pénal et du code de procédure pénale", a-t-il ajouté.

Le syndicat de la magistrature [...] a rappelé également "souhaiter" que le chef de l'Etat Jacques Chirac, président du CSM, "garant de l'indépendance de la justice, prenne rapidement position pour rappeler son ministre d'Etat au respect des principes républicains".

Le Monde, le 24 juin 2005
Saisi par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à propos des déclarations de Nicolas Sarkozy sur l'affaire Crémel, Jacques Chirac a rappelé le principe de la séparation des pouvoirs et le respect de l'indépendance de la justice.


Le ministre de l'Intérieur a trouvé "inadmissibles", jeudi matin, les jugements rendus par le tribunal de Bobigny lors des émeutes. Le CSM a été saisi.

NouvelObs, 8 juin 2006

Le Syndicat de la magistrature (SM) a saisi, jeudi 8 juin, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour "atteinte à l'indépendance de la justice", suite à la diatribe du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, jeudi matin, sur les juges pour enfants du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Dans son communiqué, le SM rappelle le précédent de l'affaire Crémel. Le ministre avait alors estimé que le juge qui avait libéré l'un des deux meurtriers présumés de Nelly Crémel devait "payer pour sa faute".

Le SM souligne que ce "dénigrement systématique de décisions trop laxistes" constitue une atteinte à la séparation des pouvoirs, mais aussi une infraction réprimée par le code pénal.

"Faute d'amendement, cet avertissement sera le dernier avant poursuites", prévient le SM.

"Je n'ai (…) pas trouvé admissible que durant toutes les émeutes du mois de novembre dernier, le tribunal pour enfants de Bobigny n'ait pas prononcé une seule décision d'emprisonnement", a déclaré Nicolas Sarkozy jeudi matin.

"Il y a certains tribunaux pour enfants, quand vous allez dans le couloir d'attente et que vous voyez un certain nombre de mineurs multirécidivistes allongés par terre, attendant d'être admonestés pour la 22e fois par le magistrat, franchement il est temps de réagir", a-t-il ajouté. "Un individu qui est déjà passé dix fois devant le même tribunal pour les mêmes faits ne peut pas la dixième fois obtenir la même peine que la première fois". "La justice doit faire peur pour être respectée", a indiqué le ministre.

Banlieues
«Ils sont dans la centrale EDF...»
Dans l'enquête sur les deux morts à Clichy, les échanges radio des policiers sont accablants.

«L'un des policiers est monté sur une poubelle et, ne voyant rien, il a regagné le poste.» François Molins, le procureur de Bobigny, a tenté, hier, de résumer l'intervention policière ayant précédé la mort de Zyed Benna et de Bouna Traore dans l'un des générateurs de la centrale EDF de Clichy-sous-Bois, jeudi 27 octobre. Un troisième jeune, Muttin Altun, grièvement blessé, est toujours hospitalisé. Le procureur a annoncé, «dans un souci de transparence», l'ouverture d'une information judiciaire pour «non-assistance à personne en danger».

Devant une pile de procès-verbaux, il a précisé que l'enquête préliminaire pour «recherche des causes de la mort» avait donné lieu à «l'audition de la totalité des services de police» impliqués, ainsi qu'à «l'exploitation des enregistrements des échanges radio des policiers».

...
Dans le même élan de «transparence», le ministère de l'Intérieur a dévoilé, hier, les conclusions de l'enquête de l'IGS et l'analyse des échanges radio entre policiers.


Le rescapé de Clichy repart à la case police
01/06/2006
C'était la veille d'un jour important, puisque le juge chargé d'instruire la plainte déposée après la mort de ses amis Bouna et Zyed dans le transformateur EDF de Clichy - sous-Bois, qui avait déclenché la vague d'émeutes de l'automne, avait prévu...

Clichy : l'Etat sommé de s'expliquer
28/04/2006
Elle vise implicitement les fonctionnaires de police soupçonnés d'avoir coursé les trois jeunes jusqu'à la centrale EDF de Clichy - sous-Bois et des y avoir laissés, en parfaite connaissance des risques encourus. Six mois après le soulèvement des ...

Clichy-sous-Bois : les proches de Zyed et Bouna attaquent l'Etat
27/04/2006
Au lendemain de la mort des deux jeunes, Nicolas Sarkozy avait déclaré qu'à la suite " d'un cambriolage ", trois jeunes qui " n'étaient pas poursuivis physiquement par la police " s'étaient cachés dans le transformateur EDF Clichy - sous-Bois : l...

Circonstance aggravante
22/03/2006
Comme on aurait presque gobé, en novembre et à Clichy la fable selon laquelle nulle poursuite policière ne contraignit trois gamins à se réfugier dans l'enceinte d'un générateur d EDF où deux laissèrent leur peau. Las !...

Les violences de novembre 2005
03/03/2006
Le 27 octobre 2005, deux jeunes de Clichy - sous-Bois (Seine-Saint-Denis) meurent électrocutés dans un transformateur EDF après une course poursuite avec des policiers à l'issue d'un contrôle d'identité. Un troisième adolescent est brûlé....


Choqué grave
31/12/2005
Muhittin a un casier judiciaire vierge mais une longue et banale histoire avec la police. Quand Muhittin va au cinéma, c'est à Rosny 2 : " Je me fais contrôler. " Quand il va à Paris : " Habillé comme ça, je me fais contrôler. " Quand il va cherch...

March 25, 2006

Trois heures de pillages à Saint-Denis

Trois heures de pillages à Saint-Denis
Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)




«UNE HORDE DE SAUVAGES, agressifs au possible, méchants... Ils ont fait irruption dans le magasin, ont renversé les vitrines, l'ordinateur, envoyé promener le minitel dans la rue. Pendant que les uns cassaient les vitres avec des pierres et volaient des bijoux, les autres nous ont pris la caisse en nous menaçant. Ils étaient bien une centaine, entrant et sortant à leur aise pendant une dizaine de minutes. On a eu peur pour nos vies. C'était effrayant, bien pire qu'un braquage. » A quelques mètres de la basilique de Saint-Denis, les casseurs ont laissé, hier matin, la bijouterie Jean Delatour dévastée et ses deux vendeuses traumatisées. De 9 heures à midi, entre 100 et 150 jeunes ont semé la terreur dans un centre-ville en état de siège, fermé aux voitures par les forces de l'ordre. « A l'inverse d'hier (jeudi), aucune manifestation lycéenne n'était prévue et on n'avait pas pris de précaution, expliquent plusieurs commerçants. Et quand on a appelé la police, ils nous ont dit de fermer car ils n'étaient pas assez pour nous protéger. » Policiers et CRS ont passé la matinée à jouer au chat et à la souris avec les casseurs. Ils ont interpellé trois mineurs dont deux ont été déférés hier soir au parquet de Bobigny. Les premières échauffourées ont eu lieu à 9 heures devant le lycée Eluard. Dans ce secteur, quatre policiers ont été blessés, une voiture incendiée et retournée et trois autres dégradées. Un car de touristes qui circulait sur la nationale 1 a été visé par des jets de pierres et, selon des témoins, plusieurs occupants auraient été détroussés. La route a dû être coupée à la circulation pendant trois heures.

« Même pendant les émeutes de novembre, on n'avait pas connu pareille violence »

Deux voitures ont également été incendiées devant le lycée Suger. Mais l'essentiel des incidents s'est déroulé dans les rues piétonnes et commerçantes. Deux autres bijouteries et une boutique de téléphonie ont été saccagées et pillées rue de la République, une dizaine de commerces attaqués rue Gabriel-Péri et autant de voitures dégradées. « Je protégeais soit ma boutique soit ma voiture, soupire le propriétaire d'une Seat aux vitres cassées. Ils m'ont pris mes clés et ma canne antivol pour briser la vitre du magasin voisin. » Le vendeur d'appareils photo en question s'en est tiré avec une vitrine étoilée. « On a juste eu le temps de fermer la porte à clé. Ils étaient des dizaines à donner des coups de pied et de barres, mais on était trois à pousser et les vitres ont résisté. Même pendant les émeutes de novembre, on n'avait pas connu pareille violence. » « C'est un miracle qu'il n'y ait pas plus de dégâts et de blessés un jour de marché », soupire une passante. « Heureusement qu'ils n'ont pas réussi à rentrer chez Carrefour », ajoute un client de l'hypermarché du centre dont les entrées ont été bouclées par les vigiles. A midi, il régnait une ambiance assez surréaliste dans le centre-ville. La plupart des rideaux métalliques étaient baissés, mais nullement informés de cette flambée de violence, les clients continuaient à affluer. En vain. Car la tension était telle que la majorité des commerces n'ont pas rouvert de l'après-midi. Des rumeurs de commissariat assiégé et de lycéen mortellement blessé couraient même dans la ville. Sans fondement.


Eric Bureau

Le Parisien , samedi 25 mars 2006

December 11, 2005

Prorogation de l'état d'urgence


Au sujet des violences urbaines, l'ordonnance rappelle "la soudaineté de leur propagation", reconnaît "l'éventualité de leur recrudescence à l'occasion des rassemblements sur la voie publique lors des fêtes de fin d'année" et prend en compte "l'impératif de prévention inhérent à tout régime de police administrative".
Le Monde du 10.12.05

[...] Le deuxième argument est politique, et plus fondamental. Face à une opinion publique choquée par les violences urbaines et les images d'incendies de voitures et de bâtiments dans les banlieues, les socialistes redoutaient d'être accusés de laxisme.
[...] Dans ces conditions, la pétition lancée par la Ligue des droits de l'homme avait peu de chances d'être soutenue par le PS. "Entre les bobos et les gauchos, il y a un espace pour les sociaux-démocrates responsables", dit M. Ayrault.
Le Monde du 10.12.05

L'opposition à l'état d'urgence se fait hors des partis
LE MONDE, édition du 10.12.05, extraits&nsbp;:

Une pétition, un colloque, des recours : tels sont les chemins étroits qu'empruntent ceux qui cherchent encore à contester l'état d'urgence, proclamé le 8 novembre, et prorogé pour trois mois par la loi du 18 novembre.

En ligne de mire : le maintien de cette législation d'exception, potentiellement restrictive de libertés, bien que les troubles à l'ordre public, qui — selon le gouvernement — la justifiaient, ont désormais cessé.

Dans un mémoire remis au Conseil d'Etat, le ministère de l'intérieur, soucieux de justifier le maintien de l'état d'urgence, assure qu'"il serait faux de dire que (les violences) ont disparu". "Chaque nuit, entre 40 et 60 véhicules sont encore incendiés", est-il précisé. A l'audience, jeudi 8 décembre, Stéphane Fratacci, directeur des libertés publiques au ministère de l'intérieur, a donné ce bilan : 79 véhicules ont été incendiés dans la nuit du 3 décembre, 46 dans celle du 4, 50 dans celle du 5, et 56 dans la nuit du 6. Ce bilan est similaire à celui qui est dressé en temps normal. "Il y a, chaque année, plusieurs dizaines de milliers d'incendies de véhicules, c'est de l'ordre de 60 par nuit", avait expliqué le directeur de cabinet du ministre de l'intérieur, Claude Guéant, sur Europe 1, le 9 novembre.

Doit-on vivre par "précaution" dans un régime d'exception ? Cette question, ce sont des juristes, des membres d'associations et de simples citoyens qui la posent. Pour pallier la défaillance de leurs élus.

December 7, 2005

Une forme d'insurrection non organisée

PARIS (Reuters), 7 décembre 2005, extrait - Les violences urbaines dans les quartiers sensibles en France le mois dernier n'étaient ni organisées, ni manipulées, écrivent les renseignements généraux dans un rapport.

"La France a connu une forme d'insurrection non organisée avec l'émergence dans le temps et l'espace d'une révolte populaire des cités, sans leader et sans proposition de programme", lit-on dans ce document, dont Le Parisien publie des extraits.

Les violences qui ont duré trois semaines ont touché 274 communes, du jamais vu en France. Les RG estiment à 250 millions d'euros le coût de ces troubles, qui se sont soldés par la destruction de près de 9.000 véhicules. Une centaine de bâtiments publics ont été détruits et autant d'entreprises privées dégradées ou détruites.


PARIS (AFP), 7 décembre 2005, extraits - Les trois semaines de violences qui ont enflammé les banlieues font l'objet d'analyses divergentes des renseignements généraux et de certains magistrats d'une part, du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy d'autre part.

Alors que M. Sarkozy a mis en cause "la loi des bandes", assurant que les violences étaient "parfaitement organisées", un rapport confidentiel de la direction centrale des Renseignements généraux (DCRG), révélé mercredi par Le Parisien/Aujourd'hui, relève que ces trois semaines d'émeutes ont correspondu à une "forme d'insurrection non organisée".

Selon le rapport de la DCRG, en fait "les jeunes des cités étaient habités d'un fort sentiment identitaire ne reposant pas uniquement sur leur origine ethnique ou géographique, mais sur leur condition sociale d'exclus de la société française".



Qui rejoint et conforte de précédents avis.

Brouillon que je remettrais en forme à l'occas :


>> uniquement causées par le raz le bol des jeunes face à leurs conditions sociales déplorables.

Certains, y compris des jeunes, ont soutenu qu'il y avait là une grande part de jeu et de rivalités attisé par les médias (faire comme d'autres, faire avec les autres, en faire cramer plus que les autres et faire aussi l'objet de la une et des reportages télé). C'est en tous cas ce qu'ont un moment mis en avant les média.

Mais ces jeunes savent qu'ils vont au trou pour moins que brûler des voitures ou des batiments (écoles, entreports, ...). Il devait bien y avoir autre chose pour qu'ils aient pris autant de risques.


Le raz le bol peut s'exprimer de diverses manieres entre consciente, avec retenue et des mots, et jusqu'à inconsciente, à travers des actes, expression d'une nausée sur laquelle on ne peut pas mettre des mots.


Au sujet des mots, selon A. Bentolila certains jeunes n'ont qu'un vocabulaire et une culture très limitée faute d'avoir pu bénéficier d'une qualité de vie et d'éducation suffisante. Lorsqu'on s'intéresse à certains détails il devient difficile de porter un jugement qui condamnerait ces jeunes et uniquement ces jeunes.

http://www.defenseurdesenfants.fr/actus/texte3ab.htm


Condamner les socialistes n'est pas non plus admissible si on ne s'en prend pas aussi à Sarko qui a chauffé les jeunes avec ses mots à lui (ou ses maux, à votre guise).

Les problèmes sont d'ailleurs connus depuis longtemps et rien n'a été fait ni par les uns, ni par les autres.


La LDH a également fait part de son opinion au sujet de la crise des banlieues:

http://www.ldh-france.org/actu_derniereheure.cfm?idactu=1143



Les caïds, les dealers et les barbus auraient été stupides de s'en meler. Ce genre de milieu est à surveiller et s'infiltre, c'est un tout autre genre de travail si on peut considérer que Sarko en a fait un avec son coup de karsher à (200 millions d'euro il me semble avec tout ce qui a brûlé).

Par ailleurs, les RG surveillent et infiltrent, c'est leur métier. Pouvaient ils rendre une autre conclusion?




>> >> J'ai toujours di:"la savane était sèche,tout s'est embraser parce qu'un petit énervé jouait avec des alumettes"


coup de karsher à 250 millions d'euro selon d'autres dépèches. on ne saura probablement jamais.



d'après ce que la presse a rapporté (voir dans les articles de Libé), quand Sarko a visité les cités il a affirmé qu'il allait nettoyer la racaille en désignant d'un geste les jeunes qui étaient sur place, tous.

les jeunes qui étaient sur place étaient pour bonne partie - pour ne pas dire tous - des gens qualifiables de normaux, des étudiants, quelque part eux même en attente d'une solution à leurs problèmes.



puis il y a eu l'histoire des trois jeunes cramés - deux morts - dans un transfo EDF qui n'étaient aps poursuivis par la police. je ne sais pas si l'instruction pour non assistance à personne en danger est encore ouverte car, selon les enquêtes, la police a bien signalé que des jeunes grimpaient le mur du site EDF (un parc à très haute tension et pas un simple petit transfo de quartier à ce que j'ai compris).

la goutte de trop je crois. c'est juste après ces trois cramés que les quartiers ont pris feu. celui qui a survécu, grièvement brûlé, s'est trainé chez lui plutot qu'à l'hopital tellement il était térrorisé à l'idée d'un controle de police (pour de la petite délinquance et du fait de son statut d'immigré, peut être même clandestin).



alors que par ailleurs, il y a des faits tels qu'à Montreuil qui ne déchainent pas des passions (linfo a d'abord été passée sous silence) mais qui doivent rester en travers chez de nombreux pauvres et défavorisés de ces quartiers:

http://www.liberation.fr/page.php?Article=334410

Les gens ont été expulsés de leur immeuble et auraient du accepter d'être relogés à l'hotel je crois, en essonne. Ils n'ont pas accepté et sont allés occuper le centre social. Les CRS les ont expulsés de là manu militari, bastonnant les vieux et la maitresse d'école.

des extraits de l'article:

[i]Beaucoup l'ont vu, ce soir-là, devant la maison de quartier Lounès-Matoub à Montreuil. Une lycéenne : «Un type, un vieux aux cheveux blancs, que les CRS ont poussé et fait tomber dans le caniveau. Il s'est relevé difficilement, ils l'ont poussé encore... Il était couvert de sang.»

Soutiens. Ce 11 octobre à Montreuil, tout un quartier est en émoi. Un immeuble vétuste de la rue du Gazomètre a été évacué par la police.

Bastid fait partie, avec sa femme, de ceux qui occupent le centre social aux côtés des familles.

Quand les CRS sont arrivés, «je voulais convaincre les familles de sortir dignement du centre, dit encore l'enseignante, je suis entrée par une petite porte. Un CRS est arrivé par-derrière et m'a enserré la tête. Ils étaient trois dans ce petit couloir, j'étais seule avec eux. J'ai reçu un poing dans l'oeil droit». La directrice, 60 ans, est sortie, «je ne voyais plus, je pleurais». Elle souffre d'un déchirement de la rétine, et voit avec difficulté.[/i]



on ne s'en prend pas ainsi à la dignité, à l'honneur des hommes sans s'exposer au risque d'un débordement (mème s'il ne s'agissait donc pas d'une révolution et d'actions dirigées par une bande organisée mais tout simplement de l'expression du ras le bol et de la nausée de ces quartiers).

des jeunes "comme tout le monde" ont été arrêtés. certains pour de simples feux de poubelles. la plupart n'ont eu que des peines avec sursit s'ils ont été condamnés. casiers vierges pour la plupart et un minimum cultivés (scolarisés). les juges ont dressé un bilan qui a fait l'objet dans un article dans le Monde.

La majorité des mineurs présentés aux juges étaient "inconnus" des tribunaux
http://abonnes.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-714228@51-714020,0.html
LE MONDE, 25.11.05, extraits :

Ils sont français, ils ont 16-17 ans, des pères ouvriers ou chômeurs, des mères plus ou moins débordées, des résultats moyens à l'école. Et ils sont, pour la grande majorité d'entre eux, inconnus de la justice. Les mineurs déférés dans le cadre des récentes violences urbaines en Ile-de-France ne correspondent pas au profil décrit par le ministère de l'intérieur, celui de "racailles" dont "80 %" seraient connus pour des faits de délinquance.


mais il y a connu pour la police (qui les cotoient, mais distinguent-ils ces jeunes?) et connu pour la justice (le casier).



L'incendie lde La Haye les Roses c'est à peu près la même chose. A ma connaissance, l'instruction va aussi viser à déterminer si les peintures et matérieux de la cage d'escalier étaient aux normes (fumées toxiques et propagation rapide d'une boite aux lettre au hall et à la cage).

Pas d'bol pour les quatres filles "comme tout le monde" dont une n'avait rien à faire sur place car elle devait être dans un autre département, un foyer de l'aide sociale (on parle d'une fugue).

même b0rdel ou plutôt nausée et expression de leur ras le bol: les jeunes ont caillassé les pompiers la nuit de l'incendie (par coutume je suppose...) et lorsqu'il y a eu cortège pour rendre hommage aux victimes la police a arrêté d'autres jeunes avec des engins incendiaires parce que les pompiers n'étaient pas intervenus assez vite à leur gout.



tout cela n'excuse rien.

ca apporte simplement un autre éclairage de ce que sont ces troubles urbains qui ont leurs sources dans les années 60 (projets et construction des permieres cités) à 70 (prise de conscience du problème que posent ces gethos sociaux).

noter que ce sont des gethos acculturés (un mélange qui en soi peut être source de conflits, notamment entre ceux qui s'en sortent et ceux qui ne s'en sortent pas) et non, comme en angleterre, des gethos noirs ou des gethos asiatiques, etc, où une culture domine tout de même. Voir à ce sujet l'interview d'A. Bentolila que je citais plus haut.

ce sont les voitures de ceux qui s'en sortent qui ont brûlé. et ce sont les écoles et certains lieux de travail de ceux qui s'en sortent ou souhaitent s'en sortir qui ont brûlés. car ce sont bien les cités et la proximité immédiate qui ont pris feu.



Reste à voir ce que les politiques vont faire de toutes ces informations et points de vues divergants dont ils disposent aussi.


Sarko revient à la charge et reparle de ménage:
http://fr.news.yahoo.com/07122005/202/sarkozy-on-ne-fera-pas-vivre-les-banlieues-tant-que.html

il confond encore exceptions avec réseaux mafieux (le rôle des RG et autres brigades spécialisées dans le grand banditisme).


A côté de quoi les femmes issues de l'immigration seraient plus exposées au chomage et à la précarité:
http://fr.news.yahoo.com/07122005/5/un-rapport-denonce-les-discriminations-subies-par-les-femmes-issues.html


Le premier candidat à l'expulsion reste finalement en france, un commité de magistrats n'a pas trouvé que la peine était justifiée:
http://fr.news.yahoo.com/07122005/202/emeutes-avis-defavorable-de-juges-sur-l-expulsion-d-un.html


Et je serais curieux de savoir quelles responsabilités incombent au secteur de l'Aide Sociale et de l'Aide Sociale à l'Enfance ainsi qu'aux municipalités et aux régions ou au monde associatif. Ces secteurs brassent des dizaines et des dizaines de milliards d'euro par an et sont aussi supposés aider et non simplement à endiguer les cités et certains quartiers sensibles.

j'en sais quelque chose car ma femme s'est fait caillasser sa voiture il y a quelques deux ans. et ma femme a engagé une procédure administrative car elle n'a pas été payée. dans ces conditions, comment voulez vous d'une part motiver, retenir et trouver des travailleurs sociaux motivés et d'une autre, faire percevoir à ces jeunes des cités que les politiques se soucient d'eux :pt1cable:

Trait d'union de l'histoire

Source : France Pitoresque

Aux différentes époques de notre histoire, on rencontre des dénominations particulières appliquées à l'usage des événements, à des partis, ou à certaines classes d'individus. Cette rubrique vous en révèle l'origine ou la signification, choisissant les plus pittoresques de ces mots curieux et bizarres.

TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE de Paris
Partie 1/2


Extraits :

Qu'on ne s'y trompe pas en effet ; en face de la guillotine, il n'y avait ni nobles ni manants, ni généraux ni soldats, ni croyants ni incrédules, ni ignorants ni savants, ni riches ni pauvres. Tous y passèrent successivement et le plus souvent ensemble. Les bourreaux de la veille furent les victimes du lendemain. La femme de la halle y coudoya la marquise ; le paysan illettré s'y rencontra avec l'académicien. C'est une erreur grossière que de croire et de prétendre que l'odieux couperet ne frappa que les têtes élevées et respecta les plus humbles : il s'abattit sur les unes comme sur les autres, et le sang du peuple ne coula pas moins abondant sur la place de la Révolution que celui de la noblesse et du clergé. Ce fut là la grande égalité établie par la Terreur : l'égalité devant Samson.

C'est d'une insurrection que sortit la pensée première du tribunal révolutionnaire. Lorsque le 10 août 1792 eut renversé la monarchie qui n'avait pas voulu se défendre, il fallut, pour se débarrasser de tous ceux qui avaient eu la velléité de résister ou qui simplement déplaisaient aux vainqueurs, inventer une sorte de jugement plus sûr et plus prompt que la procédure habituelle ; de là le tribunal exceptionnel du 17 août, créé sur la proposition de Robespierre, qu'on retrouve ainsi à toutes les phases de l'histoire de la Terreur[*].

Quatre jours plus tard, le 29 septembre, le tribunal lui-même était supprimé. Mais l'institution avait paru bonne ; il s'agissait seulement de la perfectionner.

[*] "DICTATURE DE L'ÉMOTION"

[...]. Les dérives d'Outreau doivent nécessairement conduire à nous interroger. Elles sont aussi les nôtres. Existe-t-il aujourd'hui une rumeur plus simple à colporter et plus difficile à contrer que celle de pédophilie ? Un frisson collectif plus facile à susciter ? Comment ne pas voir qu'à chaque fois que l'affaire d'Outreau s'emballait aucun des verrous ne lui résistait ?

Voir Alerte au risques de pédophilie

November 25, 2005

Le noyau dur n'a pas été impliqué


Le Monde, le 25 novembre 2005
Le versement d'une prime de 300 euros pour "quelque 22 000 fonctionnaires" ayant lutté contre les violences urbaines a été annoncé, jeudi 24 novembre, par le directeur général de la police nationale (DGPN), Michel Gaudin, [...]. Si Michel Gaudin n'a pas précisé "les modalités" d'attribution de cette prime, il a affirmé qu'elles seront "finalisées dans les prochains jours".

La majorité des mineurs présentés aux juges étaient "inconnus" des tribunaux
LE MONDE, 25.11.05, extraits :

Ils sont français, ils ont 16-17 ans, des pères ouvriers ou chômeurs, des mères plus ou moins débordées, des résultats moyens à l'école. Et ils sont, pour la grande majorité d'entre eux, inconnus de la justice. Les mineurs déférés dans le cadre des récentes violences urbaines en Ile-de-France ne correspondent pas au profil décrit par le ministère de l'intérieur, celui de "racailles" dont "80 %" seraient connus pour des faits de délinquance.

La police se fonde certes sur le fichier des infractions constatées (STIC), dont toutes ne débouchent pas sur des procédures judiciaires. Mais éducateurs et magistrats soulignent qu'ils n'ont pas eu affaire, ces dernières semaines, au lot commun des mineurs présentés à la justice : il s'agit, cette fois, de jeunes rencontrant plutôt moins de difficultés familiales et davantage scolarisés.

Le noyau dur des mineurs délinquants n'a pas été impliqué dans les émeutes, ou bien n'a pas été pris par la police. La direction de la PJJ de la Seine-Saint-Denis a constaté que ses foyers étaient restés très tranquilles. "Certains des participants aux violences étaient motivés par la haine et l'envie d'en découdre, mais il y avait aussi une dimension ludique dans tout cela", estime Régis Lemierre, du service éducatif auprès du tribunal (SEAT) de Nanterre. Loin de toute revendication politique ou sociale, "la génération "game boy" a agi comme dans un monde virtuel : il y avait les copains, ça brûlait de partout, c'était fascinant", précise-t-il.

Jean-Pierre Rosenczveig, président du tribunal pour enfants de Bobigny, confirme cette dimension, en citant l'exemple d'"un garçon de 15 ans, connu du tribunal car suivi par l'aide sociale à l'enfance pour avoir subi de graves maltraitances" : "Il dormait, à minuit, quand les copains sont venus le chercher. Il est descendu, plus pour aller jouer avec eux que pour casser. Il s'est trouvé mêlé à l'agression de policiers."

Dans de nombreux cas, les éléments fournis par la police n'ont pas permis aux juges de mettre ces mineurs en examen. A Bobigny, ils ont attribué le statut de témoin assisté à plus du tiers des adolescents présentés. "Beaucoup ont évité le contact avec la police, dans un jeu du chat et de la souris", précise M. Rosenczveig.

Sur la base des enquêtes sociales réalisées pour les juges, se dessine le portrait de ces adolescents : quelques récidivistes, des jeunes entre deux eaux, d'autres sans histoires. "On n'a pas arrêté les véritables émeutiers. On a tapé dans la petite fraction de jeunes désoeuvrés qui ont assisté à ce que d'autres faisaient", affirme un magistrat du parquet.

Mr R dénonce le retour de la censure

PARIS (AP), 25 novembre 2005 - "Le rap n'est pas responsable de Mai 68", a ironisé vendredi Mr R, l'un des rappers visé par l'initiative de plus de 200 parlementaires demandant des sanctions judiciaires contre sept groupes dont les textes inciteraient à la haine ou la violence.

Le rapper français considère que cette initiative relève "non seulement de la censure mais du racisme". "Les textes de rap sont théâtralisés, usent de la métaphore, il faut les prendre au deuxième degré", a-t-il expliqué à l'Associated Press.

Sa chanson "La FranSSe" est dans la ligne de mire du député UMP François Grosdidier qui a demandé en août au garde des Sceaux d'engager des poursuites contre son auteur. Une enquête préliminaire est en cours à Paris.

Le député UMP, rejoint par plus de 200 parlementaires, a saisi le ministre de la Justice du cas de sept chanteurs ou groupes de rap, dont Mr R, Groupe 113, Lunatic, Minister A.M.E.R, Smala, Fabe et Salif.

Mr R dénonce les accusations de racisme anti-français et réfute l'idée que le rap ait pu avoir une influence dans les violences urbaines. "Je n'accepte pas d'être traité de raciste", dit-il. "On peut avoir une vision critique de l'Etat français sans être anti-français ni raciste", s'est-il indigné.

"Le rap n'est pas responsable des émeutes de Vaux-en-Velin (NDLR: banlieue de Lyon) au début des années 80, ni de Mai 68", répond-t-il aux députés qui voient dans cette musique une idéologie destructrice. "Après les émeutes, il y a autre chose à faire que de s'en prendre aux rappers", assure le chanteur.

"Quand Brassens a des propos très durs contre l'Etat, tout le monde applaudit car il fait partie du patrimoine culturel français. Mais quand ce sont des jeunes colorés, on veut les traîner en justice. Il y a deux poids deux mesures", s'insurge Mr R.

Son l'album "Politkment incorrekt" s'est vendu à près de 15.000 exemplaires depuis sa sortie en mars.

Vendredi matin, le Premier ministre Dominique de Villepin a incité les parlementaires à éviter toute forme d'amalgame. "Est-ce que le rap est responsable de la crise des banlieues? Je réponds non".

Deux députés UMP, Daniel Mach et Jean-Paul Garraud, ont déposé une proposition de loi afin de punir les artistes qui, par leurs oeuvres publiées, mises en ligne, porteraient atteinte à la dignité de la France et de l'Etat ou de ses personnages historiques. AP

November 15, 2005

« Rien de durable sans le respect »

Jacques Chirac : «Nous ne construirons rien sans le respect»
Avec AFP sur le site du Figaro.
[14 novembre 2005]

Le chef de l'Etat, qui intervenait au soir de la prorogation pour trois mois de l'état d'urgence décrété en France le 8 novembre, a expliqué la flambée de violence à la périphérie des villes par «une crise de sens, une crise de repères, une crise d'identité». «Nous y répondrons en étant fermes, en étant justes, en étant fidèles aux valeurs de la France», a-t-il dit.

«Nous ne construirons rien de durable sans le respect. Nous ne construirons rien de durable si nous laissons monter, d'où qu'ils viennent, le racisme, l'intolérance, l'injure, l'outrage. Nous ne construirons rien de durable sans combattre ce poison pour la société que sont les discriminations», a-t-il averti.

«Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n'assumons pas la diversité de la société française. Elle est inscrite dans notre Histoire. C'est une richesse et c'est une force», a-t-il insisté.

November 4, 2005

« Il faut retrouver le sens des mots »

PARIS (AP), le 3 novembre 2005 - "Je ne comprends pas cette polémique", a déclaré jeudi soir Nicolas Sarkozy au sujet de la tempête déclenchée par ses propos lors de visites en banlieue parisienne.

"Ce qui est extraordinaire, c'est de se préoccuper des mots et pas des maux", a déclaré le ministre de l'Intérieur sur i-télé. "Ça fait trop longtemps que les hommes politiques ne décrivent pas avec les mots les vraies situations, qu'il y a un décalage entre la vie virtuelle et la vie réelle".

Pour Nicolas Sarkozy, "il faut retrouver le sens des mots, retrouver la volonté du débat d'idées et assumer ses choix". "Je suis quelqu'un d'authentique", a-t-il assuré, "je dis ce que je pense, je pense ce que je dis et je fais ce que je dis". AP

Le Monde, le 3 novembre 2005

Selon les premiers résultats de l'enquête administrative rendus publics, jeudi 3 novembre, un policier avait prévenu ses collègues par radio du risque que deux adolescents qu'il venait d'apercevoir trouvent refuge dans le transformateur EDF où Zyed et Bouna sont morts électrocutés, le 27 octobre, à Clichy-sous-Bois.

"DEUX INDIVIDUS EN TRAIN D'ENJAMBER UN MUR"

Aussitôt ces éléments connus, mercredi soir, l'Inspection générale des services (IGS) a recommencé à interroger les policiers ayant participé à l'opération. Le ministère de l'intérieur, précisant avoir souhaité la publicité de l'enquête administrative "par souci de transparence", a refusé de commenter plus avant ce rapport, se limitant à préciser qu'en l'état actuel des investigations,"aucune sanction n'avait été prise" contre les policiers.

October 30, 2005

La mort au bout de l'appareil photo


Le Figaro, le 1er novembre 2005
Epinay : la mort en 90 secondes
Le Figaro a pu reconstituer le scénario de l'agression mortelle de Jean-Claude Irvoas, un quinquagénaire venu prendre des photos d'un lampadaire pour son travail, filmée jeudi seconde après seconde par une caméra de surveillance. Le film des événements, qui se sont déroulés sous les yeux de la femme et de la fille de la victime, est accablant.
Par Cyrille Louis, extrait :

15 h 53 m 50s : après un rapide repérage, Jean-Claude Irvoas, qui porte un T-shirt vert sous une veste noire, s'arrête devant le lampadaire et regarde autour de lui. Il hésite visiblement avant de sortir l'appareil numérique que sa fille, âgée de 16 ans, lui a prêté pour l'occasion. A cet instant, la caméra filme tout autour de lui des grappes d'adolescents qui «tiennent les murs» tandis qu'un enfant, vêtu d'un pull-over rouge, sillonne la contre-allée en vélo. «Situé au pied d'une cité sensible, cet endroit est un des hauts lieux du trafic de stupéfiants à Epinay, explique le maire (UDF), Hervé Chevreau. C'est d'ailleurs pour tenter de le sécuriser que nous avons décidé, au début de l'année, d'y implanter une caméra dans l'espoir que la police municipale puisse, en temps réel, contrôler ce qui s'y passe.»

15 h 54 mn 20s : trois jeunes gens vêtus de jeans et de vestes de survêtement entrent dans le champ, filmés par la caméra 15 et prennent le photographe en filature alors qu'il s'apprête à regagner son véhicule. En un clin d'oeil, l'un des agresseurs rejoint Jean-Claude Irvoas et tente de lui arracher son appareil photo. Une mêlée s'ensuit, en partie masquée par un saule voisin. Sur l'image, on devine qu'un des jeunes rabat précipitamment sa capuche sur son visage. C'est alors que la victime, qui a réussi à repousser l'un des assaillants au sol, tente de s'enfuir. En vain : il est aussitôt rattrapé par l'un des jeunes gens et s'effondre, terrassé par un coup porté au niveau de la tête.

Libération, 29 octobre 2005
La mort au bout de l'appareil photo dans une cité d'Epinay
Par Jacqueline COIGNARD, extraits :

C'était en plein après-midi, et la victime circulait avec femme et enfant dans l'une des rues du quartier d'Orgemont quand son regard a été attiré par les réverbères, d'un modèle original.

Confusion. Mais, dans ce champ de tours HLM, son initiative a, semble-t-il, été mal perçue. Selon les premiers témoignages, un groupe de jeunes l'a encerclé. A-t-il refusé de ranger l'appareil ou de donner sa pellicule ? «C'est plutôt l'appareil qui devait les intéresser», commente-t-on au parquet de Bobigny. La situation a complètement dégénéré. «Tout est parti très vite et de manière très confuse», selon une source policière. Les jeunes l'ont passé à tabac, sous les yeux de sa femme et de sa fille, restées dans la voiture. Sous les yeux aussi d'un certain nombre de témoins qui ne sont pas intervenus. Une supérette, un bar-PMU et une pharmacie contribuent en effet à rendre ce secteur plutôt animé. «Personne ne lui est venu en aide», commente-t-on chez les enquêteurs.

La brigade criminelle de la police judiciaire parisienne a été saisie de l'enquête, qui s'annonce «difficile et complexe» dans un «milieu où la police n'est pas la bienvenue», selon la même source qui évoque des premiers témoignages «confus et divers».

October 29, 2005

Ils n'étaient pas poursuivis

NANCY (AP), 28 octobre 2005, extrait - Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a évoqué vendredi "les événements dramatiques de la nuit" à Clichy-sous-Bois: "Ce que je sais, au cours d'une tentative de cambriolage, lorsque la police est arrivée, des jeunes sont partis en courant. Trois jeunes qui n'étaient pas poursuivis ont escaladé le mur d'enceinte haut de trois mètres d'un transformateur électrique. Deux mineurs sont décédés électrocutés, le troisième a été gravement brûlé".

"La police conteste formellement que ces jeunes étaient poursuivis. En tout état de cause, c'est dramatique. Il s'en est suivi une nuit d'émeute, une de plus à Clichy; voilà tout ce que je sais et que j'ai appris au cours de la nuit", a dit le ministre au cours d'un point-presse vendredi matin sur la place Stanislas à Nancy (Meurthe-et-Moselle).

Nicolas Sarkozy ironise sur le fait que "dans ce métier, on est réveillé par les bonnes nouvelles. Les violences urbaines se sont enracinées depuis 20 ans. Si la police urbaine intervient, c'est pour arrêter les coupables. Il faut mettre un terme à l'exploitation des jeunes par des caïds".

Le Figaro, le 29 octobre 2005
Détresse et consternation à Clichy-sous-Bois
ÉMEUTES A l'origine de graves violences, les circonstances de la mort de deux jeunes sont étudiées par la justice.
Par Delphine Chayet, extrait :

«Seule une enquête efficace, rapide et transparente apaisera la haine», a souligné hier Claude Dilain, maire PS de Clichy-sous-Bois, dont les premières pensées sont allées aux familles endeuillées. «Nous devons comprendre, a-t-il dit, dans quelles circonstances précises ces enfants se sont électrocutés.» Jeudi, vers 17 h 30, six adolescents avaient été interpellés pour un vol et des dégradations commises dans un cabanon de la commune voisine de Livry-Gargan. Ils ont été remis à leurs parents peu de temps après. Mais, semble-t-il, trois autres jeunes, échappant à la police, auraient couru jusqu'à la centrale EDF. «Aucun lien n'a pour l'heure été établi entre ce contrôle policier et la mort des jeunes», a tenu à préciser hier la préfecture de Seine-Saint-Denis. «La police ne poursuivait pas physiquement les adolescents», a insisté le ministre de l'Intérieur. Selon Louis-Michel Bonté, secrétaire général de la préfecture, «les forces de l'ordre ne sont arrivées sur les lieux qu'à 18 h 53, au même moment que les pompiers».

A Clichy-sous-Bois, c'est une tout autre version que faisaient circuler hier les habitants rassemblés au pied des barres HLM. «Ils étaient neuf garçons à jouer au foot près de la centrale, assurait une mère de famille. Ils ne faisaient rien de mal. Mais l'un d'eux n'avait pas de papiers. Alors, il a eu peur en voyant la police.»

Selon le maire, «aucune tension particulière» ne régnait pourtant, ces derniers temps, dans la commune de 28 300 habitants. Bon nombre d'entre eux, choqués par les événements, hier, s'emportaient contre le comportement des policiers à leur égard : «Les képis nous harcèlent et jouent les cow-boys, mais personne ne vient quand on a besoin d'eux.»


Le Monde, le 29 octobre 2005
Deuxième nuit consécutive de violences à Clichy-sous-Bois
Extrait :

Le syndicat Action police CFTC a de son côté annoncé, samedi, qu'il avait adressé un courrier au ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, pour lui demander le renfort de l'armée. "Une guerre civile se déroule actuellement à Clichy-sous-Bois", écrit dans ce courrier Michel Thooris, secrétaire général du syndicat. "Des tireurs embusqués "snipent" la police". "Nous ne pouvons plus faire face à cette situation seuls, mes collègues n'ont ni l'équipement, ni la formation, ni l'entraînement pour le combat de rue. Seule l'armée, entraînée, équipée et formée à ce type de mission peut intervenir en toute sécurité pour stabiliser la situation."


Libération, 29 octobre 2005
Nouvelle nuit de violence à Clichy-sous-bois
Extrait :

Les troubles se sont principalement déroulés dans le quartier du Chêne-Pointu, qui avait déjà été jeudi soir le théâtre de violents affrontements entre jeunes et forces de l'ordre. La ville s'était embrasée à la suite du décès de deux adolescents de 17 et 15 ans, Ziad et Banou, morts électrocutés après s'être introduits dans l'enceinte d'un transformateur EDF. La rumeur s'était répandue que les deux jeunes s'étaient réfugiés dans cet endroit à la suite d'une course-poursuite avec la police, ce qui a été démenti par la préfecture.


Libération, 29 octobre 2005
Pompiers façon légions romaines
Extraits :

Comment porter secours quand les pompiers et leur matériel sont caillassés, harcelés par des groupes de jeunes très mobiles ? Les sapeurs-pompiers de Paris ont engagé depuis le début des années 2000 une action et une réflexion inspirées par l'expérience de leurs collègues en Ulster confrontés à des scènes d'émeute durant les trente années du conflit irlandais. Ils ont puisé dans leur culture militaire pour élaborer leur plan «violences urbaines». «Notre plan est calqué sur notre savoir-faire militaire, explique un officier. Il est gradué pour adapter la réponse à la gravité de la situation.»

«C'est la même organisation que pour un coup de main militaire», dit un spécialiste. Avant chaque intervention, le responsable des opérations évalue les risques. «On n'engage les moyens que s'il y a une urgence, explique un officier. S'il s'agit d'une poubelle en train de brûler sur une place, on la laisse se consumer toute seule.»

Les secouristes interviennent «en binômes» (un pompier porte la lance à incendie, l'autre est son servant) avec le concours de «guetteurs aériens», sur les toits et dans les étages des immeubles, chargés de les prévenir, par exemple, en cas de jets de projectiles. Ils bénéficient également de la protection des forces de l'ordre.

«On sort encadrés comme des légions romaines, ironise un secouriste. Mais il ne faut surtout pas répliquer aux provocations, aux agressions verbales, pour ne pas faire monter encore un peu plus la tension.»

Le capitaine Laurent Vibert se faisait l'écho d'une réflexion commune chez les pompiers face aux violences urbaines : «Pendant qu'ils nous agressent, ces jeunes ont peut-être un parent, un ami qui a besoin de nous, et de cela, ils ne sont pas conscients.»


De l'interview d'Alain Bentolila de septembre 2005 pour le Défenseur des Enfants :

Si les Z.E.P. ne sont pas une solution, que faut-il faire ?

Le problème est que notre société a laissé se constituer des ghettos sociaux. Ceux-ci n'ont rien à voir avec les ghettos anglo-saxons : les habitants des Chinatowns ont conservé leur culture, leur langue, leurs traditions, tout en étant capables de s'insérer dans la société américaine, d'y travailler, d'en maîtriser les codes. En France, les populations d'origines étrangères n'ont plus d'identité, car elles n'ont plus ni racines, ni culture, ni religion. Rares sont les maghrébins qui parlent réellement l'arabe et qui ont lu les sourates du Coran, ou les Sénégalais qui parlent le wolof. Ils se disent musulmans pour se donner une identité, car ils sont dans une situation d'acculturation totale. Nos ghettos sociaux sont des ghettos acculturés, et c'est là le drame. Car le vide culturel peut être comblé par n'importe qui, par n'importe quel faux prophète de quelque secte ou religion que ce soit.
Par ailleurs, les ghettos sociaux engendrent des ghettos scolaires : l'école au pied des tours. Il ne reste dans ces ghettos d'une part que les familles les plus pauvres, les plus acculturées, d'autre part ceux qui ont intérêt à y rester car ils sont dans un no man's land qui leur permet de faire du trafic. Tous les autres, ceux qui avaient un minimum de moyens financiers, ont quitté ces quartiers et retiré leurs enfants de ces écoles. Du fait de la superposition entre les ghettos sociaux et les ghettos scolaires, il est impossible sortir ces enfants de leur situation scolaire désastreuse sans modifier leurs conditions de vie.

CLICHY-SOUS-BOIS (AFP), le 30 octobre 2005, extraits - La ville de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) a retrouvé le calme dimanche après trois nuits d'échauffourées, la dernière ayant été moins violente que les précédentes, malgré un bilan de 22 gardes à vues durant le week-end.

Clichy-sous-Bois a été le théâtre de troubles urbains très importants depuis le décès jeudi de deux adolescents de 17 et 15 ans, Ziad et Banou, électrocutés dans un transformateur EDF, où un troisième adolescent a également été blessé.

La rumeur s'était répandue que les deux victimes s'étaient réfugiées dans ce transformateur lors d'une course-poursuite avec la police, ce qu'ont démenti les différentes autorités.

"D'après l'audition du troisième jeune", qui a pu être entendu par les enquêteurs malgré ses blessures, "les trois adolescents ont pris la fuite à la vue d'un contrôle d'identité à Livry-Gargan. Ils se sont mis à courir parce que d'autres jeunes couraient. Ils se sont crus poursuivis alors qu'ils ne l'étaient pas", a déclaré samedi le procureur de Bobigny, François Molins.


CLICHY-SOUS-BOIS (AFP), 30 octobre 2005, extrait - L'avocat des familles des deux mineurs, Me Jean-Pierre Mignard, a annoncé dimanche qu'il allait porter plainte avec constitution de partie civile lundi, se demandant "pourquoi des jeunes qui n'ont rien à se reprocher" se sont sentis "suffisammment menacés pour pénétrer sur un site dangereux".


PARIS (AFP), 30 octobre 2005 - Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, a critiqué indirectement son collègue de l'Intérieur Nicolas Sarkozy en demandant qu'on ne traite pas les jeunes des banlieues difficiles de "racaille".

"Il ne faut pas dire aux jeunes qu'ils sont des racailles, il ne faut pas dire aux jeunes qu'on va leur rentrer dedans et qu'on va leur envoyer la police. Il faut y aller avec une volonté d'apaiser", a déclaré Azouz Begag à France 2.

Le mot de racaille avait été utilisé par le ministre de l'Intérieur lorsqu'il s'était rendu mardi soir à Argenteuil (Val d'Oise) pour vérifier la mise en place du nouveau dispositif contre les violences urbaines. Il avait été l'objet de cris hostiles, ponctués par le jet de projectiles divers.

Interrogé par France 2 pour savoir s'il pensait à Nicolas Sarkozy en disant cela, M. Begag a répondu : Ce sont "des mots que j'ai entendus, je ne sais pas qui les a prononcés".

PARIS (AP), le 31 octobre 2005, extrait - Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a confirmé lundi qu'une grenade lacrymogène avait été jetée dans une mosquée de Clichy-sous-Bois lors de la quatrième nuit de violences dans cette ville de Seine-Saint-Denis, sans que l'on puisse affirmer à ce stade qu'elle avait été lancée par un policier.

"En l'état de mes informations, je confirme que c'est bien une grenade lacrymogène, qui est en dotation dans les compagnies d'intervention (CRS, ndlr) qui étaient sur place en Seine-Saint-Denis cette nuit-là, ce qui ne veut pas dire que c'est un tir qui a été fait par un policier", a-t-il expliqué en arrivant à la préfecture de Bobigny. Mais "c'est l'enquête qui le dira".

"Il faut que je puisse envoyer des spécialistes pour savoir si la fameuse bombe lacrymogène a explosé à l'intérieur de la mosquée ou si quelqu'un l'y a mise, (...) et là aussi je donnerai tous les éléments, la police se doit d'être irréprochable", a ajouté Nicolas Sarkozy.


Edito du Figaro du 31 octobre 2005
L'éducation ou la sauvagerie
Par Yves Thréard, extrait :

A Clichy, en plus de dizaines de voitures, les émeutiers ont attaqué une école maternelle, un poste de police, la caserne des pompiers, un centre de tri postal et ont cherché à pénétrer dans la mairie. Les cibles n'ont pas été choisies au hasard. Les casseurs encagoulés, dont le maire dit qu'ils n'habitent pas tous sa commune, entendent ainsi montrer leur haine d'un ordre républicain dont ils se sentent exclus. L'explication vaut ce qu'elle vaut. Elle n'est pas suffisante et, surtout, elle n'excuse rien.

Les récents propos de Nicolas Sarkozy sur la nécessité «d'éradiquer la gangrène» des banlieues, de «nettoyer les cités au Kärcher» sont maladroits dans la forme, mais sur le fond ? Les déchaînements constatés ici et là en France portent davantage l'empreinte de la barbarie et de la sauvagerie gratuite que celle de la vengeance et du désespoir. Ainsi, comment comprendre le tabassage mortel, sous les yeux de sa famille, d'un agent commercial venu photographier un lampadaire jeudi à Épinay-sur-Seine ? Ce meurtre a-t-il déclenché des émeutes ? Est-il prévu une marche silencieuse, des fleurs et des couronnes en hommage à cet homme, «mort pour rien», sinon pour le vol de son appareil photo ?

Entre prévention et répression, depuis vingt ans, les responsables politiques cherchent des réponses aux violences urbaines. Trop souvent, elles sont malheureusement frappées du sceau de l'électoralisme. Or le problème doit être appréhendé à la base. L'une des solutions est sans doute dans la reprise en main de notre système éducatif. Vaste chantier.


Le Figaro, 31 octobre 2005
UNE ÉRUPTION de violence frappe depuis plusieurs jours certaines villes de la banlieue parisienne.
Par Delphine Chayet, extraits :

Les violences urbaines se sont déclenchées jeudi soir, après la mort de deux jeunes électrocutés dans un transformateur EDF. En trois nuits, 65 voitures et 12 poubelles sont parties en fumée, d'après la préfecture de Seine-Saint-Denis, et une école maternelle et la maison des associations ont été vandalisées. Dans la nuit de vendredi à samedi, la plus dure, un camion de CRS a reçu une balle, tandis que les forces de l'ordre subissaient des «jets de cocktails Molotov, pierres ou barres de fer», selon un officier.

En retour, les policiers ont tiré 150 flashballs et une cinquantaine de grenades lacrymogènes. Au total, 29 jeunes gens ont été interpellés.

Tout le week-end, des appels au calme émanant de responsables cultuels ou associatifs, ainsi que des parents des victimes, se sont multipliés. A la demande du ministre de l'Intérieur, l'Inspection générale des services – la police des polices – a été saisie. Invité, hier soir, du journal de TF 1, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il se rendrait désormais chaque semaine dans une banlieue difficile. Le ministre sera ce matin à la préfecture de Seine-Saint-Denis pour exprimer son soutien aux policiers, gendarmes et pompiers du département.


PARIS (AFP), le 31 octobre 2005 - Des dirigeants de gauche accusent Nicolas Sarkozy de faire plus de mal que de bien dans les banlieues, par des propos incendiaires et une politique inadaptée du tout répressif.

Alors que Clichy-sous-Bois a vécu dimanche une quatrième nuit d'affrontements entre jeunes et forces de l'ordre, avec son cortège d'arrestations, de blessés et de véhicules incendiés, l'opposition affirme que les propos musclés du ministre de l'Intérieur ne font qu'aggraver les choses.

"Sarkozy créé un climat terrible" dans nos banlieues, a lancé lundi l'ancien Premier ministre socialiste Laurent Fabius, qui s'affirme "homme de terrain", puisqu'il est élu (premier adjoint) "d'une ville ouvrière de 27.000 habitants", le Grand Quevilly (Seine-Maritime).

Les violences à Clichy-sous-Bois sont "inacceptables, inadmissibles, intolérables", a-t-il poursuivi sur Europe 1, ajoutant que, dans les banlieues, "c'est tous les jours qu'il faut faire travailler à la fois les éducateurs, la société HLM, la justice, les professeurs".

Clichy-sous-Bois est en révolte depuis le décès jeudi de deux adolescents, morts électrocutés dans un local transformateur EDF. La rumeur s'est rapidement répandue qu'ils s'étaient réfugiés là pour échapper à la police, ce qu'ont démenti les autorités.

M. Sarkozy, dont des formules ont concentré les critiques ("nettoyer "au Kärcher", "racaille"), s'est rendu lundi dans une autre banlieue parisienne, Bobigny, avant de recevoir les familles de deux jeunes électrocutés.

"Le sarkozysme, ça ne marche pas", juge pour sa part l'ancien ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn.

"A se contenter de dire qu'on va régler les problèmes et à ne jamais les régler (...) à faire semblant qu'on peut se passer de la prévention, on aboutit à un échec grave dans les banlieues", a dit DSK dimanche.

Vendredi, le PS avait réclamé "des réponses sérieuses du ministre de l'Intérieur" après les premiers incidents à Clichy-sous-Bois.

La secrétaire nationale du parti chargée de la sécurité, Delphine Batho, avait mis en garde le ministre contre ses "diversions habituelles à coup de formules péremptoires ou de déplacements hypermédiatisés".

Et Jack Lang, député du Pas-de-Calais, accusait M. Sarkozy et le Premier ministre Dominique de Villepin "de faire du cinéma".

Le même jour, Arnaud Montebourg, un des fondateurs du courant Nouveau parti socialiste, dénonçait "le Sarko Circus", après les visites du ministre dans les quartiers difficiles d'Argenteuil ou de La Courneuve.

Pour le sénateur communiste Robert Hue, "le ministre de l'Intérieur est désormais le premier organisateur du désordre dans les quartiers et les villes qui subissent la crise urbaine".

"Il faut d'urgence arrêter ce pompier pyromane qui va finir par embraser toutes les banlieues de France", a affirmé lundi le député PS de l'Isère André Vallini, secrétaire national en charge des institutions et de la sécurité.

Les propos de M. Sarkozy ont été critiqués au sein même du gouvernement, quoique sur un ton plus modéré.

"Il ne faut pas dire aux jeunes qu'ils sont des racailles, il ne faut pas dire aux jeunes qu'on va leur rentrer dedans et qu'on va leur envoyer la police. Il faut y aller avec une volonté d'apaiser", a estimé dimanche Azouz Begag, ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances.



PARIS (AP), 30 octobre 2005 - Après les émeutes qui ont éclaté ce week-end à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, suite à la mort de deux jeunes, le député socialiste du Val-d'Oise Dominique Strauss-Kahn s'en est pris dimanche au ministre de l'Intérieur en estimant que "le sarkozysme, ça ne marche pas".

"L'agitation de Nicolas Sarkozy, on commence à en voir les résultats", a déploré "DSK" lors du "Grand rendez-vous" sur Europe-1/TV5. "La méthode qui est la sienne n'aboutit pas, celle qui consiste à faire des rodomontades, mais en réalité à faire qu'il n'y ait pas plus de policiers", a-t-il déploré.

"Comme dans le même temps ont été supprimés tous les crédits d'Etat qui venaient aider les associations, toutes celles qui faisaient de la prévention, qui permettaient de maintenir le calme, en effet on a la situation qu'on constate aujourd'hui à Clichy-sous-Bois", a-t-il fustigé. "Le problème c'est que le sarkozysme, ça ne marche pas".

L'ancien ministre de l'Economie a toutefois reconnu qu'il pouvait y avoir des éclats, des difficultés sous n'importe quel gouvernement"; il condamne donc "totalement tout ce qui peut se passer à Clichy-sous-Bois".

"Il reste qu'à se contenter de dire que l'on va régler les problèmes et à ne jamais les régler", "à faire semblant qu'on peut se passer de la prévention et à ne pas véritablement mettre en oeuvre les forces de police nécessaires, ce qui est la situation aujourd'hui, on aboutit à un échec grave que je vis, moi, dans les banlieues", a ajouté "DSK", invitant Nicolas Sarkozy à sortir du "ministère de la parole". AP


PARIS (AP), 31 octobre 2005 - Le ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, Azouz Begag, a proposé lundi soir de rencontrer les proches des deux jeunes électrocutés jeudi dernier à Clichy-sous-Bois, après que ceux-ci eurent refusé de rencontrer le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

"S'ils ont refusé de recevoir Nicolas Sarkozy, je me porte tout à fait candidat, dès demain, à me présenter devant ces familles, et éventuellement à aller parler aux jeunes", a fait savoir Azouz Begag sur Europe-1. "Nous sommes dans une urgence de l'apaisement aujourd'hui, nous sommes dans une urgence du dialogue vrai".

Lundi, les familles des deux jeunes morts jeudi ont refusé d'être reçues par Nicolas Sarkozy, qu'elles ont jugé "incompétent". Elles ont souhaité rencontrer le Premier ministre Dominique de Villepin. AP


BOBIGNY (AP), le 31 octobre 2005 - Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a promis lundi un renforcement des effectifs policiers dans les quartiers difficiles après les violences urbaines qui ont touché la banlieue parisienne en fin de semaine. Les familles des deux adolescents électrocutés jeudi dernier ont refusé d'être reçues place Beauvau.

"Nous allons renforcer les effectifs sur le terrain et ce sera le rôle de 17 compagnies républicaines de sécurité (CRS) qui seront dédiées de façon permanente dans tous les quartiers difficiles", a déclaré le ministre lors d'une rencontre à Bobigny (Seine-Saint-Denis) avec les forces de l'ordre et les pompiers du département.

En outre, les Renseignements généraux, les fameux RG, seront chargés "d'investir un certain nombre de cités pour repérer les chefs de bandes, les trafiquants et les caïds", a ajouté Nicolas Sarkozy. "On mettra le temps qu'il faut mais on garantira aux habitants (de ces quartiers) la sécurité à laquelle ils ont droit".

Les familles des deux adolescents électrocutés dans un transformateur, apparemment pour échapper à la police, ont refusé de rencontrer le ministre dans l'après-midi. "En aucun cas nous n'irons voir Sarkozy", qui est "très, très incompétent", a déclaré devant la presse à Clichy-sous-Bois Siyakah Traoré, le frère de Bouna. "J'aimerais me faire recevoir par le Premier ministre M. (Dominique) de Villepin, en toute urgence", a-t-il ajouté, avant de lancer un appel au calme.

A son arrivée à Bobigny, le ministre de l'Intérieur a confirmé qu'une grenade lacrymogène avait atterri dans une mosquée de Clichy-sous-Bois lors de la quatrième nuit de violences dans cette ville de Seine-Saint-Denis. "En l'état de mes informations, je confirme que c'est bien une grenade lacrymogène, qui est en dotation dans les compagnies d'intervention (CRS, ndlr) qui étaient sur place en Seine-Saint-Denis cette nuit-là, ce qui ne veut pas dire que c'est un tir qui a été fait par un policier", a-t-il expliqué en arrivant à la préfecture. "C'est l'enquête qui le dira".

Le ministre de l'Intérieur et des Cultes a précisé qu'il "rencontrerait l'imam de cette mosquée pour parler avec lui de ce qui s'était passé dans la mosquée, de manière à ce que le calme revienne". Des fidèles assistant à la prière dans la mosquée ont accusé la police d'avoir tiré deux grenades lacrymogènes dans le lieu de prière.

Saluant le "sang-froid" et "le professionnalisme" des forces de l'ordre, Nicolas Sarkozy a également souhaité pour que soit développé le système de vidéosurveillance dans le département. Il a rappelé que c'est l'exploitation de telles images qui "est à l'origine de l'identification, en 48 heures, des auteurs" de l'agression à mort d'un homme à Epinay-sur-Seine.

Pour la quatrième soirée consécutive, des incidents ont eu lieu dimanche soir à Clichy-sous-Bois où quelques voitures et des poubelles ont été incendiées. Des affrontements ont éclaté entre policiers et jeunes dans le secteur de la mosquée. Onze personnes ont été interpellées pour des dégradations de biens publics et bien privés ou détention de substances incendiaires.

Le maire socialiste de Clichy-sous-Bois Claude Dilain a plaidé pour la "transparence" dans l'affaire du gaz lacrymogène. "Si on continue à maintenir une espèce de brouillard, opaque, sur les circonstances, on va avoir les mêmes résultats, c'est-à-dire des émeutes", a-t-il expliqué. "Je ne pense pas qu'il y aura d'issue à court terme".

A l'issue de sa rencontre avec les forces de l'ordre, Nicolas Sarkozy a reçu cinq jeunes de Clichy. "On a demandé que justice soit faite, qu'il n'y ait pas de justice à deux vitesses, pas de justice discriminatoire", a rapporté l'un d'entre eux, Cyril. "On va essayer de faire de la médiation pour que ce soit un peu plus calme ce soir", a poursuivi ce jeune de 23 ans. AP

BOBIGNY (AFP), 31 octobre 2005, extraits - Trois jeunes hommes interpellés vendredi lors des émeutes à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont été condamnés à deux mois de prison ferme, lundi à Bobigny, où Nicolas Sarkozy avait auparavant réaffirmé sa "détermination totale" à lutter contre les violences urbaines.

Les trois hommes, âgés de 25 à 27 ans, étaient poursuivis pour "violences volontaires en réunion avec armes sur agent de la force publique". Le tribunal correctionnel de Bobigny les a condamnés à huit mois d'emprisonnement, dont six avec sursis, en ordonnant leur incarcération immédiate.

Une grenade lacrymogène avait alors été lancée en direction d'une mosquée de la ville, provoquant l'indignation des fidèles et des habitants.

"Il s'agit bien d'une grenade lacrymogène en dotation des compagnies d'intervention (CRS, ndlr) qui étaient sur place en Seine-Saint-Denis, ce qui ne veut pas dire que c'est un tir fait par un policier, c'est l'enquête qui le déterminera", a déclaré M. Sarkozy devant la presse.

Une source policière a ensuite déclaré à l'AFP que selon les "constatations faites par le laboratoire central", cette grenade avait bien été tirée par la police, mais qu'elle n'avait "pas explosé dans la salle de prière".

"Elle a été envoyée en l'air à l'aide d'un fusil avec une trajectoire instable", a précisé cette source. "Ensuite, sept petits pots qui contiennent le gaz ont explosé et libéré le gaz (...) Des impacts de petits pots ont été trouvés près d'une entrée de la salle de prière, mais pas à l'intérieur".

Sans ménagement, un 11 octobre à Montreuil

Libération, le 28 octobre 2005
A Montreuil, les CRS font déménager sans ménagement
Des témoins molestés lors de l'évacuation d'un immeuble vétuste
par Dominique SIMONNOT, extraits :

Beaucoup l'ont vu, ce soir-là, devant la maison de quartier Lounès-Matoub à Montreuil. Une lycéenne : «Un type, un vieux aux cheveux blancs, que les CRS ont poussé et fait tomber dans le caniveau. Il s'est relevé difficilement, ils l'ont poussé encore... Il était couvert de sang.»

Soutiens. Ce 11 octobre à Montreuil, tout un quartier est en émoi. Un immeuble vétuste de la rue du Gazomètre a été évacué par la police.

Bastid fait partie, avec sa femme, de ceux qui occupent le centre social aux côtés des familles.

Quand les CRS sont arrivés, «je voulais convaincre les familles de sortir dignement du centre, dit encore l'enseignante, je suis entrée par une petite porte. Un CRS est arrivé par-derrière et m'a enserré la tête. Ils étaient trois dans ce petit couloir, j'étais seule avec eux. J'ai reçu un poing dans l'oeil droit». La directrice, 60 ans, est sortie, «je ne voyais plus, je pleurais». Elle souffre d'un déchirement de la rétine, et voit avec difficulté.

Plainte. Vers 20 heures, les CRS évacuent le centre social. C'est là que Paul et Jean-Pierre Bastid ont été tabassés. Pour ce dernier, Me Irène Terrel a déposé plainte auprès du procureur de Bobigny. Témoignages et photos à l'appui. L'écrivain y raconte comment, en compagnie des familles, il a assisté aux portes fracturées par les policiers. Evacué sans ménagement, il est «projeté à terre et piétiné», puis, quelques minutes plus tard, «deux CRS se sont précipités» et lui flanquent «un violent coup de poing sur le nez». Puis vient «un violent coup de matraque à la tête» de la part d'un «policier en civil». Enfin, «tandis que je titubais, rapporte Bastid, ils m'ont projeté et je suis tombé à la renverse sur les grilles». Les pompiers l'ont emmené au centre hospitalier. Bilan : traumatisme crânien, nez fracturé, côte cassée, paupière déchirée... Le parquet de Bobigny a confié l'enquête à l'IGS, la police des polices. Là où se trouve aussi, depuis lundi, la plainte de la directrice d'école «j'étais allée d'abord au commissariat mais ils ont refusé d'enregistrer ma plainte».

Occupation. Du côté de la préfecture, on fait savoir que «les policiers n'ont fait que se défendre devant des jets de projectiles, des appels à rébellion et des outrages. Auxquels se sont ajoutés des jeunes venant de cités voisines qui voulaient en découdre. Il y a eu des heurts, mais nous n'avons aucun signalement de personnes blessées». Ces jets, personne ne les a vus. Même pas ceux qui étaient opposés et même choqués par l'occupation du centre social. «Je ne comprends pas cette violence. A aucun moment je n'ai été agressive, je n'ai insulté personne, même quand j'ai pris le gnon, j'ai juste dit "Monsieur, vous m'avez fait mal".» assure la directrice de l'école Marceau.

Mercredi, la sénatrice communiste Nicole Borvo a saisi Pierre Truche, président de la commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS), de «ces violences policières d'une rare intensité».