May 7, 2006

L'enfance dans l'ombre du génocide


Interview de Katy Hazan par N. Mullier

Quels enseignements peut-on tirer de cette expérience pour aider à se reconstruire des enfants victimes de violences dans le monde aujourd'hui, comme ceux du Rwanda ou de l'ex-Yougoslavie, de Bosnie, ou de Tchétchénie, des enfants soldats.

Ces collectivités d’enfants juifs peuvent servir d’exemple pour d’autres enfants victimes de violences ou orphelins d’autres génocides. Elles ont permis aux enfants de se reconstruire en se constituant une identité. Par leur projet pédagogique spécifique, ou tout simplement en les ancrant dans le présent pour pouvoir se projeter dans l’avenir, ces maisons ont permis à chaque individu de pouvoir vivre sa souffrance collectivement. Le fait d’être ensemble leur a permis d’être les mêmes et de recréer entre pairs du lien social. En ce sens, elles peuvent servir d’exemple.



L'enfance dans l'ombre du génocide
LE MONDE DES LIVRES | 12.09.05 | Laurent Douzou

Initiées dès le lendemain de la défaite de 1940, les persécutions antisémites poussent immédiatement les juifs à lutter pour leur survie. Avec les rafles de 1942 qui touchent les familles sans distinction d'âge, la dramatique urgence de disperser et de cacher les enfants s'impose aux organisations juives. Totalement prises de court, elles en recueillent des centaines à l'abandon. Priorité absolue, leur sauvetage n'est possible qu'au prix d'une action clandestine qui les disperse sur tout le territoire. A la Libération, il faut retrouver ceux qui ont eu la vie sauve. Beaucoup sont orphelins.

Créé en mai 1945, le Comité de l'enfance juive, qui réunit les grandes tendances du judaïsme et toutes ses composantes politiques, entend retirer les enfants des organismes non juifs et de leur famille d'adoption. Cette même discrétion qui a permis de les épargner rend leur repérage difficile. Il y faut de patientes enquêtes de terrain. D'autant que des institutions et des familles chrétiennes qui ont recueilli des enfants rechignent à s'en défaire. Ces tensions défraieront la chronique à travers le cas de Robert et Gérald Finaly, réclamés dès 1945 mais baptisés en 1948 par leur tutrice provisoire, cachés par les soeurs de Notre-Dame-de-Sion et qui ne retrouvent leur tante en Israël qu'en 1953.

L'affaire a beau focaliser l'attention, l'essentiel est ailleurs : ce sont quelque trois mille orphelins qui doivent réapprendre à vivre. Cette tâche immense est dévolue à la cinquantaine de maisons d'accueil des oeuvres juives qui, aidées par les fonds du Joint américain, travaillent à ramener les enfants au sein du judaïsme et à leur donner un foyer. Katy Hazan dresse le panorama de ces institutions qui représentent toute la palette du judaïsme. D'un côté, l'oeuvre de secours aux enfants, l'oeuvre de protection de l'enfance juive, les eclaireurs israélites de France, l'Alyah des jeunes, donnent aux enfants les rudiments d'une culture juive, religieuse ou non, pour les ancrer dans une tradition. De l'autre côté, les maisons laïques revendiquent une appartenance politique tout en se rattachant au judaïsme par le biais de la langue, des juifs communistes aux sociaux- démocrates du Bund. Mais l'auteur pointe combien cette typologie, sans être inexacte, est réductrice : chaque maison est un monde en soi, et les enfants qu'elle abrite y viennent souvent par hasard sans choix idéologique.

Lieux de vie Car ce qui frappe, c'est le désarroi d'enfants profondément déstabilisés. La difficulté à se reconstruire est extrême au sortir d'un vécu traumatique jamais formulé ni reconnu. Autant de jeunes vies défaites par les ruptures successives, les drames répétés, une survie difficilement préservée. A tous ces êtres déboussolés mais qui ont un même parcours, les maisons d'accueil offrent un lieu de vie.

Pourtant, sur le moment ou à distance, nombre d'entre eux reprochent à ces structures un manque de solidarité et de compréhension. Katy Hazan tempère cette appréciation : il n'y avait pas de précédent et tout le monde improvisait. Elle invite surtout à distinguer le niveau collectif, souvent vécu comme une réussite, et celui des individus dont la blessure est indicible.

C'est que l'entrée en collectivité est, pour les enfants de déportés, le moment où tout s'écroule, la preuve tangible que les parents absents ne reviendront plus. Pour eux, la vraie guerre commence après la guerre. Le chagrin s'intériorise. " Nous avons traversé la vie comme des funambules en équilibre sur les fils barbelés qui emplissaient notre tête ", écrit l'un d'eux.

Katy Hazan décrit ces maisons comme de véritables communautés éducatives animées par de fortes personnalités qui ont la ferme volonté d'appliquer des méthodes d'éducation nouvelles. Les programmes conçus sont originaux, mêlant activités libres à la Freinet et dirigisme à la Makarenko. Mais il y a loin de la théorie aux actes : beaucoup d'anciens pensionnaires conservent le souvenir d'une réalité routinière peu épanouissante.

Ces expériences, qui courent de la Libération au début des années 60, n'échappent pas plus que la société dans son entier au silence qui entoure alors la déportation. Un silence de plomb. Pourtant, par-delà leur diversité, les maisons ont atteint leur objectif, permettant aux enfants de redonner un contenu positif à une identité bafouée et mortifère.

Après l'étude de la persécution, des déportations, de la spoliation et de la restitution, le temps est venu de scruter l'après-guerre. Katy Hazan note que, pour beaucoup d'enfants, le véritable travail de deuil n'a eu lieu qu'avec la publication en 1978 du Mémorial de la déportation des juifs de France. Dans un autre registre, son étude précise et sensible marque également une étape importante. Sans se départir du recul nécessaire à l'étude, l'historienne excelle à faire entendre les voix singulières de la conscience déchirée d'enfants sur lesquels n'a cessé de planer l'ombre portée de la Shoah. Ainsi de la petite Janine, privée de ses parents en 1942, ballottée de refuge en maison, anorexique, qui, à neuf ans en 1947, bute à l'école sur les fractions parce qu'elle ne comprend pas le partage d'un gâteau dans une famille.

Bibliographie
Les orphelins de la Shoah
Les maisons de l'espoir (1944-1960) de Katy Hazan
Les Belles Lettres, 418 p., 180 F (28,20 ).

Chapitre.com,
Description

Au lendemain de la guerre, les organisations juives se retrouvent face au désarroi de nombreux orphelins, fils et filles de déportés juifs, la plupart d'origine étrangère. Diverses associations, actives depuis l'entre-deux guerres, mettent en place des structures afin de les recueillir, de leur donner une éducation et une formation pratique, de leur offrir une émancipation. Ceci avec l'aide financière de l'Etat, mais surtout de la diaspora américaine (en particulier Le Joint), et aussi, dès sa création, de l'Etat d'Israël. On comptera environ 50 de ces maisons d'accueil pour environ 3000 orphelins. C'est l'histoire de ces "maisons de l'espoir", très différentes selon leur idéologie (des traditionalistes aux socialistes révolutionnaires) et de ces enfants, que Katy Hazan se propose de raconter. Oeuvre de vie, ces maisons furent un formidable défi à la Shoah : défi relevé dans le souci de ne pas laisser ces enfants aux soins de l'Assistance publique, défi humain contre la mort, utopie créatrice et positive dans une après-guerre plus que morose. Par leur existence, ces collectivités posent une question, fil conducteur de ce travail : que signifie être juif après la Shoah, à une époque où le modèle intégrateur républicain reprend toute sa place, sinon sa légitimité, tout en affirmant fermer la parenthèse malheureuse de Vichy ? Comment, dans cet immédiat après-guerre, la question identitaire se pose-t-elle à travers la prise en charge des enfants ? Dans ce travail original, Katy Hazan allie la rigueur de l'historienne à un travail de mémoire et de "proximité" d'une grande densité émotionnelle. Etudiant les conditions d'émergence de ces maisons de l'espoir, elle a réuni, en recoupant des informations éparpillées et lacunaires, une centaine de témoignages, sous forme d'entretiens : ils permettent de rendre compte, de manière extrêmement vivante, de ces lieux de vie, avec leurs ambiguïtés, leurs échecs, leurs réussites. Ces témoignages détaillent les différentes méthodes éducatives, mettent en lumière des paradoxes entre la générosité des projets et l'utopie messianique (construction de "l'homme juif nouveau" dans la réalité de lendemains qui déchantent). Hélas, le travail de deuil nécessaire fut négligé : parce que l'on tut la mort des parents (sujet tabou) et ses raisons, on entretint chez beaucoup l'espoir de les revoir. C'est aussi de ce deuil à faire, aujourd'hui encore, que parlent ces orphelins désormais grand-parents.

May 6, 2006

Un système de contrôle archaïque


LE FIGARO. – Comment expliquez-vous votre mise en examen ?

Michel GAREL. – On a interprété une série de faits vaguement concordants que l'on a bien déformés pour me cibler. Et de chacun de ces faits, je suis prêt à en répondre dans le bureau du magistrat instructeur.


Vous avez pourtant avoué le vol du manuscrit 52 ?

Dans un premier temps, je n'ai rien dit devant le capitaine de police qui m'a pressé d'avouer en m'assurant que j'allais finir en prison si je niais. Or toute l'histoire de ma famille, que ce soit sous le régime tsariste, bolchevique ou vichyste, a oscillé de prison en prison avec ce leitmotiv : «N'avoue jamais.» Mais, pour rester libre, chez le juge, j'ai reconnu le vol du fameux manuscrit 52.


Les manuscrits de la BNF gardent leurs secrets
L'ex-conservateur Michel Garel a été condamné pour vol à 400 000 euros d'amende et deux ans de prison avec sursis.

par Renaud LECADRE
Libération, lundi 13 mars 2006


The New York Times, Saturday, May 6, 2006
Arts, Briefly; French Librarian Convicted
By ALAN RIDING; COMPILED BY BEN SISARIO
Published: March 14, 2006
Michel Garel, the former chief curator of manuscripts at the French National Library, has been convicted of stealing a 13th-century Hebrew manuscript and given a two-year suspended prison term and fined 400,000 euros (roughly $476,000). Mr. Garel, 57, who first admitted the theft, then later denied the charges, said he would appeal the verdict, which was announced by his lawyer late Friday. The case has proven deeply embarrassing to the library; while Mr. Garel was accused of stealing only one manuscript, at least two dozen other ancient Hebrew documents have reportedly disappeared from its collection. A confidential report leaked last year to a French newspaper said that a subsequent inventory indicated that as many as 30,000 books and 1,183 documents were missing from the library.


L'homme que la BNF enrichissait
Pour lui, ce n'était pas que de l'hébreu

Marianne, N°382 Semaine du 14 août 2004 au 20 août 2004

On le disait érudit, zélé, honnête. Pourtant, le conservateur de la BNF a dérobé des pièces uniques. Pour l'argent.

Extrait :

A la BNF, nul n'est autorisé à commenter l'événement Le président de l'établissement, Jean-Noël Jeanneney, s'en tient à une déclaration de principe, soulignant le caractère exceptionnel du vol. Mais on n'ignore pas que l'archaïsme des règles de contrôle a facilité les larcins. Le corps des conservateurs est organisé de manière hiérarchique. Tout fonctionnaire suspectant un vol en réfère à son supérieur. Avec le risque que cela suppose. Ce système, qui repose sur les fondations napoléoniennes de la fonction publique, s'est pourtant avéré efficace depuis deux siècles. Des fonctionnaires, dont le traitement n'est nullement proportionnel à la valeur des oeuvres dont ils ont la garde, ont en toutes circonstances assuré la sauvegarde du bien public, même quand il fallait cacher les trésors, en prévision d'une invasion, et, par exemple, dans les conditions rocambolesques de l'Exode et de la Débâcle.

Michel Garel avait tout de ces conservateurs zélés, animés par la double passion de leur métier et du service de l'Etat. Nul ne semblait mieux qualifié que cet érudit pour assurer la garde vigilante de textes juifs d'autant plus rares que, des autodafés de l'Inquisition aux incendies allumés par les nazis, en passant par les ravages des pogroms, les traces de l'art juif ont été systématiquement détruites. Or, Michel Garel connaissait mieux que quiconque le sens du mot sauvegarde. Son père, le Dr Georges Garel, fut l'animateur du principal réseau de sauvetage des enfants juifs, créé en 1942 par l'OEuvre de secours aux enfants (OSE). Au sein de l'association, qui s'occupe aujourd'hui d'enfants de toutes origines, et dont Michel Garel est vice-président, on est assommé par la révélation des forfaits commis à la BNF.

L'Express du 09/08/2004
Fait divers
L'énigme du «manuscrit 52»

La suite relève du grand art de la mystification: ce manuscrit soustrait au patrimoine national quitte la France tout à fait légalement. Avant de donner son autorisation à l'exportation d'un livre rare, le ministère de la Culture consulte systématiquement un expert de la BNF. En l'occurrence, puisqu'il s'agit d'un manuscrit hébraïque, l'incontournable Michel Garel... Qui s'empresse d'émettre un avis positif. Et qui, dans la foulée, se serait rendu à Londres, pentateuque sous le bras, pour le proposer à l'un de ses correspondants réguliers, un richissime collectionneur anglais. Celui-ci l'achète, de bonne foi semble-t-il, car, selon lui, toutes les estampilles rouges de la BNF portées sur le vélin ont été grattées. L'ouvrage aurait même été retaillé et amputé de près de 70 pages! Malgré ces dégradations, la transaction est conclue pour au moins 80 000 dollars.


La chute d'un conservateur en chef à la BNF, suspecté d'avoir dérobé cinq manuscrits

Article paru dans le Monde, édition du 05.08.04

C'est la vente d'une Bible du XIVe siècle qui a mis les enquêteurs sur la piste de Michel Garel, spécialiste reconnu, à la tête du fonds hébreu de la Bibliothèque nationale de France depuis 1980


Les oeuvres « perdues » de la République.

La vente à New York d'une Bible du XIVe siècle conservée à la Bibliothèque nationale de France vient relancer le scandale des vols dans les collections publiques. Sur les 100 000 oeuvres inventoriées par la commission Bady, chargée de recenser les oeuvres d'art appartenant à l'Etat, 12 500 d'entre elles se sont volatilisées.

En faisant part, dans un courrier adressé au président de la Bibliothèque nationale, de sa vive inquiétude à la suite de la découverte de vols commis dans le département des manuscrits, le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, semble vouloir aborder le problème de face. Une réflexion est prévue à la rentrée sur la mobilité des conservateurs chargés des fonds ainsi que sur la circulation des biens culturels, associant les professionnels du marché, les responsables scientifiques et les services de police et de justice.

L'affaire a démarré en 2000, lorsque des disparitions répétées de manuscrits anciens dans les réserves de la Rue de Richelieu alertèrent la direction de l'établissement public. Depuis, les enquêteurs surveillaient discrètement ses 400 employés. La vente en 2003 chez Christie's, à New York, d'une Bible du XIVe siècle a fini par les mettre sur la piste du conservateur en chef au département des manuscrits hébraïques. Michel Garel, fils de résistant, vice-président du conseil d'administration de l'OSE (OEuvre de secours aux enfants), a avoué être l'auteur de ce vol qui lui aurait rapporté la coquette somme de 300 000 euros. Mais aussi, ce qui est pire encore, de la mutilation irréversible de nombreux manuscrits des XIIIe, XIVe et XVe siècles, détériorés afin de vendre leurs enluminures.

Ce nouveau scandale souligne l'importance du « récolement », cette vaste opération de recensement des oeuvres d'art de la France, demandée en 1995 à la Cour des comptes par Alain Juppé. «C'est le premier récolement d'une telle ampleur, déclare Jean-Pierre Bady, président de la commission chargée de le mener, et il consiste à confronter les catalogues de collection à la présence matérielle des oeuvres. Le mandat devait s'étendre sur deux ans, mais, vu l'ampleur du sujet et les complications que nous avons rencontrées sur le terrain, on ne prévoit pas son achèvement avant 2007.»

(Extrait) © lefigaro.fr 14 août 2003


Pour M. Jeanneney, les pertes à la BNF sont « faibles »

Article publié le 29 Juin 2005
Par Emmanuel de Roux
Source : LE MONDE
Taille de l'article : 953 mots

Extrait : Michel Garel, conservateur en chef, est entendu le 28 juin par le juge d'instruction après la disparition de manuscrits hébraïques. LA NOUVELLE comparution, mardi 28 juin, de Michel Garel, ancien conservateur en chef à la Bibliothèque nationale de France (BNF), responsable du fonds des manuscrits hébraïques, devant un juge d'instruction parisien, Nathalie Turquey, relance l'idée que la bibliothèque française est « une passoire », que des documents précieux peuvent y être volés par ceux qui sont chargés de les conserver, et que ces trésors peuvent se retrouver sur le marché.



L'officiel du manuscrit
Justice : Michel Garel, conservateur de la BNF, jugé pour le vol d'un manuscrit hébraïque

03/03/2006
Michel Garel, 58, conservateur à la BNF, a comparu ce vendredi après midi pour "vol commis avec dégradation par personne chargée d'une mission de service public".

Ce responsable du fonds des manuscrits hébraïques et spécialiste mondialement estimé, avait été arrêté fin juillet 2004 alors qu'il était soupçonné du vol du Manuscrit 52, c'est à dire un manuscrit hébraïque médiéval unique, d'une valeur inestimable, comprenant le Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible) et plusieurs textes sacrés tels que L'Ecclésiaste ou les Lamentations.

A l'époque, il avait reconnu le vol pour lequel il venait d'être arrêté. Depuis, Michel Garel est revenu sur ses aveux, arguant du fait qu'il s'était "confessé" sous la pression des enquêteurs, afin d'échapper à la détention provisoire, ainsi que pour disculper sa femme, spécialiste des manuscrits coptes et chercheuse au CNRS également mise en cause en même temps que lui.

Le 52 avait été vendu à un collectionneur britannique, David Sofer, après avoir reçu l'autorisation de sortie du territoire du ministère de la culture en bonne et due forme (grâce à la signature d'un expert : Michel Garel en personne...). David Sofer, mettait en vente aux enchères en 2000, chez Chritie's à Londres, le manuscrit 52, amputé d'une soixantaine de feuillets et retaillé pour masquer le grattage des estampilles apposées par la BNF ; il est vendu 300 000 euros.

Certains collègues du conservateur, qui le soutiennent, estiment qu'il est peu probable que les experts de chez Chritie's n'aient pas authentifié le manuscrit. L'avocat de Michel Garel, Lef Forster pose la question de savoir pourquoi son client aurait-il laissé des traces aussi évidentes ? Michel Garel, pour sa part, affirme que c'est Edmond Safra, un banquier milliardaire mort dans des conditions mystérieuses à Monaco, qui lui aurait demandé de signer l'autorisation... Par ailleurs, une universitaire isralëlienne affirme que Michel Garel lui aurait avoué le vol. La BNF de son côté, estime qu'il n'y a "aucun doute" sur la culpabilité du conservateur.

C'est un dossier quelque peu embrouillé qu'aura dû démêler le président du tribunal correctionnel de Paris cet après-midi...

Affaire à suivre.

A la recherche des tomes perdus de la BNF
Mise en examen d'un conservateur en chef de la Bibliothèque nationale de France, soupçonné de vols.

par Jacqueline COIGNARD
Libération, samedi 31 juillet 2004

Des feuillets, des chapitres, et parfois des ouvrages entiers se sont évanouis du fonds hébreu, à la Bibliothèque nationale de France (BNF). «Plusieurs dizaines d'ouvrages ont été amputés, ou ont disparu en totalité», explique une source proche de l'enquête. «Une centaine de documents», précise-t-on au parquet de Paris. Le responsable de ces mutilations et pillages pourrait être la personne chargée de veiller sur le trésor : le conservateur en chef du département.

Lettre anonyme. L'enquête ouverte discrètement en mars a débouché jeudi sur l'arrestation et le placement en garde à vue de cet homme, 56 ans, entré à la BNF en 1976 et responsable du fonds hébreu depuis 1980. Jusqu'à sa présentation au juge d'instruction Nathalie Turquey, vendredi après-midi, Michel Garel niait toute implication dans les vols. Chez le juge, il a reconnu l'un des faits qui lui sont reprochés : avoir établi un faux certificat pour la vente, chez Christie's, de la quasi-totalité d'un ouvrage. Il y attestait que cette pièce n'avait pas d'origine frauduleuse et pouvait faire l'objet d'une transaction. Cette vente, réalisée en 2000, a rapporté 300 000 dollars. Mis en examen pour «vol aggravé», Michel Garel a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Sa femme, elle, a été mise en examen pour recel, car le couple aurait acheté un appartement avec le produit de cette transaction.

A la BNF, le malaise était palpable vendredi. La confrérie des conservateurs ­ un corps de 1 800 membres, dont 400 travaillent dans ce seul établissement ­ est bouleversée d'apprendre qu'un des siens est soupçonné de tels actes. Un vrai sacrilège. Pourtant, des disparitions sont constatées depuis des années dans les collections ; des plaintes ont été régulièrement déposées. En 2000 et 2002, notamment. «Mais elles n'avaient pas débouché, commente Jean-Noël Jeanneney, président de la BNF depuis mars 2002. Peut-être que, dans l'histoire de la bibliothèque, il est arrivé qu'on préfère ne pas trop parler de telles affaires.»

C'est une lettre anonyme, parvenue à la direction de la bibliothèque en février, qui a relancé la machine judiciaire. Et, cette fois, la collaboration de la direction de l'établissement à l'enquête semble pleine et entière. Comme l'est sa volonté de ne pas taire l'événement. Des inventaires ­ des «récolements» ­ ont été refaits avec précision : on confronte les catalogues aux ouvrages physiques. «L'enquête porte sur toutes les disparitions constatées depuis 1991. Le chiffre est impressionnant, incompatible avec l'hypothèse de chercheurs isolés qui auraient volé au fil des consultations», explique-t-on. D'autant que les chercheurs ne peuvent retirer qu'un ouvrage à la fois, sous haute surveillance, en laissant trace de leur passage.

«Les vols ont apparemment cessé en 1998, au moment du transfert des ouvrages imprimés dans les nouveaux locaux de la bibliothèque François-Mitterrand», poursuit la même source. Michel Garel, lui, est resté dans les anciens locaux de la BNF, rue de Richelieu (IIe arrondissement), avec le fonds de manuscrits hébreux dont il avait la garde.

Grande imprécision. Constitué depuis le XIVe siècle, par la volonté du roi Charles V le Sage, ce fonds, considéré comme l'un des plus riches au monde, compte 1 480 ouvrages. De toutes provenances : Yémen, Byzance, Afrique du Nord, Europe centrale, France, Angleterre, Allemagne... Dans un catalogue sur les collections orientales de la BNF, Michel Garel détaillait récemment l'éventail des matières abordées dans ces ouvrages : «Bible et commentaires, Talmud et droits civils et religieux, théologie, kabbale, philosophie, sciences et médecine, grammaire, histoire, poésie... Sans parler des documents d'archives que sont les actes de mariages.»

Les livres imprimés en hébreu ­ transférés à Tolbiac ­ ne sont pas classés par langue mais par thèmes : bibles, grammaires... D'où une plus grande imprécision sur leur nombre. Geneviève Guilleminot, adjointe au directeur de la réserve des livres rares, évolue au milieu de ces incunables, ouvrages de luxe imprimés sur vélin, parfois enluminés, ou éditions originales. «La thèse de Marie Curie, c'est un livre rare que nous conservons ici», dit-elle.

Ambiance fraîche, feutrée, studieuse. Dans la salle de lecture, des chercheurs arrivent du monde entier ; chacun doit étayer sa demande de consultation. Pour faire sortir l'édition originale de la première bible imprimée par Gutenberg, il faut une bonne raison, au moins que l'objet de la recherche ait à voir avec la qualité du papier employé... Dans la pénombre de la réserve, Geneviève Guilleminot sort un traité de médecine en hébreu, imprimé à Naples en 1491. L'objet se consulte posé sur futon : pas question d'abîmer la reliure. Celui-là, un pentateuque, a été imprimé à Venise, début XVIe. Une mention montre qu'il a appartenu à un couvent de Capucins. «Il a été confisqué à la Révolution. Une grande partie de nos collections vient des couvents», indique la conservatrice. Un autre, fragment de la Torah, a été imprimé à Constantinople en 1505. «C'est l'un des tout premiers ouvrages imprimés à Constantinople, sans doute par des Juifs espagnols passés par là.» Et puis il y a des ouvrages hybrides : texte en hébreu sur la page de droite, traduction en latin sur celle de gauche, comme cette grammaire imprimée à Bâle en 1551. «C'était à un moment où les chrétiens du XVIe siècle redécouvraient les langues anciennes, et cherchaient à apprendre le grec et l'hébreu», explique la spécialiste.

Eléments à charge. La maîtresse des lieux n'a guère envie de s'épancher sur l'affaire du jour. Tout juste concède-t-elle que le marché des livres a connu un regain d'intérêt ces dernières années ; que même les bibliothèques ont du mal à suivre et sont contraintes à limiter leurs acquisitions. Les enquêteurs, eux, ont amarré l'affaire sur cette transaction chez Christie's, en 2000, qui leur offre un certain nombre d'éléments à charge. Pour le reste de la liste des vols, l'enquête se poursuit. Dans la petite équipe du fonds hébreu, qui se compte sur les doigts de la main, personne d'autre n'a été inquiété.

Jean-Noël Jeanneney se dit soucieux de la sécurité des collections 30 millions de pièces à surveiller ­ et va multiplier les inventaires : «Tous les grands établissements sont concernés par le sujet : la bibliothèque de Cambridge a connu les mêmes mésaventures récemment.»

La question de la responsabilité

Pour la première fois, le Conseil supérieur de la magistrature recense les dérives des gens de robe. Depuis cinquante ans, 201 d'entre eux ont été sanctionnés.

Pédophiles, voleurs, malades mentaux... et magistrats

par Jacqueline COIGNARD
Libération, samedi 06 mai 2006

Ceux qui prétendent que les magistrats ne sont jamais sanctionnés pour leurs manquements, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) vient apporter un démenti de poids : un pavé de 863 pages, grand format, où sont répertoriées leurs turpitudes depuis 1958, date de création de cette instance disciplinaire.

Du moins celles qui ont été dénoncées et poursuivies.

Sur le site du Syndicat de la Magistrature :

Sabine Mariette, magistrate à Douai, revient sur le fiasco d'Outreau : « La justice n'est pas autiste et peut être poussée à l'erreur »

Par Jacqueline COIGNARD
mercredi 18 janvier 2006

L'épilogue de cette affaire ne peut que susciter, chez tous les magistrats, une interrogation sur notre travail et la manière dont la justice est rendue.

C'est aux assises, lors de l'audience publique, quand tous les acteurs de cette affaire (accusés, parties civiles, enquêteurs, experts...) ont été entendus de manière contradictoire, que la vérité a éclaté.

Or, quotidiennement, pour des raisons d'efficacité, on fait l'économie de tels débats publics.


Variante, La «théorie du trou de gruyère»

Variante encore, Un service public de la justice responsable, Syndicat de la Magistrature, le 4 avril 2006, extrait :

Autre paradoxe, la question de la responsabilité personnelle des magistrats est mise en avant alors que, notamment en matière pénale, se développent les fonctions à juge unique et les procédures simplifiées, qui réduisent les garanties offertes aux justiciables et nous éloignent de l'éthique du procès équitable définie par l'article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (CEDH).

May 5, 2006

Le ministère dit vouloir réfléchir

PARIS (AFP) - Une polémique sur le temps de présence des enseignants devant les élèves vient d'être relancée avec un rapport sur les décharges de cours, qui chiffre le coût de cette pratique à 1,65 milliard d'euros par an, soit l'équivalent de 12.000 postes à temps plein.

Commandé en janvier aux Inspections de l'Education nationale et des Finances et mis en ligne la semaine dernière sur le site du ministère des Finances, ce rapport, révélé vendredi dans le Figaro, porte essentiellement sur les professeurs de lycées et de collèges.

Il affirme que 6% du potentiel enseignant est ainsi "perdu" et il cite notamment les décharges syndicales (équivalent de 1.435 postes) ou les décharges horaires pour situations particulières, dont celles accordées aux professeurs de 1e et terminale pour remédier au surcroît de travail dû à la préparation du bac (6.500 postes), les heures d'animation sportive et d'autres heures dites de laboratoire...

Il propose de revoir le système des décharges, de les utiliser autrement et surtout de les plafonner à hauteur de la moitié de l'horaire réglementaire des enseignants concernés.

Souvent déjà, ces horaires (15 heures hebdomadaires pour les agrégés, 18 pour les certifiés) et la durée des vacances ont été mis sur la sellette, les responsables syndicaux rétorquant que préparation de cours et corrections des copies équivalaient à quelque 50 heures, sans compter le temps consacré à la mise à jour des connaissances.

La question des décharges de cours revient périodiquement sur le tapis et, récemment, en mars 2005, un rapport de la Cour des comptes faisait le même constat. Il signalait 97.000 enseignants (primaire compris), soit l'équivalent de 32.000 postes (sur 665.000) n'exerçant pas devant une classe mais étant employés par l'Education nationale. Le document évaluait le coût à 1,5 milliard d'euros.

A cette époque, le ministère de l'Education nationale avait contesté ce chiffre et parlé d'amalgame, "ne tenant pas compte de tous ceux travaillant différemment". Aujourd'hui, avec ce nouveau rapport, le ministère dit vouloir "réfléchir à d'éventuelles propositions, après discussion avec les personnels enseignants".

Le principal syndicat du second degré, le Snes-FSU, s'inquiète de cette "chasse aux économies". "Que le rapport soit sur le site des Finances est révélateur de la démarche", a déclaré son secrétaire général Bernard Boisseau. "Il s'agit non seulement de porter atteinte aux droits acquis mais de remettre en cause la qualité de la pédagogie. De plus, le rapport se garde bien de parler des tâches nouvelles à exercer comme l'accompagnement informatique", a-t-il ajouté.

Paradoxalement, le nouveau rapport sort alors que l'Education nationale vient d'accorder aux directeurs d'écoles primaires (après six ans de grève administrative) des décharges supplémentaires de cours qui coûteront 1.641 emplois (équivalents temps plein) de remplacement.

MELUN (AFP) - Une jeune femme de 34 ans, soupçonnée d'avoir escroqué 17 caisses d'allocations familiales (CAF) depuis août 2005 et qui a touché plus de 100.000 euros de prestations sociales en déclarant de fausses naissances de quintuplés, a été mise en examen et écrouée à Melun.

Cette femme, sans enfant et présentée comme une "excellente comédienne", aurait utilisé 24 patronymes différents. Elle vivait depuis l'âge de 19 ans du fruit de ses escroqueries et avait déjà été emprisonnée à plusieurs reprises pour des faits similaires, comme l'a révélé le Parisien vendredi.

Alertée par la CAF de Seine-Saint-Denis, qui avait constaté un dossier analogue portant sur des quintuplés âgés de 14 ans ayant les mêmes prénoms, la caisse de Seine-et-Marne a saisi le parquet du tribunal de Melun le 9 mars, et une information judiciaire a été ouverte le 15 mars. Elle a conduit à l'arrestation de cette "mère de famille", mardi à son domicile à Suresnes (Hauts-de-Seine).

Le manège semblait bien rodé. Elle aurait expliqué à chaque fois qu'elle déposait un dossier, qu'elle revenait de Suisse avec ses cinq enfants, n'ayant ainsi pas à fournir de certificat de mutation (nécessaire en France,ndlr), mais une simple déclaration sur l'honneur, pour toucher les prestations sociales qui lui étaient versées sur quatre comptes différents.

En février 2006, bénéficiant de plusieurs arriérés, elle a ainsi reçu la somme de 103.950 euros.

De son côté, la CAF, dont toutes les agences d'Ile-de-France sauf celle de Paris ont été abusées, a estimé le préjudice à plus de 200.000 euros.

Entendue par un juge du tribunal correctionnel de Melun, la femme, d'origine antillaise, a expliqué qu'elle avait utilisé cet argent pour payer un marabout en Afrique à qui elle devait 160.000 euros, afin d'obtenir "le retour d'affection de son ex-conjoint".

A son domicile, les enquêteurs ont retrouvé un petit cahier dans lequel elle tenait à jour l'ensemble de ses démarches auprès des différentes CAF.

La femme, dont les déclarations sont prises avec la plus grande méfiance par les enquêteurs, a précisé qu'elle avait travaillé à l'état civil à Toulouse, ce qui lui avait permis de mettre au point sa combine, qu'elle était enceinte de cinq mois, et qu'elle avait décroché une licence de droit à l'université d'Aix-en-Provence.

Se prétendant écrivain public, elle avait également ouvert un site internet d'avocat pénaliste.

Condamnée plusieurs fois entre 1997 et 2004 pour des escroqueries, des vols, des contrefaçons et usurpations de titre, elle avait été incarcérée jusqu'en octobre 2004, avant d'être placée en semi-liberté.

Devant le juge, la femme a déclaré qu'elle s'apprêtait, juste avant son interpellation, à déposer des dossiers pour toucher plusieurs fois le RMI, ainsi que des allocations au logement.


Qui travaillera à la Pentecôte ?
Le lundi de Pentecôte, c'est dans tout juste un mois, le 5 juin prochain. Allez-vous travailler ce jour-là ?
Souvenez-vous... La loi du 30 juin 2004 a institué une journée de solidarité (voulue par Jean-Pierre Raffarin) en vue d'améliorer la prise en charge des personnes en situation de grande dépendance. Cette mesure prend la forme d'une journée de travail supplémentaire pour les salariés et d'une contribution financière (0,3 % de la masse salariale pour les employeurs). Le produit de cette contribution étant affecté à l'aide aux personnes âgées et handicapées en situation de perte d'autonomie. Après les couacs du lundi de Pentecôte 2005, le système a été assoupli, dans le privé notamment, et la date de la journée devait être fixée par accord collectif (de branche ou d'entreprise). La journée retenue devant être précédemment non travaillée (JRTT, jour férié chômé à l'exception du 1er mai, samedi…). En l'absence d'accord, la journée de solidarité devait être fixée au fameux lundi de Pentecôte.

Les recapés sont étonnés

COLMAR, Haut-Rhin (Reuters) - Invités à s'exprimer devant le tribunal correctionnel de Colmar, les rescapés de la catastrophe aérienne du mont Sainte-Odile se sont étonnés qu'aucun responsable des secours n'ait été mis en examen.

"Je pense que parmi les prévenus, il manque certaines personnes, notamment celles qui ont organisé les secours", a déclaré vendredi Nicolas Skourias, le seul des neuf survivants, avec Melissande, un bébé de 13 mois, à être sorti indemne d'un accident qui a fait 87 morts le 20 janvier 1992, en Alsace.

Quatorze ans après, un contrôleur aérien et cinq anciens dirigeants d'Airbus Industrie, de l'ex-compagnie Air Inter (aujourd'hui Air France) et de la DGAC (Direction générale de l'aviation civile) sont jugés depuis mardi pour "homicides et blessures involontaires".

"Je trouve inadmissible qu'à 19 km de la tour de contrôle (de l'aéroport de Strasbourg), on mette quatre heures et demie à nous trouver. Il me paraît aberrant que des civils et des journalistes localisent l'épave de l'avion avant les secours", a ajouté ce gestionnaire de fortune.

Le juge d'instruction avait estimé qu'aucune faute pénale ne pouvait être retenue contre l'organisation des secours, dirigée par la préfecture et la gendarmerie.

Les militaires avaient attendu trois heures pour ratisser le terrain en raison d'un "manque d'effectifs", mais n'avaient pas songé à associer les sapeurs-pompiers ni les civils volontaires et avaient même refusé le concours des CRS.

"INCONCEVABLE"

"Que la mauvaise organisation des secours ne présente pas de faute pénale, c'est une chose, mais qu'une fois l'épave découverte, on ne soit pas capable de faire monter immédiatement des médecins, des brancards et des équipements médicaux, c'est inconcevable", a ajouté Laurence Lachmann.

Victime de contusions et de plaies diverses à la face et aux membres ainsi que d'une luxation à l'épaule, c'est à dos d'homme et "sans couverture" que cette jeune femme a été redescendue, après cinq heures dans la neige, par moins 10 degrés.

Jean-Noël Chatre raconte à son tour : "Pourquoi suis-je arrivé à l'hôpital à quatre heures du matin alors que j'avais quitté le mont Sainte-Odile à une heure ?".

Pierre Lota poursuit. "J'ai entendu des cris, des appels à l'aide, au secours, et ça je ne l'ai pas oublié. Je pense que ça a duré longtemps et que si les secours étaient arrivés plus tôt, il y aurait eu des vies sauvées", lâche calmement ce technicien retraité.

L'autopsie médico-légale avait conclu qu'aucune des personnes décédées n'aurait pu être sauvée au delà de deux heures après l'accident.

Jeudi, en fin d'audience, l'un des prévenus, Jacques Rantet, était venu au secours des victimes.

"Je n'ai jamais compris qu'on ne retrouve pas l'épave plus tôt, nous avons su immédiatement qu'il s'agissait du mont Sainte-Odile", a dit l'ancien directeur de l'exploitation aérienne d'Air Inter, sous les applaudissements des parties civiles.

May 4, 2006

Lapsus

En pleine campagne, sur quelque 100 hectares de terrains agricoles mis à disposition par la préfecture du Cher, des milliers de "teufeurs" venus de toute la rance dansent, boivent et se droguent à plus ou moins forte dose. Niveau sonore élevé, défonce : c'est le royaume des excès.

Au Teknival, un cordon sanitaire a encadré les raveurs
LE MONDE Mis à jour le 02.05.06 | 17h20
CHAVANNES (CHER) ENVOYÉE SPÉCIALE

« Tu m'en rends deux et ta grossesse peut se poursuivre »

Divorce franco-canadien : l'affaire Nathalie Gettliffe s'envenime
Delphine de Mallevoüe avec Ludovic Hirtzmann (à Montréal)
04 mai 2006, Le Figaro, (Rubrique France)

Extrait :

Les avocats de Nathalie Gettliffe et son actuel compagnon, Francis Gruzelle, un journaliste avec lequel elle a eu un troisième enfant, âgé de neuf mois, dénoncent cette «incarcération violant le droit», rappelant que la jeune femme est enceinte de cinq mois. «Je suis des plus inquiets», confie son conjoint, qui précise qu'«elle n'a plus accès à ses médicaments pour ses risques de fausse couche».

Le consul général de France à Vancouver a rendu visite à deux reprises à Nathalie Gettliffe pour s'assurer que ses conditions de détention étaient convenables et qu'elle bénéficiait d'un suivi médical adéquat. «Dans un courrier de Nathalie reçu hier, elle écrit qu'elle n'a droit qu'à trois rations alimentaires par jour, non adaptées à son état», contredit Francis Gruzelle.

Suivi médical adéquat

Scott Grant, l'ex-mari, reste, lui, sur ses positions : «C'est terrible pour elle, mais elle n'a pas respecté les décisions de justice. Il n'y a qu'une façon de faire, qu'elle rende mes enfants et qu'elle retourne en France». Ce père n'a pu voir ses enfants, aujourd'hui âgés de 10 et 12 ans, que quelques jours depuis cinq ans.

«Ce n'est pas facile pour les enfants d'avoir un père au Canada et une mère en France, ajoute Scott Grant. Le plus simple serait que Nathalie vienne ici ou que j'aille vivre dans son pays, mais je ne me sens pas en sécurité en France.» Il reproche au compagnon actuel de Nathalie Gettliffe sa véhémence à son encontre.

«Les allégations de Scott Grant sont fausses, rétorque Francis Gruzelle. Son seul but est de nuire à Nathalie, mais il ne se rend pas compte qu'il s'est définitivement coupé des enfants qui le considèrent désormais comme un monstre car il a fait jeter leur maman chérie en prison.»

May 3, 2006

On devrait soutenir la personne qui est attaquée

PARIS (AP) - Le ministre de l'Education nationale, Gilles de Robien, a souhaité mercredi que les élèves "ne puissent pas se servir d'un téléphone portable à l'intérieur d'une classe".

"Il faut trouver les modalités pour qu'on ne puisse pas se servir d'un téléphone portable à l'intérieur d'une classe", a dit le ministre sur Canal Plus. "C'est la moindre des choses, on est là pour recevoir du savoir."

"Il y a toujours un vestiaire pour pouvoir déposer son manteau, son bonnet et son cache-col", a dit Gilles de Robien, suggérant que les élèves pourraient y laisser également leur téléphone avant d'entrer en classe.

Revenant sur l'agression d'un professeur par un élève, filmée par un autre le 24 avril en banlieue parisienne, le ministre a jugé "gravissime" qu'on mette en scène un tel acte "alors qu'on devrait soutenir la personne qui est attaquée". "Ca mérite sanction effectivement". AP

Un petit chemin qui sent la gâchette

Près d'Orléans, un petit chemin qui sent la gâchette
Un châtelain peut-il annexer un chemin appartenant à une commune, au prétexte qu'il traverse sa propriété? C'est ce qu'a fait Georges Tranchant, ancien élu RPR et propriétaire de casinos, lorsqu'il a clôturé son vaste domaine. La municipalité du Moulinet-sur-Solin mène la résistance.

Par Mourad GUICHARD
mercredi 03 mai 2006, extrait :

Le combat est resté verbal et judiciaire, mais certains membres de l'association préviennent:
«Jusque-là, nous avons été gentils. Mais qu'il ne nous pousse pas à bout.» Des menaces à peine voilées qui situent le niveau du ras-le-bol. «Nous sommes revenus deux siècles en arrière», se lamente Nadine Cosnard. «Cet homme est un procédurier. Il sait bien que, financièrement, nous ne pourrons pas tenir bien longtemps.» Georges Tranchant n'en a cure: «J'ai fait tomber et envoyer Bernard Tapie en taule (au début des années 90, ndlr), ce n'est pas un petit conseil municipal qui va me faire peur !»
Face à cet argumentaire imparable, certains regrettent à voix basse: «En Corse, cette affaire aurait été réglé depuis longtemps.»

Une bière à 990 euro

ROME (Reuters) - En s'installant dans un café de la Via Veneto à Rome, un touriste de Hong Kong ne s'attendait pas à devoir débourser 990 euros pour une bière.
Un rabatteur a attiré le touriste, qui voyageait seul, dans un bar et lui a servi une bière avant de lui annoncer qu'il lui en coûterait 990 euros. En marchandant, le touriste est descendu à 490 euros mais le propriétaire du bar lui a néanmoins facturé 990 euros sur sa carte de crédit.

"Quand l'addition est arrivée, j'ai pensé qu'il était plus sûr que je paye. J'avais peur qu'il m'arrive quelque chose", a déclaré le touriste aux services de la mairie, qui mènent l'enquête.

Via Veneto, célèbre artère de la capitale italienne, une bière coûte généralement 10 euros.

Le touriste, originaire de Hong Kong mais installé en Allemagne et détenteur d'un passeport britannique, a essayé de porter plainte au commissariat mais personne n'y parlait anglais.

Crash de l'A320 : témoignages douloureux


SOTCHI (AFP), extrait - Les secouristes russes ont repêché mercredi soir près de la moitié des corps des 113 personnes tuées dans le crash d'un Airbus de la compagnie arménienne Armavia en mer Noire et continuaient de chercher les boîtes noires de l'appareil.

L'A320, qui assurait la liaison Erevan-Sotchi, transportait 113 personnes, dont huit membres d'équipage et six enfants. Il s'est abîmé à cinq kilomètres de Sotchi, dans la nuit de mardi à mercredi, sans laisser de survivants.

Selon les autorités russes, qui ont exclu un acte terroriste, la catastrophe est due à de "mauvaises conditions météorologiques" et à une "mauvaise visibilité". Les enquêteurs doivent encore évaluer la part de l'erreur humaine ou de la défaillance technique.

COLMAR, Haut-Rhin (Reuters), extrait - Les proches des 87 victimes de la catastrophe aérienne du mont Sainte-Odile en 1992 ont dit leur souffrance mais aussi leur attente que des responsabilités soient enfin établies au terme du procès.

"Ce matin du 20 janvier 1992, mon papa m'a dit 'A ce soir', et voilà, ça fait 14 ans que j'attends qu'il rentre. Du haut de mes sept ans, j'avais du mal à comprendre qu'il ne tienne pas ses promesses", a raconté Julie Schultz, au deuxième jour du procès devant le tribunal correctionnel de Colmar.


COLMAR (AP), extrait - Au deuxième jour du procès de la catastrophe aérienne du Mont Sainte-Odile en 1992, les familles des 87 personnes décédées dans l'accident d'un Airbus A320 ont continué mercredi à livrer leur douloureux témoignage devant le tribunal correctionnel de Colmar dans le Bas-Rhin.

Quatorze ans après, Danièle Stadler est toujours hantée par la mort de son mari Lucien. Selon une contre-expertise, il aurait pu être sauvé si les secours étaient arrivés sur les lieux dans les deux heures -il leur en a fallu plus de quatre.

"J'ai un film dans la tête, je le vois agoniser, appeler, penser à sa femme et son fils et je voudrais qu'on dise qu'il n'est pas mort pour rien", a témoigné Mme Stadler. "J'ai lutté, je me suis dit tu as un fils de 11 ans".


Mont Sainte-Odile: parole à la douleur
Par Thomas CALINON
LIBERATION.FR, mercredi 03 mai 2006
Extrait :

Contrairement à l'usage, le président du tribunal correctionnel de Colmar a souhaité que, dès le début du procès, une partie des 350 parties civiles constituées à ce jour «disposent d'un moment pour dire ce qu'ils attendent». Le procureur en a convenu: «Il y a une part d'émotion, autant l'exprimer tout de suite avant d'entrer dans des débats plus austères.» Pour les six prévenus, le message est clair: après quatorze ans d'attente et à l'aube de neuf semaines d'une audience extrêmement technique, personne ne doit perdre de vue le chagrin et la colère des familles endeuillées le 20 janvier 1992 par le crash de l'A320 d'Air Inter.

Ils n'agiraient que dans l'intérêt de l'enfant


Ce qui caractérise mon propre dossier, c'est l'absence d'éléments ainsi que l'absence d'enquêtes sociales, ce même si les mesures s'étalent maintenant sur plus de trois ans et que l'une de mes deux filles a été placée en novembre 2003, 8 mois après un signalement.

Ce juge ne s'offusque pas lorsqu'on évoque les placements abusifs :


La Montagne, 29 avril 2006

May 2, 2006

Un nouveau-né dans les eaux de la Vézère

PERIGUEUX - Le corps d'un nouveau-né a été découvert mardi matin à Terrasson (Dordogne), coincé dans les eaux d'un barrage sur la Vézère, a-t-on appris auprès du parquet de Périgueux.

Le cadavre, sans tête, a été trouvé par le propriétaire d'une micro-centrale électrique sur la Vézère dans les remous de la rivière. Alertés, les gendarmes ont retiré le corps.

D'après les experts du parquet de Périgueux qui se sont rendus sur place, il s'agit du cadavre d'un garcon, jeté à l'eau il y a plusieurs jours. Le nouveau-né de type européen avait encore une partie du cordon ombilical.

Le parquet a ouvert une enquête. AP

Divergences au sein de la commission

PARIS (AFP) - Les députés de la commission d'enquête parlementaire sur Outreau ont exposé mardi leurs propositions sur une réforme de la justice, laissant apparaître des divergences sur plusieurs points qu'ils vont devoir surmonter avant de rendre leur rapport au plus tard le 7 juin.

Rôle du juge d'instruction, enregistrement des gardes à vue, détention provisoire, séparation des magistrats du parquet de ceux du siège: la vingtaine de députés présents, sur un total de trente, ont présenté les deux ou trois réformes qui leur tiennent à coeur pour éviter une nouvelle catastrophe judiciaire.

Un mois avant la remise de leur rapport, dont le contenu devrait être rendu public la semaine du 13 juin, ils ont souhaité que leurs propositions soient à la hauteur "des attentes du pays", comme l'a souligné l'ex-ministre de la Justice Elisabeth Guigou (PS). Georges Fenech (UMP) a appelé à une réforme "chirurgicale" et non "homéopathique".

Des divergences, dépassant les clivages politiques au sein de la commission dominée par l'UMP, sont cependant apparues lors de cette première séance de travail en présence de la presse.

M. Fenech a ainsi plaidé sans surprise en faveur de la suppression du juge d'instruction, cible de toutes les critiques dans l'affaire d'Outreau, qui serait remplacé par un "juge de l'enquête", arbitre entre l'accusation et la défense.

Christophe Caresche (PS) a lui aussi estimé que l'évolution du rôle de ce magistrat vers celui d'un arbitre était "un système séduisant".

Jean-Paul Garraud (UMP) a au contraire estimé que la suppression de ce magistrat ou son remplacement par "un juge de l'enquête" serait "une fausse bonne idée", s'opposant à une séparation des magistrats du parquet, chargés des poursuites, de ceux du siège, qui rendent les décisions.

"C'est la facilité qui pourrait nous conduire à une telle solution", a critiqué M. Garraud, rappelant que les responsabilités étaient "multiples" dans cette affaire.

De même, la présence de l'avocat dès la première heure de garde à vue comme l'enregistrement des interrogatoires n'ont pas fait l'unanimité. Souhaitée par plusieurs députés de droite comme de gauche, ces mesures ont notamment suscité l'opposition d'Alain Marsaud (UMP).

Sur l'enregistrement des interrogatoires, Mme Guigou n'a pas caché la difficulté d'une telle mesure qu'elle soutient, soulignant la nécessité d'un "engagement du ministre de l'Intérieur aux côtés du Garde des Sceaux pour en convaincre les policiers".

Plusieurs députés, à l'instar d'Etienne Blanc (UMP), ont aussi prôné la suppression "pure et simple" du juge des libertés et de la détention (JLD), chargé de statuer sur la détention provisoire, estimant qu'il a prouvé son "inutilité" dans une affaire où 13 innocents ont cumulé plus de 25 ans de détention provisoire.

Mme Guigou a plaidé pour ce magistrat, créé par la loi présomption d'innocence qu'elle a défendue en 2000, souhaitant au contraire un "renforcement" de son rôle.

Le recours à la collégialité des juges et le regroupement des magistrats instructeurs dans des pôles départementaux, comme le prône la Chancellerie, ont également suscité les réserves de certains parlementaires.

"Je vais m'efforcer lors de nos travaux dans les semaines qui viennent de mettre l'accent sur ce qui fait consensus au sein de la commission sans sous-estimer les divergences que je ne considère pas comme insurmontables", a commenté le président la commission André Vallini (PS) à l'issue de la réunion.

En 2007, 46 CEF seront opérationnels

PARIS (Reuters) - Vingt-neuf nouveaux centres éducatifs fermés (CEF) et six nouveaux établissements pénitentiaires pour mineurs seront opérationnels en 2007, annonce le ministre de la Justice.
Pascal Clément a souligné, lors d'une rencontre avec des magistrats au tribunal de Senlis (Oise), que 17 CEF avaient été déjà créés depuis 2002, permettant la prise en charge de 551 mineurs.

"Convaincu de l'efficacité de ces structures qui sont destinées aux jeunes multirécidivistes souvent les plus difficiles, je me suis engagé à poursuivre le programme de leur implantation. En 2007, 46 CEF seront opérationnels", a-t-il dit.

Pascal Clément a ajouté que six établissements pénitentiaires spécialisés "seront livrés au cours de l'année 2007".

"L'éducatif y sera présent du début de la détention au suivi après la sortie, avec la volonté de séparer nettement les mineurs et les majeurs en milieu carcéral, pour éviter toute promiscuité et donc pour prévenir la récidive", a-t-il expliqué.

Le ministre a précisé que la taille de ces centres serait limitée, "puisqu'ils ne comporteront que 60 places".