August 30, 2006

Du site « une peine./ »


Avec quelques compléments.


Le drôle d'itinéraire de Cherif Bouchelaleg
A 36 ans, cet Algérien père de six enfants et marié à une Française, a été arrêté de façon spectaculaire après avoir tenté de forcer un barrage de gendarmes à Sallanches, où se trouvait Dominique de Villepin • Il était devenu un symbole après que Nicolas Sarkozy eût décidé d'annuler sa double peine en 2002 en dépit de ses délits à répétition •
LIBERATION.FR, Mardi 29 août 2006


Articles de presse concernant Chérif Bouchelaleg
De source « une peine./ »


18 octobre 2002, Le Monde, Chérif Bouchelaleg, menacé d'expulsion, est finalement assigné à résidence. M. Sarkozy a cédé à l'intervention de ses défenseurs, Sylvia Zappi.

17 octobre 2002, AFP, M. Sarkozy assigne à résidence Chérif Bouchelaleg.

17 octobre 2002, Libération, Bouchelaleg fixé aujourd'hui sur son sort. Sarkozy doit décider ce matin de son éventuel renvoi en Algérie, Olivier Bertrand.

16 octobre 2002, Le Figaro, Vote des immigrés, double peine : des députés UMP montent au créneau, Etienne Pinte : " Le principe de la double peine est intolérable ".

16 octobre 2002, Libération, Avis contre l'expulsion de Bouchelaleg, Olivier Bertrand.

7 octobre 2002, Libération,Sarkozy prêt à tout pour appliquer une double peine. Le ministre multiplie les volte-face et les inexactitudes dans le dossier Bouchelaleg. Olivier Bertrand.

13 septembre 2002, Métro, Menace d'expulsion pour un père de six enfants

13 Septembre 2002, France Info "Politique matin", Une forme moderne de bannisssement par Jean-Michel Blier.

12 septembre 2002, Le Monde, Nicolas Sarkozy revient sur sa décision de ne pas expulser un père de famille algérien, Sylvia Zappi.

12 septembre 2002, Libération, Bouchelaleg toujours pas tiré d'affaire, Olivier Bertrand.

17 juillet 2002, Libération, Chérif Bouchelaleg reste en France.

16 juillet 2002, AFP, Abrogation de l'arrêté d'expulsion contre Chérif Bouchelaleg.

15 Juillet 2002, L'Humanité, La vie de famille ne pèse pas lourd, Emilie Rive.

15 juillet 2002, Libération, Double peine et la police aux trousses. Cherif Bouchelaleg se cache avant l'examen de son recours à Grenoble, Alice Geraud.

12 juillet 2002 et 13 juillet 2002, L'Humanité.

12 juillet 2002, Libération, Chérif Bouchelaleg libre.

10/07/2002 au 16/07/2002, Lyon Capitale, Sextuple peine, Colas Rifkiss.

11 juillet 2002, AFP, Un Algérien de 32 ans échappe temporairement à une expulsion.

10 juillet 2002, Le Progrès, Double-peine : Chérif Bouchelaleg reste en rétention.

9 juillet 2002, Le Dauphiné, Un Algérien, père de six enfants, en cours d'expulsion.

9 Juillet 2002, L'Humanité, Un père de six enfants français sera-t-il expulsé ?, Emilie Rive

9 juillet 2002, Le Monde, Un père de six enfants menacé de double peine.

6 juillet 2002, Libération, Vingt ans en France, une femme, des enfants... et expulsable Chérif Bouchelaleg est menacé d'embarquer pour l'Algérie, Olivier Bertrand.




De source www.chirac2007.com ; non je ne lui
reécris plus, en France la justice est indépendante.

J'attend plutôt une réponse du cabinet de Sarko,
ces services envisageaient de mener une enquête.



Enfin, dernière observation qui souligne la fonction que les médias sont susceptibles de jouer par l’introduction du changement social s’imposant au changement juridique. Les communications de masse peuvent contribuer effectivement à transmettre de « l’infra-droit », du « contre-droit », du « droit imaginaire », du « droit ordinaire » (ces expressions se multiplient beaucoup), des éléments du « juriste intuitif », c’est-à-dire des formes de droit susceptibles de s’opposer, de se juxtaposer au droit établi. Porteuses de changement social, les communications de masse peuvent ainsi imposer le changement juridique suivant des modalités déjà étudiées dans les nombreuses analyses des relations entre changement social et changement juridique. Elles peuvent aussi favoriser un pluralisme normatif en lieu et place d’un monisme normatif auquel aspire le législateur... ou le politique !
Jacques Commaille,
Droit & Société N° 16/1990


Encore de source « une peine./ » où tous les articles et dépèches sont regroupés :

Vingt ans en France, une femme, des enfants...
et expulsable Chérif Bouchelaleg est menacé d'embarquer pour l'Algérie.

Par Olivier BERTRAND
samedi 06 juillet 2002
Libération

"Ce dossier est l'un des plus ahurissants que nous ayons vu." Un militant de la Cimade Lyon de notre correspondant La France s'apprête à expulser un Algérien de 32 ans, père de six enfants français.

Chérif Bouchelaleg vit depuis plus de vingt ans en France, mais pourrait être refoulé samedi après-midi depuis Marseille, si l'Algérie délivre un laissez-passer. En attendant, il se trouvait hier soir au centre de rétention de St Exupéry, près de Lyon. Selon une militante de la Cimade, association qui a eu à défendre de nombreuses victimes de la "double peine", "ce dossier est l'un des plus ahurissants que nous ayons vu". Petits délits. Chérif Bouchelaleg a quitté Constantine en janvier 1981.

Il avait 11 ans et rejoignait son père, conducteur de poids lourds en Haute-Savoie. "Je n'ai gardé aucune attache, aucun logement en Algérie", précise-t-il. Au cours de son adolescence, il commet quelques délits (des vols et un refus d'obtempérer) qui lui valent de courts séjours en prison. Puis il se stabilise en rencontrant Sabine, fille de ses employeurs, en 1985. Ils se marient en 1992, font six enfants, aujourd'hui âgés de 9 ans à 4 mois. Avec un "niveau CAP de menuisier ébéniste", Chérif sculpte les meubles dans l'atelier de ses beaux-parents. Il habite au-dessus avec sa famille. La justice n'entend plus parler de lui. Puis l'homme perd l'un de ses petits frères, en 1999.

"Au départ, comme c'était l'aîné, il a beaucoup pris sur lui, raconte Ouarda, l'une de ses sœurs. Puis, quand on a eu fait notre deuil, c'est lui qui a craqué."

Victime d'une dépression, il arrête de travailler, reste souvent allongé, devient nerveux, se bagarre, jusqu'à retrouver la prison, en septembre 2001. Les magistrats ne prononcent pas d'interdiction du territoire, mais une obligation de soins, compte tenu des troubles qu'il présente. Un psychiatre commence à le suivre. Avis. Pendant ce temps, le préfet de Haute-Savoie transmet son dossier au ministère de l'Intérieur pour une éventuelle expulsion administrative.

Chérif passe devant la commission, qui émet un avis défavorable à son expulsion. Il est triplement protégé : marié à une Française, il élève six enfants français et vit en France depuis plus de quinze ans. Le 11 juin, il sort de prison grâce à une liberté conditionnelle pour bonne conduite. Il pointe, poursuit son traitement avec le psychiatre, retrouve sa femme et ses enfants. Reprends son travail d'ébéniste.

Mais le mardi 2 juillet au matin, des policiers débarquent dans l'atelier. Chérif est en train de choisir une planche sur une pile. Ils lui passent les menottes et l'embarquent. L'avocat Jacques Debray dépose un recours suspensif devant le tribunal administratif de Grenoble. L'affaire ne serait audiencée que le 17 juillet. Debray saisit alors en urgence la Cour européenne, compte tenu des problèmes de santé de Chérif. Le psychiatre qui le suit affirme que "cet homme ne pourrait absolument pas suivre en Algérie le traitement qu'il suit en France".

Puis le médecin ajoute : "Cette décision détruit le travail médical entrepris avec ce patient, qui allait nettement mieux." La préfecture de Haute-Savoie n'a pu répondre hier à cette accusation. Le cabinet du préfet n'était pas disponible. Il y avait une réception.

August 28, 2006

L'ADN du suspect ne correspond pas

Meurtre de la petite JonBenet: l'ADN du suspect ne correspond pas
AFP 28.08.06 | 22h26

L'ADN de l'enseignant soupçonné du meurtre de la petite JonBenet Ramsey il y a dix ans au Colorado (ouest) ne correspond pas aux traces retrouvées sur le lieu du crime, a rapporté lundi une télévision locale, affirmant que John Mark Karr ne serait pas poursuivi.

"KUSA-9News a eu confirmation de deux sources que l'ADN de John Mark Karr n'est pas le même" que celui des traces prélevées dans le sous-sol de la maison familiale des Ramsey, où le corps sans vie de la petite reine de beauté de six ans avait été découvert au lendemain de Noël 1996, a précisé cette chaîne de Denver (Colorado).

"9News a également eu la confirmation de plusieurs sources que Karr ne sera pas poursuivi dans l'affaire Ramsey par le bureau du procureur à Boulder", ville située à une demi-heure de route au nord-ouest de Denver et où le crime s'est produit, a ajouté la télévision sur son site internet, sans dévoiler ses sources.

Ces révélations, qui n'ont pu être confirmées par l'AFP dans l'immédiat auprès des autorités, interviennent alors que Karr, 41 ans, devait comparaître en première audience lundi après-midi devant un tribunal de Boulder après son arrestation en Thaïlande le 16 août.

L'enseignant avait été appréhendé par la police thaïlandaise en vertu d'un mandat d'arrêt émis par les autorités du Colorado, notamment pour meurtre, enlèvement et agression sexuelle d'un enfant. Après une étape à Los Angeles, il avait été extradé jeudi dernier au Colorado.

Cette arrestation a relancé l'intérêt médiatique pour une affaire non élucidée qui avait passionné les Etats-Unis, notamment en raison du profil de la victime, une petite fille blonde aux yeux bleus que ses parents avaient fait participer avec succès à des concours de beauté pour enfants.

La police thaïlandaise a affirmé que M. Karr avait avoué le meurtre. Exhibé devant les caméras, il avait déclaré, sans paraître embarrassé, qu'il aimait JonBenet, qu'il se trouvait avec elle la nuit du meurtre et que la mort de la fillette avait été accidentelle.

Depuis le début, les autorités judiciaires américaines se sont montrées prudentes, soulignant que M. Karr, malgré ses déclarations, devait bénéficier de la présomption d'innocence.

En outre, malgré la déferlante médiatique, la personnalité de l'enseignant avait intrigué de nombreux journaux, qui se demandaient s'il ne s'était pas dénoncé pour attirer l'attention sur lui.

Les médias américains avaient notamment cité l'ex-épouse de M. Karr, qui avait affirmé que le suspect se trouvait avec elle en Alabama (sud), à l'autre bout des Etats-Unis, lors de la nuit du meurtre.

August 27, 2006

Quand la prison usurpe la plume des psys

Quand la prison usurpe la plume des psys
De faux avis psychiatriques auraient été établis pour justifier des sanctions contre des détenus.
Par Dominique SIMONNOT

Libération, Samedi 26 août 2006 - 06:00

C'était en mars 2005, à la prison d'Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône), un détenu a foncé sur François Arnaud, son psychiatre, le chef de service du Spad (1). «Il était fou de colère, raconte le médecin, il m'a lancé : "C'est scandaleux, vous avez violé le secret médical et en plus vous avez dit n'importe quoi !"» A sa grande stupeur, le médecin découvre l'imprimé que lui tend son patient et intitulé «rapport d'enquête», retraçant un incident en prison dans lequel était impliqué le prisonnier. Y figure un paragraphe intitulé : «Eléments de personnalité : maîtrise de la langue française, observations recueillies auprès du service médical, avis du psychiatre le cas échéant.» Rien que cela est déjà très bizarre, puisque cela revient à demander aux médecins de violer leur secret professionnel. De balancer, en fait, des informations confidentielles dans le cadre d'une enquête interne à la prison, après une faute commise par un détenu. La finalité est une sanction, très souvent le mitard. Pire encore, le psychiatre peut y lire son prétendu avis : «Détenu qui connaît bien la détention et cherche toujours à se défiler. Il a toujours à l'esprit un scénario pour se disculper.» Cette fois, c'est le médecin qui est fou de rage. «Non seulement ce paragraphe nommé "Avis du psychiatre" est totalement antinomique avec notre éthique, nos missions et notre déontologie, mais en plus il s'agit de faux utilisés par l'administration pénitentiaire !»

«Un peu fourbe». Le docteur Arnaud demande des explications au ministère de la Justice, à la direction de la prison, saisit le conseil national de l'ordre des médecins et les syndicats de psychiatres. Entretemps, lui parviennent d'autres comptes rendus, tout aussi bidons. Entre autres : «Le détenu X a des difficultés à respecter le règlement intérieur de l'établissement. Il est un peu fourbe. Il se dit influencé par la détention.» Et, moins comique, mais plus plausible de la part d'un psychiatre : «Détenu fragile psychologiquement.»

«Détenu implosif». Par la suite, François Arnaud et les autres psychiatres du Spad remarquent que, si certains de leurs patients viennent protester et leur montrer les rapports qui les concernent, «d'autres ne sont plus jamais venus nous rencontrer, car les détenus discutent entre eux, et il s'est dit que nous trahissions le secret. Cela a des conséquences inouïes sur notre travail !»

D'avril à novembre 2005, des courriers s'échangent entre le docteur Arnaud, l'ordre des médecins, la chancellerie et d'autres confrères qui travaillent en prison. «Cette question a déjà été soulevée [...], les tutelles Santé et Justice ont été interpellées... sans suite jusqu'à présent», écrit ainsi une consoeur qui lui signale qu'à la prison des Baumettes, à Marseille, des patients se sont plaints de cette «violation du secret professionnel, voire de diffamation». L'Ordre s'émeut aussi. «Souscrivant totalement aux réflexions du docteur Arnaud», il proteste auprès de l'administration pénitentiaire. Le 31 mars 2006, le ministère de la Justice a donc envoyé une note aux directions régionales de l'administration pénitentiaire dans laquelle il était demandé de «supprimer ces imprimés s'appuyant sur des éléments recueillis auprès des services médicaux», explique-t-on au ministère. Mais, à la mi-août 2006, un détenu revient vers le docteur Arnaud et lui brandit un «détenu implosif» écrit en dessous de l'avis médical. Rien n'a changé...

«La modification devait se faire, mais c'est très lourd à changer, car l'imprimé est intégré dans le système informatique gérant le parcours des détenus, se justifie le ministère, mais ce sera chose faite début octobre.» Le docteur Arnaud ne décolère pas : «Cette histoire est très grave. Il est indispensable que nous travaillions de façon très distincte des autres intervenants de la prison, c'est la seule manière d'être en confiance avec nos patients. Mais cet imprimé est emblématique de l'attitude de l'administration pénitentiaire qui tente de tout maîtriser !» Et en plus de fabriquer des faux...

(1) Service psychiatrique de soins ambulatoires aux détenus.


La violence institutionnelle : Une violence commise sur des personnes vulnérables par des personnes ayant autorité
de Myriam Lagraula-Fabre
Editions L'Harmattan, 2005

Présentation de l'éditeur
Qu'est-ce qu'une violence institutionnelle ? C'est une violence commise par des personnes ayant autorité sur des personnes particulièrement vulnérables. Une violence commise à l'abri des hauts murs d'une institution sur un enfant, sur une personne âgée ou handicapée, par une personne chargée de s'en occuper, demeure-t-elle ordinaire ? La violence de l'enseignant, de l'aide-soignant, de l'animateur bénévole... est-elle appréhendée par notre droit ? L'institution est la cause d'une certaine violence parce qu'elle met en présence d'un côté des personnes vulnérables, d'un autre des personnes dotées d'autorité. Dans ce contexte, les atteintes portées peuvent être physiques, sexuelles ou morales et il n'est pas toujours aisé de les qualifier. Il est donc essentiel de distinguer les comportements susceptibles d'être pénalement réprimés de ceux qui ne s'apparentent qu'à une contrainte liée à la vie collective ou à une atteinte justifiée, par exemple, par une nécessité thérapeutique. Par ailleurs, l'institution est la cause d'une relative impunité lorsqu'elle protège l'auteur de la violence au détriment de la victime. Aussi, la responsabilité des autres professionnels de la structure peut-elle être engagée. Dès lors, certaines questions se posent : quelle place donner au secret professionnel ? Comment protéger les salariés qui dénoncent ? ... A l'heure où l'application de la loi du 2 janvier 2002 rénovant l'action sociale et médico-sociale vise à prévenir tout risque de maltraitance dans les établissements, cet ouvrage devait être mis entre les mains de tous ceux qui les côtoient : usagers, familles, professionnels...

Biographie de l'auteur
Myriam Lagraula-Fabre, docteur en droit privé, est chargée de cours à l'Université d'Evry-Val-d'Essonne et formatrice à l'Institut Régional de Travail Social d'lle de France (IRTS). Elle intervient régulièrement à l'Ecole Nationale de la Santé Publique (ENSP) et à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ).


Justice en France : Une loterie nationale
de Dominique Simonnot
Editions de La Martinière, 2003

Présentation de l'éditeur
Ce livre est une adaptation des " Carnets de justice ", une des plus célèbres chroniques de Libération, créée en 1998 par Dominique Simonnot. Si, dans le quotidien, chaque " Carnet" déroule une audience complète, l'auteur a choisi ici d'adopter un classement thématique, par type de délit - arnaques, outrages et rébellions, drogue, violences familiales... - ou par profession - avocats, juges et procureurs. Le constat n'en est que plus accablant. Car c'est un mythe bien établi qu'en France, la loi serait la même pour tous et que l'individualisation des peines ne profiterait qu'au justiciable. En s'attachant, loin des grands procès médiatiques, au petit théâtre des comparutions immédiates, les anciens flagrants délits, en donnant à entendre, sans les commenter, mais en les " montant ", les paroles des prévenus, des avocats, des magistrats et de leurs auxiliaires, sans oublier les interventions de la salle, Dominique Simonnot fait voler ce mythe en éclats. Et l'on découvre comment, d'une ville à l'autre, d'un magistrat, d'un avocat ou d'un jour à l'autre, ce n'est pas toujours la même loi qui s'applique. C'est une pauvre (à tous les sens du terme) justice ordinaire qui s'exerce en France, justice humaine, bien trop humaine.


Sur le même thème :

Manque de travailleurs sociaux derrière les barreaux
Le recrutement de 300 conseillers d'insertion et de probation a été reporté «sine die».
Par Dominique SIMONNOT
Libération, Samedi 26 août 2006 - 06:00

August 26, 2006

L'assistance publique du XXIe siècle

1838, instauration de la loi relative à la protection des malades (leur internement) et de leurs biens confirmée en 1990.

Vers 1850, fin officielle de la traite dite "des nègres".


"La société en recevant l'enfant se met à la place de la famille; elle en accepte les devoirs (...) elle doit faire pour l'enfant ce que ferait la famille elle-même, supposé qu'elle* connût ses devoirs et qu'elle eût la volonté et le pouvoir de les remplir (...) elle doit veiller au développement des facultés morales de l'enfant trouvé"
Paris, 1838

Dès 1850, les pères pouvaient être déclarés "indignes" .

En 1865, la SPE (Société de Protection de l'Enfance) ouvre ses portes à Paris.

Les momes doivent alors être placés chez des personnes honnêtes, ayant des ressources suffisantes et pouvant donner une bonne éducation aux "élèves" : les momes sont de préférence expédiés aux champs, chez les agriculteurs.

Protection de l'enfance
et cohésion sociale
Du IVe au XXe siècle
Paul Vasseur, l'Harmattan, 1999

*: la société ou la famille, dans une logique évidente de distinction des classes et origines ?


En 1876 paraît "L'homme criminel" de Lombroso ce qui situe bien ce qu'était le "psy" de 1850.

9 décembre 1905, séparation de l'Eglise et de l'Etat.
12 décembre 1905, circulaire Chaumier (ça, c'est une grande très intrigue, je ne sais pas encore ce qui l'a motivée)

En 1960, Debré raflait encore des momes en Réunion, pour repeupler les champs de la Creuse.


2003, les psys se rebellent, états généraux qui ne s'étaient pas tenus depuis 1970.

Libération, 17 septembre 2005
Feu sur Freud, suite à la parution du «Livre noir de la psychanalyse»

Péremptoire : «Moi, j'applique à la lettre le principe de l'historien Vidal-Naquet. On ne discute pas avec des gens qui veulent vous tuer. On parle d'eux, sans eux. Pas de débat», s'enflamme Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse.



Rapport 2005 de l'Inserm.

Historiquement, l'assistance publique "rééduque et moralise" la marmaille du dit "bas peuple" mais distingue cependant les filles (couture, ménage) ainsi que les mauvais garçons de bonne famille :

- en 1881, l'administration souhaite avoir un regard plus présent sur ces jeunes de 12 à 16 ans - de l'assistante publique - qui doivent apprendre un métier ,

- vers 1888, la volontée affichée de s'occuper de tous les enfants - de l'assistance publique - va faire évoluer cette institution vers l'accueil des enfants victimes et des enfants difficiles.


2006, Madison, Mathias, des affaires de meurtre abominables : réforme du dispositif.

2006, l'AFA (Agence Francaise pour l'Adoption) ouvre ses portes à Paris.

2006, à paraître, rapport de l'UNICEF intitulé "Behind closed doors".


2007, les internats, les CEF, intensification des pistages, plus d'adoptions, toujours des placements en foyers, des placements à la campagne, des parents déclarés "indignes", "déviants", "incapables", "dangeureux", etc, etc.

Extrait du rapport Naves Cathala de juin 2000... Ceux-ci - signalements de l'ASE - se caractérisent essentiellement par des affirmations souvent à caractère psychologique mais rarement étayées par des faits précis.

Renneville, 2003, en référence à la loi de 1838  le diagnostic est susceptible d'advenir là où se porte le simple soupçon de déraison.


A croiser avec d'autres ouvrages tels que :

L'enfance inadaptée
Anthologie de textes fondammentaux
Claude Wacjman, Privat, 1993

Les bagnes d'enfants,
dieu merci,
ça n'existe plus
Jaques Fresco, ed. François Maspero, 1974

S'écarter des normes sociales, c'est s'exposer à connaitre l'institution spécialisée. Si cette "prise en charge" s'opère dans un lieu spécifique - internat, externat, hôpital, foyer, ... -, on parle alors de "placement". Les jeunes des foyers de Flers et des Cytise sont dits "placés".
Le comportement a-normal (c'est à dire différent de celui de la moyenne des gens ou différent de l'attente du pouvoir en place ?) peut concerner la vie sociale (par exemple : oisiveté, vol, agressivité), la vie affective et intellectuelle (bizarrerie, étrangeté, débilité), ou meme la situation familiale (pupille, reccueilli temporaire).

Crime et Folie, M. Renneville, 2003
Née au XIXe siècle dans les grandes affaires de meurtre abominables et sans mobiles, la folie du crime a peu à peu été projetée sur d'autres actes. Loin de se concentrer sur les transgressions les plus sévèrement sanctionnées par le code pénal, son diagnostic est susceptible d'advenir là où se porte le simple soupçon de déraison. Elle permet dès lors de stigmatiser la délinquance juvénile aussi bien que les crimes politiques.

La lettre de cachet doit suivre une procédure : la famille rédige un placet, l'intendance enquête... La lettre de cachet est aussi le reflet d'une société où la famille est maîtresse de la liberté de ses membres, les surveille et les interne si besoin est. La Révolution Française abolit les lettres de cachet, mais maintient les fous enfermés. 90% des lettres de cachet étaient demandées par les familles en vue de l'emprisonnement des marginaux et déviants, donc des fous.
Source : Centre hospitalier Charcot,
Histoire de la psychiatrie : l'âge classique (XVIIe siècle)


Il n'y a pas de troubles dans les organes de la pensée, qui ne puisse susciter un des aspects de la démence. Il est vrai que Willis lui donne comme signes et caractéristique essentiels la stupiditas. Mais quelques pages plus loin la stupiditas est devenue l'équivallent de la démence : stupiditas sive morosis... La stupidité est alors purement et simplement "le défaut de l'intelligence et du jugement" - atteinte par excellence de la raison dans ses fonctions les plus hautes.
Histoire de la folie à l'ace classique,
Figures de la folie,
Michel Foucault


Les analyses de la manie et de leur évolution au cours de l'âge classique obéïssent à un même principe de cohérence.
Willis oppose terme à terme manie et mélancolie. L'esprit du mélancolique est tout entier occupé par la reflexion, de telle sorte que l'imagination demeure dans le loisir et le repos; chez le maniaque au contraire, fantaisie et imagination sont occupées par un flux perpétuel de pensées impétueuses. Alors que l'esprit du mélancolique se fixe sur un seul bjet, lui imposant, mais à lui seul, des proportions déraisonnables, la manie déforme concepts et notions ; ou bien ils perdent leur congruence, ou bien leur valeur représentative est faussée ; de toute façon, l'ensemble de la pensée est atteint dans son rapport essentiel à la vérité.
Histoire de la folie à l'ace classique,
Figures de la folie,
Michel Foucault


Thomas Willis
English anatomist and physician,
born January 27, 1621, Great Bedwyn, Wiltshire;
died November 11, 1675, London.

La vérité qui déboule à l'audience est un produit de la superstition. Lachée du ciel ou déchiffré dans les cris du supplicié ou les larmes de la victime, elle n'a pas été formée par une enquête serieuse et impartiale mais par un décrêt paré d'autorité de l'Etat. Sous prétexte que le fait à juger a engendré du mal et de la souffrance, les fonctionnaires de la justice tournent le dos à la raison et au bon sens.
Eloge de la barbarie judiciaire
Thierry Levy, ed. Odile Jacob


La parole, ce ne sont pas seulement des mots qui s'inscrivent dans un espace. La parole authentique est celle qu'on ne peut pas ne pas écouter. C'est celle qui, tout à coup, sort l'auditeur du ronron facile à gérer, où la banalité des propos l'enferme, pour le contraindre à se mettre en éveil ou à se réveiller. La parole ne doit pas seulement se contenter de dire.
Extrait de Parole, parole...
Du blog de Philipe Bilger
Avocat Général près la cour d'appel de Paris


Ordonner et exclure
Cluny et la société chrétienne
face à l'hérésie, au judaïsme
et à l'islam (1000-1150)
Iognat-Prat, Champ/Flammarion, 2003

Maât : L'ordre juste du monde
Bernadette Menu, Michalon, 2005

Les groupes d'intérêt
Guillaume Courty, Repères, La Découverte, 2006


On peut aussi s'intéresser au monde carcéral, très bien documenté, surtout depuis que l'OIP y fourre son nez ?


Des hommes et des barreaux : la prison en quête de sens
Où vont les prisons ? Entre réalités et droits
Les cahiers du Conseil National des Barreaux, février 2004
Par exemple, je me suis rendu en août dernier au centre pénitentiaire de Clairvaux. Il s’agit d’un établissement pour longues peines où tout se passe bien en apparence. Le chef d’établissement, qui m’a reçu dans son bureau, loin des bruits de la détention, témoigne de la paix qui réside dans ce centre. Pourtant, les dires des détenus contredisent cette présentation et rapportent des interdictions multiples ainsi qu’une incarcération invivable. Ainsi, quand certains détenus ont voulu se réunir afin de créer un groupe de réflexion sur les conditions de détention et que cela s’est su, les prisonniers ont été transférés dans des établissements différents.
Dès lors, la vie en prison devient de plus en plus difficile et la revendication des droits impossible.

La prison produit ses fous
On entend souvent parler de psychose carcérale. Cette entité clinique est en fait contestée et il semble que ces épisodes puissent être rattachés à la catégorie des épisodes psychotiques réactionnels brefs. Plus généralement on peut distinguer deux sous-catégories de troubles mentaux engendrés par la prison. D’une part, les troubles qualifiés de réactionnels : ils regroupent dépression, anxiété, insomnie voire agitation ou épisode délirant et sont consécutifs soit directement à l’enfermement soit à la rupture qu’il occasionne soit encore à l’acte à l’origine de l’incarcération.

La société envoie ses fous en prison
Si la prison génère ses fous, la société y envoie les siens. On voit en effet de plus en plus souvent arriver en détention des individus qui, de toute évidence, devraient bénéficier davantage d’une hospitalisation que d’une incarcération

Il va de soi que les surveillants ne sont pas formés pour prendre en charge une telle population et que face aux désordres qu’engendrent certaines pathologies, l’administration pénitentiaire n’a parfois pas d’autre recours que le quartier disciplinaire tant pour protéger les malades que leurs codétenus et le personnel de surveillance.

Une question fondamentale est celle des fonctions sociales de la prison. On constate qu’il existe trois grandes raisons, dont deux ne concernent qu’une minorité de détenus :

• Certaines personnes sont envoyées en prison car elles ont eu des comportements qu’à un moment donné on considère inadmissibles. Cette raison ne concerne qu’une minorité de personnes incarcérées, pour lesquelles la prison représente une mise à l’écart de la société.

• Selon un principe ancien et toujours vérifié, le confort en prison ne doit pas être supérieur à un certain standard correspondant au niveau de vie d’un honnête travailleur pauvre. En moyenne, les personnes envoyées en prison perdent donc normalement en confort. C’est aussi le but de la sanction. Pourtant, une minorité de détenus sont tellement perdus, tellement désaffiliés des réseaux de sociabilité ordinaire, qu’ils trouvent en prison un meilleur gîte, un meilleur couvert, de meilleurs soins, et parfois une esquisse de formation professionnelle. La prison fait alors office de soutien social, médical, voire de formation.

• Enfin, pour une majorité de détenus, la prison possède une fonction expiatoire. En effet, selon Emile Durkheim, si le crime trouble la société, la peine est destinée à restaurer l’ordre social. Selon Paul Fauconnet, la société, en voulant annihiler le crime, va opérer un transfert de responsabilité sur une personne donnée, jugée responsable, qui sera donc traitée comme un bouc émissaire et que le société n’hésitera pas à sacrifier.

August 25, 2006

Les pignoufs et les pignoufferies

Le document de 4 pages et ses références au format PDF
Extraits des pages 1 et 4 :

Selon un vieux proverbe, les cordonniers sont les plus mal chaussés. Peut être est-ce parce qu’un cordonnier ne se consacrait pas assez à l’entretient de ses propres chaussures ou qu’un cordonnier confiait tout simplement la tâche de cet entretient à ses apprentis, les pignoufs.

Selon les informations que publie l’Observatoire National de l’Enfance en Danger (l’ONED) une très grande majorité des enfants maltraités le sont par leurs parents. Les chiffres de l’ONED affichent même que les enfants sont le plus souvent maltraités par leur père. Telles statistiques et leur vulgarisation occultent que des insuffisances et des pignoufs du dispositif de la protection de l’enfance peuvent aussi maltraiter et parfois même anéantir des enfants, des fratries ainsi que leurs familles. Ce que ces chiffres et développements qui les entourent occultent encore d’avantage est que, dans certains secteurs, des pignoufferies sont même instituées : des espaces d’infra-droit où des enfants et les leurs sont livrés à l’arbitraire, au n’importe quoi, à l’inconcevable pour qui s’en remet aux discours émanant des consensus du politique et du dispositif de la protection de l’enfance.

...

L’une de mes deux filles a été raflée par une pignoufferie. Les ordonnances qui ont été rendues ces trois dernières années n’ont force de loi que pour les ouailles des révisionnistes qui les ont construites. En attendant que le prince daigne rendre autre chose que des lettres de cachet, la liberté à ma fille aînée et aux miens plus généralement, je vais entreprendre de documenter une réalité qui pourrait être douloureuse pour ceux qui ont produit des écrits et ceux qui ont « brûlé » des preuves. Je vais aussi continuer à faire la promotion des friandises parfum banane et chocolat : bientôt la rentrée, les colloques, les expositions et cetera.


La suite vient en complément de ce PDF, une partie est citée dans les annotations.


Qu'est-ce qu'une chapelle, des groupes d'intérêt, comment les choses s'articulent-t-elles ? Cet article de l'Express développe comment était employée "l'arme du soupçon" dans le cadre de divorces conflictuels et, manifestement, dans le but d'écarter parfois délibérémment et durablement l'un des parents de ses enfants :

L'Express du 15/04/1999
Divorce
L'arme du soupçon d'inceste


L'arme du soupçon d'inceste est un outil qui a pu être employé pour écarter un père de ses enfants. Mais, plus généralement, l'arme du soupçon (inceste ou drogue, violence, alcool, troubles dits psychologiques, ...) permet d'évincer des parents, père ou mère, de la vie de leurs enfants. Certaines groupes du dispositif de la protection de l'enfance ou même du domaine de l'arbitrage pour ce qui est des séparations, des divorces, semblent être des spécialistes dans l'emploi de tels outils.


Ma bibliographie est maintenant très vaste, je trouve régulièrement de nouvelles références qui me permettent de comprendre quoi, en certains secteurs, motive réellement l'intervention sociale. Les références qui suivent, du Figaro de juin 2006 et de l'IGAS de juillet 2005, confirment la diversité des idéologies des institutions en France (entre travail avec les parents ou, en parfait décallage avec le froit proclamé, travail à l'éviction de ceux-ci). La présentation de Grévot, quant à elle, compare les dispositifs européens de la protection de l'enfance pour qui voudrait avoir un apperçu de la diversité des idéologies et des pratiques dans le domaine de la protection de l'enfance.


Polémique sur le maintien du lien entre l'enfant maltraité et sa famille
Le Figaro, 12 avril 2006, extrait :

Une «réunion multiconfessionnelle très rare», estime-t-on à l'Odas, qui juge que «toutes les institutions fonctionnent d'habitude comme autant de chapelles».


Suivi, contrôle et évaluation du travail social et de l'intervention sociale
Françoise Bas-Theron, Stéphane PAUL et Yves Rousset
Inspection générale des affaires sociales
Rapport n°2005034, juillet 2005
La documentation Française


Regard français sur les équipes SOS Enfants, à partir d’une perspective européenne
Alain GREVOT

Extraits :

Pour l’Allemagne, la famille demeure encore avant tout la dyade mère-enfant. En Italie, la symbolique familiale varie d’une conception « forteresse » dans le sud, à une conception « coopérative » dans le nord urbain. La France reste le principal pays en Europe occidentale à accorder aux liens biologiques un caractère quasisacralisé dont le droit civil, et notamment la loi d’assistance éducative, est l’expression.

En Italie, les sociologues ont répertorié une kyrielle de modèles parmi lesquels la "famille forteresse" proche de la représentation caricaturale de la famille mafieuse sicilienne très autocentrée ou la "famille coopérative" réunie autour d'alliances plus souples.




Variante encore, sur ce qui parait être une querelle de clocher...

Fiancé sans papiers expulsé, mariage annulé
Libé, le 25 août 2006

Dominique Augustin et Nour-Eddine Chareuf Afroul devaient se marier samedi, chez elle, à Sauméjan, dans son village du Lot-et-Garonne, où elle est conseillère municipale de gauche. Ils ont été interpellés la veille.

Après enquête, les gendarmes concluent pourtant à l' «intention amoureuse», et le tribunal décide début juin de lever l'opposition au mariage.

Ce triste épilogue vient clore six mois de procédures. Le mariage devait, à l'origine, avoir lieu le 1er avril dernier, après un gros trimestre de vie commune. Mais Nour-Eddine, installé en France depuis cinq ans, est sans papiers. Le maire décide donc de faire un signalement au procureur, procédure habituelle quand il y a suspicion de mariage blanc.

La justice ne réagit pas. La noce est donc programmée. Mais, deux jours avant, ce sont des conseillers municipaux qui rédigent un courrier pour alerter le procureur. Il aurait été déposé en main propre par l'un d'eux, le secrétaire départemental de l'UMP. Une enquête judiciaire est alors ouverte, et le fiancé est placé en garde à vue.


BellaCiao, lundi 21 août 2006 (21h27)
Les Dupont Lajoie de Sauméjan, ont empeché le mariage de Nouredine et Dominique


enquête... classement
courrier... expulsion

Qui me rappelle assez ma propre affaire, tout aussi violente :

enquêtes... classement
courrier... éviction

August 21, 2006

Enfants de squatteurs à Cachan



Des enfants des squatteurs de Cachan mangent
près du gymnase où ils sont installés provisoirement
AFP, le 21 août 2006

La fermeture de la dernière des maisons de corrections pour filles

50 ans après le décès de Marguerite, pupille de l'Éducation Surveillée à Cadillac, en Gironde, nous avons suivi le parcours de Marguerite. L'histoire de Marguerite est difficile, dramatique. Elle se situe dans un moment de réforme et de transition de l'histoire de l'enfermement des mineurs : la réforme de 1945. Marguerite se suicide à Cadillac le 30 octobre 1950. Cet événement provoque la fermeture de la dernière des maisons de corrections pour filles.

Un film de Gabriel GONNET Documentaire de 52 mn écrit par Gabriel GONNET et Béatrice KOEPPEL adapté du livre de Béatrice KOEPPEL : Marguerite B. une jeune fille en maison de correction. éd. Hachette - 1987

De source La Cathode, disponible chez l'Harmattan.


Q - C’était visiblement un être en souffrance psychologique et cela n’a pas été reconnu du tout par la psychiatrie de l’époque.

Jean-Pierre ROSENCZVEIG
- Cette jeune fille était normale. J’ai même vu dans la notice que sa mère l’aimait bien mais cette jeune fille était loin de lui rendre cet amour ! Bref, on se permettait à l’époque de porter des jugements sur la qualité des relations qui pouvaient exister entre parents et enfants, des jugements qui étaient assez péremptoires et un peu simplistes. Cela aurait été intéressant de porter des jugements sur les relations que les éducateurs sociaux et les magistrats de l’époque pouvaient avoir avec leurs proches... On aurait peut-être trouvé la même chose.


Q - Marguerite a été vue à l’hôpital psychiatrique St André de Bordeaux, on l’a reconnue en déséquilibre psychique, mais on l’a tout de suite remise à l’établissement public de Cadillac, c’est-à-dire que du point de vue médical, absolument rien n’a été soupçonné.

Jean-Pierre ROSENCZVEIG
- Qu’elle ait eu des problèmes n’est pas surprenant. Quand on lit quelques éléments de son passé, cette jeune fille a une mère qui avait été institutrice, et qui était devenue entre guillemets “une femme de débauche”, qui était hémiplégique si j’ai bien compris ou gravement handicapée, un père qui était absent, et incapable d’exercer ses responsabilités. Des relations qui par définition sont des relations d’enfant à parents et de parents à enfant qui finissent pas se tendre au moment de l’adolescence.




...

Mais ce n’est pas en prenant le corps de l’enfant et en le mettant quelque part qu’on va d’une quelconque manière changer la réalité de ce qui s'est passé.

Paris inquiet plaide

PARIS (AFP) - Le ministre des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a souligné dimanche auprès de son homologue canadien "l'inquiétude" qu'inspire l'état de santé de la Française Nathalie Gettliffe, détenue au Canada, plaidant pour un "geste à titre humanitaire".

« Qu'est-ce que la France, je vous le demande ? Un coq sur un fumier. Ôtez le fumier, le coq meurt. C'est ce qui arrive lorsqu'on pousse la sottise jusqu'à confondre tas de fumier et tas d'ordures. »
Jean Cocteau


« Un coq sur un tas de fumier a satisfait, un moment, l'image que Jean Cocteau se faisait de la France. Ce fumier fécond, que nos hommes de gouvernement ont trop souvent tendance à prendre pour une pourriture (sic), c'est le bienfaisant désordre. Le coq est le poète lui-même. Les vertus du désordre engendrent spontanément celles du poète : l'artisanat ou industrie désinvolte, l'invention, la trouvaille et la contradiction qui constitue la forme la plus haute de la création. »
Antoine Blondin

Une opinion suisse

« La justice est une affaire d’homme. On ne peut donc pas espérer qu’elle soit infaillible » : André Kuhn, professeur de droit pénal et de criminologie à l’université de Lausanne.
Le doute doit toujours profiter à l’accusé dans tout système judiciaire qui se respecte. Lorsque cet adage ne se vérifie pas, c’est que les magistrats ont fait une interprétation douteuse du droit. Ce point de vue est, de façon générale, partagé par les hommes de loi.
« Si l’intime conviction qui doit motiver la décision d’un juré est susceptible de favoriser les erreurs judiciaires, d'autres facteurs sont également à invoquer : les enquêtes préliminaires bâclées, les pistes abandonnées trop tôt, des témoignages trop fragiles, le besoin d’identifier rapidement un coupable pour satisfaire l’opinion publique… »

Erreurs judiciaires: quelques cas retentissants dans le monde et modalités d'indemnisation en Suisse
TSR, lundi 4 novembre 2002


On ne peut traverser le pont d'Avignon sans rencontrer deux moines, deux ânes et deux putains. Ce célèbre adage médiéval témoigne de la vitalité du plus vieux métier du monde dans la cité des papes. Mais bien d'autres villes de France peuvent se targuer d'une telle réputation.

La prostitution

Une profession réglementée
Un métier médiéval comme un autre
Historia

Celle qui se fait désormais appeler la Pucelle ne peut souffrir d'être confrontée à des prostituées, au risque d'être confondue avec elles. C'est pourquoi « elle haïssait fort cette espèce de femmes qui suivent les armées ». Jeanne arrive à convaincre ses troupes qu'une vierge guerrière les conduit, et si le duc d'Alençon, son compagnon d'armes, se souvient d'avoir couché à ses côtés et d'avoir vu « ses seins qui étaient fort beaux », il reconnaît n'avoir pas éprouvé de « désir charnel à son sujet ». Cela dit, périodiquement, elle doit faire le ménage dans son camp, car les filles, à peine chassées, reviennent proposer leurs services.




Mother clap's, Molly house - Rictor Norton

August 13, 2006

La justice pour les nuls




Plus intriguant, dans la collection "Problèmes politiques et sociaux" :

- L'Etat de droit, n° 898, mars 2004
- Les comportements à risque, n° 919
- Santé mentale et société, n° 899, avril 2004


La Ve, quelle République ?

Une critique des institutions de la Ve République qui n'aurait selon l'auteur, professeur de droit public et de science politique, de républicaine que le nom. Il dénonce la concentration monarchique des pouvoirs qui la constituent et décèle dans cette concentration la source même de son inadéquation et de sa faiblesse.

René de la Charriere
Presses Universitaires de France, 1983
ISBN 2130379133


A une toute autre échelle et niveau que celui du Conseil constitutionnel et de nos juges, il existe des « zones d’infra-droit », notamment dans des grandes institutions fermées, à l’abri du développement démocratique, comme la prison, l’asile, l’armée, le dispositif supposé protéger l'enfance, etc. La corruption est également une relation d’« infra-droit ».


Enfin, dernière observation qui souligne la fonction que les médias sont susceptibles de jouer par l’introduction du changement social s’imposant au changement juridique. Les communications de masse peuvent contribuer effectivement à transmettre de « l’infra-droit », du « contre-droit », du « droit imaginaire », du « droit ordinaire » (ces expressions se multiplient beaucoup), des éléments du « juriste intuitif », c’est-à-dire des formes de droit susceptibles de s’opposer, de se juxtaposer au droit établi. Porteuses de changement social, les communications de masse peuvent ainsi imposer le changement juridique suivant des modalités déjà étudiées dans les nombreuses analyses des relations entre changement social et changement juridique. Elles peuvent aussi favoriser un pluralisme normatif en lieu et place d’un monisme normatif auquel aspire le législateur... ou le politique !
Jacques Commaille,
Droit & Société N° 16/1990


“ La loi n’est jamais qu’un élément dans un système où agissent d’autres instances productrices de normes sociales ou qui relèvent de l’infra-droit ”
Jacques Commaille,
Sociologie et sociétés, 1986.

August 11, 2006

Une enveloppe du TGI de Nanterre ?

Le TGI de Nanterre, le bureau commun du JAF, me retourne un dossier ne sachant à quel service le faire parvenir. Ce sont des éléments que j'avais remis à la cour d'appel de Versailles, ce 18 mai.

Avec la police et le Procureur qui ne donnent pas suite, les travailleurs sociaux qui font, écrivent et rapportent n'importe quoi construisant un dossier accablant, une institution qui refuse le dialogue, l'absence de normes et de contrôles, un premier juge qui m'apparait partial et le suivant que je surnommerai la banchisseuse, le jeu des procédures qui en rendent certaines caduques ou innaccessibles, les opinions de religieux et de révisionnistes qui succèdent et se substituent aux avis d'experts, une cour d'appel qui considère l'institution loyale et persiste à ne retenir que les éléments accablants, des éléments qui s'égarent dans les prétoires pour réapparaitre ensuite dans ma propre boite aux lettres, les voies de justice et les voies de recours m'apparaissent toutes innopérantes. Une prochaine étape consisterait à tenter de saisir ce qui m'apparait être le pantin du siège.

Il convient ici de distinguer l'idée de justice d'une part et l'institution judiciaire d'autre part. Il convient encore de distinguer ceux qui prétendent contribuer à rendre la justice et ceux qui pourraient effectivement y contribuer.


August 10, 2006

Ours : une enquête est en cours

PARIS (AFP) - La ministre de l'Ecologie, Nelly Olin, a demandé au garde des Sceaux Pascal Clément de poursuivre en diffamation le député UDF Jean Lassalle qui avait qualifié de "viol" la réintroduction des ours dans les Pyrénées et dénoncé une "attitude vichyste", a indiqué mercredi la Chancellerie.

Le ministre de la Justice a donné, le 24 juillet, des instructions au parquet général de Pau "tendant à l'engagement de poursuites à la demande de Nelly Olin" pour "diffamation publique envers un ministre", a-t-on ajouté de même source.

"Une enquête est en cours", a-t-on précisé à la Chancellerie.

La ministre de l'Ecologie reproche à Jean Lassalle des propos publiés dans le quotidien La République des Pyrénées des 3-4 juin, où le député des Pyrénées-Atlantiques qualifiait de "viol" la réintroduction d'ours slovènes dans les Pyrénées et dénonçait l'"attitude vichyste" de Mme Olin.

"C'est un viol et cela devrait être puni comme tel. Mme Olin doit démissionner, ses méthodes sont indignes du rôle qui devrait être le sien. On est en face d'une attitude vichyste, qui rappelle le régime policier de la pire période", déclarait Jean Lassalle, qui a observé au printemps une grève de la faim de 39 jours à l'Assemblée nationale pour le maintien d'une usine dans son canton de la vallée d'Aspe.

"Mme Olin a été particulièrement blessée par la référence au régime de Vichy dont sa famille a souffert puisque son pére, qui était étranger, a été interné pendant quatre ans en région parisienne", a-t-on souligné au cabinet de la ministre.

August 9, 2006

« La justice tranchera demain »

La justice tranchera sur son cas demain. Coupables d'«entrée et séjour illégal» sur le territoire, Anita et son frère de 23 ans pourraient être expulsés.
Le nouvel avocat de la famille, Me Philippe Meilhac, va faire valoir que le frère et la soeur n'ont plus aucune attache en Serbie. Et va bien sûr revenir sur la tentative de viol. Le 31 mai , Anita a de nouveau porté plainte, cette fois avec constitution de partie civile. «Ce qui est dramatique, explique l'avocat , au-delà des faits, c'est la mauvaise foi et la lenteur des procédures, pour que les mesures d'éloignement surviennent avant que le scandale n'éclate.»

«Dysfonctionnements». Le regroupement familial piétine toujours à la préfecture. En revanche l'Inspection générale des services, la police de la police, a été plus rapide : un mois après l'agression, le parquet a classé le dossier. L'Inspection se contente de noter qu'elle «regrette des dysfonctionnements» à Bobigny, et que ceux-ci ont donné lieu a des «sanctions disciplinaires». Elle relève qu'un fonctionnaire de police mâle n'a pas le droit d'entrer seul dans les chambres de femmes du centre. Lui se justifie en parlant d'un «contrôle de routine».

Libé, Vendredi 4 août 2006
Anita, expulsable, accuse un policier de tentative de viol

Behind the closed doors...

L'UNICEF vient de publier la synthèse d'un rapport intitulé "Behind closed doors, The impact of domestic violence on children". Le rapport souhaiterait mettre en lumière la violence domestique au sens intra-familiale. Mais "domestic" a deux sens au moins qui sont le foyer, "the home", et le pays, la région, "the country". "Foyer" est également un mot qui a plusieurs sens en français, notamment "la maison" ou "le foyer de l'assistance publique".

"Behind closed doors", ce sont aussi les portes et les murs d'enceintes des institutions, les règles qui les régissent...


Le rapport est à paraitre en octobre mais dans cette synthèse de l'UNICEF on peut déjà lire quelques spécificités et exceptions nationales :

Nombre d'enfants victimes en France : de 240,000 à 802,000
Allemagne : 1 million d'enfants victimes
Italie : 385,000 à 1,1 million d'enfants
Norvège : 2,000 enfants seulement
...


Actuellement, en France, environ 270,000 enfants sont suivis par les services socio judiciaires et 160,000 d'entre eux sont placés en foyers et familles d'accueil. Le gouvernement français envisage de faire suivre 4 fois plus d'enfants, d'ouvrir d'avantage de CEF, de placer aussi des enfants en internat scolaire. Nous atteindrons donc rapidement la barre du million d'enfants suivis en France (802,000 enfants selon le document de l'UNICEF) et une partie de ces enfants seront "provisoirement" séparés de leur famille.

Une question que l'on peut se poser à ce stade est : " en l'absence de normes et de contrôles, en l'absence également de voies de recours efficaces, combien d'enfants français seront d'ici quelques temps victimes de violences institutionnelles ? "



DIJON (AFP), le 24 juillet 2006 - Le directeur et trois hommes encadrant des jeunes au centre "Défense deuxième chance" d'Etang-sur-Arroux (Saône-et-Loire) ont été licenciés à la suite d'un stage de cohésion qui s'est transformé en entraînement militaire, a-t-on appris lundi auprès de leur tutelle.

La gendarmerie a été saisie et une enquête est en cours.

Le dispositif "Défense deuxième chance" a pour vocation d'aider les jeunes à retrouver le chemin de l'emploi, en leur apportant des règles de vie en commun, un socle de connaissances scolaires de base ainsi qu'une formation à un métier.

Deux cadres, des anciens militaires, auraient fait faire aux jeunes des exercices tels des simulations de commandos, des prises et libérations d'otages, des entraînements d'auto-défense, en totale contradiction avec les valeurs des centres "Défense 2e chance".

...

Escroquerie aux « fromages magiques »

SANTIAGO (AFP) - La justice chilienne a demandé mardi l'extradition de "Madame Gil", alias Gilberte van Erpe, une chef d'entreprise française, accusée d'une gigantesque escroquerie aux "petits fromages magiques".

La huitième chambre de la Cour d'appel de Santiago a approuvé à l'unanimité l'ouverture de démarches à travers le ministère des Affaires étrangères pour que Mme van Erpe soit arrêtée et déférée devant la justice chilienne, a indiqué un porte-parole du tribunal.

Selon l'enquête, elle est liée à la société chilienne Fermex, dont les deux plus hauts dirigeants ont été arrêtés le 18 juillet pour l'affaire des "petits fromages magiques" qui compte plus de 6.000 victimes au Chili pour un préjudice estimé à 2.500 millions de pesos (5 millions USD).

Tout a commencé quand, en mars 2005, la firme Fermex s'est mise à vendre, à 460 dollars l'unité, des sachets contenant une mystérieuse poudre (des bactéries sous forme cristallisée) qui, mélangée à du lait, se convertissait en deux semaines en un "petit fromage", baptisé ainsi par les acheteurs enthousiastes.

Le produit en résultant était vendu à Fermex qui devait l'envoyer en France pour la fabrication de cosmétiques. En deux mois, l'acheteur qui devait se procurer un sachet par semaine était censé récupérer et faire prospérer son investissement initial. Il multipliait ses gains s'il réussissait à convaincre des amis de se joindre à ce petit "business".

Le problème c'est que des dizaines de personnes se sont prises au jeu, certaines abandonnant leur travail, y consacrant toutes leurs économies ou souscrivant de gros emprunts pour acheter les sachets "magiques".

Dans le village de Coltauco, à 120 kms au sud de Santiago, 600 familles dont la directrice de l'école et le propriétaire de la principale auberge, sont tombées dans le piège.

Quand les paiements de Fermex à ses fabricants artisanaux de "petits fromages" ont cessé et le pot aux roses a été découvert, les dirigeants de la firme Victor Mella et Fernando Jara ont été arrêtés et la justice a ordonné la détention de Mme Van Erpe dont toute trace avait disparu.

Elle a été cependant localisée à Paris par une journaliste de la télévision de l'Université catholique chilienne, le 25 juillet.

"Il s'agit d'une des plus grandes escroqueries de l'histoire du Chili", a estimé l'avocat Raul Meza, qui représente 500 "pigeons". "Beaucoup de mes clients se retrouvent sans travail, sans économies, sans voiture, sans électroménager, sans rien", selon lui.

BUENOS AIRES (AFP) - Un ouvrier peintre de 44 ans, déjà père de 37 enfants, qui est sans emploi fixe et habite le nord-est défavorisé de l'Argentine, a demandé à l'Etat l'autorisation de se soumettre à une vasectomie pour arrêter de procréer, indique la presse locale lundi.

L'opération est autorisée dans les provinces peu peuplées de Patagonie, au sud du pays, mais est encore interdite dans les provinces du nord, où abondent les familles nombreuses.

Cleto Ruiz Diza vit à Santa Lucia, dans la province de Corrientes, à 800 km au nord-est de Buenos Aires, une des zones les plus pauvres du pays.

Son cas est devenu public parce que le Sénat examine un projet de loi autorisant la ligature des trompes pour les femmes et la vasectomie pour les hommes dans tout le pays.

Cleto Ruiz Diaz est mûr sexuellement depuis l'âge de neuf ans. Il a vécu pendant 14 ans avec trois femmes sous son toit mais n'a plus qu'une seule concubine.

L'une de ses anciennes compagnes, Yolanda Lezcano, 32 ans, a confirmé sa polygamie, soulignant l'avoir quitté il y a un an pour mauvais traitements. Mais elle vit encore dans son voisinage avec leurs 11 enfants.

M. Ruiz Diaz vit de travaux temporaires comme peintre et admet qu'il ne se souvient pas du nom de tous ses enfants et encore moins de leurs dates de naissance.

"Ma vie est faite ainsi et ce n'est pas drôle parce que c'est très dur de devoir donner à manger à autant d'enfants sans un travail digne", a-t-il indiqué, selon la presse. "Je gagne 6 pesos par jour (2 dollars), je les habille avec des vêtements que me donnent mes employeurs et j'attends des aides du gouvernement qui n'arrivent jamais", a-t-il ajouté.

Il n'a jamais utilisé de préservatifs parce qu'il préférait garder son argent pour nourrir sa famille. Sa campagne actuelle, Isabel, 29 ans, a huit enfants dont un d'un premier lit que Cleto a adopté.

Son petit dernier est né avec un bec de lièvre ce qui, ajouté à la mort de six de ses enfants, a mis en alerte Cleto: "j'ai dit ça suffit, je ne veux plus d'enfants parce qu'eux aussi souffrent et je veux m'en occuper convenablement".

Avec ses 37 millions d'habitants, l'Argentine compte plus d'un million de foyers composés de quatre enfants et plus, selon l'institut de statistique.