January 29, 2006

Jets d'acide, le proviseur venait de démissionner

AFP 28.01.06 | 13h02
Le lycée professionnel Lavoisier de Méru (Oise) va être fermé jusqu'à mardi, les professeurs ayant exercé leur droit de retrait après le jet de deux bouteilles d'acide dans la cour vendredi, a-t-on appris samedi auprès de la direction de l'établissement. Vendredi vers 10h30, deux bouteilles de soda contenant un mélange d'acide chlorhydrique et d'aluminium ont été jetées dans la cour durant la récréation, selon des témoins par deux jeunes hommes encagoulés depuis un jardin attenant au lycée. L'incident, qui a engendré un mouvement de panique sans faire de blessé, a contraint le personnel de l'établissement à évacuer plus de 400 élèves. Les professeurs ont ensuite exercé leur droit de retrait, estimant que la sécurité n'était plus assurée, a-t-on indiqué de même source. Le préfet de l'Oise, le recteur d'Amiens et le procureur de la République de Beauvais se sont rendus sur place vendredi. Une réunion entre les professeurs, les élèves et la gendarmerie est prévue lundi, tandis qu'une société de gardiennage est chargée depuis vendredi de surveiller l'établissement jour et nuit. "On est arrivé au delà de ce qui peut se supporter", a-t-on déclaré au conseil régional de Picardie, ajoutant que la proviseure venait de démissionner, estimant qu'elle n'avait pas les moyens d'assurer la sécurité des cours. La bouteille a été jetée au moment où le nouveau proviseur était investi. D'autres incidents avaient eu lieu lors de cette année scolaire: les logements de fonction de l'infirmière et de la proviseure avaient été visés par des tentatives d'incendie, la voiture de la proviseure et une remorque employée pour les cours des sections industrielles brûlées, des bus caillassés. Le lycée professionnel est situé au coeur du quartier de la Nacre, un ensemble HLM connu pour ses problèmes de violences urbaines.

AFP 27.01.06 | 22h21
Un enseignant de l'Institut universitaire de technologie (IUT) de Blois a été insulté et frappé jeudi par un étudiant auquel il avait demandé d'enlever sa coiffe musulmane, a-t-on appris vendredi de source policière. Le jeune homme, âgé de 21 ans, sera jugé devant le tribunal correctionnel de Blois le 17 mai, a-t-on ajouté de même source. Jeudi après-midi, le responsable du département unité de mesures physiques de l'IUT a demandé à l'étudiant qui portait une coiffe religieuse de la retirer. Celui-ci a refusé. Devant l'insistance de l'enseignant, le jeune homme a proféré des insultes, puis lui a asséné un coup de poing au visage, brisant ses lunettes. Agé de 38 ans, le professeur a eu le visage légèrement coupé par un morceau de verre. Il a porté plainte au commissariat. L'étudiant, domicilié à Tours (Indre-et-Loire), qui a indiqué à la police s'être converti à l'islam il y a deux ans, a reconnu les faits. Il est convoqué devant le tribunal pour outrages et violences volontaires sur une personne chargée d'une mission de service public.


AFP 28.01.06 | 19h08
L'élève ayant grièvement blessé un autre élève dans l'un des centres "Défense deuxième chance" mis en place par le ministère de la Défense pour les jeunes en grande difficulté, a été libéré sous contrôle judiciaire a-t-on appris samedi de source judiciaire. Jeudi 25 janvier, un élève avait été grièvement blessé à la tête lors d'une bagarre avec un autre élève au centre "Défense deuxième Chance" d'Ollainville (Essonne), avait indiqué vendredi une source judiciaire. Une information judiciaire a été ouverte samedi, à l'encontre de l'agresseur, pour "violence avec arme", précise la source judiciaire. Il a interdiction de s'approcher de la victime. La victime, âgé de 19 ans, a une ITT supérieure à 8 jours. Souffrant d'un hématome intracrânien après avoir reçu un coup de carafe d'eau, elle avait été opérée dans la nuit de jeudi à vendredi. Cette école, troisième du genre en France, est implantée dans les locaux de la base du 121e régiment du train de Montlhéry. Elle est ouverte depuis décembre dernier. Trois centres ont été ouverts l'an dernier, et une cinquantaine devraient l'être en 2006 pour atteindre l'objectif d'accueillir 10.000 jeunes d'ici la fin de l'année.

January 28, 2006

Caricaturé à loisir

"Mon client a été caricaturé à loisir"
LE MONDE | 27.01.06

Me Caroline Matrat-Maenhout, l'avocate de Thierry Dausque, a été entendue par la commission jeudi 19 janvier.

Extrait de son audition.

Thierry Dausque, c'est l'illustration de la justice des pauvres. J'ai été commise d'office en février 2002. Mon client a été mis en examen et placé en détention en mars 2001. Pendant plus d'un an, il a été seul, sans famille, sans avocat. Nos confrères ne peuvent pas toujours assumer la défense dans le cadre de la commission d'office.

Je vais le visiter. Il me parle d'un épisode particulièrement traumatisant : sa confrontation, seul, face à ses trois accusateurs assistés de leurs avocats, au juge et à son greffier. Il a toujours souhaité un avocat. Il était seul ce jour-là. Thierry Dausque, c'est celui qui n'intéressait personne. On l'a caricaturé à loisir : un chômeur connu pour ses excès de boisson, donc forcément quelqu'un qui avait violé des enfants. Il ne parlait pas la même langue que les gens qui le questionnaient. Il est important que la magistrature se mette à la portée des gens. Le président de la cour d'assises (du Pas-de-Calais) m'est apparu comme un théoricien, pas comme quelqu'un qui avait le souci des gens.

L'inquisition, Dominique et les dominicains, extraits :

Il faut d'abord dire qu'il y a deux Inquisitions, ou mieux, deux vagues d'Inquisitions, assez différentes d'origine et de destin. La première, au XIIIe siècle, est l'aboutissement d'un long processus, mis en oeuvre par les Papes: on l'appelle souvent "Inquisition pontificale" . La seconde répond à une initiative des Rois catholiques espagnols qui, en 1478, demandent au Pape de réorganiser l'ancienne institution. Cet instrument de l'absolutisme royal, dirigé contre les minorités religieuses juives et musulmanes mal assimilées, et contre les courants de pensée qui semblent menacer l'ordre social, ne sera supprimée qu'au XIXe siècle. C'est elle qui fait l'objet d'une "légende noire" assez tenace pour qu'encore aujourd'hui le terme d'Inquisition, dans la mentalité générale, évoque immédiatement de façon quasi-affective les idées de fanatisme et d'intolérance. Les rois d'Espagne firent souvent appel à des dominicains comme Thomas de Torquemada, mais, le plus souvent, dès la fin du XVIe siècle, à des jésuites.

Le choix de la personne qui sera juge de la foi est d'autant plus important aux yeux du pape Grégoire IX qu'il redoute le danger d'un juge trop dépendant du prince, au service duquel il risquerait de mettre son office.

Ce ne sont pas les inquisiteurs qu'il faut rendre responsables de la création de l'Inquisition. Si certains ont été déséquilibrés par le pouvoir redoutable qui leur était échu, comme le trop célèbre Robert le Bougre, nommé en 1235, qui se déshonora par ses excès dans le nord de la France, la plupart ont rempli avec compétence, indépendance d'esprit et souci principal du salut des âmes la tâche de juge qu'on leur confiait, à la nécessité salutaire de laquelle ils croyaient, comme la grande majorité des chrétiens d'Occident.

Le problème de l'Inquisition s'inscrit dans deux problèmes bien plus anciens: celui de la poursuite de l'hérésie dans la société chrétienne et, plus généralement, celui de la sensibilité de cette société au dissentiment dans la foi. Cette dernière donnée remonte aux origines de l'Eglise, où les chrétiens s'attachent intensément au "sentiment de l'unanimité" (Philippiens 2, 2): "Un seul Seigneur, une seule foi, un seul, baptême, un seul Dieu et Père" , dit saint Paul (Ephésiens 4, 5). Certes, la foi est un don total de la personne à Dieu; mais elle comporte, pour être authentique, une croyance, un contenu objectif commun.

C'est la société occidentale, ecclésiastique et politique, qui porte la responsabilité d'avoir créé et perfectionné l'Inquisition, par une longue suite de décisions de toutes sortes.

L'inquisition médiévale, extraits :

Avant l'Inquisition
L'Inquisition est instituée en 1231 par Grégoire IX. L'hérésie et les ennemis de la foi étaient déjà poursuivis à cette époque. Les textes étaient :

• les décrets de Latran II (1139)
• la décrétale Ad adolendam de Lucius III (1184)
• la décrétale Vergentes in senium d'Innocent III (1199)
• les décrets de Latran III (1215)


La procédure inquisitoire
Il y a deux procédures principalement, l'enquête générale ou la citation individuelle. L'enquête générale consiste à convoquer la population entière d'une région. La citation individuelle se fait par le biais du curé, celui qui refuse de comparaître est excommunié. Le suspect interrogé doit jurer de révéler tout ce qu'il sait sur l'hérésie.

Un notaire est chargé de noter les réponses. Les inquisiteurs peuvent recourir à des délateurs, à l'incarcération ou encore à la torture — son usage est légitimé (à condition qu'il n'y ait pas mutilation définitive des membres) par Innocent IV dans sa bulle Ad extirpenda en 1252. À défaut d'aveux, la preuve peut être apportée par des témoins, qui ne sont pas connus de l'accusé. Les protections accordées aux accusés sont très minces. Par exemple, des témoins habituellement rejetés par le tribunal (excommuniés, voleurs, personnes de mauvaises vie) peuvent être entendus contre le suspect. Par ailleurs, le suspect ne peut pas être assisté par un avocat ou un conseil. Les tentatives de papes comme Clément V pour imposer un traitement plus équitable seront ignorées. Les tortures sont parfois si violentes que même les gouvernants les dénoncent : Philippe le Bel se plaint en 1297 (même s'il a fait torturer lui-même les Templiers).

Une personne déjà jugée n'est pas à l'abri pour autant : à tout moment l'Inquisition peut rouvrir un dossier. Néanmoins, il y a une possibilité de recours. Le traditionnel appel au Pape est dénié par Excommunicamus, mais dans la pratique, ils étaient fréquents. Même la mort n'empêche pas la procédure : parfois, les poursuites ont lieu même contre des gens qui sont déjà morts. Leur cadavre est alors brûlé.

Peines encourues
L'Inquisition n'administre pas réellement de peines, mais des pénitences. Les moins graves, appelées pénitences arbitraires, sont imposées par les inquisiteurs. Elles sont les seules infligées à ceux qui se sont présentés dans les temps (ce qu'on appelle « pendant le temps de grâce »). Ce sont la fustigation au cours de la messe, les visites aux églises, les pèlerinages, l'entretien d'un pauvre, le port de la croix sur les vêtements. La peine normale de l'hérétique converti est la peine de prison à vie, souvent réduite par l'inquisiteur, qui a le droit de moduler les peines. Il y a deux modes, le « mur large », et le « mur étroit », beaucoup plus sévère (réclusion solitaire). Il faut noter que la prison comme peine est pratiquement inconnue avant cette époque, c'est une nouveauté dans l'histoire de la justice.

L'hérétique obstiné ou relaps est abandonné à l'autorité séculière qui les condamne au bûcher. Cette peine reste exceptionnelle (Bernard Gui en prononce 40 dans toute sa carrière). Elle a pour avantage de ne pas laisser de reliques aux partisans des brûlés. Les peines les plus graves entraînent la confiscation des biens du coupable au profit de l'autorité chargée des dépenses de l'Inquisition, d'où une certaine tendance à s'en prendre aux gens riches. L'Inquisition n'a pourtant pas fait fortune : ses dépenses sont considérables, et ses gains restent modestes.


Saint Louis, Roi de France (1226-1270). Pénétré de ses devoirs de chrétien envers le peuple que la Providence lui avait confié, Saint-Louis s’attacha particulièrement à ce que la Justice fût rendue le plus exactement possible dans le royaume. Tous les historiens s’accordent sur ce point.

Maintes fois il advint qu’en été il allait s’asseoir au bois de Vincennes après sa messe, et s’accotait à un chêne, et nous faisait asseoir autour de lui. Et tous ceux qui avaient affaire venaient lui parler, sans empêchement d’huissier ni d’autre. Et alors il leur demandait de sa propre bouche; «Y a-t-il ici quelqu’un qui ait partie?» Et ceux qui avaient partie se levaient. Et alors il disait: «Taisez-vous tous, et on vous expédiera l’un après l’autre».

Établissements de Saint-Louis. L’an de grâce 1270, le bon Roi Louis ordonna ces établissements, avant qu’il n’allât à Tunis, en toutes les cours et prévôtés de France. Ces établissement enseignent comment tous juges doivent ouïr, juger et terminer toutes querelles qui sont traités devant eux.


Matthieu 6 v 24 - Nul ne peut servir deux maîtres à la fois, et Jésus de préciser: vous ne pouvez servir à la fois Dieu et Mammon.

Mamon est un mot araméen qui signifie "richesse" et il indique biens pas seulement argent. Le terme "Mamon" est utilisé par Jésus pour indiquer la personnification de la richesse gagnée mal.

Jésus ne condamne pas la richesse en soi même, mais parce qu'elle tend à devenir une idole, qu'il est adoré et servi à la place de Dieu( Mt 6,24), elle absorbe énergies physiques et spirituelles, elle rend sourd au rappel du Royaume et aux nécessités des frères( Cfr Lc 16,19-31). [...] Le discours sur la richesse permet à Jésus enfin de souligner aussi les reflets de bonté sociale demandés par la conversion à l'Évangile.

La pathologie sociale


Libération, le 26 janvier 2006

L'Etat semble moins craindre de faire face à de nouveaux scandales que d'engager une réelle réforme de la justice.
Les deux grandes peurs d'Outreau
par Daniel SOULEZ-LARIVIERE
Daniel SOULEZ-LARIVIÈRE avocat.

Des deux grandes peurs d'Outreau : laquelle va triompher ? Celle de voir des horreurs pareilles recommencer ou celle de changer notre procédure pénale ? Pour l'instant, l'expérience démontre que la peur du changement triomphe toujours de la peur de la répétition d'un sinistre. L'affaire Ranucci, celle de Bruay-en-Artois n'ont généré aucune réforme de l'instruction, pas plus que le scandale de l'affaire Grégory Villemin avec le juge Lambert ou celui des médecins de Poitiers. Depuis quinze ans, des dizaines de réformes sont intervenues. Certaines sans être mises en oeuvre. D'autres mortes-nées. D'autres sans grand effet parce que s'agissant de rustines. Seule la loi du 15 juin 2000 a manifesté une attention unanime de nos politiques, car eux-mêmes furent pincés dans l'archaïsme et la violence de notre système pénal. Malgré ces circonstances favorables, on n'a pas touché à l'architecture du système, mais à ses détails. La loi fut donc facilement rabotée, une fois par la gauche, deux fois par la droite. Le code de procédure pénale change tout le temps par rafistolages successifs et contradictoires. Il en est devenu presque illisible.

Du N°1 de la revue Ethnopsychiatrica, 1978:

1) Le patrimoine génétique de homo sapiens n'est pas celui d'une espèce dite «sociale» (abeilles, termites, etc.), mais celui d'une espèce grégaire - terme employé ici dans son sens traditionnel et non pas au sens qu'il a dans l'éthologie.

2) Il est inadmissible d'attribuer l'équivalent d'un psychisme à la société. Ce principe permet cependant l'emploi d'expressions du genre: «la société choisit», si la façon dont une telle expression est utilisée n'implique pas l'existence d'un «raisonnement» ou d'une «volonté» propres à la société en tant que telle. Elle ne peut impliquer qu'un choix soit unanime, soit fait par la majorité des membres d'une société, soit même le choix d'un individu ou d'un groupe d'individus capables de faire agir l'ensemble de la population d'une manière conforme à leur choix.

Soit un individu - ou un groupe - qui poursuit un but de son propre choix, sur lequel il n'appartient pas à l'ethnopsychiatre de porter un jugement de valeur. Si la poursuite de cet objectif produit une situation de stress que le «sujet» (individu ou groupe) apprécie comme telle et si tous ses efforts pour atténuer ce stress par un recours à des contre-mesures nouvelles et (ou) renforcées ne fait qu'accroître le stress, le «sujet» est pris dans les engrenages d'un cercle vicieux. La présence d'un cercle vicieux de ce genre caractérise toute psychopathologie individuelle et toute pathologie sociale - et souvent aussi les maladies organiques.

Le traumatisme colonial et la memoire

La mondialisation de la culture
Jean-Pierre Warnier
Collection Reperes
La Découverte
ISBN 2-7071-2938-0

Le traumatisme colonial et la memoire,
extrait de la page 42 :




Le Monde, 25.06.03
Savoirs,
Les sociétés face à la mondialisation des flux culturels

Conférence disponible via l'article du Monde.

[...] Plus que jamais, l'humanité est fragmentée par des conflits innombrables et souvent violents entre groupes, catégories sociales, communautés, pays. Ces conflits sont d'ordre politique au sens large du terme. Ils sont en partie alimentés par des clivages culturels. Mais ils ont aussi pour conséquence de produire, en permanence, des éléments de culture qui nourrissent la divergence culturelle. En d'autres termes, du fait des conflits politiques, l'humanité est une machine à produire de la différence culturelle. Dans la relation d'opposition, chacun cultive ses spécificités.


Jean-Pierre Warnier est ethnologue, professeur d'ethnologie à l'université Paris-V - René-Descartes et directeur du laboratoire d'ethnologie de Paris-V.

Parcours:
- docteur ès lettres, université Paris-X-Nanterre
- 1972-1978: recherche de terrain dans les montagnes du Cameroun de l'Ouest et mission de 15 jours à 4 mois sur le terrain depuis 1985
- 1974-1975: maître-assistant à l'université de Pennsylvanie
- 1979-1985: maître de conférences à l'université de Yaoundé
- depuis 1985: professeur d'ethnologie à l'université Paris-V - René-Descartes
- 1997-2000: directeur du laboratoire d'ethnologie de Paris-V.

Spécialité:
Spécialiste du Cameroun, les travaux de Jean-Pierre Warnier portent sur la réaction des sociétés face aux flux culturels, ainsi que sur la culture et l'économie matérielle.

Publications:
- Le Paradoxe de la marchandise authentique, L'Harmattan, 1994.
- Construire la culture matérielle: l'homme qui pensait avec ses doigts, PUF, 1999.
- Mondialisation de la culture, La Découverte, 2003.
Jean-Pierre Warnier a écrit de nombreux articles dans des revues spécialisées. Il est membre de 6 ou 7 comités de lecture, ainsi que Research Fellow de l'université de Londres.


Victimes de pensions inégalitaires, les anciens combattants des ex-colonies méritent réparation.
La France a la mémoire qui flanche
Libération vendredi 27 janvier 2006
Par Roland Castro, architecte urbaniste, président du Mouvement de l'utopie concrète.

January 20, 2006

Choquant


Au premier trimestre 2003, une AS de l'ASE de Lorraine et un pasteur alsacien ont volé au prétendu secours d'une mome des hauts de seine.

STRASBOURG (AFP) 20 janvier 2006 - Le martyre du petit Nicolas, cogné "comme un punching-ball", empêché de boire pendant un été caniculaire, bâillonné et lié dans son lit, a été relaté vendredi à la cour d'assises du Bas-Rhin devant quatre accusés, ses plus proches parents, qui ont nié l'ampleur de leur responsabilité.

Nicolas est mort le 9 août 2003 après six semaines de sévices qualifiés d'actes de tortures et de barbarie, dans un logement sordide et surpeuplé. Cette période correspond à l'arrivée au foyer Holzmann de la grand-mère maternelle de la victime, Mme Vieira, et de son fils Bruno, 21 ans à l'époque des faits.

Mme Vieira reconnaît avoir frappé Nicolas avec une palette en bois pour faire les crêpes, un instrument qui semble aussi avoir été utilisé par ses enfants, Bruno et Isabel, pour frapper le garçon. "Mais ce n'était pas pour lui faire mal, je ne lui faisais pas de marque", a-t-elle assuré.

Elle a reconnu aussi qu'elle s'était servie d'une corde à sauter pour attacher Nicolas dans son lit "pour qu'il reste dedans", a-t-elle expliqué, car les déplacements nocturnes de Nicolas dérangeaient ses trois soeurs et sa grand-mère qui dormaient dans la même chambre.

"Les pieds et les mains attachés, il passait quand même, alors on l'a attaché au lit", raconte-t-elle de sa voix chevrotante. En outre, il "était bâillonné pour ne pas réveiller ses soeurs par ses plaintes", et à la fin, il restait attaché et bâillonné nuit et jour.

A l'évocation de ces sévices, le père de Nicolas, Fernand, s'est effondré en pleurant, victime apparemment d'un malaise.

Nicolas était frappé "tout au long de la journée, principalement par ma mère, par mon frère et à moi, ça m'arrivait aussi", avait auparavant reconnu son épouse, Isabelle. Elle a expliqué qu'il y avait "un assez fort climat de tension à la maison", depuis l'arrivée de Bruno et de sa mère.

"A partir de la mi-juillet, Nicolas passait tout son temps à écrire des lignes de punition, et dès qu'il arrêtait, il prenait des gifles", a-t-elle déclaré. L'enfant était aussi frappé alors qu'il écrivait ses lignes, à genoux devant la petite table du salon, les pieds entravés, à cause de ses bêtises. "Mais il n'a jamais rien fait d'irréparable", a-t-elle reconnu.

Quant aux lignes de punition, le président Jérôme Bensussan a montré à la cour trois grands cahiers 24x32, et demandé aux quatre accusés qui avait contraint Nicolas à écrire ces lignes.

"Ce n'est pas moi", se sont récriés tour à tour Marie-Thérèse Vieira, Fernand et Isabel Holzmann, et Bruno.

Dans ces cahiers, Nicolas avait écrit 2.772 fois "pendant la nuit, je ne me lève pas en cachette pour boire", 1.551 fois "Je ne me fous pas de la gueule de mon père" et 1.008 fois "j'apprends à me taire".

Bruno a seulement reconnu avoir demandé à Nicolas d'écrire "quand je vais au stade, je ne frime pas", mais, a-t-il insisté, "je lui ai jamais demandé de compte sur sa punition, c'est ma mère qui le surveillait".

La grand-mère a indiqué de son côté: "je fixais pas le nombre de lignes, je surveillais juste qu'il écrive, il fallait qu'il écrive, sinon il avait des baffes".

Les derniers jours avant sa mort, a raconté le père, "il ne mangeait pas à table avec nous, parce que ma belle-mère disait qu'il sentait mauvais, parce qu'il avait pissé dans sa couche", mais "à part ça, pour moi il allait bien".

Fernand Holzmann a fini par reconnaître que les problèmes d'énurésie de son fils avaient repris au moment même où sa belle-mère s'était réinstallée dans leur petit trois pièces, fin juin, après un premier séjour de cinq mois, de décembre 2002 à mai 2003, déjà extrêmement tendu.

Le verdict est attendu le 27 janvier.


STRASBOURG (AFP) - Décrite par ses proches comme tyrannique, manipulatrice, dominatrice et violente, Marie-Thérèse Vieira, 55 ans, est restée impassible, jeudi devant les assises du Bas-Rhin, au premier jour du procès destiné à faire la lumière sur la mort de son petit-fils Nicolas, 9 ans, après un long martyre.

Dans le huis-clos familial d'un appartement sordide de Hautepierre, un quartier défavorisé de la périphérie strasbourgeoise, Nicolas est mort pendant les vacances de l'été 2003.

Il avait subi pendant six semaines, avec une violence croissante, des sévices qualifiés par la justice d'actes de torture et de barbarie, de la part des quatre adultes vivant dans ce foyer: les parents de l'enfant, Fernand et Isabel Holzmann, âgés respectivement de 48 et 33 ans, Bruno, 24 ans, frère d'Isabel et oncle du petit Nicolas, et Mme Vieira, mère d'Isabel et Bruno.

La première journée du procès a été consacrée à l'examen de la personnalité de la grand-mère de Nicolas, de Bruno et de sa soeur.

Mme Vieira, une Portugaise de petite taille, trapue, au visage ingrat, desserrait à peine les lèvres pour répondre aux questions du président Jérôme Bensussan, qui dirige les débats. Invitée à exprimer ses sentiments sur les évènements souvent violents ou pénibles qui ont marqué sa vie, Mme Vieira répondait invariablement: "Je ne sais pas", comme s'il lui était impossible de ressentir de la colère, du chagrin ou de l'amour.

"J'ai donné à mes enfants une bonne éducation, la même que j'ai reçue", a-t-elle ainsi assuré, avant de finir par lâcher que son père rentrait saoul presque tous les soirs, et qu'il battait sa mère et ses 10 enfants s'ils n'avaient pas disparu de sa vue avant son retour.

Bruno, décrit comme le "chouchou" de sa mère, mais ballotté entre la France et le Portugal au gré des impulsions de sa mère, a raconté à la cour qu'il avait également eu son lot de raclées de la part des femmes de sa famille --sa grand-mère, sa "tante aînée", sa mère-- lorsqu'il était petit. Mais les témoins interrogés lors de l'instruction n'ont pas confirmé ses déclarations.

Petit, brun, une calvitie naissante à l'âge de 24 ans, il était sans profession et sans domicile fixe à son retour en France en décembre 1992, et il s'est incrusté chez sa soeur à Strasbourg, dans un trois pièces sordide où s'entassaient quatre adultes, quatre enfants, sept chats et trois tortues.

"J'aime toujours ma mère, a-t-il assuré. Une mère est une mère, même si on est toujours partagé entre l'amour et la haine. Je pense qu'elle m'a bien élevé", a-t-il poursuivi, alimentant le sentiment que cette femme avait une emprise démesurée sur son plus jeune fils.

Quant à Isabel, accusée elle aussi d'avoir contribué activement au martyre de son fils, elle a raconté avoir été violée à l'âge de huit ans par un jeune frère de sa mère, et avoir subi des attouchements les années suivantes, au su et au vu de sa mère et de son frère Bruno, qui dormait dans la même chambre.

Sa mère lui avait imposé le silence à ce sujet.

"Je l'ai dit à l'infirmière scolaire, mais mes frères et ma mère ont dit que c'était faux", a-t-elle déclaré devant la cour, rappelant les humiliations et les coups que lui infligeait sa mère.

"Je lui ai dit une fois: +Je t'aime+, mais elle a répondu: +Tu ne le penses même pas!", a-t-elle déclaré en larmes.

Le père du petit Nicolas, Fernand Holzmann, était lui aussi maltraité par son père qui a fait de la prison pour cette raison.

Ainsi, après avoir mouillé son lit, Fernand avait vu son père lui brûler la main avec une cigarette et l'envoyer à l'école avec un écriteau le proclamant "plus grand pisseur du village". Au rappel de cet incident, cet homme grand et fort, mais décrit comme "limité" par certains témoins, a sangloté en s'enfouissant le visage dans les mains, tandis que son épouse manifestait aussi une émotion contrastant avec l'impassibilité affichée par Mme Vieira et Bruno.

L'examen des faits ne devait commencer que vendredi après-midi.

STRASBOURG (AFP), 27 janvier 2005 - Le jury de la cour d'assises du Bas-Rhin, sept femmes et deux hommes, poursuivait ses délibérations vendredi en début de soirée au terme du procès de la grand-mère, des parents et de l'oncle maternel du petit Nicolas, mort de sévices à l'âge de 9 ans, dans une cité de la périphérie strasbourgeoise.

La réclusion criminelle à perpétuité a été requise à l'encontre de la grand-mère, Marie-Thérèse Vieira, tandis que des peines de 28 à 30 ans de réclusion étaient requises contre la mère, Isabel Holzmann, 18 à 20 ans contre l'oncle de l'enfant, Bruno Vieira, et 10 ans contre son père, Fernand Holzmann, qualifiés de "tortionnaires" par l'avocat général Marc Montagnon.

L'avocat général a souligné le rôle moteur et la personnalité "diabolique" de Mme Vieira, parmi les quatre accusés qui répondent conjointement d'actes de torture et de barbarie ayant entraîné la mort de l'enfant sans intention de la donner. Selon lui, c'est une femme tyrannique, froide et violente, incapable de remord sans qui "Nicolas serait encore là aujourd'hui".

Vendredi, à l'issue des débats, Isabel et Fernand Holzmann ont affirmé qu'ils aimaient leur fils et regrettaient ce qui s'était passé. "Je n'arrive pas à faire le deuil de mon fils", a dit Fernand.

Bruno Vieira, l'oncle maternel, a exprimé lui aussi ses regrets, mais la grand-mère, Marie-Thérèse Vieira, désignée par tous les protagonistes du procès comme la principale instigatrice des sévices, a affirmé qu'elle n'avait "rien à ajouter".

La défense de Fernand et Isabel Holzmann s'est attachée vendredi à rectifier l'image, qui a surgi au cours des débats, d'un matriarcat violent, froid et tyrannique, incarné par Marie-Thérèse Vieira et sa fille Isabel, face à deux accusés masculins prétendument dominés et moins coupables: le mari d'Isabel, Fernand, et Bruno, frère d'Isabel.

Me Florent Girault, l'avocat du couple, a mis Fernand hors de cause pour les actes de torture et de barbarie, mais qualifié l'oncle maternel de "bras armé" et de "bourreau" au service de Marie-Thérèse Vieira.

Sans contester qu'Isabel ait commis des actes de torture et de barbarie les 7 et 8 août 2003, veille de la mort de l'enfant, il a tenté de démontrer qu'elle n'était pas une "mère indigne". Il a en outre relevé que les experts avaient un doute sur l'auteur du coup ayant entraîné la mort de l'enfant, donné soit par la mère l'avant-veille du décès, soit par la grand-mère la veille.

"La seule grave erreur de Mme Holzmann est d'avoir accueilli chez elle un véritable prédateur, en la personne de sa mère", une "marâtre" adepte des méthodes de la "Gestapo", a-t-il insisté.

Nicolas est mort d'une hémorragie cérébrale, défiguré par les coups et le corps marqué de 70 ecchymoses, après six semaines de "corrections" de plus en plus violentes et de privations d'eau, sous prétexte qu'il était "turbulent" et énurétique.

Me Girault a également mis en cause les services sociaux qui n'ont pas apporté toute l'aide requise à cette famille démunie.

Quand ils ont demandé un appartement plus grand que le trois pièces où ils vivaient à six depuis dix ans, le bailleur social a refusé, exigeant que leur logement vétuste soit repeint au préalable.

"Il appartient au bailleur de remettre en état un appartement vétuste, ce n'est jamais au locataire", a souligné l'avocat, regrettant que "même une conseillère en économie sociale et familiale diplômée (qui s'occupait de la famille mise en tutelle) ne se soit pas offusquée de cette réponse".

Le verdict était attendu dans la soirée.


STRASBOURG (AFP), le 27 janvier 2005 - La grand-mère du petit Nicolas, mort de sévices familiaux à l'âge de 9 ans, a été condamnée vendredi par la cour d'assises du Bas-Rhin à la réclusion criminelle à perpétuité, la mère de l'enfant à 26 ans de réclusion, son oncle à 16 ans et son père à 10 ans.

Ces condamnations sont assorties des peines de sûreté prévues par le code pénal en cas d'actes de torture et barbarie.

A l'énoncé des condamnations, les quatre proches parents de Nicolas n'ont pas eu un geste de réaction.

Les jurés, sept femmes et deux hommes, ont globalement suivi les réquisitions de l'avocat général Marc Montagnon. Il avait requis la réclusion criminelle à perpétuité pour Marie-Thérèse Vieira, 55 ans, et une peine de réclusion de 28 à 30 ans pour Isabel Holzmann, 33 ans. Les jurés ont été plus sévères pour l'oncle maternel Bruno Vieira, 23 ans, (18 à 20 ans requis) et pour le père de Nicolas, Fernand Holzmann, 48 ans, reconnu lui aussi coupable d'actes de torture et de barbarie commis en juillet et août 2003.

La peine a été plus lourde pour les deux femmes, mère et fille, dont les actes de barbarie entre le 7 et le 9 août ont entraîné la mort de l'enfant sans intention de la donner, contrairement aux agissements des deux hommes, selon la cour et les jurés.

Jeudi, l'avocat général avait souligné le rôle moteur et la personnalité "diabolique" de Mme Vieira, parmi les quatre accusés. Selon lui, c'est une femme tyrannique, froide et violente, incapable de remord sans qui "Nicolas serait encore là aujourd'hui".

Vendredi, à l'issue des débats, Isabel et Fernand Holzmann ont affirmé qu'ils aimaient leur fils et regrettaient ce qui s'était passé. "Je n'arrive pas à faire le deuil de mon fils", a dit Fernand.

Bruno Vieira, l'oncle maternel, a exprimé lui aussi ses regrets, mais la grand-mère, Marie-Thérèse Vieira, désignée par tous les protagonistes du procès comme la principale instigatrice des sévices, a affirmé qu'elle n'avait "rien à ajouter".

La défense de Fernand et Isabel Holzmann s'était attachée vendredi à rectifier l'image, qui a surgi au cours des débats, d'un matriarcat violent, froid et tyrannique, incarné par Marie-Thérèse Vieira et sa fille Isabel, face à deux accusés masculins prétendument dominés et moins coupables: le mari et le frère d'Isabel.

Me Florent Girault, l'avocat du couple, avait aussi tenté de mettre Fernand hors de cause pour les actes de torture et de barbarie, tout en qualifiant l'oncle maternel de "bras armé" et de "bourreau" au service de Marie-Thérèse Vieira.

Sans contester qu'Isabel ait commis des actes de torture et de barbarie les 7 et 8 août 2003, veille de la mort de l'enfant, il avait tenté de démontrer qu'elle n'était pas une "mère indigne". Il avait en outre relevé que les experts avaient un doute sur l'auteur du coup ayant entraîné la mort de l'enfant, donné soit par la mère l'avant veille du décès, soit par la grand-mère la veille.

"La seule grave erreur de Mme Holzmann est d'avoir accueilli chez elle un véritable prédateur, en la personne de sa mère", une "marâtre" adepte des méthodes de la "Gestapo", a-t-il insisté.

Nicolas est mort d'une hémorragie cérébrale, défiguré par les coups et le corps marqué de 70 ecchymoses, après six semaines de "corrections" de plus en plus violentes et de privations d'eau, sous prétexte qu'il était "turbulent" et énurétique.

Me Girault a également mis en cause les services sociaux qui n'ont pas apporté toute l'aide requise à cette famille démunie qui demandait un appartement plus grand que leur trois pièces où ils vivaient à six depuis dix ans.

January 18, 2006

Il y a plusieurs manières de regarder les mêmes faits

PARIS (AP), le 17 janvier - L'Education nationale n'a rien à se reprocher. Cette dernière n'a pas commis de "faute caractérisée" qui aurait entraîné l'agression de l'enseignante d'un lycée professionnel d'Etampes, selon les conclusions du rapport administratif de l'Inspection générale. Ce rapport, remis mardi au ministre Gilles de Robien, estime qu'"il n'y a pas de lien" entre l'agression de Karine Montet-Toutain et "le climat de l'établissement" Louis-Blériot.

A la suite de ce rapport, l'avocat de la victime, Me Koffi Senah, a déclaré sur LCI que Mme Montet-Toutain était "complètement effondrée. Elle a encore le sentiment, une nouvelle fois, comme d'autres enseignants en France, qu'elle n'est pas du tout écoutée." L'avocat a ajouté qu'il appartiendrait "à l'autorité judiciaire de nous dire qui a raison et qui a tort." Il a rappelé sur France Info qu'il avait "la possibilité d'initier une plainte contre les agents de l'Etat dont le comportement ou les abstentions ont concourru au drame."

Les deux inspecteurs généraux qui ont entendu les professeurs, dont la victime, les responsables et les élèves du lycée, ont déduit qu'il "n'y avait pas de faute caractérisée ni au niveau départemental, ni au niveau du rectorat de l'académie, ni au niveau de l'établissement".

D'autre part, André Hussenet et Gérard Pourchet ont précisé qu'"il n'y avait pas de lien entre l'agression et le climat de l'établissement". Ce lycée professionnel "n'était pas un lycée violent", selon eux.

"Toute tentative pour établir un lien entre l'agression et le climat de l'établissement reviendrait à réinterpréter les faits", à savoir l'agression à coups de couteau de Karine Montet-Toutain, ont-ils prévenu. Il existe "un vrai problème d'absentéisme des élèves et des incivilités mais l'établissement n'est pas réputé pour les violences entre élèves ou à l'égard des enseignants".

De plus, la direction n'a pas fait preuve de "laxisme" puisque l'élève agresseur a été sanctionné d'une exclusion pour une "sottise" envers son professeur de lettres, exclusion qui aurait entraîné l'agression de Karine Montet-Toutain. En tant que professeur principal, cette dernière avait convoqué la mère de l'élève pour lui signaler son comportement.

Par contre, les deux inspecteurs généraux chargés de l'enquête administrative n'ont pas pu "établir qu'il y ait eu menace de viol et de mort" contre l'enseignante en arts appliqués après avoir consulté les fiches de l'établissement signalant tout incident entre professeur et élève. Ces fiches comportent la nature de l'incident, la date, le nom du professeur, les faits et l'éventuelle demande de sanction.

"Nous avons analysé l'ensemble des fiches des faits signalés et avons trouvé pour un signalement un écrit clair et pour l'autre non", a précisé M. Pourchet.

"Pour ce qui a été appelé menace de viol, nous avons lu des documents qui nous permettent d'établir qu'il y a eu agression verbale à caractère sexuel", a ajouté M. Hussenet. "Il y a eu dépôt d'une fiche de signalement qui explicitait très clairement ce qui s'était passé et qui se soldait par une non-demande de sanction de la part du professeur pour ce fait".

Quant à des menaces de mort, "c'est parole contre parole: il y a eu, et nous la croyons, une fiche rédigée par Mme Montet-Toutain. Cette fiche (...) nous ne l'avons pas vue", a-t-il souligné.

Ces "signalements écrits sont toujours transmis à la proviseur. La procédure a été respectée, mais on ne retrouve pas la fiche[*]", a répété M. Pourchet. Et "Mme Montet-Toutain a été reçue, de manière certaine, sur le premier fait".

"Notre enquête n'établit pas qu'il y a eu menace de viol et de mort, mais nous laissons la réponse à cette douloureuse question à la justice", a rappelé André Hussenet. "Notre parole n'est pas la dernière parole sur cette affaire".

"Nous ne disons absolument pas que Mme Montet-Toutain est une menteuse, mais il y a plusieurs manières de regarder les mêmes faits", a conclu l'inspecteur général Hussenet. "A l'évidence, chez une personne qui a subi une telle agression, il faut bien qu'elle comprenne ce qui s'est passé avant et elle l'interprète en fonction du grave accident qu'elle a eu". AP

ljg/cov/Bg-lp/mw

[*] Qui parait être un classique de l'administration: les fiches sont illisibles, pas très claires ou ont disparues, parfois les radios sont réattribuées ou l'horloge était arrêtée depuis des années.

Cependant, Karine Montet-Toutain aurait été menacée par certains élèves et a été poignardée par un autre.


La dépèche AFP est tout aussi intéressante :

PARIS (AFP), 17 janvier 2005 - Un rapport de l'Inspection générale commandé après l'agression au couteau d'une professeure dans un lycée professionnel d'Etampes est venu totalement dédouaner mardi la hiérarchie de l'établissement accusée par la victime de "non-assistance à personne en danger".

Alors qu'une nouvelle agression a eu lieu lundi dans un lycée professionnel de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), l'Education nationale semble démunie face aux violences, même si Gilles de Robien a annoncé l'actualisation d'une circulaire de 1998 pour en faire un "vrai guide pratique" à destination des enseignants en butte à ces violences.

"Il n'y a pas de faute grave caractérisée" ni au lycée Louis-Blériot, théâtre de l'agression, ni à l'inspection académique ni au rectorat, ont certifié mardi devant la presse deux inspecteurs généraux de l'Education nationale, Gérard Pourchet et André Hussenet, après une enquête administrative d'un mois, commandée au lendemain du drame, le 16 décembre, par M. de Robien.

Les inspecteurs ont précisé que "le lien entre le climat régnant dans l'établissement et le geste imprévisible de l'agresseur n'a pas pu être établi". Ils ont répété que ce lycée professionnel n'est "pas un établissement violent et sensible". Au plus souffre-t-il d'un fort absentéisme et de formations souvent dépréciées et imposées aux élèves.

Ils ont ainsi expliqué que les rapports de conseil d'administration depuis 2003 ne font jamais référence à de quelconques faits de violence.

Reste à comprendre pourquoi, dans ces circonstances, Karen Montet-Toutain, professeure d'arts appliqués de 27 ans, grièvement blessée au couteau en plein cours et à qui les médecins ont prescrit une incapacité totale de travail de trois mois et demi, persiste à vouloir déposer plainte contre sa hiérarchie et plus généralement l'administration de l'Education nationale pour "non-assistance à personne en danger".

Alors qu'elle a affirmé dans la presse avoir prévenu par deux rapports écrits la proviseure de son lycée de menaces de viol et de meurtre à son encontre, les inspecteurs ont assuré de leur côté n'avoir retrouvé de trace écrite que dans le premier cas qui concernait selon eux des "insultes à caractère sexuel".

De même ont-ils avancé que, si Mme Montet-Toutain, comme elle l'a dit, a signalé par oral ses problèmes lors de plusieurs conseils de classe "la proviseure n'a pas perçu ce message".


Beaucoup d'éléments clés de cette affaire se jouent donc "parole contre parole", ont reconnu les inspecteurs, qui ont suggéré que l'enseignante "interprète les événements précédant les faits en fonction de la grave agression" dont elle a été victime.

Dans ce contexte, l'annonce de l'actualisation d'une circulaire de 1998 double le conseil maintes fois formulé par le ministre de l'Education nationale d'en référer à la police et la justice, en sautant éventuellement la case hiérarchie interne.

Chaque établissement, régi par son propre réglement intérieur, possède en effet sa propre procédure, son propre "circuit" de signalement établi par le chef d'établissement.

En l'occurence, le "circuit" de Louis Blériot - rédaction d'une fiche de signalement, convocation du professeur puis convocation de l'élève avant toute décision de sanction - a pu apparaître à certains professeurs comme "trop long et pouvant remettre en cause l'autorité des enseignants", ont jugé les inspecteurs.

D'autres sont encore plus longs, d'autres moins, l'enjeu restant la manière dont ils sont imposés aux équipes et la confiance qui s'établit avec la direction.


Omerta
LE MONDE | 14.01.06

"J'ai eu l'impression d'être seule. C'était l'omerta. La loi du silence." Karen Montet-Toutain, 10 janvier, Etampes.

Poignardée le 16 décembre 2005 par l'un de ses élèves au lycée Louis-Blériot d'Etampes (Essonne), Karen Montet-Toutain en veut surtout à son administration. Lors d'un entretien avec des journalistes le 10 janvier, elle a dénoncé "l'omerta" qui pèse, selon elle, sur l'éducation nationale. Ce terme d'omerta, utilisé un peu à tout propos pour désigner une supposée "loi du silence", renvoie au système mafieux sicilien. Son origine reste sujet à controverse. Il pourrait provenir du mot Umiltà (humilité), qui en dialecte sicilien devient Umirtà, ou de omu (être homme en sicilien). L'omerta s'apparente à un code d'honneur qui interdit d'informer les autorités, judiciaires notamment, sur les crimes commis par la Mafia.

Dès le XIXe siècle, toute personne qui renseigne des enquêteurs sur une affaire criminelle fait l'objet d'un vif ressentiment émanant de la population, honnêtes gens compris. Et parfois d'un châtiment violent de la part de l'organisation criminelle. La Mafia a très vite compris tout le bénéfice qu'elle pouvait tirer de ce sens de l'honneur, poussé à son paroxysme dans le sud de l'Italie, dès lors qu'elle en impose, par la terreur, l'usage aux populations. Mme Montet-Toutain a voulu fustiger le climat de peur que certains élèves font régner dans son lycée. Peut-on pour autant aller jusqu'à parler d'omerta ?


L'ormeta est bien inscrite dans le code de l'action sociale, les travailleurs sociaux sont ainsi liés à leur hérarchie.

January 17, 2006

L'instruction à charge en 3 clics

En 3 clics et 2 dépèches on découvre ce qu'est l'instruction à charge :

• les inspecteurs questionnent pendant des heures, à huis clos
• celui qui est interrogé répond en toute sincérité
• les inspecteurs, en concertation, consignent ce qui leurs semble important dans ce que leurs répond celui qui est interrogé
• les inspecteurs concluent
• une instance peut décider de poursuivre
• celui qui a répondu en toute sincérité est en difficulté


PARIS (AP), 17 janvier à 17h37 - Après la polémique sur les auditions à huis clos de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire d'Outreau, c'est l'audition lundi du juge Fabrice Burgaud par l'Inspection générale des services judiciaires (IGSJ) qui indigne ses pairs qui dénoncent "la volonté du ministre de la Justice de créer un bouc-émissaire".

"Les auditions se sont très, très mal passées", a affirmé mardi le président de l'Union syndicale des magistrats, Dominique Barella. Le juge d'instruction de l'affaire d'Outreau a été entendu toute la journée de lundi par plusieurs personnes "sans la présence de son avocat", selon M. Barella.

L'inspecteur général, Christian Raysseguier, a rejeté cette interprétation. "Nous ne sommes pas là pour tendre des pièges", a-t-il déclaré sur France-Info. Selon le magistrat, "l'entretien s'est déroulé sans aucune tension" et sans que Fabrice Burgaud ne fasse "d'objections". Tous les magistrats qui ont travaillé sur l'affaire d'Outreau doivent être entendus pas l'IGSJ.

"Il y a eu des attaques assez fortes contre le juge Burgaud, justifiées ou pas, mais il a le droit de se défendre comme tout le monde", a estimé M. Barella, joint par l'Associated Press. Il juge "assez peu admissible" que l'IGSJ viole la convention européenne des droits de l'Homme qui protège les droits de la défense.

L'avocat de Fabrice Burgaud, Me Patrick Maisonneuve, reste plus nuancé, estimant cependant qu'il y a une "ambiguïté" dans la mission de l'IGSJ: "On nous dit que c'est du renseignement administratif, ce qui ne justifie pas la présence d'un avocat. Or, un entretien avec les six inspecteurs qui commence à 9h30 et dure jusqu'à 18h a des allures d'audition quand même". "Dans cette affaire, ce serait de la langue de bois de dire que cette audition est un non-événement", a souligné Me Maisonneuve.

"Il ne s'agit pas d'interrogatoires, mais d'entretiens" dans "le cadre d'une enquête administrative", a noté M. Raysseguier. "Cette polémique n'a pas lieu d'être", a ajouté le patron de l'IGSJ rappelant que les membres de l'inspection ont "prêté serment" et se situent dans "la recherche de la vérité".

Les syndicats critiquent également le fait que les questions posées au juge Burgaud n'aient pas été transcrites dans les PV d'audition. "Une réponse n'a de sens que si l'on connaît la question", selon M. Barella.

Me Maisonneuve a précisé que son client était retourné à l'IGSJ mardi matin pour relire ses PV et a obtenu quelques modifications. En cas de saisine du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour des poursuites disciplinaires, l'avocat compte contester cependant une partie des déclarations de son client qui ne doivent pas être retranscrites mot par mot.

M. Raysseguier a expliqué que les entretiens avec l'IGSJ donnent lieu à "un compte-rendu élaboré contradictoirement et validé par l'intéressé". Il a ajouté que M. Burgaud aura droit à la présence d'un avocat si des poursuites disciplinaires étaient engagées à son encontre.

Pour le président de l'USM, les conditions de l'audition sont "la responsabilité de Pascal Clément, ancien avocat devenu ministre de la Justice", rappelant que l'IGSJ est directement rattachée au garde des Sceaux.

L'IGSJ doit faire un rapport, qui sera transmis au ministre de la Justice. Il appartiendra à ce dernier d'engager ou non des poursuites disciplinaires contre Fabrice Burgaud en saisissant le CSM.

"J'ai de bonnes raisons de penser que le ministre aura une forte tentation de demander des sanctions au CSM", a ironisé Me Maisonneuve. Fabrice Burgaud doit aussi être entendu à la fin du mois par la commission parlementaire, en présence de la presse, et de son avocat. AP

der/mw


PARIS (Reuters), 17 janvier à 10h57 - Le juge d'instruction de l'affaire de pédophilie d'Outreau conteste les conditions de son interrogatoire lundi à l'inspection générale des services judiciaires, apprend-on de sources judiciaires.

Fabrice Burgaud déplore qu'on lui ait refusé l'assistance d'un avocat et estime que les inspecteurs ont consigné irrégulièrement l'entretien, le procès-verbal ne reprenant pas les questions.

Le but de cette enquête lancée après le second procès de l'affaire d'Outreau, en décembre, est de déterminer si les magistrats impliqués ont commis des fautes.

Fabrice Burgaud est retourné à l'inspection mardi matin pour relire le procès-verbal de son audition, avant de décider si il y apposait sa signature, a dit son avocat, Patrick Maisonneuve.

"On a un peu l'impression qu'il y a un règlement de comptes avec un magistrat, sans respect des droits de la défense, c'est inacceptable", a déclaré à Reuters Dominique Barella, président de l'Union syndicale de la magistrature (majoritaire).

Pour l'USM, l'audition du juge n'est "pas conforme à la Convention européenne des droits de l'homme".

Le cabinet du ministre de la Justice, Pascal Clément, a répondu que la présence d'un avocat n'était pas prévue dans la procédure d'enquête administrative.

"L'inspection travaille de manière complètement indépendante, le ministre ne donne pas de consignes et ne se tient pas informé du déroulement de l'inspection", a-t-on dit.

Les treize acquittés de l'affaire d'Outreau, dont 12 ont été incarcérés durant des mois voire des années, reprochent au juge Burgaud ses méthodes d'interrogatoire et d'instruction, jugées biaisées, et estiment qu'il a refusé de tenir compte d'éléments à décharge.

Fabrice Burgaud, 34 ans, doit être entendu aussi par la commission d'enquête parlementaire fin janvier. Il a demandé à s'exprimer en public et à se faire assister d'un avocat.


Un complément très intéressant est paru dans le journal de psychiatrie Nervure de novembre 2005, dans un article intitulé "folie et ordre public au XVIIIieme siècle". L'article a été introduit sur le web.


On peut aussi relever que le rôle du présumé coupable n'est pas le plus facile :

PARIS (AP) 17 janvier, 21h23, extrait - L'avocat du magistrat souligne que "le fait d'être régulièrement accablé n'est pas facile à vivre. Oui, il sent qu'on aimerait lui faire porter l'entière responsabilité de cette histoire mais il n'a aucune intention de jouer le rôle du fusible, du bouc émissaire."

December 26, 2005

Pas de victime mais un coupable

Libération, le 26 décembre 2005
Carnets de justice
«C'est dingue, Outreau ne leur a pas servi de leçon !»
Par Dominique SIMONNOT, extrait :

Le délit reproché à Hacène est étrange : «une agression sexuelle avec violence sur une victime non identifiée». Dans le métro, Hacène, un homme mûr, a été dénoncé aux policiers par une femme. Il aurait mis la main aux fesses d'une jeune fille et aurait sorti un couteau. La femme n'est pas là, la jeune fille n'a pas été retrouvée. Il n'y a aucune trace de plainte. «Vous contestez toujours ?» demande le président. Hacène roule des yeux : «C'était à Châtelet. Il y avait beaucoup de monde. En descendant de la rame, la dame me frappe involontairement. J'ai dit "enfin, madame !". Elle m'a insulté, elle s'arrêtait plus ! Alors, je l'ai poussée. C'est tout. Mais je n'ai pas été violent...» Le président fait la grimace : «Ce n'est pas ce qu'elle dit. Selon elle, dans la file d'attente au guichet, vous avez mis la main aux fesses d'une jeune fille et, comme elle vous disait "ça va pas !" vous avez sorti ce couteau ! La jeune fille a fait un bond et s'est enfuie avec son amie ! Alors ?» «Pas du tout !» proteste Hacène. Le juge s'agace : «Devant les policiers, vous avez reconnu ! Alors, monsieur, oui ou non, vous reconnaissez les faits ?» «J'ai mis les mains sur personne et je n'ai pas sorti de couteau !» jure Hacène.

Le juge lève les yeux au ciel : «Vous avez été vu par un psychiatre. Il dit que vous ne présentez aucune anomalie psychique, mais que vous êtes un psychopathe pervers...» Il lit : «Vous êtes commerçant, vous gagnez 4 800 euros par mois et... Ah ! Je vois que vous êtes sous anxiolytiques et que vous consultez un psychiatre... Il y a bien quelque chose !» «Une dépression», dit Hacène. Le juge s'arrête tout à coup : «C'est embêtant. On n'a pas le casier... Bon, je me demande s'il ne vaut mieux pas renvoyer et ordonner une expertise psychiatrique. A vous, monsieur le procureur.» Le procureur est un jeune à la voix nasillarde : «Les faits sont graves, commis sur une victime de 16 ans avec un couteau, parce que cette jeune fille se refusait à lui. C'est un comportement extrêmement dangereux !» Un avocat chuchote : «Je rêve ! Cette fille, on ne sait même pas si elle existe.» Le procureur : «Cet individu est dangereux. D'ailleurs, l'expert nous dit qu'il s'agit d'un psychopathe pervers. Il y a donc un risque de récidive.» Il réclame la détention provisoire. L'avocat se prend la tête entre les mains : «C'est dingue. Il y a quinze jours, ils étaient tous à genoux devant les mecs d'Outreau. Cela ne leur a pas servi de leçon !» Contrôle judiciaire en attendant le jugement, expertise ordonnée. «Je demande toutes mes excuses à la justice», dit Hacène.

December 23, 2005

Tricher est une chose permise

Transparency International a rendu un rapport qui montre que la corruption ne se cantonne pas aux pouvoirs politiques ou financiers mais touche aussi d'autres systèmes.

Ce document de 85 pages a été réalisé à partir d'exemples pris dans dix pays : Argentine, Brésil, Mexique, Nicaragua, Bosnie-Herzégovine, Sierra Leone, Niger, Zambie, Géorgie et Népal.

Extrait du Monde du 9 décembre 2005 :

"Un manuel scolaire de base et une bonne note ne devraient pas dépendre du fait que l'on ait graissé la patte d'un enseignant ou d'un administrateur corrompu", s'indigne Huguette Labelle, la présidente de TI, en présentant une étude de TI intitulée "L'avenir dérobé – la corruption dans les classes d'école".

"Pour les élèves enfants, les conséquences sont dévastatrices", explique Bettina Meiers, chargée des questions d'éducation à TI. "Si l'enseignant le travailleur social donne le mauvais exemple aux élèves enfants en trichant, cela signifie pour eux que tricher est une chose permise. Ce message a des conséquences sur la société", poursuit-elle.


Libération, le 9 décembre 2005
Monsieur l'instituteur, je vous ai apporté un pot de vin

L'ONG qui conclut sur un rappel aux « valeurs d'intégrité, d'équité et de bien public » et la confiance dans le gouvernement « nécessaire pour le développement économique et social », donne d'édifiants exemples de corruption en milieu éducatif.

C'est d'abord le marché aux diplômes et aux bonnes notes dans les campus bosniaques, mais aussi l'école gratuite devenue payante au Mexique tant les dessous de tables sont généralisés. L'ONG évoque également les municipalités pauvres du Brésil, dont près de 55 % des subventions fédérales pour l'éducation s'évaporent chaque année à cause des fraudes.

Placement Familial ou l’illusion du retour

2001, l’Odyssée
du Placement Familial
ou l’illusion du retour

Assimilation, appartenance,
rejet pour l’enfant « venu d’ailleurs » ?

Actes du colloque, Saint-Malo, 21-23 novembre 1996
Sous la direction de Denise Bass et Arlette Pellé
Editions érès, 1997
ISBN 2-86586-477-4


L’enfant du Placement Familial ne peut pas, après une longue et inévitable série d’épreuves, revenir sans danger d’où on l’a « sorti » parce qu’il ne « s’en sortait » pas.

Le pari du déplacement physique, c’est de rendre possible un réaménagement des places subjectives, tant du côté de l’enfant que de ses parents.


Et les parents pendant ce temps-là...

Ce départ les met aussi à l’épreuve : quelle place laisseront-ils à l’absent ? souhaiteront-ils maintenir le lien ? ou au contraire l’oublieront-ils jusqu’à ne pouvoir que l’abandonner ?

Certains, pour ne pas être confrontés à leur incompétence, continuent inlassablement à exprimer la demande de retour de leur enfant. Ils maintiennent la tension de cette demande comme seule garantie de leur identité de parent.

L’illusion de « ce retour là » favorise-t-elle l’appartenance symbolique de l’enfant à sa famille, l’empêche-t-elle de s’affilier à une autre famille, une famille « étrangère »...?

Les acteurs du placement sont interpellés par ce départ qui met en scène l’insupportable de la séparation parents / enfant.

Les intervenants sociaux se sentent d’emblée devoir favoriser le retour de l’enfant au nom du principe inaliénable du maintien des liens, au risque d’un discutable harcèlement. Le juge peut s’attacher à effacer la valeur traumatique du départ en l’associant, dès l’ordonnance, à l’idée d’un retour.

Serait-ce « perdre ses illusions » que de travailler à la rupture ? Comment évaluer avec discernement la place occupée par l’enfant dans la demande des parents pour pouvoir travailler à un retour ou non ?

De son côté, la famille d’accueil souhaite que l’enfant fasse partie de sa famille : il deviendra « pareil » aux autres parce qu’elle fait « pareil » pour lui. Lorsqu’il arrive petit, elle croit pouvoir « l’assimiler » ; lorsqu’il est plus grand, elle veut réussir son « intégration » sociale.

« L’enfant venu d’ailleurs » partage d’abord le quotidien de sa vie avec des étrangers. Il est dans la famille d’accueil, singulier, pas comme les autres, différent. Assez souvent cet enfant, d’éducation, de culture, voire d’origine différentes de celles de la famille d’accueil, n’a pas été reconnu comme « une petite personne » dans sa propre famille dont il est exclu.

Cet ouvrage interroge le sens du retour pour que l’enfant placé ne soit pas renvoyé d’où il vient ; pour que son départ de la famille d’accueil ne soit pas un « rejet » ; pour que dans ce voyage d’une famille à l’autre, d’étranger il devienne une personne acceptée dans sa différence.

December 22, 2005

« je voulais me barrer, quitter ces bouffons »

PARIS (AFP), le 22 décembre 2005 - Quatre "murs" de carton dressés sur un trottoir parisien pour se protéger des regards et du froid. Enfant de la Dass, Manu, 16 ans, vit depuis six mois dans la rue. Comme des milliers de jeunes en errance, il passera Noël dehors avec son "seul ami", son chien Hector.

L'adolescent émergeant des cartons sur un trottoir du 3ème arrondissement de Paris, a des yeux bleus d'enfant noyés dans un visage rougi, marqué par les épreuves et un mode de vie "qui fait vieillir très vite".


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"Je zone depuis des mois", avoue-t-il en grelottant. "Je m'enfonce, j'ai de moins en moins la pêche chaque jour pour aller chercher à manger, trouver des couvertures, mendier mais je n'irai pas en foyer, plus jamais", dit-il avec force. "Je préfère crever sur place et puis en plus ils n'acceptent pas les chiens".

Manu montre tout ce qui lui reste: un sac de 10 kilos, une photo d'une "ex", des couvertures et son chien, un petit berger allemand, qui le "réchauffe la nuit".

Il raconte au fil des phrases une vie décousue dont les seuls fils conducteurs sont la souffrance et l'abandon. Victime de maltraitances chez sa mère, dont il ne se souvient pas, il a été placé à la Dass (devenue Aide sociale à l'enfance, ASE) dans le Nord à l'âge de 3 ans. Sa mère n'a jamais donné signe de vie. Ses deux frères ainés non plus. Il est né de père inconnu.

"Je suis passé de familles d'accueil en foyers. J'étais mal à chaque fois, je voulais me barrer, quitter ces bouffons", murmure-t-il. "J'ai atterri dans des squats mais là, on me forçait à dealer, donc je suis allé dans la rue, pour être tranquille".

Mauvais traitements, rupture familiale, échec scolaire, démêlés avec la justice pour de petits larcins : Manu a connu "le parcours classique de beaucoup de mineurs à la dérive qui deviennent SDF avant même d'être adultes", comme l'explique le sociologue Jacques Guillou.

Selon le ministère de la cohésion sociale, de 30.000 à 50.000 jeunes de 18 à 24 ans se trouvent en situation de très grande précarité ou d'errance. Certains chercheurs évoquent le chiffre de 100.000.

Un tiers des jeunes en errance serait des enfants de la Dass et la moitié n'aurait aucun diplôme, d'après plusieurs études.

"Quand ils approchent de la majorité, l'ASE évite de se mobiliser pour certains jeunes à la dérive, fugueurs récidivistes, en se contentant d'attendre qu'ils aient 18 ans, date à laquelle l'administration n'a plus à s'occuper de leur cas. De toutes façons, nous manquons de structures adaptées", relève une assistante sociale qui préfère garder l'anonymat.

En quelques mois, Manu a fait l'expérience de "l'univers impitoyable" de la rue: racket, menaces, coups. "On m'a volé mes chaussures la deuxième nuit", lâche-t-il.

Il passe ses journées dans des foyers de jour, où il peut se réchauffer, somnoler sur des chaises et demander de la nourriture pour lui et Hector. Il va aussi voir les médecins de ces centres pour ses crises d'épilepsie et de schizophrénie.

Le jeune homme mendie plusieurs heures par jour. La nuit, l'angoisse du lendemain le saisit tout autant que le froid. Et il frissonne parfois en croisant dans la rue de vieux clochards, incarnant pour lui "un avenir effrayant".

LES JEUNES SANS DOMICILE FIXE ET LA RUE
ou " AU BOUT D'ÊTRE ENERVÉ "
Jacques Guillou
Préface de Louis Moreau de Bellaing
Logiques sociales
SOCIOLOGIE

Que font tous ces jeunes errants que nous croisons dans la rue ? Comment en sont-ils arrivés là? Ont-ils des familles ? Comment ces familles contribuent-elles à " rendre SDF " leurs propres enfants ? Comment les jeunes SDP utilisent-ils la rue, l'espace public, les services qui y sont consacrés ? Quelles sont leurs portes de sortie de ce mode de vie atypique ?
C'est à ces questions que ce livre tente d'apporter des réponses en s'appuyant sur de nombreux témoignages de jeunes sans domicile fixe rencontrés lors de l'enquête menée par l'auteur.

ISBN : 2-7384-6467-X • avril 1998


Imagine les glandes, de ne pouvoir voir les tiens foutre de rien,
Parce qu'à partir de maintenant c'est à eux qu't'appartiens,
Trimbaler comme une vieille grôle
Ils te diront quoi dire, quoi faire, quoi becter,
Les chiotes turcs sont excellents, pas d'excédents ma gueule,
C'est un luxe, et les jours d'fêtes pas d'quoi grimper aux lustres,
Juchés sur ses dossiers, juger et puis caser,
Parce que tes vioques n'arrivent plus à s'blairer,
Et si parce qu'il mouille, t'as des frangines et des frelons, alors franc-jeu
Tu n'risques pas de grandir avec eux, on t'separait comme les boeufs,
J'baratine pas sur mes aïeux, si t'as d'la famille:
C'est bandant, dans mon cas contradictoire orphelin, mon pater' à Melun
Cette tafiole d'assassin a changé mon destin,
Stoppé celui d'ma mère et son conjoint,
Le cocon explosé t'inquiète y'a de l'amende de c'coté, svp 11 11,
Famille d'accueil en manque de freche, comment veux tu etre conciliant
Quand des tocards s'prennent pour tes parents ?
Et c'est vexant pas d'suivi chez les psys,
Et si tu debloques on t'dira qu'tes aigri,
Et si on t'largue chez les dingues, y'a plus d'credit,
Comme quoi l'amour de l'oseille est plus forte que celle de l'être,
Et dans cette chianlie, tu dois apprendre et grandir vite,
Un enfant ça devient adulte que si tu lui laisses le temps et c'est navrant

Refrain :
Enfant d'la ddass, plus de paix que d'allégresse,
Enfants d'la masse, enfants d'la dass, tant d'haine
Enfants d'la ddass, plus de paix que d'allégresse,
Enfants d'la ddass enfants d'la masse, tant d'haine!

Enfants d'la dass, enfants d'la masse, encore une mission etrentable,
Bénis celui qui la remplira: sans façon,
Et maudit celui qui echouera sauvageon,
On était des numeros plus un coup, et l'entretien coute cher,
Mais tu vois pas les sous, etant soit disant soumis a leur micro sys',
La detention reste une exeption, la liberté une règle:
C'qui commence deja a avoir le choix pour ton orientation, modelé, façonné
Comme un pantin tu t'croirais livré chez toys'r'us et sans les paillettes,
Ici t'as qu'un droit: fermer ta gueule ou tu serviras de casse-dalles,
Encadrés par des educateurs pas censés s'eduquer eux memes,
Qui t'emboucanent en t'apprenant que le boul'prime sur l'biscoto
Et t'en decalquent 3-4 quand c'est chaud,
Recueillir c'est beau, a condition de respecter qu'il soit morico ou noiraud,
Tout n'est pas sombre, mais la vie n'est pas rose,
Abriter fait legiter l'couvert qu'on porte à Saint-Airvers
Et sans vergogne scotchés à la besogne,
Les differences existent, on t'apprends le masochisme
Pour t'inculquer l'civisme, aux chiottes le libéralisme !

Refrain

On arrete les palabres, mon sejour a l'étable aurait pu etre execrable,
Le rififi entre mouflets ca n'allait pas plus loin qu'un pet,
Mais les jeunes pousses deviendront des glands,
La bas c'est les ciseaux et la rage aux dents,
Bisutages violents à moins que tu débarques adolescent,
Pour les plus vieux tu d'viens interressants, et y'a pas d'sentiment,
La-bas tout l'monde a ses problemes mais personne pour t'apprendre à saouler,
Les separations sont mals vecues pas grave on finira tous tondu,
Comment veux-tu decider de ton avenir à 14 ans, pauv' cloches,
Ils s'prennent pour Nostradamus, et finir avec un métier de buse,
Trop de soucis en meme temps, ta chance d'avenir fou l'camps,
Tu chies sur la campagne et tous ses paysans,
Quand t'arrives a Paris c'est bandant,
Mioche de la ddass en passant par Armace
Baguette et cuisto mais n'aime pas les négros a Mont Melian ,
A la Arlequin ils nous prennaient pour des clowns,
A force de faire cuire des moules sinon a grand coup de boules
Pour nous laver les reins, encerclés par des branlos
Bons qu'a lutter ou faire du karaté pour mieux te peter le nez ma gueule,
J'ai tapé la cooperative à St-Père del Bigny parce que cette bandes d'albinos
Ils nous faisaient crapahuter le galibi jusqu'a l'os,
Et en pleine nuit fallait me voir
Faire du stop, j'aurais été une bonne proie du coté du mississipi,
J'ai eu du bol j'ai atteri à Annecy, 3 barbak par jour et ca change de la baraque,
Argent de poche et pecul' pour chier des frustres moins vetuste'.
Imagine le père gabin, un citadin en train de glander à Grivieux la Bareine,
J'pourrais l'écrire en fermant les yeux,
J'encule tous les lapins de garenne et les fachos de ta sale à mi-lune
Quelques uns m'ont mis des prunes et en prime des mandales
J'etais pas un vandal mais javais la dalle, des kilometres de c'patelin,
J'en ai fait de long en large, du nord au sud, venant pas tous des memes chemins
Chacun a pris le vice de l'autre et comme des apôtres,
Sans oublier que ton meilleur ami est ta fourchette,
Tu peux t'gratteur coco pour que j'rebecte des grattons,
Et faire le guignol du coté de Lyon,
Brassement d'races, brassement d'huiles et de culture,
Fait de la majorité d'entre nous, un passe pour les ordures,
Enfants d'la masse, enfants d'la ddass, tant d'haine
Enfants d'la ddass enfant d'la masse....

Refrain

Mc Jean Gab'1

Point de vue d'mcm :

Origines : MC Jean Gab'1, ex-enfant de la DDASS, "ex-voyou", ex-taulard, débarque enfin dans le paysage du rap français. La danse, la violence, le rock, le rap, Paris, les embrouilles... ça ressemble à un cliché. Ce n'en est pas un. C'est la vie de MC Jean Gab'1, titi parisien de 36 ans qui a fait ses armes non pas sous les "spot-lights" mais sur le bitume. Le single J't'emmerde, véritable brûlot de 5'30'' qui aligne en bonne et due forme tout le rap français, a précédé Ma vie, 1er album de MC Jean Gab'1.

Ingrédients : on aurait pu en rester là. Excitant, bien écrit, polémique, violent, J't'emmerde avait tout pour plaire... Mais la partie immergée de l'iceberg cachait bien plus qu'un simple pamphlet. Une réalité dure et assumée... Sur d'excellentes instrus de DJ Ol' Tenzano, MC Jean Gab'1 frappe là où ça fait mal, gratte là où c'est sale. Dur, drôle, sincère, émouvant, son flow simple et incisif devrait faire gamberger la crème du rap français... MC Jean Gab'1 est passé de l'ombre (la prison) à la lumière. Un disque brillant.

Lorsque les incultes travaillent les sous hommes...

Jeunes en grande difficulté :
prise en charge concertée
des troubles psychiques
sante.gouv.fr

Extraits :

Les orientations thérapeutiques
Il a donc fallu créer des dispositifs inhabituels pour que la pensée advienne. Notre première question dans ces circonstances n'était pas « que va-t-il penser ? », mais « va-t-il penser ? ».

La contention
Elle peut avoir lieu de deux manières en fonction du niveau de sécurité nécessaire et de l'âge. Pour les préadolescents, on utilise des attaches (poignets, chevilles, ceinture ventrale) pour une durée prolongée, parfois de plusieurs semaines. Ceci nécessite de relever le conflit, et de penser qu'un sujet omnipotent est un enfant terrorisé par un objet interne ; un des buts de la contention est de permettre au sujet de tolérer quelque chose de son impuissance face à ces sensations - émotions internes. Pour les enfants petits, on utilise des enveloppements avec un drap non humide d'une durée de 40 minutes.

5.2.1. Croyances.

Dans les civilisations traditionnelles, empirisme, religion et magie sont intimement liés. Il s’agit du concept animiste d’une entité responsable de l’idiotie, de la folie, des délires, de l’épilepsie et des migraines.

Pour Lazorthes (1967) et d’autres auteurs (Parry, 1931 ; Oakley et al, 1959 ; Bouchet, 1968), le but mystique de la pratique est avéré au Néolithique. Comme les autochtones actuels, ils procèdent à la trépanation pour faire sortir le démon, les esprits malins, les éléments surnaturels censés logés dans la tête. La croyance selon laquelle les troubles mentaux sont liés à la possession diabolique persiste d’ailleurs au-delà du Moyen Age.

December 21, 2005

Comprendre les institutions : un premier regard sur l'autisme


De la lettre ouverte du 6 décembre 2005 des avocats du procès Outreau au Garde des Sceaux, voir supprimer les accusateurs-bis

`' Nous rappellerons encore que les pestiférés que nous étions, au même titre que nos clients « pédophiles », ont multiplié dans l'indifférence générale les appels au secours de la raison (plus de deux cents demandes de mises en liberté, demandes d'actes : toutes refusées...) auprès d'une institution autiste et souvent méprisante. "

Un premier regard sur l'autisme
Extrait de www.autisme.qc.ca/comprendre

Véritable kaléidoscope de causes et de symptômes, l'autisme est un handicap qui altère le développement normal de la communication, comme les interactions sociales en général.

Fait notable, ce handicap n'exclut pas la présence d'autres troubles.


Aujourd'hui, même si aucun consensus n'existe quant à la nature exacte des causes de l'autisme, plusieurs penchent désormais pour une explication d'origine organique.


À prime abord, le déficit dans les interactions sociales réciproques est souvent la caractéristique de l'autisme qui semble la plus apparente à un observateur non averti : au coeur du contact avec les gens ou les choses, l'absence ou l'étrangeté des réactions étonnent, et seront parfois faussement attribuées à la cécité ou à la surdité.

Un second trait fondamental de l'autisme réside d'autre part dans le développement inhabituel de la communication verbale et non verbale ainsi que de l'imagination. Parce que les autistes voient les différentes composantes d'un ensemble, sans pour autant réussir à établir des liens entre elles, ils conçoivent le monde d'une façon toute personnelle. Cette incapacité à généraliser et à comprendre les abstractions affecte grandement leurs facultés communicationnelles ; cela explique aussi leur air de détachement.


Sur le plan du langage, l'écholalie figure parmi les symptômes courants : l'autiste répète des mots, des bribes de phrases ou des énoncés entiers qu'il a entendus, mais il leur confère souvent une signification très personnelle en fonction de ses expériences propres. Pour cela, et en raison de ses difficultés à saisir les abstractions, l'établissement d'une communication devrait être fondé sur des bases concrètes.

Au départ, il est à noter que près de 50% des autistes ne parlent pas ; cependant, une intervention éducative peut éventuellement les aider à s'exprimer oralement ou non (avec le langage des signes ou avec des pictogrammes représentant des concepts précis).


D'autre part, un troisième symptôme classique du handicap, les activités répétitives et la résistance au changement, s'explique sans doute aussi par les problèmes de perception des autistes. En effet, l'insécurité découlant de ces difficultés cognitives les pousse probablement à adopter un schéma d'activités limitées qui leur paraît rassurant. À un autre niveau, parce que l'autiste assimile les détails sans toujours reconnaître les ensembles, il confère souvent beaucoup d'importance à chacun des éléments.

Ainsi, d'une certaine façon, les activités répétitives de toutes sortes rassurent les autistes en raison de leur caractère familier, et traduisent un vif besoin de constance et de stabilité.


De façon sommaire, les caractéristiques suivantes figurent parmi les symptômes courants de l'autisme :

  • Difficulté générale à établir des relations avec l'entourage et déficit d'attention ;

  • Tendance à l'isolement et repli sur soi ;

  • Fuite du regard ;

  • Retard ou absence de développement du langage ;

  • Usage stéréotypé et répétitif du langage (lorsque le sujet parle) ;

  • Intérêts restreints et obsessionnels ;

  • Observation de rituels précis et non fonctionnels ;

  • Maniérismes moteurs stéréotypés et répétitifs ;

  • Problèmes d'épilepsie ;

  • Hyperactivité ;

  • Troubles du sommeil ;

  • Réactions inhabituelles à certains stimuli ;

  • Mauvaise compréhension du langage non verbal ;

  • Arythmie cardiaque ;

  • Peur du changement ;

  • Démarche particulière sans balancement approprié des bras.

  • December 17, 2005

    Qu'est ce que le racisme

    Le racisme est la valorisation, généralisée et définitive, de différences, réelles ou imaginaires, au profit de l'accusateur et au détriment de sa victime, afin de justifier une agression ou un privilège. Le mécanisme du racisme contient trois éléments liés : 1) la mise en évidence de différences (catégorisation), 2) la valorisation de ces différences (hiérarchisation) et 3) l'utilisation de cette différence contre autrui en vue d'en tirer profit (traitement discriminatoire ou violence). La finalité du racisme demeure l'exclusion et la domination.

    Albert Memmi, écrivain.

    Source : aidh.org

    Libération, le 17 décembre 2005
    L'archéologue, enlevée en Irak depuis trois semaines, est très peu soutenue dans son pays.
    Par Odile BENYAHIA-KOUIDER, extrait :

    Susanne Osthoff a débuté ses fouilles archéologiques en Irak dans les années 70, participant à la mise au jour du site mésopotamien d'Isin, vieux de quatre mille ans. En 2003, elle est revenue sur le site pour constater les dégâts. Parlant couramment l'arabe et mariée à un Irakien ­ dont elle est séparée depuis ­, elle s'est convertie à l'islam. «Cela joue certainement un rôle dans la faible mobilisation, admet sa soeur Anja. Les Allemands ne veulent rien avoir à faire avec le terrorisme et Al-Qaeda alors ils préfèrent refouler l'enlèvement de Susanne.» «Ma soeur n'est pas une aventurière, insiste-t-elle. Elle a sauvé la vie de beaucoup de gens en apportant des médicaments en Irak.»

    Il a y une pétition en faveur de Susanne Osthoff.


    Extrait des tontes de la libération :

    Chiffrer de manière précise et exhaustive les tondues à la Libération est à l'heure actuelle impossible et paraît malheureusement peu envisageable à l'avenir. Aucun recensement des femmes soumises à la tonte n'a été fait. Étant donné le temps et l'énergie nécessaires pour estimer le nombre des victimes de l'épuration, espérer obtenir celui des tondues paraît bien illusoire. Cette lacune ne doit pourtant pas cacher l'ampleur du phénomène. Plusieurs éléments permettent en effet de souligner le caractère massif des tontes.

    C'est avant tout l'ensemble du territoire qui est concerné par cette pratique. Soixante-dix-sept départements, selon l'état actuel des dépouillements, ont connu avec certitude des tontes de femmes.

    December 15, 2005

    Inquiets, les magistrats doutent et s'interrogent

    Inquiets, les magistrats doutent et s'interrogent sur l'après-Outreau
    LE MONDE, 15.12.05, extraits :

    près la catastrophe judiciaire d'Outreau, les juges n'en finissent pas de s'interroger : comment cela a-t-il pu arriver, alors que chacun a observé la loi, respecté la procédure, avec le sentiment d'avoir sérieusement fait son travail ? "Les collègues sont traumatisés et tiennent des discours de grands dépressifs. Tout le monde se dit à présent : pourvu que cela ne me tombe pas dessus", résume un magistrat de la cour d'appel de Paris.

    Certains ont fait part de leur envie de démissionner. Beaucoup suggèrent des réformes, sans illusion. La plupart aimeraient s'expliquer mais demeurent sur la réserve. La hiérarchie judiciaire conseille de faire le gros dos : toute parole publique apparaîtrait comme une tentative déplacée d'autojustification.

    D'un autre côté, l'occasion de parler, enfin, se présente : "Nous n'avons rien à cacher : nous voulons nous expliquer devant l'opinion sur le fonctionnement du système judiciaire", indique une magistrate de la cour d'appel de Douai. Les auditions, cependant, se tiendront à huis clos, sauf exceptions. Les juges espèrent également ne pas être les seuls convoqués. Des policiers aux avocats, tous doivent selon eux prendre leur part. Le sentiment dominant est celui d'avoir été désignés comme des boucs émissaires.

    Les magistrats expriment aussi un profond ras-le-bol. Ils entendent le reproche d'avoir "sacralisé" la parole des enfants dans les affaires de pédophilie : "Oui, nous sommes responsables de ne pas avoir résisté à ceux qui souhaitent ériger la détention provisoire en principe de précaution (et) à la pression des associations de défense de l'enfant qui se constituent partie civile", a écrit le président de l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire), Dominique Barella.

    "Sous la pression gestionnaire, l'acte de juger se réduit comme une peau de chagrin, la justice devient une justice du copié/collé, les gens, l'humain, y ont de moins en moins leur place", dénonce Philippe Chaillou, président de la chambre des mineurs à la cour d'appel de Paris.

    Les syndicats de magistrats réclament de longue date que les décisions relatives aux libertés soient collégiales, ce que la chancellerie a toujours refusé, faute de moyens. "L'affaire d'Outreau a fait la démonstration de l'importance du débat judiciaire, public et contradictoire, de la collégialité et des voies de recours. Au contraire, la politique actuellement menée développe les procédures expéditives", regrette le Syndicat de la magistrature (SM, gauche).

    La rupture avec les avocats, qui s'exprime vivement dans la crise actuelle, accroît le pessimisme.

    Si j'ai bien compris, les juges donnent le sens du juste et veillent à respecter le principe du contradictoire. Mais qui vérifie ce qui est versé au dossier et ce sur quoi se fonde l'affaire ?

    Je constate que les services de l'aide sociale à l'enfance ne sont pas cités dans cet article or, selon une précédente dépèche, une stagiaire de l'ASE aurait reccueilli les premiers témoignages des enfants... Il s'agit très probablement un oubli de l'auteur de l'article.


    Mémoire et histoire, examen critique ou repentance : le débat fait désormais rage
    LE MONDE, 13.12.05, extrait :

    Plusieurs semaines d'introspection ont fait resurgir à droite, sous la pression de l'extrême droite, une allergie à la "repentance" qui était déjà apparue lors du procès Papon, à l'automne 1997. "Finira-t-on, un jour prochain, par s'excuser d'être français ?", s'est interrogé Nicolas Sarkozy dans le Journal du dimanche du 11 décembre. Evoquant "une tendance irrépressible à la repentance systématique", le président de l'UMP estime "que notre société est menacée d'une funeste inclination au reniement de soi". Valéry Giscard d'Estaing a tenu le même langage, dimanche, lors du "Grand Rendez-vous" d'Europe 1/TV5. Jugeant "pitoyable" et "ridicule" la "non-commémoration" du bicentenaire de la bataille d'Austerlitz — "Je l'aurais célébré et, à mon avis, de Gaulle aussi" —, l'ancien chef de l'Etat a déploré "des attaques antifrançaises lassantes par leur répétition". Et "VGE" de citer en exemple le débat sur l'esclavage (rétabli par Napoléon en 1802) : "Nous faisons croire que les Français étaient des esclavagistes forcenés."


    PARIS, 21 juil (AFP) - Jean-Pierre Raffarin a réaffirmé dimanche, dans la lignée de Jacques Chirac en 1995 et de Lionel Jospin en 1997, la responsabilité de l'Etat français dans les rafles de juifs et promis que tout serait fait pour "que cessent les agressions" à leur encontre.

    Face à un millier de personnes, il célébrait, au côté de la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie et du secrétaire d'Etat aux Anciens combattants Hamlaoui Mekachera, le 60e anniversaire de la rafle du Vél d'hiver des 16 et 17 juillet 1942.

    Au cours de ces deux journées, 13.152 hommes, femmes et enfants furent arrêtés à leur domicile par des policiers et gendarmes français et rassemblés au Vélodrome d'hiver avant d'être déportés vers les camps de la mort.

    En 1995, M. Chirac avait évoqué "la folie criminelle de l'occupant" qui avait été "secondée par des Français, par l'Etat français". En 1997, Lionel Jospin avait mis en évidence que cette rafle de juillet 1942 avait été "décidée, planifiée et réalisée par des Français".

    Dimanche, Jean-Pierre Raffarin a enfoncé le clou: "le Vel d'Hiv, Drancy, Compiègne et tous les camps de transit, ces antichambres de la mort, ont été organisés, gérés, gardés par des Français. Oui le premier acte de la Shoah s'est joué ici, avec la complicité de l'Etat français". Pour lui, ce dernier, "en organisant ces rafles systématiques (...) trahissait les principes fondateurs de notre nation".